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vendredi 7 décembre 2018

Six crimes sans assassins de Bernard Stora (1990)



Il y a des nouvelles qui vous tombent dessus sans prévenir. Comme la disparition d’Étienne Chicot. Du moins, si elle a un tant soit peu marqué l'esprit des cinéphiles. Et dire que je n'étais même pas au courant... Un acteur remarquablement naturel, poussant le soin du réalisme et de la simplicité jusque dans le moindre de ses soupirs. Il s'en est allé comme bon nombre avant lui, à l'âge de 69. On a souvent l'habitude de le dire chaque fois qu'un acteur décède : « Il a joué avec les plus grands ». Et bien lui aussi. Du moins, avec certains. Joseph Losey, Claude Sautet, Claude Miller, Alain Corneau, et j'en passe. Du côté des comédiens, il a partagé l'affiche avec Yves Montand, Catherine Deneuve, Michel Galabru, Jean-Pierre Bacri, Nicole Garcia, et j'en passe... beaucoup d'autres. Des films dans lesquels il a joué, ça n'est peut-être pas lui dont on se souviendra. Dont se remémorera le plus grand nombre. Mais moi, si. Le Michel du Choc de Robin Davis. Le Samrat du Kamikaze de Didier Grousset, le Christian de Mort un Dimanche de Pluie de Joël Santoni. On aurait même rêvé découvrir un jour les scènes coupées du Subway de Luc Besson demeurées jusqu'à ce jour invisibles. Acteur de cinéma, homme de théâtre, Étienne Chicot était également musicien, et si l'on n'était pas forcément au courant, il fut notamment auteur des bandes originales du Plein de Super d'Alain Cavalier (aquel il participa en tant qu'interprète et scénariste) et de On Efface Tout de Pascal Vidal.

Même s'il n'y tenait pas le rôle principal à proprement parler, Jean-Pierre Marielle et Fabrice Luchini se partageant la vedette, c'est à travers le téléfilm Six Crimes sans Assassins (qu'il ne faudra surtout pas confondre avec Six Femmes pour l'Assassin d'un certain... Mario Bava) que j'aimerais rendre hommage à l'un de mes comédiens préférés. Un acteur formidablement attachant, amoureux du bon vin, de Pigalle, véritablement passionné par, oui... Véronique Samson.

Six Crimes sans Assassins, c'est l'histoire un peu étrange d'un flic et de celui auquel est confiée la rude tâche d'écrire les mémoires. Le premier est une figure de la police. Cynique et mélomane. Le second, lui, est écrivain, poltron comme il se définit lui-même, et hurle lorsqu'il tombe nez à nez avec un cadavre. Mais qui ne réagirait pas de cette façon ? Un mort, une blessée. Puis un second cadavre. Maître Charasse (Étienne Chicot) les connaît tous. Cet avocat s'intéresse de très près au mystère qui entoure ces morts. Le meurtrier demeurant introuvable sur le lieux des crimes alors même que l'immeuble où ils ont eu lieu est cerné par la police et les témoins, voilà qui ne fait pas l'affaire du commissaire Darnoncourt (Jean-Pierre Marielle, impérial) et de l'écrivain Simon (Fabrice Luchini). Humour (noir), enquête policière, suspens, si Six Crimes sans Assassins ne brille en réalité pas par son scénario quelque peu fantaisiste mais finalement, assez laborieux, son atout principal demeure dans les dialogues. Marielle fait du Marielle. On ne lui en voudra pas. Bien au contraire. Vingt ans après ses débuts, Luchini, lui, continue de nous abreuver de son timbre et de sa verve et offre une formidable interprétation et s'exprime en grande partie sous la forme d'une voix-off revenant sur l'affaire. Étienne Chicot incarne cet avocat échappant de justesse à un empoisonnement et réapparaît avec la régularité d'un métronome. Sans doute moins impliqué de part son rôle, il n'empêche, qu'Étienne Chicot y campe un personnage au moins aussi important que ses deux acolytes.

Six Crimes sans Assassins est réalisé par le cinéaste marseillais Bernard Stora, lequel a également écrit le scénario auprès de Jackie Berroyer d'après le roman de Pierre Boileau. Sa première diffusion eut lieu sur la deuxième chaîne française en 1990. Une œuvre atypique, tantôt amusante, tantôt intrigante. A voir surtout pour le regretté Étienne Chicot et pour ses deux partenaires...

Étienne Chicot
5 mai 1949 – 7 août 2018

"Mort un mardi ensoleillé"




dimanche 2 décembre 2018

Origin de Paul W.S. Anderson (en collaboration avec d'autres cinéastes) (2018) - ★★★★★★★☆☆☆





Après Netflix,puis Amazon (avec Amazon Prime), c'est au tour de Youtube, le plus célèbre site web d'hébergement de vidéos, de proposer ses propres créations sous l’appellation Youtube Originals sur sa nouvelle plate-forme Youtube Premium. Ce programme propose depuis le tout début de l'année 2016 des séries et des films mais les premiers balbutiements ne se font en réalité ressentir chez nous que depuis quelques mois seulement. Proposés dès le 14 novembre dernier dans leur intégralité, certains épisodes de la série de science-fiction Origin sont proposés gratuitement afin de la faire découvrir à celles et ceux qui hésiteraient encore à débourser un peu moins de 10 euros afin de s'inscrire à Youtube Premium. Au premier abord, voir débarquer Youtube dans la sphère des sites proposant du contenu vidéo moyennant une petite rétribution financière a de quoi interroger le client éventuel qui avait jusque là pour habitude de n'y voir que des vidéos mises à disposition par ses propres utilisateurs. Le principe n'étant pas plus stupide que d'y voir s'y engouffrer Amazon, pourquoi pas. Malheureusement, ce qui coince au départ, c'est le nom de Paul W. S. Anderson, lequel est rattaché à une filmographie carrément immonde puisque essentiellement constituée de très mauvais films (le cinéaste a en effet notamment commis la série des Resident Evil, ainsi que les longs-métrages Mortal Combat et Alien vs Predator).
Auteur des premiers épisodes de cette nouvelle série de science-fiction donnant son nom au gigantesque vaisseau en partance pour la planète Théa, la présence de Paul W. S. Anderson au générique n'engage au départ, rien de bon. Lorsque l'on connaît le bonhomme, et surtout son œuvre, il est facile de supposer que Origin ne sera rien d'autre qu'une médiocre série de science-fiction à peine digne de celles proposées par la chaîne Syfy.


Ce que semble d'ailleurs évoquer le premier épisode intitulé The Road not Taken, lequel jette une dizaine d'individus au beau milieu des coursives de l'un des dix anneaux du vaisseau Origin transportant des colons à destination de la planète ThéaC'est qu'il ne s'y passe pas grand chose dans cet épisode. Les interprètes semblent pour la plupart du temps y attendre qu'on leur confie leur texte. De plus, lorsque surviennent les premières séquences horrifiques (la série mêle en effet l'épouvante et l'horreur à la science-fiction), le tout est mené sans la moindre finesse, un peu à la manière habituelle de Paul W.S. Anderson. Donc rien d'inhabituel. Sauf qu'entre ce premier épisode et les neuf qui suivront derrière, le spectateur aura tout le loisir de constater que Origins vaut bien mieux que la plupart des séries estampillées Syfy. La série, dont la réalisation des divers épisodes a également été confiée aux cinéastes Mark Brozel, Ashley Way, Juan Carlos Medina et Jonathan Teplitzky, révèle parfois, mais pas systématiquement, un appétissant contenu. Le changement perpétuel d'auteur se ressent d'ailleurs beaucoup durant une bonne moitié de chacun d'entre eux puisque certains épisodes sont un peu moins convaincants que d'autres. Un détail qui a son importance mais que l'on mettra cependant sur le compte des auteurs des divers scénarii, Mika Watkins, Melissa Iqbal, Joe Murtagh, Jack Lothian et Jon Harbottle.


Ne possédant pas de réelle incarnation se détachant véritablement des autres personnages, Origin offre à chaque interprète une même importance, et surtout, une profondeur et une caractérisation identiques renforcées par des flash-back donnant beaucoup de corps à chacun d'entre eux. La série fait la part belle à la mixité des origines de ses interprètes et donc, de ses personnages puisque l'on y croise notamment les britanniques Natalia Tena et Tom Felton, ainsi que la française Nora Arnezeder ou le japonais Sen Mitsuji. Se situant en partie dans le vaisseau, mais également sur une Terre futuriste à l'allure sensiblement dystopique, Origin possède une architecture généralement froide mais à laquelle on finit par s'accoutumer. Les interprètes sont tous convaincants, sans aucune exception, et le récit, qui mêle des intrigues pourtant déjà vues ailleurs, maintient un rythme suffisamment soutenu pour que le spectateur reste accroché jusqu'au dernier épisode. Les fans d'Alien, le Huitième Passager, de Passengers, de The Thing ou de toute autre production mêlant science-fiction et horreur seront conquis. Il est rare que l'on s’ennuie même si certains passages se révèlent parfois trop lents. On regrettera également la surenchère en matière de Jump Scares qui se comptent par dizaines et dont l'effet recherché, de part leur multiplicité, s'annulent. A part cela, Origins demeure une agréable surprise et laisse présager du meilleur quant à l'avenir de Youtube Originals...

mardi 6 novembre 2018

The Mobile Cop Jiban - Great Explosion at the Monster Factory of Fear de Konishi Mitio (1989) - ★★★★★★★☆☆☆



Un flic meurt dans l'exercice de ses fonctions pour être ensuite ressuscité sous la forme d'un robot. Ça ne vous dit rien ? Robocop de Paul Verhoeven bien entendu. Mais en fait, non. Dans le cas qui nous préoccupe ici, il ne s'agit pas du célèbre film de science-fiction du cinéaste néerlandais mais de la série télé japonaise Kidō Keiji Jiban du genre Tokutsu Satsuei, qui signifie effets spéciaux. Jiban est un personnage du type Metal hero, genre bien connu chez nous puisqu'il fit le bonheur des jeunes téléspectateurs dans les années 80/90 avec des séries du type X-Or, Spectreman, ou encore Bioman. Jiban est le nom du héros de cette série constituée de 52 épisodes et d'un mini film d'un peu moins d'une demi-heure, un robot sous lequel se cache le policier Naoto Tamura, tué alors qu'il tentait de protéger le professeur Kenzo Igarashi. Celui-là même qui va le ramener à la vie.

Comme dans toute bonne série japonaise du genre, le héros est spécifiquement chargé de protéger la veuve et l'orphelin face à une armée de créatures commandées par le tyrannique Dr. Gibar, un individu dont le projet est de conquérir notre planète. Si l'écriture n'a rien d'originale (c'est un peu toujours la même histoire que nous content les Metal Hero), on ne peut pas dire que les créateurs de cette série aient été avares en matière d'effets-spéciaux et de scènes d'action. Contrairement à certaines séries, les monstres invoqués par le Dr. Gibar sont relativement réussis et surtout, très originaux. Dans l'épisode The Mobile Cop Jiban - Great Explosion at the Monster Factory of Fear qui constitue en réalité un moyen-métrage d'une durée relativement courte, Jiban (qui possède la faculté de reprendre sa forme humaine) combat donc les sbires de l'infâme Gibar, lesquels ont enlevé plusieurs enfants afin que leur maître puisse expérimenter sur eux ainsi que sur diverses espèces animales (chevaux, chien, chats, etc...) des hybridations afin de créer les pires monstres possibles.

Jiban n'agit pas véritablement seul puisqu'il peu compter sur le soutien de Yoko Katagiri qui est la co-équipière de notre héros sous sa forme humaine, Naoto Tamura. La seule différence entre ce mini-film est la série à proprement parler demeure dans le format de l'image. Pour le reste, c'est du classique. Des combats plus ou moins réussis entre Jiban, sa co-équipière et leurs ennemis qui à la manière d'un San Ku Kaï apparaissent par vague, entourant ce que l'on pourrait définir comme l'équivalent des boss dans les jeux vidéos. Beaucoup de combats, et quelques chansons qui viennent agrémenter une action quasi-incessante sous la forme de karaokés (les paroles s'affichent effectivement dans la partie supérieure droite de l'écran). The Mobile Cop Jiban - Great Explosion at the Monster Factory of Fear est une très bonne surprise et vaut au moins autant que les quelques séries cultes du genre qui ont passé à l'époque la frontière française. Sur les 52 épisodes que compte la série, seule la moitié fut diffusée sur la première chaîne nationale française à partir du 29 août 1990. Certains sites français comme Tokausatsu-Fansub.fr proposent en téléchargement plusieurs de ces séries japonaises dont ce mini-film justement...

jeudi 25 octobre 2018

CoinCoin et les Z'Inhumains de Bruno Dumont (2018) - ★★★★★★★☆☆☆




Quatre ans après P'tit Quinquin, le réalisateur et scénariste français Bruno Dumont revient pour la troisième fois sur le petit écran (il a réalisé entre temps la mini-série musicale Jeannette l'année dernière) avec CoinCoin et les Z'Inhumains, suite des aventures de Quinquin, qui, comme on l'aura compris, a changé de prénom. L'histoire elle aussi est différente. Désormais, il n'est plus question de femme démembrée découverte dans la carcasse d'une vache mais de flaques de... mazout (?)... tombant mystérieusement du ciel. Une étrange substance que la police scientifique définie très rapidement comme n'étant pas d'origine humaine. Pour le commissaire Roger Van der Weyden et l'inspecteur Rudy Carpentier, c'est l'occasion de replonger dans une affaire pleine de mystère, au cœur d'une civilisation exhibée une nouvelle fois au grand jour par un Bruno Dumont qui offre un temps de parole de presque quatre heures à des interprètes amateurs piochés dans la région à laquelle le cinéaste rend hommage.
Que dire de CoinCoin et les Z'Inhumains si ce n'est que ceux qui apprécièrent la première saison ne seront pas dépaysés ? En effet, les quatre années qui séparent les deux saisons ne furent visiblement pas l'occasion pour leurs interprètes d'apprendre le métier d'acteur. C'est toujours aussi approximatif et mal joué, mais bizarrement, c'est cette manière peu convaincante qu'ont les interprètes de jouer leur rôle qui participe à l'attachement de personnages qui autrement, seraient sans doute passés inaperçus.

Bon ! Autant le préciser tout de suite, l'enquête que va mener le commissaire et son assistant (respectivement incarnés par Bernard Pruvost et Philippe Jore) n'est qu'un prétexte qui n'aboutira sur rien de concret. En effet, se terminant sur une queue de poisson, mieux vaut que soient prévenus les fans des Experts qui voudraient se changer les idées devant une série qui offre une vision diamétralement différente du métier d'enquêteur. Ici, tout est prétexte à voir déambuler des interprètes que certains considéreront peut-être eux-mêmes comme des individus d'une autre planète. S'exprimant dans un patois pas toujours évident à déchiffrer (l'acteur incarnant à lui seul la police scientifique en étant un bon exemple), Pruvost, Jore et même Alane Delhaye qui réinterprète quatre ans plus tard le rôle de Quinquin/Coin Coin conservent ce que d'aucun jugera de curiosité avec ce semblant de moquerie qu'une minorité d'entre nous (je l'espère) ne pourra s'empêcher d'exprimer.

Car CoinCoin et les Z'Inhumains, c'est avant tout la représentation d'un monde agricole et paysan s'exprimant avec ses propres codes. Une voiture se nomme là-bas, une carette (à ce propos, sachez qu'un logiciel comme Open Office demeure incapable d'identifier ce terme en tant que tel) et un excrément, du brun. Pas besoin d'avoir fait de grandes études pour faire le rapprochement, et donc, dans l'ensemble, cette seconde saison est assez facile à suivre sans décodeur. Bernard Pruvost semble avoir toujours autant de difficultés à apprendre son texte (on le voit porter une oreillette dans laquelle le réalisateur lui récite son texte) et ses tics paraissent avoir pris de l'ampleur. Se détachent de l'intrigue quelques interprètes au rang desquels, Alane Delhaye bien évidemment, ainsi que son comparse Julien Bodard, dit « L'Gros ». Le personnage incarné par Philippe Jore encaisse les remarques incessantes de son supérieur tandis qu'il lui fait payer en faisant du « »deux roues » avec le véhicule de service.

C'est tout un village qui participe avec plus ou moins de conviction, de bonheur et de talent à ce que j'oserais considérer comme pas moins que la cinquième adaptation du roman de Jack finney sorti chez nous sous le titre Graines d’Épouvante, un classique de la science-fiction qui donna naissance à au moins deux chefs-d’œuvre au cinéma : L'Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel en 1955 et L'Invasion des profanateurs de Philip Kaufman en 1978. Si l'on devait faire ne serait-ce qu'un reproche à cette seconde saison, c'est la tendance qu'à l'intrigue à tourner en rond. Fort heureusement, le quatrième et dernier (et meilleur) épisode de cette mini-série constituée de quatre parties étant identifiées chacune sous un titre différent relève très largement le niveau. En espérant revoir un jour ces personnages auxquels on finit forcément par s'attacher... Un parti-pris osé de la part de Bruno Dumont mais dont le premier épisode, a à lui seul attiré plus d'un million de téléspectateurs...

mercredi 3 octobre 2018

Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi d'Yves Rénier (2018) - ★★★★★★★☆☆☆



Muriel Robin, c'est qui ? L'humoriste qui nous offrit quelques moments d'anthologie sur scène (La Robe), l'interprète d'une quinzaine de longs-métrages au cinéma parmi lesquels Les Couloirs du temps : Les Visiteurs 2 pour lequel elle continue de recevoir des critiques mitigées injustifiées même si passer après Valérie Lemercier était forcément une gageure pratiquement insurmontable. Muriel Robin est également une comédienne de théâtre, ainsi que l'interprète d'une grosse douzaine de téléfilms, dont le très réussi Marie Besnard, l'empoisonneuse de Christian Faure dans lequel elle incarnait déjà le rôle-titre, et puis Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi de l'acteur, scénariste et réalisateur Yves Rénier, diffusé il y a quelques jours seulement. Une excellente surprise. Tout d'abord parce que le casting impeccable profite à un récit terriblement glaçant adapté d'un fait-divers authentique, mais avant tout parce que Muriel Robin y est brillante. Se fondant dans ce personnage de femme battue qui, à bout, tue l'homme avec lequel elle est mariée depuis presque un demi siècle, l'humoriste se fond littéralement dans la peau de Jacqueline Sauvage.

Si l'on ne devait faire qu'un reproche au téléfilm d'Yves Rénier, c'est la manière qu'a le cinéaste d'aborder le sujet en optant le point de vue victimaire de Jacqueline Sauvage sans vraiment laisser de place au doute. Car le procès auquel l'on assiste doit répondre à une question : La mort de Norbert Marot est-elle due à un cas de légitime défense ? Le récit laisse supposer que oui. Du moins le spectateur est-il pris en otage et contraint de résoudre ainsi par lui-même cette interrogation, même si la justice en décidera autrement.
Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi invoque également le comportement de cette même justice qui dans cette affaire, et de manière générale, ne laisse aucune place aux sentiments alors même que les deux avocates de l'accusée (les actrices Armelie Deutsch et Alix Poisson) jouent elle-même cette carte afin d'épargner à leur cliente la lourde peine qui l'a déjà condamnée à dix ans de prison en première instance.

Bien que Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi soit constitué de deux épisodes d'une heure chacun environ, on pourra même pousser le reproche jusqu'à évoquer la trop grande simplicité des thèmes évoqués. Car autour de cette sordide histoire de famille, Yves Rénier disperse ses différents éléments entre le quotidien de Jacqueline Sauvage (à travers de nombreux flash-back) et le procès, en oubliant un point fondamental qui est l'enquête policière elle-même. D'aucun constatera qu'une partie de celle-ci sera évoquée dans l'enceinte du tribunal, le téléfilm d'Yves Rénier méritait sans doute quelques dizaines de minutes supplémentaires pour approfondir certains points.
Mais ne boudons pas notre plaisir car en dehors de ces quelques considérations, Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi est une franche réussite, admirablement incarné par Muriel Robin et ceux qui tiennent lieu de famille à son personnage (Agnès Guignard, Clément Manuel, Samantha Rénier (la propre fille d'Yves Rénier avec lequel elle joua le personnage de Marie, dans la célèbre série policière française, Commissaire Moulin), par la jeune Anissa Allali qui campe le rôle de la co-détenue Nicky Zuliani, mais aussi et surtout l'acteur Olivier Marchal qui endosse le rôle difficile de Norbert Marot. Impressionnant ! A découvrir pour ceux auraient manqué sa diffusion...

samedi 29 septembre 2018

Colony - Saison 3 (2018) - ★★★★★★★★☆☆




Jeudi dernier, je me plaignais d'être totalement passé à côté de la série belge Coincoin et les Z'inhumains (suite de l'excellente Le P'tit Quinquin de Bruno Dumont). Mais de quoi me plains-je, puisqu'Outre-Atlantique, les chaînes de télévisions et les producteurs américains réservent parfois aux amateurs de science-fiction de bien tristes sorts. Je dis, « science-fiction » car ça n'est pas la première fois qu'une très bonne série du genre est purement et simplement annulée sans que le public (les fans en l’occurrence) n'ait été consulté au préalable. A la volée, et sans y réfléchir, très vite quelques exemples me viennent à l'esprit : V (version 2009), qui malgré les a priori des débuts s'est révélée être une excellente surprise, The After (pourtant pleine de promesse), ou encore Timeless qui connaîtra pourtant un sort plus enviable que les autres puisqu'un téléfilm venant clore la série constituée de deux saisons uniquement permettra aux fans de ne pas être totalement abandonnés au beau milieu d'une intrigue. Colony, la série créée par Carlton Cuse et Ryan Condal, connaissait jusqu'à maintenant un rythme de croisière assez régulier puisque dès 2016 et ce jusqu'à l'année en cours, trois saisons ont vu le jour. Et à vrai dire, dans le genre qui nous préoccupe ici, c'est à dire, la science-fiction, Colony faisait partie de ces séries incroyablement prenantes ayant gagné en intensité à chaque nouvelle saison.

Diffusée pour la première fois CHEZ NOUS (Oui, méprisons un peu les américains sur ce coup là) en mars 2017, Colony n'a jamais cessé de prendre de l'ampleur en choisissant de prendre à chaque saison des chemins de traverse scénaristiques totalement différents. On ne pourra donc pas lui reprocher d'avoir tourné en rond jusqu'à épuisement du filon. A vrai dire, lorsque prend fin l'ultime épisode de cette troisième saison, un doute subsiste... Pourquoi n'avoir pas écumé les décors sur un ou deux épisodes supplémentaires afin de que les fans puissent au moins se contenter d'une fin, certes bâclée, mais une FIN RÉELLE. Et non pas cette conclusion qui plante le spectateur au beau milieu d'une séquence objectivement attendue depuis trente-six épisode... ?

Entre un prétexte bidon qui voudrait que les spectateurs américains (les principaux fautifs ?) aient boudé la série après que sa date de diffusion ait été décalée d'un jour dans la semaine (laissez-moi rire !) et la réalité qui veut qu'une série qui n'attire pas suffisamment de spectateurs mérite d'être supprimée, le résultat est le même. 2,2 millions de spectateurs lors de la première saison. Et un peu plus d'un million durant la troisième. Un manque à gagner terrible pour des producteurs avares en billets verts, mais un million de spectateurs (sans compter les canadiens et les français qui furent les seuls privilégiés hors du territoire américain à pouvoir suivre les aventures de la famille Bowman) mis sur le carreau sans autre forme de procès. Honteux !
Une habitude se généralisant outre-Atlantique au point que l'on devrait bannir les séries américaines puisque le spectateur ne peut être définitivement rassuré sur le sort qui lui sera accordé. C'est donc avec une immense tristesse qui nous apprenions que les aventures de Will, Katie et de leurs trois enfants allaient s'arrêter là, alors que cette troisième saison allait faire profiter aux spectateurs de situations nombreuses et variées. Sans doute la meilleure des trois, relançant une intrigue qui ne s'était, de plus, même pas relâchée en fin de seconde saison. A croire que le public américain ne fut pas enclin à réfléchir plus de quelques instants sur un récit, il est vrai, parfois alambiqué.

Ne reste plus alors qu'à se retourner vers nos voisins européens qui, eux, ne nous couperont pas l'herbe sous le pied. Car a-t-on vraiment envie ou besoin d'être ainsi méprisés par des producteurs qui ne voient en la conception d'une série qu'une manne financière avant d'y voir un objet de création artistique ?

lundi 10 septembre 2018

Le Boeuf Clandestin de Gérard Jourd'hui (2013) - ★★★★★☆☆☆☆☆




Il y a des noms qui nous parlent indéniablement. Qui nous ramènent au temps où les comédies assénaient gags sur gags, comme des tirs de mitraillettes ininterrompus. Marie-Anne Chazel et Christian forment un couple à la vie comme à l'écran qui n'a jamais cessé de rester fidèle à lui-même. Alors, lorsqu'est évoquée l'existence d'un téléfilm les mettant tous les deux en scène, on se voit replonger dans les merveilleuses années soixante-dix, ainsi que durant la décennie suivante. Durant cette période florissante qui vit naître et perdurer la fameuse troupe du Splendid. On se prend à rêver de retrouver ces mêmes gags dont l'efficacité n'est jamais retombée même trente ans plus tard. Bien sûr, pas de Thierry Lhermitte, de Josiane Balasko, de Martin Lamotte, ou de tout autre membre du Splendid autre que Marie-Anne Chazel et Christian Clavier, mais tout de même Bruno Putzulu, Didier Bezace, ou encore plus étonnant, Philippe Chevalier. Pas vraiment la même branche humoristique, mais qui sait...
L'histoire ensuite. Celle de l'ambitieux Monsieur Berthaud qui, afin d'obtenir une promotion, fait croire à tout son entourage qu'il est végétarien. Sans doute pour mieux coller aux valeurs de M. Ephraïm, lequel se trouve être directeur de la banque qui emploie justement Berthaud. Un récit qui débute plutôt bien, surtout lorsque la fille même du banquier, Roberte, découvre un jour son père assis à la table d'un restaurant, un bifteck dans l'assiette. La fierté de la fille pour son père en prend alors un coup...

Déjà adapté en 1969 par Jacques Pierre puis en 1993 par Lazare Iglesis, ce fut au tour de Gérard Jourd'hui d'offrir sa version du roman éponyme signé en 1939 par l'écrivain français Marcel Aymé, Le Bœuf Clandestin. C'est malheureusement à une mauvaise surprise que devront s'attendre les spectateurs qui se retrouveront devant une comédie péjorativement légère. Pas de gags à se rouler parterre, pliés en quatre, mais une interprétation sans doute à la hauteur de celle que l'on pouvait attendre à l'époque où fut écrit le roman original. Les interprètes ont beau faire ce qu'on leur demande, et cela avec un certain talent, la sauce ne prend pas vraiment. De l'idée originale, il ne reste pas grand chose puisque Gérard Jourd'hui, avec tout le respect qui est dû à l’œuvre de Marcel Aymé, étend le scénario vers des horizons lointains, offrant par exemple à l'actrice Marie-Ange Casta (sœur cadette de Laeticia Casta) le rôle d'une ancienne prostituée (du moins l'imagine-t-on) reconvertie en actrice à l'ambition démesurée, à Didier Besace, celui d'un Général libidineux, ou à Bruno Putzulu, le rôle du Docteur (et créateur de remèdes) Delatre.

Gérard Jourd'hui s'attarde sur le contexte de l'époque en décalant l'intrigue de quelques années afin de plonger ses interprètes au moment très précis où le Front Populaire remportait la majorité lors du deuxième tour des législatives du 3 mai 1936. Se dispersant un peu trop facilement, Le Bœuf Clandestin éparpille ses bonnes idées, les noie dans un méli-mélo de sous intrigues qui finissent par nous épuiser. La reconstitution demeure quant à elle assez fidèle à l'époque mais le martèlement quasiment incessant provoqué par le passage en boucle sur un petit poste TSF du Plus Beau Tango du Monde interprété par Tino Rossi finit d'achever le spectateur. Irritant !

mercredi 29 août 2018

The Last Child de John Llewellyn Moxey (1971) - ★★★★★★★★☆☆


Tout d'abord, un grand merci au propriétaire du blog Warning Zone grâce auquel j'ai pu découvrir cette petite perle télévisuelle américaine datant de 1971...

Œuvre d'anticipation par excellence, The Last Child évoque la possibilité d'une loi visant à modérer les naissances dans un pays victime de la surpopulation. Une loi mise en vigueur en Chine entre 1979 et 2015 mais qui aux États-Unis demeure encore une fiction. Si la mise en application de législations par voie administrative est un sujet courant sur grand écran, l'oeuvre qui se rapproche le plus de ce téléfilm signé de John Llewellyn Moxey est sans doute le long-métrage Zéro Population Ground que le cinéaste Michael Campus réalisa un an plus tard, en 1972. Bien que divers éléments séparent ces deux œuvres (Zéro Population Ground se déroule dans un contexte futuriste tandis que l’œuvre de John Llewellyn Moxey est située dans un présent... alternatif), le sujet y est similaire. Afin de contrer un sérieux problème de surpopulation, les États-Unis ont mis en place une loi contraignant les couples à n'avoir qu'un seul enfant. Seule exception à cette règle : que leur premier enfant soit mort dans les dix premiers jours consécutifs à sa naissance. Une close qu'Alan et Karen Miller ne remplissent malheureusement pas puisque leur bébé est mort l’année précédente dans son douzième jour.
Alors, lorsqu 'un policier retors du nom de Barstow décide de tout mettre en œuvre pour que le futur enfant à naître de Karen lui soit enlevé avant sa naissance, son mari Alan décide de quitter New York et de se rendre au Canada où la loi de l'enfant unique n'est pas appliquée. C'est dans un train que le couple fait la connaissance du Sénateur en retraite Quincy George. Lequel va d'abord héberger Alan et Karen, puis leur venir en aide afin qu'il réussissent à passer la frontière canadienne...

The Last Child n'a peut-être pas bénéficié d'un budget confortable, mais c'était sans compter sur le talent de John Llewellyn Moxey et des différents protagonistes qui nous offrent au final, un téléfilm passionnant de bout en bout. Le spectateur suit en effet l'incroyable combat d'un couple désireux de conserver l'enfant à naître malgré la loi particulièrement restrictive en cours dans leur pays. Michael Cole et Janet Margolin incarnent à merveille ce couple attachant livré à la curée d'un flic sans morale et décidé à faire régner la loi. Entre un New York étouffé par la surpopulation (et où il est aisé de perdre son enfant en chemin comme on le découvre dès l'ouverture du téléfilm), un passage en gare et un voyage en train anxiogènes et, une dernière partie vouant une large place aux rapports que vont entretenir nos héros et leur sauveteur en la personne du Sénateur Quincy George (incarné par Van Heflin), John Llewellyn Moxey n'oublie pas de représenter l'incarnation du mal en la personne de Barstow, ce flic impitoyable admirablement interprété par l'acteur Edward Asner que l'on a pu découvrir dans de nombreux films et séries télévisées.

Il est l'incarnation de cette loi inflexible, dénué d'émotion ou de morale, se révélant parfois cynique devant le désarroi d'un couple qui ne demande rien d'autre que de pouvoir garder son enfant. En choisissant d'intégrer le récit dans un contexte réaliste débarrassé de tout ce qui pourrait rattacher son œuvre d'un film de pure science-fiction, John Llewellyn Moxey crée un climat qui doit en partie sa noirceur au réalisme évoqué par le choix d'un environnement contemporain qui avait cours à l'époque de sa diffusion sur les chaînes de télévision américaines. La preuve qu'un (télé)film à petit budget a autant de chances d'avoir un impact qu'un film financé à coups de millions de dollars dès lors qu'il a des choses à raconter...

mardi 21 août 2018

Timeless (saison 2) de Eric Kripke et Shawn Ryan (2018) - ★★★★★★★★☆☆



Après avoir consacré un article à la première saison de la série américaine Timeless, retour sur la création d'Eric Kripke et Shawxn Ryan qui depuis a connu un certain nombre de remous. Alors même qu'un incroyable cliffhanger venait clore la seconde saison des aventures principalement menées par Lucy Preston (Abigail Spencer), Wyatt Logan (Matt Lanter) et Rufus Carlin (Malcom Barrett), nous apprenions qu'après avoir d'abord tenté de faire avorter cette dernière, le groupe de télévision NBC avait cette fois-ci décidé d' annuler la troisième saison. Autant dire que pour le fan que je suis, l'annonce fut rude. A peine remis de cette très mauvaise nouvelle, j'ai décidé de me pencher sur cette seconde saison, dont le nombre d'épisodes revus à la baisse (16 pour la première, et 10 pour la seconde) sonnait déjà comme un aveu des producteurs de mettre un terme aux excellentes aventures de nos voyageurs du temps. Inacceptable ! Surtout si l'on tient compte du fait que la qualité est demeurée la même. On pourra tout au plus reprocher au second épisode de cette deuxième saison d'être un peu mou du genou, mais quant au reste, rien à redire si ce n'est que les scénaristes nous ont concocté de biens beaux retours vers le passé, avec en prime, quelques antagonistes charismatiques.

Pour cette seconde saison, le grand méchant de la première, Garcia Flynn (incarné par l'excellent Goran Višnjić) est désormais du côté des gentils. Mais après les épreuves qu'il fit subir à ses... 'nouveaux amis', il va lui falloir prouver sa valeur au sein d'une équipe complétée par l'agent Denis Christopher (Sakina Jaffrey), Connor Mason (Paterson Joseph), et Jiya (Claudia Doumit). Chacun détient une place bien précise au sein du groupe, ce qui n'est en revanche pas vraiment le cas pour les membres de l'organisation 'Rittenhouse', dont certains parmi les plus éminents vont se révéler fort coriaces pour nos compagnons voyageurs. Cette seconde saison de Timeless révèle de nombreuses surprises. La caractérisation des personnages est renforcée et ceux qui étaient jusque là quelque-peu mis en retrait offrent désormais quelque éclaircissements sur leur personnalité aux spectateurs. Ce qui les rend bien évidemment beaucoup plus attachants que lors de la première saison. On pense notamment aux personnages de l'agent Christopher ou de Conor Mason.

Cette seconde saison est également l'occasion de découvrir de nouvelles péripéties dans le passé. Nous y croiseront ainsi notamment le 'futur' président des États-Unis d'Amérique John Fitzgerald Kennedy, ou bien encore John Warnock Hinckley, Jr., ce fan de l'actrice Jodie Foster, un déséquilibré mental qui le 30 mars 1981 tenta de tuer le président Ronald Reagan. Le combat sera rude entre nos voyageurs du temps et les membres d'un Rittenhouse toujours plus nombreux et ayant laissé à travers l'histoire, ce qu'il sera désormais de coutume de nommer des 'agents dormants'. Les scénaristes s'en sont donné à cœur joie et nous ont réservé des surprises de taille avec l'arrivée de nouveaux personnages dont certains fans attendaient sans doute avec impatience l'arrivée.
Oui mais voilà ! Alors que cette admirable seconde saison s’achevait sur une très appétissante conclusion, voilà que la troisième est annulée malgré la qualité de la série. Je ne sais qui pourrait se satisfaire d'une telle nouvelle, mais toujours est-il qu'un téléfilm de deux heures prévu pour une diffusion en fin d'année semble avoir été commandé afin de ne pas laisser les spectateurs sur leur faim. Une décision moins infamante que l'arrêt brutal et définitive au terme de la seconde saison, mais à mon humble avis, très largement insuffisante. Donnez-nous une troisième saison !!!

mercredi 1 août 2018

Les Voyageurs du Temps de Brad Wright (2016-????) - ★★★★★★★★☆☆



Il n'aura pas fallut plus d'un épisode pour que l'adhésion à la série créée par le producteur et scénariste canadien Brad Wright soit totale. Le bonhomme ayant voué jusqu'ici sa carrière de scénariste au fantastique et à la science-fiction (Au-delà du réel, l'aventure continue, ou bien les différentes sagas Stargate), on pouvait s'attendre à ce que Les Voyageurs du Temps nous réserve quelques bonnes surprises. Nos craintes des quinze premières minutes (relativement 'bourrines') ayant été balayées d'un simple revers... de scénario, voilà que nous allions plonger dans le quotidien de cinq voyageurs du futur dont l'un des points forts allait être la caractérisation. Bien que débutant sur un concept originellement confus (le transfert de conscience étant abordé de manière visuellement alambiquée à laquelle il faudra quelques instants pour s'y adapter), on finit par comprendre et très naturellement accepter le principe du voyage temporel à travers la seule conscience d'individus venus d'un futur dystopique. C'est sur ce fondement que repose la principale originalité de la série qui jusqu'à maintenant compte vingt-quatre épisodes divisés en deux saisons (une troisième est déjà en court de développement et est prévue dans le courant de l'année sur Netflix).

Eric McCormack, MacKenzie Porter, Nesta Cooper, Jared Abrahamson et Reilly Dolman campent respectivement les voyageurs Grant MacLaren, Marcy Warton, Carly Shannon, Trevor Holden et Philip Pearson, eux-même à l'origine respectivement nommés sous les noms de code Voyageur 3468, 3569, 3465, 0115 et 3326 et dont la logique nous sera bien entendu révélée plus tard. Sans doute moins consciemment que le voyage dans le temps, Travelers (titre original de la série) évoque quelque part le sujet de la réincarnation, même si cet aspect est évidemment à prendre avec des pincettes. Car le point essentiel des aventures de nos très attachants voyageurs du futur, c'est les rapports qu'ils vont entretenir avec leurs hôtes et leur entourage respectif. Profondément humains, ils vont tour à tour se laisser glisser vers cet état de conscience qui leur fera réaliser que leur hôte n'est plus simplement une enveloppe, mais un être chéri par ses proches. La cohésion du groupe est l'un des aspects parmi les plus sérieusement étudiés.

Leur cercle dévoilant quelques failles émotionnelles, on assistera même à des rapports entre voyageurs et humains du vingt et unième siècle dépassant largement le cadre de leur mission (laquelle reposant d'abord essentiellement sur la survie de l'espèce humaine). Car au delà de l'aspect fantastique des événements, lesquels on le verra assez rapidement, sont liés à un complot de grande envergure, le spectateur sera sans doute bouleversé par la relation qu'entretiendront Marcy Warton et David Miller, un employé à l'aide sociale qui dans sa grande humanité et son émouvante (ou simplement apparente) immaturité, est admirablement incarné par l'acteur canadien Patrick Gilmore.

La série Les Voyageurs du Temps a ceci de remarquable qu'elle ne s'enferme pas exclusivement dans un genre pour s'y astreindre mais offre toute une palette d'approches, allant de la comédie, au policier, en passant par la romance. Remarquable en tout point, la série de Brad Wright repose sur une écriture solide et surtout sur un choix de casting et une interprétation n'accusant pas la moindre faille. C'est bien simple : Les Voyageurs du Temps fait partie de ces séries auxquelles il est pratiquement impossible de décrocher. On suit avec passion les aventures de ces voyageurs du temps dont nous n'apprendront finalement que très peu de chose sur le monde qui est le leur. Peut-être la troisième saison prévue prochainement sur Netflix nous en apprendra-t-elle davantage ? En attendant, plongez-vous corps et âme dans cette excellente série de science-fiction. Vous ne le regretterez pas...

jeudi 19 juillet 2018

Timeless de Eric Kripke et Shawn Ryan (2017) - ★★★★★★★★☆☆




Le voyage dans le temps semble être actuellement l'une des thématiques préférées des scénaristes puisque les séries télévisées abordant le sujet se font de plus en plus nombreuses. Rien que ces toutes dernières années, le thème a engendré plusieurs séries de qualité diverses allant du bon (Time after Time) à l'excellent (la série allemande Dark, et l'américaine inspirée de Stephen King, 22.11.63). le plus délicat étant de trouver de nouvelles idées afin d'éviter le plagiat comme semble s'être rendue coupable la série qui nous intéresse ici. El Ministerio del Tempo semble avoir non officiellement servi de source d'inspiration à Timeless, l'excellente série créée par Eric Kripke et Shawn Ryan. En découvrant le synopsis de la série espagnole et lorsque l'on apprend qu'un projet finalement avorté devait s'inspirer cette fois-ci officiellement de celui initié en 2015 par les frères Pablo et Javier Olivares, les similitudes sont troublantes.

Mais le spectateur sortant généralement victorieux des batailles qui se jouent parfois entre producteurs, créateurs ou réalisateurs, l'intérêt de Timeless repose non pas sur l’ambiguïté de sa parenté mais sur le fond et la forme du produit final. Et dans la grande aventure télévisuelle puisant dans la passionnante thématique du voyage dans le temps, la série américaine disponible chez nous sur Netflix depuis deux semaines s'en sort très bien. Le premier atout de la série, ce sont ses six principaux interprètes. Abigail Spencer, Matt Lanter, Malcom Barrett, Sakina Jaffrey, Paterson Joseph et Goran Višnjić incarnent en effet un groupe d'individus dont la personnalité n'est pas toujours très clairement définie. Si les trois premiers sont les 'gentils' du groupe, les trois autres vont montrer des visages changeant, passant du Bien au Mal et vice versa jusqu'à ce que leur personnalité se dessine peu à peu et révèle leur vrai visage.

Comme pour la série espagnole, Eric Kripke et Shawn Ryan ont choisi de faire remonter le temps à ses trois principaux personnages. Lucy Preston, Wyatt Logan et Rufus vont en effet retourner dans le passé, lors de grands événements historiques afin d'éviter que Garcia Flynn ne change le cours de l'Histoire. Une Histoire qui ne semble donc pas définitivement gravée dans le marbre puisque comme nous le découvrirons, la moindre modification peut avoir des conséquences terribles. Timeless propose donc de revivre des faits historiques tels que la catastrophe du Hindenbourg le 6 mai 1937, l'assassinat du président américain Abraham Lincoln le 15 avril 1865 ou encore l'attaque de Fort Alamo le 6 mars 1836. Le thème du voyage dans le temps est doublé d'un complot tournant autour d'une organisation apparemment malveillante nommée 'Rittenhouse' (sans doute inspirée du nom de l'astronome, mathématicien et inventeur David Rittenhouse), laquelle existe depuis de très nombreuses années et que Garcia Flynn va donc tenter de tuer dans l'oeuf avant que le nombre de ses membres ne grandisse à travers l'histoire.
A part quelques effets-spéciaux numériques pas vraiment convaincants (l'utilisation de la machine temporelle), la série repose sur son excellente interprétation (que leur personnage soit bon ou mauvais, les acteurs se révèlent au final, tous attachants), sur la reconstitution des faits historiques, ainsi que sur son récit qui réserve d'excellentes surprises, tels les paradoxes temporels, ou les liens qui unissent certains personnages. Timeless renoue également avec l'une des plus vieilles séries abordant le thème du voyage dans le temps : l'excellente The Time Tunnel qui confrontait déjà dans les années 60 deux scientifiques perdus dans le temps et confrontés à des faits historiques authentiques. A voir absolument...

vendredi 13 juillet 2018

Les Rues de San Francisco (épisode pilote datant de 1972)



Pas d'entrée théâtrale pour les deux inspecteurs de police de San Francisco. Dès l'épisode pilote intitulé simplement Les Rues de San Francisco d'une durée approximative d'une heure et trente cinq minutes, le téléspectateur est plongé dans une intrigue emberlificotée mettant en scène le lieutenant Mike Stone (incarné par l'acteur Karl Malden), vieux routard de la police respecté par ses collègues, et par le plus jeune inspecteur Steve Keller (interprété par Michael Douglas, lequel sera remplacé quatre ans plus tard par l'acteur Richard Hatch qui ne reprendra pas le rôle mais interprétera celui de l'inspecteur Dan Robbins). Créée par Edward Hume, la série propose des enquêtes policières menées par deux flics aux caractères parfois diamétralement opposés mais qui, au fond, se complètent parfaitement. Vu le nombre des années passées dans le métier, Mike Stone se révèle posé, tandis que Keller, lui, paraît beaucoup plus fougueux. Sans son partenaire, ce dernier se passerait sans doute de mandats pour investir la demeure des suspects. C'est en tout cas l'impression que donne ce jeune homme que cette toute première enquête emmène lui et son collègue sur une piste apparemment juteuse depuis la découverte du cadavre d'une jeune chanteuse. Une carte de visite au nom de David J. Farr est en effet découverte autour du coup de la victime. Cet avocat, bien habillé, et propriétaire d'une Jaguar incarne très rapidement le suspect idéal. Si Mike Stone demeure tempéré, Steve Keller, lui, se montre par contre très pressant.

Le personnage de David J. Farr est incarné à l'écran par l'acteur américain Robert Wagner, lequel a joué dans bon nombre de longs-métrages et de séries télé mais dont le fait d'arme le plus célèbre demeure bien entendu sa participation à la série Pour l'Amour du Risque aux côtés de Stéfanie Powers dans le rôle du richissime homme d'affaire Jonathan Hart.

L'intrigue de l'épisode Les Rues de San Francisco de la série éponyme est parfaitement construite, avec cette forte impression que l'étau se resserre autour du personnage de l'avocat. Et puisque tout semble l'accuser, forcément, on suppose qu'il est innocent, victime des apparences. Tout laisse croire en sa participation au meurtre de la jeune femme. Surtout lorsque l'intrigue revient sur la curieuse relation qu'on vécu durant un temps la victime et l'avocat. La jalousie aurait-elle poussé David J. Farr a tué la chanteuse. Ou bien faut-il plutôt aller chercher du côté de cet étrange homme moustachu que tout le monde semble avoir vu mais qui reste désespérément introuvable ? La clé de l'intrigue se trouve bien entendu à la fin de ces quatre-vingt dix minutes passionnantes. Un téléfilm policier qui va même jusqu'à prendre des allures de film d'épouvante lors d'un final plutôt sinistre révélant enfin l'identité du tueur.

L'un des atouts majeurs des Rues de San Francisco demeure dans la présence de ses deux principaux interprètes. Car Karl Malden et Michael n'étaient déjà pas des inconnus, et leur statut de vedettes du cinéma devait sans doute participer à une partie de l'engouement du public. D'autres les rejoignirent d'ailleurs pour de courtes durées puisque outre Robert Wagner (et Tom Bosley de la cultissime série Happy Days) dans l'épisode pilote, les acteurs Paul Michael Glaser et David Soul (les deux héros de la célèbre série policière Starsky et Hutch), Larry Hagman (le J.R de Dallas), ou encore Tom Selleck (Magnum) firent partie du casting. Eux et beaucoup d'autres interprètes du petit et du grand écrans. La série s'inspire des personnages créés par la romancière américaine Carolyn Weston et sa première diffusion date du 16 septembre 1972 sur le réseau ABC. En France, il aura fallut attendre deux années supplémentaires pour découvrir le plus célèbre duo de flics de San Francisco...
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