Mots-clés

jeudi 19 septembre 2019

Quand la fiction inspire les criminels : Nadège Gallet et Jean-Stéphane Saizelet - Columbo ''Exercice Fatal''




Comme il m'arrive de l'évoquer fréquemment sur ''Cinémart'' et un peu plus rarement ici, sur ce blog consacré à la télévision, les tueurs en tous genres inspirent régulièrement le cinéma et le petit écran. Mais il arrive parfois que l'inverse se produise et que la fiction soit à l'origine de faits divers criminels. On peut tout de même s'étonner d'y voir des tueurs en herbe s'inspirer de fictions telles que Columbo, sachant que le célèbre lieutenant à l'imperméable froissé a toujours réussi à clore une affaire en envoyant l'auteur du meurtre derrière les barreaux. Pourtant, c'est bien après avoir assisté à la projection de l'épisode Exercice Fatal que le couple Jean-Stéphane Saizelet et Nadège Gallet, connu sous le nom des Amants de Sarcelles ou Amants Diaboliques a mis au point le meurtre d'un imprimeur âgé de quarante-deux ans et compagnon de Nadège Gallet, Jean-Bernard Wiktorska. Mais alors que le corps s'apprêtait à être incinéré, un appel téléphonique anonyme allait relancer l'affaire, et après autopsie, le médecin légiste nota des blessures n'ayant aucun rapport logique avec la façon dont la victime était supposée être décédée (la trachée écrasée par une haltère de cinquante kilos en travers de la gorge), ainsi que la présence dans l'organisme de Jean-Bernard Wiktorska, de Rohypnol, un puissant somnifère. Mais alors, quel rapport entre ce meurtre et l'épisode de Columbo dont l'enquêtrice de la DRPJ de Versailles, fan de Columbo, nota une troublante similitude ?

L'Haltère, justement, que le tueur-vedette de cet excellent épisode ouvrant la quatrième saison de Columbo diffusé pour la première fois en France le juin ''expose'' comme l'un des éléments d'un crime si bien réfléchi qu'il aurait tout du meurtre parfait si le lieutenant Columbo n'avait pas eu la responsabilité de le résoudre. Face à un Peter Falk toujours aussi collant et savoureux, l'acteur Robert Conrad dans le rôle de Milo Janus, un homme d'affaire à qui tout réussi mais qui détourne de l'argent pour son compte personnel. Lorsque l'un de ses franchisés, Gene Staford constate l'escroquerie, il prévient Milo Janus qu'il a l'intention d'en faire part aux différents actionnaires. Ne pouvant le laisser agir, Milo Janus met au point un meurtre en tous points remarquable et qui devrait normalement définitivement le mettre à l'abri des menaces de Gene Staford et surtout, lui assurer le parfait alibi...

''Vous avez voulu créer le parfait alibi, et c'est votre parfait alibi qui vous a trahi...''
(Columbo à Milo Janus)

Mais face à Columbo, on le saura à travers les soixante-neuf épisodes que constitue la série, jamais aucun meurtrier ne lui a échappé. Et surtout pas l'arrogant Milo Janus. Ce quinquagénaire sportif relativement méprisant, escroc d'envergure (il a en effet détourné d'importantes sommes d'argent) et apprécié par sa jolie secrétaire Jessica Conroy (interprétée par l'actrice Gretchen Corbett qui débutera notamment sa carrière sur le petit écran avec la s&rie N.Y.P.D en 1968) face auquel le scénario de Peter S. Fischer impose un lieutenant égal à lui-même, plongé une fois encore dans un contexte social qui dénote absolument avec l'image que renvoie le personnage du flic pas très malin qu'il arbore afin de tromper le suspect.

Si tout au long des dix-huit saisons réparties entre 1967 et 2003, la résolution des crimes fut généralement exploitée de façon remarquable par des scénaristes possédant une très fertile imagination, celle de cet Exercice Fatal peut-être considérée comme l'une des plus formidables. Réalisé par le cinéaste Bernard L. Kowalski, cet épisode met le lieutenant face à un meurtre complexe à résoudre puisque tout laisse supposer que l'assassin a mis au point un alibi si parfait, que rien ne semble pouvoir le défaire. Mais comme le hasard fait parfois bien les choses au moment même où notre flic préféré est dans l'impasse, un détail va tout changer. Un détail, oui, mais aussi quelques menus défauts dans la conception du meurtre qui ne pourront échapper à cet invétéré fumeur de cigares. Exerice Fatal est un épisode passionnant, la résolution du meurtre y est l'une des plus jouissives de la série et Robert Conrad (le fameux Pappy Boyington de la série Les Têtes brûlées) s'y révèle parfois absolument infecte. Et comme le dit très justement l'inspecteur après avoir démontré la culpabilité de Milo Janus dans le meurtre de Gene Staford, c'est son parfait alibi qui fini par le trahir...

mercredi 14 août 2019

Another Life d'Aaron Martin (2019) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



''Vas te faire foutre'', ''Pétasse'', ''bordel'', ''putain d'alarme'', et j'en passe... voilà le genre d'expressions que l'on ne s'attend pas à découvrir parmi les membres d'un équipage de vaisseau spatial dont la mission est des plus délicate : entrer en contact avec une civilisation extraterrestre depuis qu'un immense vaisseau a atterri sur la surface de notre planète. Un voyage interstellaire promettant autant de tensions qu'un certain Alien avec, de surcroît, une caractérisation de ses personnages poussée dans ses derniers retranchements. Des coursives inquiétantes, une menace imminente, voilà ce que promettait le teaser. Du moins celui que proposait Netflix en préambule. Sauf que le réalisateur Aaron Martin, notamment scénariste de divers épisodes de tout un tas de séries canadiennes (au hasard, Degrassi : La Nouvelle Génération entre 2002 et 2007 ou plus récemment, Slasher dont la troisième saison est diffusée cette année) n'ayant pas le talent de Ridley Scott ni de beaucoup d'autres réalisateurs d’œuvres de science-fiction, Another Life tombe littéralement à plat.

Ambiance spatiale de jeu vidéo, caractérisation des personnages au ras des pâquerettes, rythme du récit léthargique, personnages tantôt amorphes, tantôt ''surexcités'', cette série produite et diffusée en 2019 sur la plate-forme Netflix est absolument indigeste. Piochant à pleines mains dans un certain nombre de références, l’inutilité de Another Life saute aux yeux et aux oreilles à chaque entournure. L'un des soucis majeurs est le peu de cas que fera le spectateur de chacun des personnages tant le réalisateur semble avoir oublié de lui offrir une personnalité suffisamment profonde pour le rendre attachant. Non seulement, on se fiche du sort de chacun, mais leur façon systématiquement trop abrupte de communiquer avec leur prochain confine à la bétise et rend l'expérience bougrement inconfortable.

Sujet au demeurant fort intéressant, Another Life profite de cette mode permettant de scinder l’intrigue en deux parties. Entre les séquences tournées à bord d'un vaisseau esthétiquement convainquant mais au ''charme'' relativement inquiétant (pas le genre de monument qui laisse une même impression positive qu'un Star Trek : la Nouvelle Génération pour ne citer que cet exemple) et des passages situés sur Terre, le passage de l'un à l'autre rompt sans cesse le rythme du récit. Concernant les personnages, si le pluralisme racial est une donnée logique et désormais approuvée depuis des décennies, on frise ici le ridicule à travers ce personnage androgyne poussé à l'extrême à travers ses tenues et son maquillage qui en font davantage un transsexuel qu'un individu aux traits purement féminins. Au fond, pourquoi pas ? On se demande alors dans quelles proportions la psychologie de ces astronautes a été prise en compte au moment de leur sélection. Bien entendu, on notera également que la totalité des interprètes (si je ne me trompe pas) ont moins de quarante ans, ce qui à vrai dire, en ces temps où le jeunisme est la norme, n'étonnera plus grand monde à part les plus vieux d'entre nous.

Mais je parle là de détails qui n'auront d'importance que pour certains tandis que les autres, que j'imagine être les plus jeunes des téléspectateurs, y demeureront sans doute indifférents. Au delà de ces insupportables gimmicks qui ne sont jamais contrebalancés par de quelconques qualités visuelles (les effets-spéciaux n'ont rien de remarquable), scénaristiques (l'écriture est d'une pauvreté souvent... déprimante!) ou du point de vue de l'interprétation (là encore, rien de génial si l'on tient compte du fait que les acteurs sont en roue libre), Another Life déçoit surtout par son manque total d'ambition. Un véritable naufrage intergalactique, manquant de finesse, et donc parfois trop bourrin dans son approche. kitsch avant son heure...

lundi 3 juin 2019

The Society de Christopher Keyser (2019) - ★★★★★★★★☆☆




Au départ, c'est le rêve de bon nombre d'adolescents : vivre débarrassés de toute contrainte, loin des parents. Faire la fête, réduire l'ordre et la morale à leur plus simple expression. Ici, c'est un peu l'idée. Remettre en cause les habitudes de la jeunesse dorée américaine. Celle où les nantis habitent de belles baraques, sont les élèves les plus populaires de l'université (ahhhh, ces fameux joueurs de football américain qui pourtant ne cesseront de perdre en crédibilité, les auteurs ayant apparemment eu la main généreuse en en faisant au fil des épisodes, de parfaits abrutis), tandis que les moins chanceux sont mis sur le banc de touche, sont raillés, parfois même méprisés. West Ham ressemble à bon nombre de petites villes américaines. Du moins jusqu'à ce qu'un soir, et alors qu'une sortie scolaire en bus ayant réuni tous les adolescents de la ville ait été compromise, ces derniers, de retour chez eux, constatent que West Ham a été débarrassé de tous les adultes. Alors que les bus disparaissent en file indienne (d'où une réflexion très intéressante de la part d'Anna qui se demandait alors où ces derniers avaient bien pu s’éclipser puisque la ville, autrefois ouverte sur le monde, est désormais entourée d'une vaste forêt qui semble n'avoir pas de limites), chacun tente de rentrer chez lui.

Alors que le soir même, ils profitent de l'occasion pour faire la fête dans l'église, dès le lendemain matin, Cassandra, Allie, Sam, Helena, Will, Kelly, Elle, Gordie, Grizz, Campbell et les autres sont bien obligés de se rendre à l'évidence. Eux, ainsi que les autres adolescents de West Ham sont seuls. Livrés à eux-mêmes, une partie d'entre eux compte sur Cassandra pour gérer la situation même si certains, comme Harry ou Campbell apprécient moyennement l'idée de devoir partager leur maison et leurs biens avec d'autres. Petit à petit, l'ordre revient. Mais le meurtre subit de Cassandra pousse sa jeune sœur Allie à reprendre les rennes d'un pouvoir qu'elle ne pourra maintenir qu'avec l'aide précieuse de Will et d'une ''Garde'' constituée d'anciens joueurs de football de l'université. Peu à peu, Allie impose des règles nécessaires qui s'avèrent cependant très contraignantes. A West Ham, les esprits s'échauffent et certains commencent à fomenter dans leur coin un renversement des nouvelles règles imposées par Allie et son entourage...

Réduire The Society aux quelques séances de baise, à cette musique tonitruante qui vous cingle les tympans, ou aux fêtes alcoolisées répétées serait une grave erreur. Car cette approche au départ, toute adolescente, permet surtout à la série créée par le scénariste et producteur américain Christopher Keyser de mettre en évidence toute la noirceur du propos qui peu à peu va prendre une part de plus en plus importante délaissant graduellement l'aspect festif d'un tel sujet. Jusqu'à la bande originale qui abandonne musique techno et rock FM pour des sonorités beaucoup plus sombres et dramatiques. Le propos de The Society vire à 360° et offre un condensé de ce que pourrait donner une société nouvellement établie mise entre les mains de très jeunes adultes inexpérimentés. Après deux ou trois épisodes essentiellement constitués de vides scénaristiques qui pourraient abandonner en chemin une partie des spectateurs demeurant indifférents aux histoires de cœur de ses personnages, la série de Christopher Keyser se révèle incroyablement addictive. Non seulement grâce au récit qui peu à peu s'étoffe pour ressembler à un très, très long épisode de l'admirable série Black Mirror, mais aussi ET SURTOUT grâce à la plupart de ses interprètes. Rachel Keller et Kathryn Newton (interprètes respectives des sœurs Pressman, Cassandra et Allie), Jacques Colimon, dans le rôle de Will, Kristine Froseth, Sean Berdy, Olivia DeJonge, José Julian, mais également Alex Fitzalan dans le rôle de Harry Bingham et SURTOUT, oui, SURTOUT, grâce à l'impressionnant Toby Wallace qui incarne le personnage de Campbell Eliot, victime d'une pathologie mentale qui lui confère une identité intellectuelle et morale unique ! Bien qu'aucune suite ne semble faire partie du planning de son créateur, The Society mérite amplement d'être poursuivie au delà de cette première et passionnante saison, d'autant plus que bon nombre de questions demeurent en suspend. On s'attache aux personnages. Difficile en effet de rester insensible aux rapports qu'entretiennent Becca et Sam, ou entre celui-ci et Grizz (formidable Jack Mulhern). ET même ceux, particulièrement malsains, que partagent Campbell et sa ''prisonnière'' Elle... Netflix prouve encore une fois que la plate-forme est capable de proposer des produits fort intéressants et au moins aussi dignes que les réseaux classiques de distribution. A découvrir absolument...

lundi 27 mai 2019

Manifest de Jeff Rake (2019) - ★★★★★★★☆☆☆




Pauvre série qu'est ''Manifest'', dont le pitch l'a condamnée à être systématiquement comparée à la brillante série de J. J. Abrams, Damon Lindelof et Jeffrey Lieber, ''Lost'' diffusée à partir du 25 juin 2005 en France. Presque quinze ans plus tard, le scénariste et producteur Jeff Rake propose une situation vaguement similaire. Il s'agit encore d'un avion dont les passagers vont à leur tour disparaître. Sauf qu'ici, le vol 828 ne va pas disparaître durant plus de cinq ans avant de réapparaître sans que les passagers n'aient eu conscience du temps qui a passé et qu'aucun d'entre eux n'ai vieilli. Non, ceux du vol Montego, au nombre de 191 ne se sont pas échoués sur une île tropicale mais ont atterrit sans encombres des années après avoir décollé et disparu des radars.
Si aucun d'entre eux ne s'est rendu compte des années qui ont passé (et que le spectateur mettra logiquement sur le compte d'un saut dans le temps), sur Terre, les choses ont par contre drastiquement évoluées pour leurs proches.

A titre d'exemple, Jared Williams et Grace Stone, les conjoints respectifs des deux principaux personnages Michaela Stone et son frère Ben qui étaient tout deux à bord du vol 828, ont refait leur vie. Jared a épousé la meilleure amie de Michaela, et Grace Fréquente un autre homme depuis trois ans. Le retour de la plupart des passagers se révèle donc plus compliquée que prévu, d'autant plus que certains d'entre eux entendent des voix. Leurs propres voix qui, venues d'un futur très proche leur indiquent le comportement à avoir. C'est ainsi, par exemple, que Michaela, de retour au commissariat où elle travaillait auprès de Jared cinq ans auparavant, parvient grâce à une ''vision'', à faire arrêter le kidnappeur de deux jeunes filles sur lequel les autorités n'arrivaient pas à mettre la main. Cal, le fils de Ben et Grace, semble être le plus sensible aux visions. Guidant souvent son père et sa tante quant à la marche à suivre, une étrange organisation semble s'intéresser de très près au jeune garçon...

Voilà donc comment débutent les aventures de Michaela, Ben, Athena, Jared et Cal (interprétés dans l'ordre par Melissa Roxburgh, Josh Dallas, Athena Karkanis, J.R Ramirez et Jack Messina). ''Manifest'' se partage entre véritables moments de tensions et passages puérils dont on se serait bien passés. Dans l'ensemble, la série de Jeff Rake parvient à se démarquer de celle à laquelle de nombreux spectateurs et critiques ne semblent pouvoir s'empêcher de comparer. Pourtant, ''Manifest'' possède suffisamment d'atouts pour que l'on n'aie nul besoin de l'opposer à ''Lost''. Les scénaristes Jeff Rake et Matthew Fernandez renouvellent sans cesse l'intrigue, et s'ils semblent parfois se disperser, le tout conserve une certaine cohérence. Entre enquête sur la disparition et la réapparition du vol 88, complot, sectarisme, ferveur religieuse, actes terroristes, tout ceci baigné dans un climat paranoïaque lié au mystère qui entoure l'incroyable événement qui est survenu depuis peu (le retour du vol et de ses passagers, donc), ''Manifest'' cultive les doutes du spectateur jusqu'à son seizième et ultime épisode. Celui qui clôt cette première saison qui, fort heureusement, sera suivie d'une seconde.

De quoi rendre impatients ceux qui contrairement à beaucoup d'autres ont apprécié les aventures de la famille Stone et de leurs différents entourages. Il leur faudra malheureusement patienter jusqu'à la mi-saison de la rentrée 2019-2020 pour connaître enfin la vérité sur les événements qui se sont produits durant la première saison. Alors : manipulations du gouvernement ?  Expériences scientifiques ?Enlèvement par des extraterrestres ? Voyage dans le temps ? Etc... le spectateur se pose de nombreuses questions et espère donc que les scénaristes lui apporteront une réponse lors de la seconde saison. En espérant que les producteurs n'en profiteront pas pour nous proposer une série à rallonge dépérissant au fil des saisons. La suite dans un an, à peu près...

jeudi 23 mai 2019

Notre planète de Alastair Fothergill et Keith Scholey (2019) - ★★★★★★★★★★




Les plus vieux d'entre nous se souviennent très probablement de l'excellente série animalière de Laurent Frapat, ''Les Chroniques de l'Afrique sauvage'' qui fut diffusée pour la première fois à partir du 10 septembre 1995 sur France 3. L'un des concepts majeurs, outre de nous faire partager la vie de la faune du Masaï Mara au Kenya, était celui d'avoir donné un prénom aux principaux... ''protagonistes''. Le spectateur pouvait souvent y suivre ses ''héros'' de leur plus jeune âge jusqu'à leur mort. Une fantastique saga en 24 épisodes, merveilleusement contée par l'acteur Pierre Arditi qui connut quatre suites (dont ''Les Chroniques de l'Asie Sauvage), toutes regroupées sous le nom ''Les Chronique de la Terre sauvage''. Depuis, les émissions animalières furent légions, même si aucune ne fut aussi marquante.

Du moins jusqu'à ce 5 avril 2019 où la plateforme de streaming ''Netflix'' a commencé à mettre en ligne la série animalière en 8 épisodes ''Notre Planète''. D'une durée dont la moyenne n'excède jamais les cinquante minutes, Alastair Fothergill et Keith Scholey ont sans doute créé la quintessence du genre. La haute définition aidant ainsi que certaines technologies apportant une vue différente de notre planète (les drones). Un spectacle grandiose qui, s'il abandonne certains principes constitués par la série de Laurent Frapat, ne l'empêche pas de lui être infiniment supérieur dans plusieurs domaines. Tout d'abord au niveau des images. D'une beauté rarement atteinte, l'équipe constituée de 600 membres a traversé une cinquantaine de pays et a tourné durant quatre ans pour nous offrir les plus belles images de notre planète. Jamais la Terre n'aura porté une parure aussi folle, colorée, aux reliefs parfois dangereux mais souvent majestueuses. Et dans ces contrées parfois sauvages, parfois malheureusement piétinées par l'homme (ce que la série ne cesse de nous répéter à bon escient). La faune, également, est remarquablement représentée. Des espèces que l'on a l'habitude de (re)découvrir dans ce genre de documentaires animaliers, mais d'autres beaucoup plus surprenantes. Entre techniques de chasse sous-marine et parades nuptiales, le spectacle dépasse très souvent ce que l'on avait l'habitude de contempler jusque là. On rit, et même parfois, oui, oui, il peut arriver que l'on verse une larme devant des destins tragiques faisant malheureusement partie du sort accordé aux créatures les plus faibles. Et puis, il y a la voix de l'acteur Jacques Frantz (dans la version française). Douce, agréable, parfaite pour ce genre de projet, elle fait très facilement oublier celle de Pierre Arditi...


Ce qui par contre paraîtra beaucoup moins appréciable aux yeux des amoureux de la nature, ce sont les dégâts parfois provoqués par le passage de l'homme. Des écosystèmes parfois réduits à leur plus simple expression et des espèces dont le nombres d'individus s'épuise dramatiquement. Même si l'on sait que l'existence même de ''Notre Planète'' et du sous-message que ses auteurs tentent de faire passer au plus grand nombre auront un impact sur les consciences, ne serait-ce que le temps du spectacle, notre Terre semble malheureusement vouée à un triste sort. ''Notre Planète'' mérite de sortir de son carcan et devrait être étudié en classe pour que les générations futures ne répètent pas les mêmes erreurs que leurs aînés. En attendant, laissez vous bercer par le plus beau, le plus émouvant et le plus dépaysant voyage sur notre planète. Vous n'en reviendrez pas.

mardi 14 mai 2019

Earth vs. the Spider de Scott Ziehl (2001) - ★★★★★★★☆☆☆



La valeur n'attend pas le nombre des années... aurions-nous presque envie d'affirmer après avoir découvert ce qui s'apparente officiellement au remake d'un classique de la science-fiction des années cinquante réalisé à l'époque par le cinéaste américain Bert I. Gordon et mis en images en 2001 par Scott Ziehl dont la filmographie ne risque pas de faire vibrer d'émotion le cœur des cinéphile... et peut-être même pas des cinéphages à dire vrai. Auteur d'une poignée de long-métrages dont au moins deux suites (Sexe Intentions 3 en 2004 et Road House 2 en 2007), Earth vs. the Spider date donc de l'année 2001 et fut produit à l'attention du petit écran. On parle bien là du remake officiel de l’œuvre éponyme datant de 1958. pourtant, très rapidement, on constate que le cinéaste prend de très grandes libertés avec le matériau de base. Vingt et unième siècle oblige, les jeunes sont de fieffés abrutis et notre héros ne possède pas le charisme de celui auquel on a envie de s'identifier. Dans le cas présent, la seule originalité provient du fait que le scénario donne une explication quant aux origines des dimensions de l'araignée alors que dans l’œuvre originale, cet aspect du récit semblait désintéresser Bert I. Gordon. Hein ? Quoi ? Ah ouais, j'oubliais de préciser que du haut de son statut de remake, non seulement il prend des libertés avec l'original mais... qu'il change carrément l'histoire, en fait. Donc, vous ne trouverez aucune araignée géante, juste un jeune homme un peu mal dans sa peau (mais alors, un tout petit peu), fan de super-héros, qui pour combattre le mal va s'injecter une solution expérimentale extraite d'une araignée, ce qui va lui conférer une puissance phénoménale... Seul rapport entre la version de 1958 et celle de 2001 ? Le titre, juste le titre.

Bonne nouvelle, Dan Aykroyd fait partie du casting. Après avoir participé à l'excellente comédie de science-fiction d'Ivan Reitman Evolution la même année aux côtés de David Duchovny et Julianne Moore, le voilà donc embarqué dans ce téléfilm qui semble n'avoir pas d'autre envergure et d'ambition que de pouvoir se vanter d'avoir le Dr. Raymond Stantz de Ghostbusters, le Joe Friday de Dragnet ou, encore mieux, le Louis Winthorpe III du génial Un Fauteuil Pour Deux parmi les interprètes. Au vu du synopsis, Earth vs. the Spider s'apparente davantage à un ersatz de Spiderman qu'à tout autre chose. Par contre, et c'est là que Earth vs. the Spider devient véritablement intéressant, le super-héros supposé va peu à peu se transformer en monstre, victime d'une addiction particulière puisqu'il lui devient urgent de se procurer de quoi manger. Finis les hamburger, désormais, Quentin Kemmer a besoin de sang frais. Mais pas n'importe lequel. Du sang humain. Alors que son corps se couvre peu à peu d'un tatouage en forme de toile d'araignée, qu'il est capable de projeter d'immense jets de soie à partir d'un orifice situé au niveau du thorax et que des mandibules lui sortent de la bouche, c'est le soir que le jeune homme sort afin de trouver des proies parmi les voyous qui traînent en ville.

Perdant toute notion de ce qui est bien ou mal et se muant en une créature à l'apparence particulièrement repoussante, le héros incarné par le jeune Devon Gummersall (qui physiquement ressemble à une sorte de mix entre Michel Field et Ian Ziering) ressemble à un Spiderman couplé au mythe du Docteur Jekyll et Mister Hyde, mais encore plus à un plagiat du chef-d’œuvre de David Cronenberg, La Mouche. Bien que Earth vs. the Spider ne respecte absolument pas le scénario original de 1958 et que le cinéaste Scott Ziehl profite de l’éventuelle popularité du classique de 1958 pour en reprendre le titre, le téléfilm parvient très nettement à faire oublier l'oeuvre de Bert I. Gordon. Si esthétiquement son statut de téléfilm ne trompe pas sur la marchandise, Earth vs. the Spider est en revanche plutôt agréable à regarder. Les effets-spéciaux qui dans une grande majorité sont à base de latex (à l'ancienne, donc) ne sont pas de première jeunesse mais sont suffisamment convaincants. Au final, Earth vs. the Spider est un téléfilm très plaisant à voir...

mercredi 24 avril 2019

Les tueurs qui inspirent la télévision : Simone Weber - La Bonne Dame de Nancy de Denis Malleval (2016)



Amusant comme La Bonne Dame de Nancy annonce la couleur en prétextant que cette fiction est inspirée de faits réels mais que les personnages […] sont le résultat de l'imagination des auteurs alors même que les principaux intéressés de cette affaire ont conservé le nom de ceux qu'il sont censés représenter autour de l'affaire concernant celle que les médias surnomment ''La Diabolique de Nancy''.. Simone Weber qui a toujours nié avoir assassiné dans d'horribles circonstances son amant Bernard Hettier, disparu le 7 juillet 1985. Un nombre important d'éléments à charge vont motiver les divers interrogatoires du juge d'instruction Gilbert Thiel qui ordonnera soixante expertises environ durant l'enquête dirigée par les inspecteurs Alain Lambolez et Christian Jacques. Bien qu'ayant toujours refusé d'admettre avoir commis le meurtre (le corps de Bernard Hettier sera finalement découvert découpé et enfermé dans une valise par un pécheur), Simone Weber, alors âgée de soixante et un an est condamné par la justice le 28 février 1991 à vingt ans de réclusion. Grâce aux remises de peine, la vieille dame est libérée un peu plus de huit ans plus tard le 17 novembre 1999. Aujourd'hui âgée de quatre-vingt dix ans, Simone Weber attend toujours la révision de son procès...

Entre cinéma, théâtre et télévision, le public aura très certainement retenu en priorité de la carrière d'actrice et comédienne Véronique Genest, sa participation à la série policière Julie Lescaut dans le rôle-titre entre 1992 et 2014. En 2016, le réalisateur Denis Malleval lui confie un rôle diamétralement opposé en la personne de Simone Weber. Celle qui fut l'attention du public, de la presse et de la justice durant l'enquête et le procès qui l'a condamnée méritait bien que l'on se penche sur son cas. C'est donc ainsi l'auteur de Jusqu'à l'Enfer en 2009 et de La Boule Noire en 2015 qui s'y colle, et même s'il prend des libertés avec le récit de cette incroyable affaire judiciaire, La Bonne Dame de Nancy s'écarte cependant un peu moins que certains aimeraient faire croire de cette effroyable histoire d'homicide perpétré non pas par intérêt pécuniaire, mais par amour. Quoi que l'on peut se demander dans quelles proportions la Simone Weber de Denis Malleval éprouvait réellement des sentiments d'amour envers son amant Bernard Hettier (étonnant Yvan le Bolloc'h qui sort ici des habituels sentiers balisés). Véronique Genest incarne une quinquagénaire possessive, sanguine et autoritaire qui découvre très rapidement que son amant la trompe avec une femme plus jeune qu'elle. Après avoir eu une discussion houleuse avec Bernard, Simone lui promet de ne plus réagir aussi violemment. Mais le naturel revenant au galop, Simone supporte de moins en moins l'attitude de son amant volage qui finit par craquer et décide de la quitter. Simone, alors, l'espionne, s'introduit chez lui durant son absence, lit son courrier, fait un double de toutes ses clés, lui vole des objets (dont une valise qui fera partie des éléments à charge durant l'instruction et le procès). Un véritable harcèlement qui à l'écran partage la part congrue d'un scénario peu avare en ellipses narratives.

Il faut dire que le téléfilm se tient sur une durée relativement courte de quatre-vingt dix minutes alors qu'il aurait sans doute mérité de s'offrir un double épisode comme cela fut notamment le cas pour le téléfilm de Pierre Boutron réalisé en 2003, L'Affaire Dominici qui revenait, lui, sur le cas de Gaston Dominici, reconnu coupable et condamné pour le triple meurtre d'un couple d'anglais et de leur fille. Aux côtés de Véronique Genest et Yvan Le Bolloc'h, Mathias Mlekuz incarne un Gilbert Thiel absolument délicieux. Si ce n'étaient les performances des deux autres, on pourrait affirmer que le téléfilm repose quasiment sur ses épaules. Bien que La Bonne Dame de Nancy soit inspiré d'un fait-divers particulièrement sordide, Denis Malleval semble prendre un malin plaisir à y injecter une forte dose d'humour se déclenchant notamment au bon moment grâce à la partition musicale de Jean Musy. Au final, même si La Bonne Dame de Nancy ne possède pas la rigueur de certains documentaires ou de certaines fictions, on passe cependant un très agréable moment. Seuls les puristes éprouveront une certaine gêne devant les libertés prises par le réalisateur...

mardi 23 avril 2019

Les tueurs qui inspirent la télévision: Henri Désiré Landru - Désiré Landru de Pierre Boutron (2005)



Alors que le terme est apparu dans le courant des années soixante-dix et qu'il a été prononcé pour la première fois durant le procès du célèbre tueur en série américain Ted Bundy, le serial killer est un type de tueur qui existe depuis la nuit des temps. Considéré en tant que tel dès lors qu'il a commis au moins trois meurtres, celui que l'on surnommait le '' Barbe-Bleue de Gambais'' peut donc être considéré comme faisant partie intégrante de la longue liste des serial killer, ici, Made in France. Si les plus jeunes n'en n'ont peut-être jamais entendu parler, ou du moins, s'il demeure pour les dernières générations, moins célèbre qu'un Guy Georges, Michel Fourniret, Francis Heaulme ou Thierry Paulin, l'arrestation de Henri Désiré Landru le jour de ses cinquante ans le 12 avril 1919, révéla au grand jour la méthode particulièrement effroyable qu'il mit en pratique afin d'escroquer des victimes, toutes féminines, qu'il trompa en les séduisant et en les tuant, faisant disparaître leur corps dans les cuisinières de deux villas qu'il louait à Vernouillet et Gambais. Au total, il fut reconnut coupable de onze meurtres. La première victime Jeanne Cuchet disparu en février 1915 (la date précise demeurant difficile à définir), la dernière, le 13 janvier 1919 s'appelait Marie-Thérèse Marchadier. Henri désiré Landru fut condamné à la peine capitale et guillotiné le 25 février 1922 à l'âge de 52 ans...

Alors que le cinéaste Claude Chabrol se pencha sur le cas de Landru dans son film éponyme de 1963 (dans lequel le rôle-titre était tenu par l'acteur Charles Denner, lequel incarnera (ironiquement) quatorze ans plus tard le rôle principal du long-métrage de François Truffaut, L'Homme qui aimait les Femmes), quarante-deux ans plus tard, c'est au tour de l'acteur et réalisateur Pierre Boutron (déjà auteur d'une Affaire Dominici deux ans auparavant elle-même tirée d'un fait divers réel) qui s'intéresse au cas de cet individu issu d'une famille modeste, connu par les autorités pour ses escroqueries, qui découche très régulièrement, et qui, alors que la première guerre mondiale a délesté les rues de ses hommes partis au front, va en profiter pour gagner sa vie en commentant des actes d'une incroyable monstruosité. Quatre décennies après Charles Denner, c'est au tour de Patrick Timsit d'incarner à l'écran ce séducteur qui fait tomber dans ses filets des femmes plus ou moins jeunes, généralement seules, mais qui toutes possèdent une grande somme d'argent.

Difficile de succéder à l'immense Claude Chabrol, et pourtant, ce Désiré Landru réalisé par Pierre Boutron est relativement convaincant. Le téléfilm tire surtout sa force de l'interprétation de l'acteur-humoriste qui imprime à son personnage un caractère froid, surtout, mais aussi, osons le dire, également attachant. Car il y a dans cette série d'effroyables méfaits accomplis par un individu sans scrupules, quelque chose d’éminemment touchant. On ne parle bien évidemment pas des meurtres et de la façon dont leur auteur se débarrasse des corps, mais des rapports qu'il entretient avec la jeune et jolie Rolande (interprétée par l'actrice Julie Delarme), la seule qui semble trouver grâce à ses yeux. Le réalisateur fait malheureusement l'impasse sur le processus d'enquête ayant mené à l'arrestation du tueur, ou du moins, l'élude-t-il de manière un peu trop radicale. Pierre Boutron s'attache effectivement plus au personnage de Landru qu'à l'enquête ou aux victimes. Si dans un premier temps découvrir Patrick Timsit grimé en Landru peut s'avérer déstabilisant (il faut reconnaître que son maquillage n'est pas toujours des plus convaincant), l'acteur assume totalement son interprétation. Froid comme la mort, manipulateur, insensible, et monstrueux, il incarne très justement l'un des tueurs en série les plus célèbres de France. Pour l'accompagner, l'actrice Catherine Arditi dans le rôle de Marie-Catherine, son épouse, ou encore Danièle Lebrun, Catherine jacob et Babsie Steger dans ceux de quelques-unes de ses victimes...

lundi 22 avril 2019

Les tueurs qui inspirent la télévision: David Koresh - In the Line of Duty : Ambush in Waco de Dick Lowry (1993)







Même si toutes n'ont pas fini dans un bain de sang, les sectes jouissent souvent d'une épouvantable réputation. En général, elles dépouillent leurs adeptes de leur argent et leurs gourous profitent des faveurs qu'il contraignent les femmes à leur accorder. La secte des Davidiens menée par David Koresh (de son vrai nom Vernon Wayne Howell) a connu un sort tragique à la suite d'un siège mené durant cinquante et un jours par ses adeptes et lui, face à un FBI impuissant ayant pris les commandes après que l'ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives) ait tenté de faire sortir les membres de la secte ainsi que leur dirigeant. Résultat de l'assaut mené par cette dernière : quatre morts du côté de celle-ci et un nombre impossible à calculer du coté de la secte enfermée derrière les murs d'une propriété baptisée ''Mont Carmel'' où ses membres vivent reclus depuis des années. Lourdement armés, David Korsh et ses disciples attendent le moment où les ''babyloniens'' (comprendre les autorités) viendront les assiéger. Le gourou expliquait la raison de son retranchement et de celui des siens dans son désir de decrypter le texte biblique ''les sept sceaux de l'Apocalypse'' issu du livre de l'apocalypse de Saint Jean... Au terme d'un blocus qui dura cinquante et un jours, le FBI lance un siège et David Koresh et les siens mettent le feu au ''Mont Carmel'' plutôt que de se rendre. Au total, des dizaines de morts dont dix-sept enfants...

L'année même du drame, un mois seulement après les événements, est diffusé pour la première fois le 23 mai 1993 à 21 heures, sur la chaîne NBC le téléfilm In the Line of Duty : Ambush in Waco du réalisateur américain Dick Lowry. Qui fait partie d'une série de téléfilms tous intitulés In the Line of Duty. L’œuvre de Dick Lowry s'attache à décrire les événements qui ont précédé l'attaque du ''Mont Carmel'' par le FBI. Ce qui peut s'expliquer par le temps assez court qui fut offert au réalisateur pour aborder le sujet alors que ce dernier prit fin un mois seulement après le passage du téléfilm sur la chaîne américaine.
Particulièrement fidèle aux événements qui précédèrent le début du blocus datant du 28 février 1993, le téléfilm décrit l'emprise de celui qui prendra le nom de David Koresh bien des années après qu'il ait intégré la communauté des ''Davidiens''. Dix ans avant la tragédie, il affirme avoir acquis le don de prophétie et prépare les membres de la communauté à faire le grand voyage vers le paradis. L'acteur Timothy Daly incarne un David Koresh dont la ressemblance avec celui qu'il interprète se révèle particulièrement troublante.

In the Line of Duty : Ambush in Waco est l'occasion pour Dick Lowry de montrer les failles qui ont mené les membres de l'ATF à assurer l'assaut du 'Mont Carmel'' le 28 février 1993 dans des conditions déplorables. Insuffisamment préparés, plusieurs meurent sous les balles d'une ''armée'' minutieusement préparée par leur gourou. Le réalisateur nous montre également dans quelles conditions David Koresh prêchait pour sa paroisse. Entre terreur et privations. Le téléfilm est un excellent témoignage bien qu'il se termine de manière inattendue et précipitée. La raison invoquée tiendrait dans le fait qu'une série de documentaires réalisés sur le sujet auraient amoindris l'efficacité du téléfilm. Bien qu'il ne revienne donc que très succinctement sur le dénouement du drame, Dick Lowry réalise un téléfilm convaincant, ajout essentiel aux documentaires qui furent réalisés sur le sujet. A commencer chez nous par celui faisant partie de la collection ''Les Crimes du Siècle''...

mardi 16 avril 2019

Columbo - Meurtre sous Prescription de Didier Caron (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



Oser adapter au théâtre le tout premier téléfilm mettant en scène le célèbre lieutenant Columbo diffusé pour la toute première fois sur la chaîne de télévision américaine NBC le 20 févvrier 1968 peut paraître particulièrement gonflé. Et ce, même si ça n'est qu'un juste retour aux choses puisqu'avant de servir d'épisode pilote, Prescription: Murder était lui-même à l'origine une pièce de théâtre. Ce qui peut paraître un peu plus délicat à accepter est le fait que cinquante ans plus tard, c'est sur les planches du Théâtre Michel de Paris que ressurgisse l'inspecteur à l'imperméable fripé. Depuis la disparition de Peter Falk il y a presque huit ans, on imaginait mal un autre acteur prendre la relève même si depuis un certains temps des bruits de couloirs laissent entendre le retour du célèbre lieutenant au cinéma sous les traits de Mark Ruffalo. Mais alors que le projet prend des allures d’arlésienne à force de se faire attendre de l'autre côté de l'Atlantique, c'est donc en France que Columbo est réapparu en reprenant tout ou partie (en ajoutant même plusieurs séquences inédites du téléfilm de 198) de l'intrigue originelle.

Pour n'avoir jamais eu le plaisir de découvrir la pièce produite en 1962 par Richard Levinson et William Link intitulée "Prescription: Murder" (le Lieutenant Columbo, y étant interprété par le comédien Bert Freed), il est difficile de préciser si la pièce jouée en 2017 est en tout points identique à celle interprétée au début des années soixante. Quelques éléments donnent cependant une idée assez précise en terme d'acting puisque le personnage de la victime, Claire Flemming, l'épouse et victime du psychiatre assassin, était interprétée par l'actrice Agnes Moorehead en 1962, tandis qu'elle n'est que simplement évoquée dans la version adaptée chez nous par Didier Caron. Pour le reste, le spectateur français ne pourra comparer la pièce également mise en scène par Didier Dacon lui-même que par rapport au téléfilm réalisé par Richard Irving en 1967. Pour commencer, Didier Caron opte pour l'utilisation des musiques originales composées à l'époque par un certain Dave Grusin, auteur d'un nombre important de bandes originales de films pour le cinéma et la télévision. Ensuite, cette version 2017 implique un personnage secondaire plutôt effacé dans le téléfilm et interprété sur scène par le comédien Augustin de Monts.

La victime n'étant évoquée qu'à travers la préparation de son meurtre par son époux, le psychiatre Roy Flemming (Pierre Azéma), et la maîtresse de ce dernier (Karine Belly) et lors des différentes phases de l'enquête à venir, la pièce de Didier Caron tourne donc autour de quatre personnage parmi lesquels, le très attendu (au tournant) Martin Lamotte dont la responsabilité est ici, de taille. Est-il vraiment nécessaire de préciser que la comparaison entre Peter Falk et l'acteur et comédien français issu du café-théâtre est inutile ? Non, bien entendu. L'acteur américain étant irremplaçable, Martin Lamotte fait au mieux pour se fondre dans le personnage (même si le cigare qu'il porte presque toujours éteint jusqu'à ses lèvres fait avant tout office de gadget).On pousse un souffle de soulagement. En effet, même si l'ombre de Peter Falk plane au dessus de la tête de Martin Lamotte comme une épée de Damoclès, l'acteur français s'en sort avec les honneurs. Ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas de Pierre Azéma qui bute sur certaines phrases et surtout, exprime avec toutes les difficultés du monde le tempérament d'un personnage autrement plus convaincant lorsqu'il était incarné par l'acteur américain Gene Barry sur le petit écran. Le public français pourra noter que par rapport au téléfilm, Didier Caron a tenté d'apporter un surcroit d'humour à travers quelques phrases pas toujours très amusantes. Quant à la résolution de l'énigme, la pièce ne s'arrête pas là où le téléfilm se concluait : en effet, après que les spectateurs aient découvert le subterfuge mis en place par le lieutenant Columbo avec l'aide de la maîtresse du psychiatre, le récit continue afin d'ajouter des éléments d'explication concluant définitivement à la responsabilité du tueur dans le meurtre de son épouse. Au final, même si la pièce de théâtre Columbo - Meurtre sous Prescription n'atteint pas le niveau de qualité du téléfilm de 1967, on se prend déjà à rêver de retrouver Martin Lamotte et d'autres ''assassins'' en puissance dans de nouvelles adaptations théatrales reprenant les meilleurs intrigues télévisuelles auxquelles le lieutenant fut confronté, et même, pourquoi pas, de nouvelles histoires inédites... ?

samedi 13 avril 2019

Une chance sur Six de Jacques Malaterre (2018) - ★★★★★★★☆☆☆



Avec Une Chance sur Six, l'humoriste, imitateur, réalisateur, scénariste, chanteur, acteur (et j'en passe) Patrick Sébastien s'est fabriqué un personnage hautement narcissique. Un homme marié à une richissime épouse de dix ans son aînée, et avec laquelle il entretient depuis quelques années une entente cordiale depuis qu'il s'est découvert une attirance pour les hommes. Si la comtesse de Sarneville (l'actrice Evelyne Dandry) en question est au courant des penchants sexuels de son mari, elle refuse cependant qu'il invite en leur demeure ses amants de passage. A défaut de quoi, elle retirera le nom d'Hubert Vallon de son héritage... Bien que l'homme affirme se désintéresser de la fortune de son épouse, il a fomenté depuis quelques temps le meurtre de celle-ci à travers une machination que devra ensuite dénouer un flic véreux incarné par l'acteur Nicolas Van Beveren. Voleur, fils de voleur, Gaëtano emploie des méthodes bien particulières, un peu à la manière de la Loi de Talion : œil pour œil, dent pour dent...

A l'écriture, Patrick Sébastien, donc. Troisième participation du célèbre animateur télévisé pour le compte du réalisateur et metteur en scène français Jacques Malaterre pour lequel il avait déjà écrit et interprété les principaux rôles de Monsieur Max et la rumeur en 2014 et L'Affaire de maître Lefort deux ans plus tard. Alors que l'animateur des émissions cultes Carnaval !, Sébastien, c'est Fou, Surprise sur Prise ! (co-présenté aux côtés de l'animateur québécois Marcel Beliveau entre 1990 et 1992) ou encore Le Grand Bluff, s'apprête à mettre un terme définitif à sa présence sur les plateaux de télévision, Patrick Sébastien campe ici un personnage synthétisant ceux des deux précédents téléfilms qu'il incarna pour le petit écran en 2014 et 2016. Entre machination, meurtre, faux-semblants, il y révèle un personnage aussi charismatique qu'antipathique.

Un bourgeois méprisant, calculateur, épris de jeu, mais pas seulement dans le casino où il a ses habitudes mais également auprès d'un flic qu'il s'amusera à provoquer de son imposante stature. Un rôle très particulier puisque Patrick Sébastien, en endossant le personnage d'un homosexuel, le contraint à se faire aussi détestable que séduisant auprès d'un Nicolas Van Beveren au regard profond. L'auteur du sous-estimé T'aime n'a pas perdu de sa superbe malgré ses soixante-cinq ans et conserve son goût pour les affaires criminelles dont il se fit le chantre à travers les quatre volets de l'émission télévisée Intime Conviction en 2006. Une autre similitude perdure malheureusement avec cette mini-série de docu-fictions : ce besoin apparemment inaltérable que ressent le bonhomme à donner certaines explications aux spectateurs sur le déroulement de la machination alors que le scénario est suffisamment fluide pour qu'ils n'aient nul besoin qu'on les guide par la main. Patrick Sébastien serait-il narcissique au point de se donner le rôle du tueur commettant le meurtre parfait ? La réponse se situe en fin de métrage. Au spectateur de se faire alors une opinion sur les réelles qualités de ce téléfilm qui n'a pas à rougir devant la concurrence. Le scénario est convaincant. Tout comme le jeu des différents acteurs et actrices. La mise en scène est soignée, bien que relativement classique. Une très bonne surprise à réserver en priorité aux fans de Patrick Sébastien mais aux autres également...

vendredi 12 avril 2019

Quand sort la Recluse (Première Partie) de Josée Dayan (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆



Diffusée pour la première fois mercredi dernier, le 10 avril 2019, la première partie de l'adaptation télévisuelle éponyme du roman de l'écrivaine Fred Vargas Quand Sort la Recluse est la cinquième incartade de la réalisatrice et scénariste française Josée Dayan dans l'univers de l'archéozoologue, et donc la cinquième participation de l'acteur Jean-Hugues Anglade dans le rôle du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Ici, il est inutile d'espérer retrouver une enquête policière menée sur les chapeaux de roue. La réalisatrice, auteur notamment des adaptations télévisuelles du Comte de Monte-Cristo en 1998 ou des Misérables en 2000, signe une enquête policière faisant dans la sobriété, et dont l'un des intérêts principaux demeure dans le soin apporté aux décors de Philippe Lévêque. En ce qui concerne l'intrigue, Quand Sort la Recluse prend place au cœur d'une série de morts particulièrement étranges touchant des personnes âgées décédées après avoir été mordues par des araignées (ici, la fameuse Loxosceles reclusa, ou araignée violoniste, qui fut au centre de plusieurs cas de nécrose relégués par les médias il y a quelques années).

Autant Jean-Hugues Anglade peut se révéler d'un charisme extraordinaire (Killing Zoe de Roger Avary, 1993), autant son interprétation laisse ici perplexe. Peut-être faut-il alors se pencher sur le personnage de Jean-Baptiste Adamsberg pour comprendre et accepter le jeu hésitant de l'acteur. Considéré comme ''rêveur et désordonné […] et incapable d'analyser ou de soutenir consciemment un long raisonnement'' (Wikipedia), ce flic aux méthodes inhabituelles explique peut-être pourquoi Jean-Hugues Anglade a l'air de buter sur certaines phrases. Volontaire ou non, cette approche a tendance à constituer une raison suffisante pour que le spectateur estime que le jeu de l'acteur n'est pas à la hauteur de sa réputation et que Josée Dayan se soit contenté d'une seule prise alors que certaines séquences méritaient sans doute d'être retournées. Quelques détails semblent malheureusement corroborer ce dernier fait. Comme la séquence durant laquelle un second rôle interprétant un simple brigadier est pris à parti par le Lieutenant Violette Retancourt (excellente Corinne Masiero). L'acteur semble à son tour buter sur un mot, récitant alors son texte sur un mode fébrile. On pourra également évoquer le fait que Jean-Hugues Anglade, encore lui, récite plus qu'il n'interprète. C'est d'autant plus dommage que l'intrigue est réellement passionnante, son personnage allant notamment se renseigner auprès du Professeur Pujol (l'acteur Stéphan Wojtowicz), spécialiste des araignées, ou prenant contact avec une certaine Irène Royer-Ramier, interprétée par la méconnaissable Élisabeth Depardieu...

Nous sommes donc plus proches du Commissaire Maigret version Bruno Cremer que des Experts (Josée Dayan multiplie les séquences situées dans un restaurant au style désuet), ce qui, au fond, participe au charme qui se dégage d'une première partie soignée en terme de photographie (signée de Stefan Ivanov). En dehors d'un Jean-Hugues Anglade fort décevant, le spectateur aura le plaisir de découvrir autour du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, des personnages interprétés par les talentueux Jérôme Kircher, Sylvie Testud, Jacques Spiesser, et bien entendu Corinne Masiero et Elsabeth Depardieu déjà citées plus haut. Mais alors que l'interprétation oscille entre la justesse de ton des uns et la médiocrité que frôlent certains (heureusement, en très petite minorité), l'apparition de l'immense Pierre Arditi semble tout remettre en question. Son écrasante performance nous ferait presque regretter qu'il ne fut pas choisi pour interpréter lui-même le rôle du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Sa présence aux deux tiers de l'intrigue efface littéralement celles de Jean-Hugues Anglade et de Jérôme Kircher. A noter la partition musicale fort convaincante composée par le chanteur et interprète Benjamin Biolay... La seconde partie sera-t-elle davantage convaincante ? La réponse dans un peu moins d'une semaine...
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...