Tout d'abord, un grand merci au propriétaire du blog Warning Zone grâce auquel j'ai pu découvrir cette petite perle télévisuelle américaine datant de 1971...
Œuvre d'anticipation par
excellence, The Last Child évoque
la possibilité d'une loi visant à modérer les naissances dans un
pays victime de la surpopulation. Une loi mise en vigueur en Chine
entre 1979 et 2015 mais qui aux États-Unis demeure encore une
fiction. Si la mise en application de législations par voie
administrative est un sujet courant sur grand écran, l'oeuvre qui se
rapproche le plus de ce téléfilm signé de John Llewellyn Moxey est
sans doute le long-métrage Zéro Population
Ground que
le cinéaste Michael Campus réalisa un an plus tard, en 1972. Bien
que divers éléments séparent ces deux œuvres (Zéro
Population Ground
se déroule dans un contexte futuriste tandis que l’œuvre de John
Llewellyn Moxey est située dans un présent... alternatif), le sujet
y est similaire. Afin de contrer un sérieux problème de
surpopulation, les États-Unis ont mis en place une loi contraignant
les couples à n'avoir qu'un seul enfant. Seule exception à cette
règle : que leur premier enfant soit mort dans les dix premiers
jours consécutifs à sa naissance. Une close qu'Alan et Karen Miller
ne remplissent malheureusement pas puisque leur bébé est mort l’année précédente dans son douzième jour.
Alors,
lorsqu 'un policier retors du nom de Barstow décide de tout
mettre en œuvre pour que le futur enfant à naître de Karen lui
soit enlevé avant sa naissance, son mari Alan décide de quitter New
York et de se rendre au Canada où la loi de l'enfant unique n'est
pas appliquée. C'est dans un train que le couple fait la
connaissance du Sénateur en retraite Quincy George. Lequel va
d'abord héberger Alan et Karen, puis leur venir en aide afin qu'il
réussissent à passer la frontière canadienne...
The Last Child n'a
peut-être pas bénéficié d'un budget confortable, mais c'était
sans compter sur le talent de John Llewellyn Moxey et des différents
protagonistes qui nous offrent au final, un téléfilm passionnant de
bout en bout. Le spectateur suit en effet l'incroyable combat d'un
couple désireux de conserver l'enfant à naître malgré la loi
particulièrement restrictive en cours dans leur pays. Michael Cole
et Janet Margolin incarnent à merveille ce couple attachant livré à
la curée d'un flic sans morale et décidé à faire régner la loi.
Entre un New York étouffé par la surpopulation (et où il est aisé
de perdre son enfant en chemin comme on le découvre dès l'ouverture
du téléfilm), un passage en gare et un voyage en train anxiogènes
et, une dernière partie vouant une large place aux rapports que vont
entretenir nos héros et leur sauveteur en la personne du Sénateur
Quincy George (incarné par Van Heflin), John Llewellyn Moxey
n'oublie pas de représenter l'incarnation du mal en la personne de
Barstow, ce flic impitoyable admirablement interprété par l'acteur
Edward Asner que l'on a pu découvrir dans de nombreux films et
séries télévisées.
Il
est l'incarnation de cette loi inflexible, dénué d'émotion ou de
morale, se révélant parfois cynique devant le désarroi d'un couple
qui ne demande rien d'autre que de pouvoir garder son enfant. En
choisissant d'intégrer le récit dans un contexte réaliste
débarrassé de tout ce qui pourrait rattacher son œuvre d'un film
de pure science-fiction, John Llewellyn Moxey crée un climat qui
doit en partie sa noirceur au réalisme évoqué par le choix d'un
environnement contemporain qui avait cours à l'époque de sa
diffusion sur les chaînes de télévision américaines. La preuve
qu'un (télé)film à petit budget a autant de chances d'avoir un impact qu'un film financé à coups de millions de dollars dès
lors qu'il a des choses à raconter...