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mardi 29 novembre 2016

Paranoid de Bill Gallagher (2016)



A Woodmere, un meurtre particulièrement horrible vient d'avoir lieu dans un parc où s'amusent de jeunes enfants. Poignardée par un homme encapuchonné, Angela Benton, médecin généraliste, meure sur le coup. Nina Suresh, Bobby day ainsi qu'Alec Wayfield sont sur l'affaire. Le premier suspect est un certain Jacob Appley, jeune patient du docteur en psychiatrie Chris Crowley atteint de graves troubles comportementaux. Alors qu'ils croient détenir le coupable du meurtre d'Angela Benton, Jacob se suicide en se jetant d'un pont. Convaincu que son frère est tombé dans un traquenard, les autorités elles-mêmes doutent que Jacob soit l'auteur du meurtre. En approfondissant leurs recherches, leur enquête les mènent jusqu'à Düsseldorf, en Allemagne lorsque l'ancien compagnon d'Angela Benton est retrouvé mort baignant dans sa piscine. Pour Nina, Bobby et Alec cela ne fait aucun doute : les deux morts presque simultanées ne peuvent être le fruit du hasard et en fouillant dans la vie de Ruben Lukana, l'ex d'Angela, ils découvrent qu'une entreprise pharmaceutique logée à Düsseldorf pourrait avoir un rapport avec la mort d'Angela, de Jacob et de Ruben. Alors que Nina et Alec enquêtent à Woodmere et entreprennent parallèlement une relation intime, Bobby est chargé d'enquêter à Dusseldorf où il est envoyé par son supérieur, le détective Michael Niles. Sur place, il est aidé par l'inspectrice Linda Felber...

D'origine Britannico-germanique, Paranoid est une série policière d'abord diffusée sur ITV en septembre dernier avant de connaître une diffusion mondiale grâce à l' entreprise américaine NETFLIX, connue pour diffuser sur Internet en continu des films et des séries télévisées. A l'aimage de bon nombre de séries actuelles, Paranoid propose non pas des enquêtes multiples mais une seule, dont l'intrigue s'étale sur huit épisodes. Créée par Bill Gallagher, elle a l'avantage, comme l'avait déjà fait Twin Peaks à son époque, de nous proposer une galerie de portraits très hauts en couleurs. Du flic tétanisé par la peur (le génial Robert Glenister) à la détective capricieuse et à l'humeur changeante, en passant par le psychiatre qui a l'air, lui-même, parfois plus « fou » que ses patients. Sans oublier une ancienne jeune femme « délurée » transformée en « Quaker » (qui étymologiquement signifie Trembleur!!!), aidant son prochain à aborder la vie dans le calme et la plénitude. Presque tous les personnages ont l'air d'être sorti d'un roman où la folie semble demeurer la règle de base. Même les flics y sont étranges. Et lorsqu'ils demeurent relativement sains d'esprits, c'est du côtés de certains membres de leur famille qu'il faut aller chercher ce petit grain de folie qui semble pervertir le bien-être de Woodmere, petit village fictif créé pour les besoins de Paranoid.

On n'est pas prêts en effet d'oublier l'actrice Polly Walker qui dans le rôle de la mère du détective Alec Walker aurait eu sa place au sein de n'importe quel casting de David Lynch. En seulement huit épisodes, on suit donc une intrigue classique, mais parfaitement bien construite. Avec ce qu'il faut de mystère entourant l'identité du tueur, ce qu'il faut de suspects, mais aussi, ce qu'il faut de « méchants ».
Le sujet de Paranoid renvoie à toutes ces légendes, qu'elles soient vraies ou fausses, sur les hypothétiques expériences menées sur l'homme depuis des décennies. Que l'on se passionne ou non pour cette série, Paranoid peut compte sur une brochette d'interprètes fantastiques. Les citer tous serait trop long et rébarbatif mais sans le talent d'Indira Varma, de Robert Glenister, de Neil Stuke, de Dino Fetscher, de Lesley Sharp (le très attachant personnage de Lucy Cannonbury), de Polly Walker, de Christiane Paul et de tous les autres, sans doute qu'elle n'aurait pas la force de se hisser au niveau exceptionnel que requièrent les séries policières scandinaves qui en la matière, demeure au sommet du lot. En tout cas, cette collaboration entre Angleterre et Allemagne a donné de beaux fruits. En espérant qu'une seconde saison suivra prochainement...

lundi 28 novembre 2016

Familienfest de Lars Kraume (2014)



Arte réserve parfois, et même plus régulièrement que n'importe quelle autre chaîne, de belles surprises. Parfois, lors d'une même soirée, ces dernières s'enchaînent. Pour notre plus grand bonheur. C'est en attendant impatiemment un documentaire sur le célèbre groupe de « musique planante » allemand Tangerine Dream que je suis tombé tout à fait par hasard sur le téléfilm Familienfest du cinéaste, italo-allemand, Lars Kraume. Ici, chez nous, l'objet de cet article s'intitule Trouble-Fête, et lorsqu'on lit le synopsis, on se retrouve forcément attiré, surtout si l'on aime le genre d'intrigue prenant place au sein d'une famille qui va profiter d'un événement relativement banal pour déballer son linge sale. Et autant dire que Familienfest va faire preuve dans ce domaine, d'une capacité à nous renvoyer en pleine gueule, tout ce qu'à pu accumuler cette famille dont le patriarche n'est autre qu'un célèbre et brillantissime pianiste concertiste.

Et ce génial musicien, c'est Hannes Westhoff, père de trois garçons, mari d'Anne et ancien époux de Renate, invitée elle, et d'autres convives, à participer à l'anniversaire du septuagénaire qui fête donc, ses soixante-dix ans aujourd'hui. Un génie du piano doublé d'un monstre cynique qui n'a, de toute sa vie de père et d'époux, cessé de se comporter en despote envers les membres de sa famille. Et pour fêter ses soixante-dix ans, Hannes va faire montre d'une cruauté qui va dépasser tout ce qui a pu mettre à mal l'harmonie qu'Anna a toujours tenté de préserver.

A la réalisation de Familienfest, on trouve donc le cinéaste Lars Kraume, auteur de plusieurs épisodes de la célèbre série allemande Tatort. Il met ici en scène une famille dont l'image va peu à peu s'effriter jusqu'à plonger même dans le drame le plus sombre et le plus désespéré. Hannes, c'est l'acteur Günther Maria Halmer. Un rôle de monstre pour une interprétation monstrueuse. Un père de famille incapable d'éprouver la moindre émotion pour aucun de ses trois fils. D'un coté, Max, dont il espérait faire un pianiste aussi virtuose que lui. Gregor, lequel a toujours des soucis d'argent, puis vient en dernier Frederik. En dernier car des trois, c'est celui dont le père regrette sans doute le plus la venue au monde. Homosexuel, il est la risée permanente de Hannes qui d'un point de vue symbolique, va lui trancher la tête en étêtant l'un des trois sapins plantés par chacun des fils lorsqu'ils n'étaient encore que de jeunes enfants.

L’œuvre de Lars Kraume rappelle évidemment le douloureux Festen de Thomas Vinterberg mais bien que la contrainte du format (celui du téléfilm) puisse nous faire craindre une réalisation n’atteignant pas le degré d'intensité requis (tiens ! Voilà une réflexion qu'elle est stupide), Familienfest demeure pourtant tragiquement cynique et terriblement émouvant. Si la mise en scène n'use d'aucun artifice superficiel, c'est bien justement pour mettre en avant cette galerie de portraits parfaitement intégré dans l'esprit de leurs interprètes. Il ne faudra pas plus de quelques dizaines de minutes pour nous attacher aux personnages et une heure trente seulement pour nous arracher à cette histoire bouleversante.
Avec Familienfest, Lars Kraume nous offre un téléfilm exceptionnel reposant non seulement sur l'interprétation, mais également sur les dialogues finement ciselés. De la belle ouvrage...

dimanche 13 novembre 2016

Les tueurs qui inspirent la télévision: Jim Jones - "Jonestown: Paradise Lost" (2007)



États-Unis, début des années soixante-dix. Les mouvements hippies et pacifistes réclament le retrait des troupes américaines au Vietnam et l'arrêt de la guerre. Dans les rues, c'est la révolution. Alors que certains manifestent contre la guerre du Vietnam, d'autres sont à la recherche de la paix, de l'amour et de la fraternité. Certains l'a trouveront auprès du pasteur Jim Jones qui, tous les dimanche réunis des milliers de fidèles dans sa chapelle du Peuple du Temple. Il se bat contre le racisme, l'intégration des noirs dans la société américaine. Jim Jones le Gourou... le Prophète... le Messie... Mais tout n'est que mensonge. Apparitions, guérisons miracles attirent de plus en plus de monde chaque semaine.
Depuis vingt ans que Jim Jones prêche la bonne parole, il est temps pour lui et ses ouailles de changer d'air. Soupçonné de viol, de détournement d'héritages, le gourou fuit le pays. En compagnie de ses disciples, il part s'installer en Guyane. Au beau milieu d'une foret inaccessible. Il s'octroie mille cinq-cent hectares de forêt vierge. Terrain sur lequel ses disciples, qui se comptent par plus d'un millier, vont construire une ville nouvelle : Jonestown du nom de leur gourou. Un chantier monumental. Chacun y travaille plus de seize heures par jour. En moins de dix-huit mois, trente habitations sont construites. La ville de Jonestown est née. Mais ce qui devait un petit paradis sur Terre sera le théâtre de violences envers les adultes, et même les enfants. Des gardes armés veillent à ce que les exigences de Jim Jones soient tenues. Personne ne peut ni à le droit de quitter la ville.

Pourtant, loin de Jonestown, des familles s'inquiètent et veulent revoir ceux qu'ils n'ont plus revu depuis très longtemps. Certains proches portent plainte et en novembre 1978, le représentant du parti démocrate Leo Ryan est envoyé, ainsi que plusieurs membres de familles présentes à Jonestown et de journalistes, enquêter sur la communauté du Temple du Peuple...

Jonestown: Paradise Lost est un docu-fiction précis et extrêmement bien documenté revenant sur les événements tragiques qui se sont produits le samedi 18 novembre 1978. L'un des plus grands massacres américains contemporains. Le suicide collectif de neuf-cent huit membres de la communauté du Peuple du Temple, ainsi que le meurtre de plusieurs autres personnes dont une partie des journalistes, et le représentant Leo Ryan lui-même. En fait de suicide collectif, le terme ne demeure pas vraiment adequat puisque même si une partie des adeptes de Jim Jones acceptèrent volontiers de “partir” vers une vie meilleure, beaucoup d'autres furent contraint de boire un terrible breuvage constitué de jus de fruits, de somnifères et de cyanure.

Le documentaire Jonestown: Paradise Lost est un formidable témoignage constitué d'images d'archives, de reconstitutions, d'enregistrements originaux et des témoignages de quelques rares survivants. On y découvre des individus totalement acquis à la cause de Jim Jones. Un Jim Jones paranoïaque sous l'emprise de drogues. Des témoignages bouleversants, comme celui de ce père qui prévoyait de retrouver sa fille dès le lendemain matin du 18 novembre à 7h. Une jeune femme qui pourtant, en compagnie de sa mère elle aussi adepte de la secte, se suicida alors même qu'elles s'étaient installées toutes les deux, loin de Jonestown. Un détail démontrant la force de persuasion d'un Jim Jones, lui, installé auprès de sa communauté. Un autre témoignage, pour le moins étonnant. Celui d'un père, rare survivant du guet-apens dans lequel sont tombés Leo Ryan et les autres et qui nous explique qu'il a préféré fuir Jonestown, quitte à y laisser sont fils, persuadé qu'à cause de sa condition de noir, il était préférable qu'il y demeure. Un homme fuyant l'horreur de Jonestown tout en nous faisant croire qu'il préservait son fils des conditions faites aux noirs au États-Unis en le laissant dans la ville à laquelle il tentait lui-même de fuir ? Étrange... On assiste également au témoignage du propre fils de Jim Jones.

Jonestown: Paradise Lost est une totale réussite. Un témoignage ahurissant et bouleversant. Un document extraordinaire sur un homme dont le pouvoir était tel qu'il a poussé plus de mille hommes, femmes et enfants à en finir avec la vie...

lundi 7 novembre 2016

Dolmen de Didier Albert (2005)



Ty Kern, petite île (imaginaire) de Bretagne voit le retour de Marie, Capitaine de Police travaillant pour le Service régional de police judiciaire (SRPJ) de Brest. La jeune femme fait partie de l'une des familles les plus influentes de Ty Kern. Au même titre que les Kersaint et les Le Bihan, Les Kermeur sont en effet l'une des plus importantes familles installées sur l'île et ce, depuis plusieurs génération. Si Marie est de retour, c'est parce qu'elle doit épouser le célèbre navigateur Christian Bréhat. Sur Ty Kern, la jeune femme fait la connaissance de Patrick Ryan, écrivain très intéressé par les légendes liées à la Bretagne et plus particulièrement à celles rattachées à la petite île. Mais alors que le mariage est prévu pour le lendemain, Marie découvre une mouette ensanglantée enfouie dans le voile de sa robe de mariage. Plus grave : l'un de ses deux frères, Gildas, est retrouvé mort au pied d'une falaise, un message étrange retrouvé sur lui. Peu de temps après, l'un des menhirs entourant un dolmen se met à saigner du propre sang de Gildas. Marie et ses proches sont effondrés. Mais alors que sa mère lui conseille pour son propre bien de quitter l'île, la jeune femme décide d'enquêter elle-même sur la mort de son frère. Elle est aidée en cela par Lucas Fersen, commandant de police à Paris et spécialisé dans les meurtres liés à des rituels...


Chaque été depuis maintenant presque trente ans, TF1 (comme d'autres) diffuse chaque année, sa propre saga de l'été. Alors que le réalisateur Jean Sagols a presque conservé entre 1988 et 1996 le monopole avec des séries aussi célèbres que Orages d’Été (et sa suite un an plus tard), Les Cœurs Brûlés ou Terre Indigo, d'autres ont pris depuis la relève, à l'image du réalisateur Didier Albert qui réalisa Le Bleu de l'Océan en 2003 et Mystère en 2007. Très exactement situé entre ces deux dernières, la mini-série Dolmen, demeure une surprise relativement agréable. Entourant un certain nombre de légendes, cette histoire mêlant fantastique, enquête policière et romance a de plus, l'avantage d'être interprété par des acteurs confirmés tels que Yves Renier, qui interprète le rôle de Patrick Ryan, Xavier Deluc, dans celui de Christian Bréhat, ou encore Jean-Louis Foulquier, dans celui de Milic Kermeur, le père de Marie, finalement trop peu exploité à l'écran. Manuel Gélin, fils de Daniel, et frère de Fiona est Loïc Kermeur. Heureusement qu'eux, et d'autres encore comme l'excellent Hippolyte Girardot, l'immense Georges Wilson ou Chick Ortega, qui interprète parfaitement le personnage de Pierric Le Bihan, sont là, car s'ils ne sont (logiquement) pas considérés comme les personnages centraux (quoique), ça n'est malheureusement pas grâce aux interprétations de Bruno Madinier et Ingrid Chauvin que Dolmen tire sa force.

L'intérêt se trouve d'abord fort logiquement dans le scénario, emprunt de mysticisme. Des morts nombreuses et énigmatiques. Et surtout, des conflits de patrimoines qui nous rappellent les grandes heures des séries estampillées Jean Sagols. Il en est une que je n'ai pas encore cité mais qui tire admirablement son épingle du jeu : c'est la chanteuse Nicole Croisille qui dans son rôle d'oiseau de mauvaise augure est la parfaite réplique de l'actrice Patachou qui interpréta admirablement le rôle de l'ignoble Marthe dans le diptyque Orages d’Été et Orages d’Été, avis de Tempêtes. Sans elle, avouons-le, Dolmen n'aurait pas eu la même saveur. D'autant plus que de saveur, Bruno Madinier et Ingrid Chauvin en manquent cruellement.

Alors bien évidemment, Ingrid Chauvin possède d'autres « talents » bien plus convaincants : la jeune actrice est magnifique. Malheureusement, elle joue comme un pied. On ne croit que trop rarement à la sincérité de son personnage, surtout au vu des événements qui vont se produire. Le scénario est-il à lui seul responsable du peu de crédibilité de l'actrice ? J'en doute énormément, et ne fut pas le seul à émettre une opinion négative sur Ingrid Chauvin. Quant à Bruno Madinier. Que dire de lui sinon que son interprétation est aussi plate que la romance naissante entre lui et Marie. La meilleure idée qu'aurait eu le réalisateur Didier Albert aurait été d'inverser les rôles de Bruno Madinier et de Xavier Deluc tant ce dernier possède davantage de charisme que le premier. Mais là encore, la logique voulait que ce charisme échoua forcément au personnage de navigateur et non pas à celui du flic parisien venant semer le désordre sur une petite île hermétique à toute intrusion.
Quant à l'histoire, elle grouille d’invraisemblances scénaristiques et comportementales (toujours de la part d'Ingrid Chauvin, la pauvre). Dolmen n'est donc pas exempt de défauts. Pourtant, nul doute que malgré tout, et grâce à l'interprétation des autres actrices et acteurs, la mini-série sait ménager un excellent suspens. Et puis, le cadre s'imposant comme une ode à la contemplation, on se laisse bercer par les magnifiques paysages et par la musique parfois sublime (le cortège funéraire)...

mercredi 2 novembre 2016

Symphonie En Noir de Nicholas Colasanto (1972)




Le célèbre chef-d'orchestre Alex Benedict est en proie aux pires difficultés. Marié à Janis, l'orchestre qu'il dirige est financé par sa belle-mère. Amant de Jenifer Welles, il prend la décision de la supprimer lorsqu'elle lui apprend son intention de révéler à la presse ainsi qu'à Janis leur relation. Afin de ne pas éveiller les soupçons sur lui, il imagine un plan visant à faire croire que sa maitresse s'est suicidée. Il écrit tout d'abord une lettre d'adieu. Puis, alors qu'il doit le soir même donner un concert, il apporte sa voiture chez le garagiste en prétextant un problème de carburation. Il se rend aux toilettes du garage, s'y enferme, entrouvre la fenêtre, puis attend Janis qui doit venir le chercher en voiture. Une fois arrivé dans sa loge, il s'y enferme, demandant à l'un de ses assistants de ne pas être dérangé.

Il se camoufle plus tard sous un imperméable et une paire de lunettes noires puis file jusqu'au garage fermé. Il passe par la fenêtre des toilettes, récupère sa voiture, puis fonce jusqu'à la demeure de Jenifer. Là, il l'assomme alors qu'elle joue un air de piano et l'installe devant le four de la cuisine, le robinet de gaz ouvert. Puis il retourne dans la pièce d'à côté, place la lettre d'adieu dans la machine à écrire de la victime et quitte la maison... sans se douter que derrière lui, il laisse trainer un indice qui pourrait se révéler accablant: une boutonnière...
Symphonie En Noir est le première épisode de cette seconde saison de Columbo. Pour la toute première fois apparaît le plus fidèle des compagnons du lieutenant: un chien, qu'il avouera avoir recueilli un peu par pitié. Il tentera bien de lui donner un nom. D'abord Fido. Puis Beethoven. Mais devant la moue du basset, il abandonnera l'idée de lui en donner un et le présentera désormais comme Le Chien, suivant ainsi les pas de son maître dont on n'entendra jamais citer le prénom durant les soixante-neuf épisodes que compte la série.
Le meurtrier est campé par l'excellent acteur-réalisateur de cinéma John Cassavetes qui tourna beaucoup pour la télévision également. Très bon ami de Peter Falk, il employa l'acteur dans quelques-unes de ses plus grandes œuvres (Une Femme Sous Influences). Il campe un tueur charismatique qui paraît avoir pensé à tout. Mais derrière l'ingéniosité de sa mise en scène, beaucoup de fausses notes viennent émailler son projet de crime parfait, et c'est cette accumulation de bourdes qui va éveiller les soupçons de Columbo et même ceux de sa propre épouse Janis.

Tout d'abord, il y a cette différence de kilométrage entre celui relevé par le garagiste au moment où il vient déposer son véhicule et celui noté plus tard. Treize kilomètres. Soit, autant que la distance qui sépare le garage de la demeure de la victime. Ensuite, il y a l'oiseau auquel cette dernière était très attachée et qui a été retrouvé mort dans le salon. Qui pourrait croire qu'elle l'aurait laissé mourir avec elle si vraiment elle s'était suicidée. Il y a aussi ce léger détail qui démontre que la lettre d'adieu a été tapée, ôtée de la machine, puis remise à nouveau. Un comportement qui aux yeux de Columbo paraît suspect. Quand à Janis, elle suspecte une relation entre la victime et son mari lorsqu'elle entend ce dernier donner le numéro de téléphone à la police, le récitant par cœur.
Mais tout ceci n'est rien en comparaison de la plus grosse erreur de l'assassin, qui laisse tout bonnement trainer sa boutonnière sur le lieu du crime. 
 
Symphonie En Noir est un excellent épisode. L'un des meilleurs peut-être. Peter Falk et John Cassavetes campent un duo impeccable. D'un côté, nous avons ce flic apparemment naïf qui ne cesse de coller aux baskets de sa proie, et de l'autre, nous avons un assassin insensible qui ferait presque endosser à sa femme, la responsabilité du meurtre (voir la toute fin de l'épisode lorsque Cassavetes glisse une dernière réplique à l'oreille de son épouse).
Cet épisode, réalisé par Nicholas Colasanto, fut nominé aux Emmy Awards pour son scénario signé Steven Bochco. Par la suite, une version allongée de presque vingt minutes fut produite mais jamais diffusée dans notre pays.
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