Amusant comme La
Bonne Dame de Nancy
annonce la couleur en prétextant que cette fiction est inspirée de
faits réels mais que les personnages […] sont le résultat de
l'imagination des auteurs alors même que les principaux intéressés
de cette affaire ont conservé le nom de ceux qu'il sont censés
représenter autour de l'affaire concernant celle que les médias
surnomment ''La
Diabolique de Nancy''..
Simone Weber qui a toujours nié avoir assassiné dans d'horribles
circonstances son amant Bernard Hettier, disparu le 7 juillet 1985.
Un nombre important d'éléments à charge vont motiver les divers
interrogatoires du juge d'instruction Gilbert Thiel qui ordonnera
soixante expertises environ durant l'enquête dirigée par les
inspecteurs Alain Lambolez et Christian Jacques. Bien qu'ayant
toujours refusé d'admettre avoir commis le meurtre (le corps de
Bernard Hettier sera finalement découvert découpé et enfermé dans
une valise par un pécheur), Simone Weber, alors âgée de soixante
et un an est condamné par la justice le 28 février 1991 à vingt
ans de réclusion. Grâce aux remises de peine, la vieille dame est
libérée un peu plus de huit ans plus tard le 17 novembre 1999. Aujourd'hui âgée de quatre-vingt dix ans, Simone Weber attend
toujours la révision de son procès...
Entre
cinéma, théâtre et télévision, le public aura très certainement
retenu en priorité de la carrière d'actrice et comédienne
Véronique Genest, sa participation à la série policière Julie
Lescaut dans le rôle-titre entre 1992 et 2014. En 2016, le
réalisateur Denis Malleval lui confie un rôle diamétralement
opposé en la personne de Simone Weber. Celle qui fut l'attention du
public, de la presse et de la justice durant l'enquête et le procès
qui l'a condamnée méritait bien que l'on se penche sur son cas.
C'est donc ainsi l'auteur de Jusqu'à l'Enfer
en
2009 et de La
Boule Noire
en 2015 qui s'y colle, et même s'il prend des libertés avec le
récit de cette incroyable affaire judiciaire, La
Bonne Dame de Nancy
s'écarte cependant un peu moins que certains aimeraient faire croire
de cette effroyable histoire d'homicide perpétré non pas par
intérêt pécuniaire, mais par amour. Quoi que l'on peut se demander
dans quelles proportions la Simone Weber de Denis Malleval éprouvait
réellement des sentiments d'amour envers son amant Bernard Hettier
(étonnant Yvan le Bolloc'h qui sort ici des habituels sentiers
balisés). Véronique Genest incarne une quinquagénaire possessive,
sanguine et autoritaire qui découvre très rapidement que son amant
la trompe avec une femme plus jeune qu'elle. Après avoir eu une
discussion houleuse avec Bernard, Simone lui promet de ne plus réagir
aussi violemment. Mais le naturel revenant au galop, Simone supporte
de moins en moins l'attitude de son amant volage qui finit par
craquer et décide de la quitter. Simone, alors, l'espionne,
s'introduit chez lui durant son absence, lit son courrier, fait un
double de toutes ses clés, lui vole des objets (dont une valise qui
fera partie des éléments à charge durant l'instruction et le
procès). Un véritable harcèlement qui à l'écran partage la part
congrue d'un scénario peu avare en ellipses narratives.
Il
faut dire que le téléfilm se tient sur une durée relativement
courte de quatre-vingt dix minutes alors qu'il aurait sans doute
mérité de s'offrir un double épisode comme cela fut notamment le
cas pour le téléfilm de Pierre Boutron réalisé en 2003, L'Affaire
Dominici
qui revenait, lui, sur le cas de Gaston Dominici, reconnu coupable et
condamné pour le triple meurtre d'un couple d'anglais et de leur
fille. Aux côtés de Véronique Genest et Yvan Le Bolloc'h, Mathias
Mlekuz incarne un Gilbert Thiel absolument délicieux. Si ce
n'étaient les performances des deux autres, on pourrait affirmer que
le téléfilm repose quasiment sur ses épaules. Bien que La
Bonne Dame de Nancy soit
inspiré d'un fait-divers particulièrement sordide, Denis Malleval
semble prendre un malin plaisir à y injecter une forte dose d'humour
se déclenchant notamment au bon moment grâce à la partition
musicale de Jean Musy. Au final, même si La
Bonne Dame de Nancy
ne possède pas la rigueur de certains documentaires ou de certaines
fictions, on passe cependant un très agréable moment. Seuls les
puristes éprouveront une certaine gêne devant les libertés prises
par le réalisateur...