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mercredi 24 avril 2019

Les tueurs qui inspirent la télévision : Simone Weber - La Bonne Dame de Nancy de Denis Malleval (2016)



Amusant comme La Bonne Dame de Nancy annonce la couleur en prétextant que cette fiction est inspirée de faits réels mais que les personnages […] sont le résultat de l'imagination des auteurs alors même que les principaux intéressés de cette affaire ont conservé le nom de ceux qu'il sont censés représenter autour de l'affaire concernant celle que les médias surnomment ''La Diabolique de Nancy''.. Simone Weber qui a toujours nié avoir assassiné dans d'horribles circonstances son amant Bernard Hettier, disparu le 7 juillet 1985. Un nombre important d'éléments à charge vont motiver les divers interrogatoires du juge d'instruction Gilbert Thiel qui ordonnera soixante expertises environ durant l'enquête dirigée par les inspecteurs Alain Lambolez et Christian Jacques. Bien qu'ayant toujours refusé d'admettre avoir commis le meurtre (le corps de Bernard Hettier sera finalement découvert découpé et enfermé dans une valise par un pécheur), Simone Weber, alors âgée de soixante et un an est condamné par la justice le 28 février 1991 à vingt ans de réclusion. Grâce aux remises de peine, la vieille dame est libérée un peu plus de huit ans plus tard le 17 novembre 1999. Aujourd'hui âgée de quatre-vingt dix ans, Simone Weber attend toujours la révision de son procès...

Entre cinéma, théâtre et télévision, le public aura très certainement retenu en priorité de la carrière d'actrice et comédienne Véronique Genest, sa participation à la série policière Julie Lescaut dans le rôle-titre entre 1992 et 2014. En 2016, le réalisateur Denis Malleval lui confie un rôle diamétralement opposé en la personne de Simone Weber. Celle qui fut l'attention du public, de la presse et de la justice durant l'enquête et le procès qui l'a condamnée méritait bien que l'on se penche sur son cas. C'est donc ainsi l'auteur de Jusqu'à l'Enfer en 2009 et de La Boule Noire en 2015 qui s'y colle, et même s'il prend des libertés avec le récit de cette incroyable affaire judiciaire, La Bonne Dame de Nancy s'écarte cependant un peu moins que certains aimeraient faire croire de cette effroyable histoire d'homicide perpétré non pas par intérêt pécuniaire, mais par amour. Quoi que l'on peut se demander dans quelles proportions la Simone Weber de Denis Malleval éprouvait réellement des sentiments d'amour envers son amant Bernard Hettier (étonnant Yvan le Bolloc'h qui sort ici des habituels sentiers balisés). Véronique Genest incarne une quinquagénaire possessive, sanguine et autoritaire qui découvre très rapidement que son amant la trompe avec une femme plus jeune qu'elle. Après avoir eu une discussion houleuse avec Bernard, Simone lui promet de ne plus réagir aussi violemment. Mais le naturel revenant au galop, Simone supporte de moins en moins l'attitude de son amant volage qui finit par craquer et décide de la quitter. Simone, alors, l'espionne, s'introduit chez lui durant son absence, lit son courrier, fait un double de toutes ses clés, lui vole des objets (dont une valise qui fera partie des éléments à charge durant l'instruction et le procès). Un véritable harcèlement qui à l'écran partage la part congrue d'un scénario peu avare en ellipses narratives.

Il faut dire que le téléfilm se tient sur une durée relativement courte de quatre-vingt dix minutes alors qu'il aurait sans doute mérité de s'offrir un double épisode comme cela fut notamment le cas pour le téléfilm de Pierre Boutron réalisé en 2003, L'Affaire Dominici qui revenait, lui, sur le cas de Gaston Dominici, reconnu coupable et condamné pour le triple meurtre d'un couple d'anglais et de leur fille. Aux côtés de Véronique Genest et Yvan Le Bolloc'h, Mathias Mlekuz incarne un Gilbert Thiel absolument délicieux. Si ce n'étaient les performances des deux autres, on pourrait affirmer que le téléfilm repose quasiment sur ses épaules. Bien que La Bonne Dame de Nancy soit inspiré d'un fait-divers particulièrement sordide, Denis Malleval semble prendre un malin plaisir à y injecter une forte dose d'humour se déclenchant notamment au bon moment grâce à la partition musicale de Jean Musy. Au final, même si La Bonne Dame de Nancy ne possède pas la rigueur de certains documentaires ou de certaines fictions, on passe cependant un très agréable moment. Seuls les puristes éprouveront une certaine gêne devant les libertés prises par le réalisateur...

mardi 23 avril 2019

Les tueurs qui inspirent la télévision: Henri Désiré Landru - Désiré Landru de Pierre Boutron (2005)



Alors que le terme est apparu dans le courant des années soixante-dix et qu'il a été prononcé pour la première fois durant le procès du célèbre tueur en série américain Ted Bundy, le serial killer est un type de tueur qui existe depuis la nuit des temps. Considéré en tant que tel dès lors qu'il a commis au moins trois meurtres, celui que l'on surnommait le '' Barbe-Bleue de Gambais'' peut donc être considéré comme faisant partie intégrante de la longue liste des serial killer, ici, Made in France. Si les plus jeunes n'en n'ont peut-être jamais entendu parler, ou du moins, s'il demeure pour les dernières générations, moins célèbre qu'un Guy Georges, Michel Fourniret, Francis Heaulme ou Thierry Paulin, l'arrestation de Henri Désiré Landru le jour de ses cinquante ans le 12 avril 1919, révéla au grand jour la méthode particulièrement effroyable qu'il mit en pratique afin d'escroquer des victimes, toutes féminines, qu'il trompa en les séduisant et en les tuant, faisant disparaître leur corps dans les cuisinières de deux villas qu'il louait à Vernouillet et Gambais. Au total, il fut reconnut coupable de onze meurtres. La première victime Jeanne Cuchet disparu en février 1915 (la date précise demeurant difficile à définir), la dernière, le 13 janvier 1919 s'appelait Marie-Thérèse Marchadier. Henri désiré Landru fut condamné à la peine capitale et guillotiné le 25 février 1922 à l'âge de 52 ans...

Alors que le cinéaste Claude Chabrol se pencha sur le cas de Landru dans son film éponyme de 1963 (dans lequel le rôle-titre était tenu par l'acteur Charles Denner, lequel incarnera (ironiquement) quatorze ans plus tard le rôle principal du long-métrage de François Truffaut, L'Homme qui aimait les Femmes), quarante-deux ans plus tard, c'est au tour de l'acteur et réalisateur Pierre Boutron (déjà auteur d'une Affaire Dominici deux ans auparavant elle-même tirée d'un fait divers réel) qui s'intéresse au cas de cet individu issu d'une famille modeste, connu par les autorités pour ses escroqueries, qui découche très régulièrement, et qui, alors que la première guerre mondiale a délesté les rues de ses hommes partis au front, va en profiter pour gagner sa vie en commentant des actes d'une incroyable monstruosité. Quatre décennies après Charles Denner, c'est au tour de Patrick Timsit d'incarner à l'écran ce séducteur qui fait tomber dans ses filets des femmes plus ou moins jeunes, généralement seules, mais qui toutes possèdent une grande somme d'argent.

Difficile de succéder à l'immense Claude Chabrol, et pourtant, ce Désiré Landru réalisé par Pierre Boutron est relativement convaincant. Le téléfilm tire surtout sa force de l'interprétation de l'acteur-humoriste qui imprime à son personnage un caractère froid, surtout, mais aussi, osons le dire, également attachant. Car il y a dans cette série d'effroyables méfaits accomplis par un individu sans scrupules, quelque chose d’éminemment touchant. On ne parle bien évidemment pas des meurtres et de la façon dont leur auteur se débarrasse des corps, mais des rapports qu'il entretient avec la jeune et jolie Rolande (interprétée par l'actrice Julie Delarme), la seule qui semble trouver grâce à ses yeux. Le réalisateur fait malheureusement l'impasse sur le processus d'enquête ayant mené à l'arrestation du tueur, ou du moins, l'élude-t-il de manière un peu trop radicale. Pierre Boutron s'attache effectivement plus au personnage de Landru qu'à l'enquête ou aux victimes. Si dans un premier temps découvrir Patrick Timsit grimé en Landru peut s'avérer déstabilisant (il faut reconnaître que son maquillage n'est pas toujours des plus convaincant), l'acteur assume totalement son interprétation. Froid comme la mort, manipulateur, insensible, et monstrueux, il incarne très justement l'un des tueurs en série les plus célèbres de France. Pour l'accompagner, l'actrice Catherine Arditi dans le rôle de Marie-Catherine, son épouse, ou encore Danièle Lebrun, Catherine jacob et Babsie Steger dans ceux de quelques-unes de ses victimes...

lundi 22 avril 2019

Les tueurs qui inspirent la télévision: David Koresh - In the Line of Duty : Ambush in Waco de Dick Lowry (1993)







Même si toutes n'ont pas fini dans un bain de sang, les sectes jouissent souvent d'une épouvantable réputation. En général, elles dépouillent leurs adeptes de leur argent et leurs gourous profitent des faveurs qu'il contraignent les femmes à leur accorder. La secte des Davidiens menée par David Koresh (de son vrai nom Vernon Wayne Howell) a connu un sort tragique à la suite d'un siège mené durant cinquante et un jours par ses adeptes et lui, face à un FBI impuissant ayant pris les commandes après que l'ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives) ait tenté de faire sortir les membres de la secte ainsi que leur dirigeant. Résultat de l'assaut mené par cette dernière : quatre morts du côté de celle-ci et un nombre impossible à calculer du coté de la secte enfermée derrière les murs d'une propriété baptisée ''Mont Carmel'' où ses membres vivent reclus depuis des années. Lourdement armés, David Korsh et ses disciples attendent le moment où les ''babyloniens'' (comprendre les autorités) viendront les assiéger. Le gourou expliquait la raison de son retranchement et de celui des siens dans son désir de decrypter le texte biblique ''les sept sceaux de l'Apocalypse'' issu du livre de l'apocalypse de Saint Jean... Au terme d'un blocus qui dura cinquante et un jours, le FBI lance un siège et David Koresh et les siens mettent le feu au ''Mont Carmel'' plutôt que de se rendre. Au total, des dizaines de morts dont dix-sept enfants...

L'année même du drame, un mois seulement après les événements, est diffusé pour la première fois le 23 mai 1993 à 21 heures, sur la chaîne NBC le téléfilm In the Line of Duty : Ambush in Waco du réalisateur américain Dick Lowry. Qui fait partie d'une série de téléfilms tous intitulés In the Line of Duty. L’œuvre de Dick Lowry s'attache à décrire les événements qui ont précédé l'attaque du ''Mont Carmel'' par le FBI. Ce qui peut s'expliquer par le temps assez court qui fut offert au réalisateur pour aborder le sujet alors que ce dernier prit fin un mois seulement après le passage du téléfilm sur la chaîne américaine.
Particulièrement fidèle aux événements qui précédèrent le début du blocus datant du 28 février 1993, le téléfilm décrit l'emprise de celui qui prendra le nom de David Koresh bien des années après qu'il ait intégré la communauté des ''Davidiens''. Dix ans avant la tragédie, il affirme avoir acquis le don de prophétie et prépare les membres de la communauté à faire le grand voyage vers le paradis. L'acteur Timothy Daly incarne un David Koresh dont la ressemblance avec celui qu'il interprète se révèle particulièrement troublante.

In the Line of Duty : Ambush in Waco est l'occasion pour Dick Lowry de montrer les failles qui ont mené les membres de l'ATF à assurer l'assaut du 'Mont Carmel'' le 28 février 1993 dans des conditions déplorables. Insuffisamment préparés, plusieurs meurent sous les balles d'une ''armée'' minutieusement préparée par leur gourou. Le réalisateur nous montre également dans quelles conditions David Koresh prêchait pour sa paroisse. Entre terreur et privations. Le téléfilm est un excellent témoignage bien qu'il se termine de manière inattendue et précipitée. La raison invoquée tiendrait dans le fait qu'une série de documentaires réalisés sur le sujet auraient amoindris l'efficacité du téléfilm. Bien qu'il ne revienne donc que très succinctement sur le dénouement du drame, Dick Lowry réalise un téléfilm convaincant, ajout essentiel aux documentaires qui furent réalisés sur le sujet. A commencer chez nous par celui faisant partie de la collection ''Les Crimes du Siècle''...

mardi 16 avril 2019

Columbo - Meurtre sous Prescription de Didier Caron (2017) - ★★★★★★★☆☆☆



Oser adapter au théâtre le tout premier téléfilm mettant en scène le célèbre lieutenant Columbo diffusé pour la toute première fois sur la chaîne de télévision américaine NBC le 20 févvrier 1968 peut paraître particulièrement gonflé. Et ce, même si ça n'est qu'un juste retour aux choses puisqu'avant de servir d'épisode pilote, Prescription: Murder était lui-même à l'origine une pièce de théâtre. Ce qui peut paraître un peu plus délicat à accepter est le fait que cinquante ans plus tard, c'est sur les planches du Théâtre Michel de Paris que ressurgisse l'inspecteur à l'imperméable fripé. Depuis la disparition de Peter Falk il y a presque huit ans, on imaginait mal un autre acteur prendre la relève même si depuis un certains temps des bruits de couloirs laissent entendre le retour du célèbre lieutenant au cinéma sous les traits de Mark Ruffalo. Mais alors que le projet prend des allures d’arlésienne à force de se faire attendre de l'autre côté de l'Atlantique, c'est donc en France que Columbo est réapparu en reprenant tout ou partie (en ajoutant même plusieurs séquences inédites du téléfilm de 198) de l'intrigue originelle.

Pour n'avoir jamais eu le plaisir de découvrir la pièce produite en 1962 par Richard Levinson et William Link intitulée "Prescription: Murder" (le Lieutenant Columbo, y étant interprété par le comédien Bert Freed), il est difficile de préciser si la pièce jouée en 2017 est en tout points identique à celle interprétée au début des années soixante. Quelques éléments donnent cependant une idée assez précise en terme d'acting puisque le personnage de la victime, Claire Flemming, l'épouse et victime du psychiatre assassin, était interprétée par l'actrice Agnes Moorehead en 1962, tandis qu'elle n'est que simplement évoquée dans la version adaptée chez nous par Didier Caron. Pour le reste, le spectateur français ne pourra comparer la pièce également mise en scène par Didier Dacon lui-même que par rapport au téléfilm réalisé par Richard Irving en 1967. Pour commencer, Didier Caron opte pour l'utilisation des musiques originales composées à l'époque par un certain Dave Grusin, auteur d'un nombre important de bandes originales de films pour le cinéma et la télévision. Ensuite, cette version 2017 implique un personnage secondaire plutôt effacé dans le téléfilm et interprété sur scène par le comédien Augustin de Monts.

La victime n'étant évoquée qu'à travers la préparation de son meurtre par son époux, le psychiatre Roy Flemming (Pierre Azéma), et la maîtresse de ce dernier (Karine Belly) et lors des différentes phases de l'enquête à venir, la pièce de Didier Caron tourne donc autour de quatre personnage parmi lesquels, le très attendu (au tournant) Martin Lamotte dont la responsabilité est ici, de taille. Est-il vraiment nécessaire de préciser que la comparaison entre Peter Falk et l'acteur et comédien français issu du café-théâtre est inutile ? Non, bien entendu. L'acteur américain étant irremplaçable, Martin Lamotte fait au mieux pour se fondre dans le personnage (même si le cigare qu'il porte presque toujours éteint jusqu'à ses lèvres fait avant tout office de gadget).On pousse un souffle de soulagement. En effet, même si l'ombre de Peter Falk plane au dessus de la tête de Martin Lamotte comme une épée de Damoclès, l'acteur français s'en sort avec les honneurs. Ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas de Pierre Azéma qui bute sur certaines phrases et surtout, exprime avec toutes les difficultés du monde le tempérament d'un personnage autrement plus convaincant lorsqu'il était incarné par l'acteur américain Gene Barry sur le petit écran. Le public français pourra noter que par rapport au téléfilm, Didier Caron a tenté d'apporter un surcroit d'humour à travers quelques phrases pas toujours très amusantes. Quant à la résolution de l'énigme, la pièce ne s'arrête pas là où le téléfilm se concluait : en effet, après que les spectateurs aient découvert le subterfuge mis en place par le lieutenant Columbo avec l'aide de la maîtresse du psychiatre, le récit continue afin d'ajouter des éléments d'explication concluant définitivement à la responsabilité du tueur dans le meurtre de son épouse. Au final, même si la pièce de théâtre Columbo - Meurtre sous Prescription n'atteint pas le niveau de qualité du téléfilm de 1967, on se prend déjà à rêver de retrouver Martin Lamotte et d'autres ''assassins'' en puissance dans de nouvelles adaptations théatrales reprenant les meilleurs intrigues télévisuelles auxquelles le lieutenant fut confronté, et même, pourquoi pas, de nouvelles histoires inédites... ?

samedi 13 avril 2019

Une chance sur Six de Jacques Malaterre (2018) - ★★★★★★★☆☆☆



Avec Une Chance sur Six, l'humoriste, imitateur, réalisateur, scénariste, chanteur, acteur (et j'en passe) Patrick Sébastien s'est fabriqué un personnage hautement narcissique. Un homme marié à une richissime épouse de dix ans son aînée, et avec laquelle il entretient depuis quelques années une entente cordiale depuis qu'il s'est découvert une attirance pour les hommes. Si la comtesse de Sarneville (l'actrice Evelyne Dandry) en question est au courant des penchants sexuels de son mari, elle refuse cependant qu'il invite en leur demeure ses amants de passage. A défaut de quoi, elle retirera le nom d'Hubert Vallon de son héritage... Bien que l'homme affirme se désintéresser de la fortune de son épouse, il a fomenté depuis quelques temps le meurtre de celle-ci à travers une machination que devra ensuite dénouer un flic véreux incarné par l'acteur Nicolas Van Beveren. Voleur, fils de voleur, Gaëtano emploie des méthodes bien particulières, un peu à la manière de la Loi de Talion : œil pour œil, dent pour dent...

A l'écriture, Patrick Sébastien, donc. Troisième participation du célèbre animateur télévisé pour le compte du réalisateur et metteur en scène français Jacques Malaterre pour lequel il avait déjà écrit et interprété les principaux rôles de Monsieur Max et la rumeur en 2014 et L'Affaire de maître Lefort deux ans plus tard. Alors que l'animateur des émissions cultes Carnaval !, Sébastien, c'est Fou, Surprise sur Prise ! (co-présenté aux côtés de l'animateur québécois Marcel Beliveau entre 1990 et 1992) ou encore Le Grand Bluff, s'apprête à mettre un terme définitif à sa présence sur les plateaux de télévision, Patrick Sébastien campe ici un personnage synthétisant ceux des deux précédents téléfilms qu'il incarna pour le petit écran en 2014 et 2016. Entre machination, meurtre, faux-semblants, il y révèle un personnage aussi charismatique qu'antipathique.

Un bourgeois méprisant, calculateur, épris de jeu, mais pas seulement dans le casino où il a ses habitudes mais également auprès d'un flic qu'il s'amusera à provoquer de son imposante stature. Un rôle très particulier puisque Patrick Sébastien, en endossant le personnage d'un homosexuel, le contraint à se faire aussi détestable que séduisant auprès d'un Nicolas Van Beveren au regard profond. L'auteur du sous-estimé T'aime n'a pas perdu de sa superbe malgré ses soixante-cinq ans et conserve son goût pour les affaires criminelles dont il se fit le chantre à travers les quatre volets de l'émission télévisée Intime Conviction en 2006. Une autre similitude perdure malheureusement avec cette mini-série de docu-fictions : ce besoin apparemment inaltérable que ressent le bonhomme à donner certaines explications aux spectateurs sur le déroulement de la machination alors que le scénario est suffisamment fluide pour qu'ils n'aient nul besoin qu'on les guide par la main. Patrick Sébastien serait-il narcissique au point de se donner le rôle du tueur commettant le meurtre parfait ? La réponse se situe en fin de métrage. Au spectateur de se faire alors une opinion sur les réelles qualités de ce téléfilm qui n'a pas à rougir devant la concurrence. Le scénario est convaincant. Tout comme le jeu des différents acteurs et actrices. La mise en scène est soignée, bien que relativement classique. Une très bonne surprise à réserver en priorité aux fans de Patrick Sébastien mais aux autres également...

vendredi 12 avril 2019

Quand sort la Recluse (Première Partie) de Josée Dayan (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆



Diffusée pour la première fois mercredi dernier, le 10 avril 2019, la première partie de l'adaptation télévisuelle éponyme du roman de l'écrivaine Fred Vargas Quand Sort la Recluse est la cinquième incartade de la réalisatrice et scénariste française Josée Dayan dans l'univers de l'archéozoologue, et donc la cinquième participation de l'acteur Jean-Hugues Anglade dans le rôle du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Ici, il est inutile d'espérer retrouver une enquête policière menée sur les chapeaux de roue. La réalisatrice, auteur notamment des adaptations télévisuelles du Comte de Monte-Cristo en 1998 ou des Misérables en 2000, signe une enquête policière faisant dans la sobriété, et dont l'un des intérêts principaux demeure dans le soin apporté aux décors de Philippe Lévêque. En ce qui concerne l'intrigue, Quand Sort la Recluse prend place au cœur d'une série de morts particulièrement étranges touchant des personnes âgées décédées après avoir été mordues par des araignées (ici, la fameuse Loxosceles reclusa, ou araignée violoniste, qui fut au centre de plusieurs cas de nécrose relégués par les médias il y a quelques années).

Autant Jean-Hugues Anglade peut se révéler d'un charisme extraordinaire (Killing Zoe de Roger Avary, 1993), autant son interprétation laisse ici perplexe. Peut-être faut-il alors se pencher sur le personnage de Jean-Baptiste Adamsberg pour comprendre et accepter le jeu hésitant de l'acteur. Considéré comme ''rêveur et désordonné […] et incapable d'analyser ou de soutenir consciemment un long raisonnement'' (Wikipedia), ce flic aux méthodes inhabituelles explique peut-être pourquoi Jean-Hugues Anglade a l'air de buter sur certaines phrases. Volontaire ou non, cette approche a tendance à constituer une raison suffisante pour que le spectateur estime que le jeu de l'acteur n'est pas à la hauteur de sa réputation et que Josée Dayan se soit contenté d'une seule prise alors que certaines séquences méritaient sans doute d'être retournées. Quelques détails semblent malheureusement corroborer ce dernier fait. Comme la séquence durant laquelle un second rôle interprétant un simple brigadier est pris à parti par le Lieutenant Violette Retancourt (excellente Corinne Masiero). L'acteur semble à son tour buter sur un mot, récitant alors son texte sur un mode fébrile. On pourra également évoquer le fait que Jean-Hugues Anglade, encore lui, récite plus qu'il n'interprète. C'est d'autant plus dommage que l'intrigue est réellement passionnante, son personnage allant notamment se renseigner auprès du Professeur Pujol (l'acteur Stéphan Wojtowicz), spécialiste des araignées, ou prenant contact avec une certaine Irène Royer-Ramier, interprétée par la méconnaissable Élisabeth Depardieu...

Nous sommes donc plus proches du Commissaire Maigret version Bruno Cremer que des Experts (Josée Dayan multiplie les séquences situées dans un restaurant au style désuet), ce qui, au fond, participe au charme qui se dégage d'une première partie soignée en terme de photographie (signée de Stefan Ivanov). En dehors d'un Jean-Hugues Anglade fort décevant, le spectateur aura le plaisir de découvrir autour du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, des personnages interprétés par les talentueux Jérôme Kircher, Sylvie Testud, Jacques Spiesser, et bien entendu Corinne Masiero et Elsabeth Depardieu déjà citées plus haut. Mais alors que l'interprétation oscille entre la justesse de ton des uns et la médiocrité que frôlent certains (heureusement, en très petite minorité), l'apparition de l'immense Pierre Arditi semble tout remettre en question. Son écrasante performance nous ferait presque regretter qu'il ne fut pas choisi pour interpréter lui-même le rôle du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Sa présence aux deux tiers de l'intrigue efface littéralement celles de Jean-Hugues Anglade et de Jérôme Kircher. A noter la partition musicale fort convaincante composée par le chanteur et interprète Benjamin Biolay... La seconde partie sera-t-elle davantage convaincante ? La réponse dans un peu moins d'une semaine...
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