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mercredi 6 juillet 2016

Les tueurs qui inspirent la télévision: Marie Besnard "Marie Besnard, l'empoisonneuse" de Christian Faure (2006)



De la fiction...

Nous sommes en 1947 et Marie Besnard et son époux Léon fêtent en compagnie de leurs amis proches leur dix-huitième anniversaire de mariage. Durant le repas, Marie surprend Léon en train de caresser la cuisse de Louise, amie et locataire des Besnard. Peu de temps après, Léon tombe gravement malade et finit par mourir, laissant veuve Marie qui ne pas tarder à éveiller les soupçons de ses proches et des habitants du village qui finissent par être convaincus que la quinquagénaire a empoisonné son mari à l'arsenic. Des rumeurs circulent en effet en ville et ce, grâce ou à cause de Louise qui se confie très vite auprès de son ami Auguste Leclerc qui va lui-même contacter les autorités en indiquant dans une lettre qui leur est adressée les soupçons dont lui a fait part son amie Louise.

Également cultivées par le propriétaire du bar du village, Bodin, que Marie Besnard a refoulé quelque temps auparavant, les rumeurs remontent jusqu'à Paris où, la jeune journaliste stagiaire Simone Roulier décide de couvrir elle-même l'affaire. Marie Besnard, l'empoisonneuse retrace le parcours judiciaire de cette affaire qui a passionné les foules durant plus de dix ans...

Loudun, commune du Centre-Ouest de la France située dans le département de la Vienne fut plus de trois-cent ans plus tôt le théâtre d'une chasse aux sorcières orchestrée par le Cardinal de Richelieu dans les années 1630 et connue sous le nom de l'Affaire des Possédées de Loudun. Si Loudun possède un joli patrimoine culturel, elle est donc également le théâtre d'une affaire qui défraya la chronique dans les année 40-50 au vingtième siècle. Celle de Marie Besnard, L'Empoisonneuse de Loudun. Marie Besnard, l'empoisonneuse n'est pas la première adaptation télévisuelle de l'affaire puisqu'en 1986 déjà, Yves-André Hubert s'intéressait déjà à cette histoire et l'adaptait pour le petit écran avec dans le rôle principal, l'actrice Alice Sapritch. Si l'on a beaucoup imputé à Muriel Robin la qualité moins aboutie du second volets des Visiteurs de Jean-Marie Poiré, on ne peut en revanche lui reprocher quoi que ce soit concernant ce téléfilm signé Christian Faure et constitué de deux parties distincte désignées sous les titres « La Rumeur » et « La Justice ». En effet, l'actrice et humoriste française y incarne à la perfection le rôle-titre. Une Marie Besnard très convaincante confrontée non seulement aux journalistes, à des enquêteurs qui rêvent de clore une affaire qui leur promettra sans doute une promotion, et surtout, à la jalousie et à la rumeur.



Une commune toute entière vouée à la cause d'un mari défunt dont les têtes « pensantes » (on pense notamment au personnage de Bodin excellemment interprété par Gérard Chaillou) n'ont de cesse de mettre de l'huile sur le feu afin d'attiser la haine envers celle qui est déjà considérée comme coupable. Une très belle reconstitution d'une époque et d'un fait divers sordide qui restera définitivement l'une des plus grandes énigmes criminelles de France...

… à la réalité

Née Marie Joséphine Philippine Davaillaud, celle qui deviendra l'épouse de Léon Besnard voit le jour le 15 Août 1896. Déjà veuve d'un homme qui mourra de pleurésie, Marie rencontre Léon et l'épouse le 12 Août 1929, soit trois jours avant de fêter ses trente-trois ans. Durant un repas que Marie et son époux partagent le 16 Octobre 1947, Léon fait un malaise et vomit le contenu de son estomac. L'homme meurt neuf jours plus tard. Et comme Marie est veuve pour la seconde fois, son affaire judiciaire débute dans la foulée. Si l'amie de la famille, Louise Pintou, a très vite soupçonné Marie, c'est qu'elle affirme que sur son lit de mort, Léon lui aurait confié ses soupçons envers sa propre femme. L'affaire de L'Empoisonneuse a ceci d'exceptionnel qu'elle ne fut pas seulement accusée d'avoir tué son mari, mais onze autres personnes également. Les corps furent exhumés pour analyses et des experts découvrirent un taux anormalement élevé d'arsenic dans les cheveux. Le procès fut l'objet d'une bataille entre experts, la défense parvenant petit à petit à démonter tout ce qui pouvait accuser sa cliente. Au final, Marie Besnard fut acquittée le 12 décembre 1961, soit plus de dix ans après les débuts de l'affaire. Elle écrivit ses mémoires l'année suivante et mourut le 14 Février 1980 à Loudun même, laissant derrière elle tout le mystère d'une affaire qui ne fut et ne sera sans doute jamais résolue...
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