S'il y a bien une chose
que me fait regretter la mini-série 22.11.63 créée
par Bridget Carpenter et inspirée par le roman éponyme écrit par
Stephen King en 2011, c'est d'avoir abandonné ce dernier en cours de
route en 2002, juste après la parution de Territoires
en
France chez Robert Laffont. Stephen King, un auteur foisonnant, une
œuvre titanesque, des romans et des nouvelles incroyablement
prenants, souvent adaptés, rarement égalés. Le Fléau,
La Tour Sombre, Simetierre, Le
Talisman des Territoires (en collaboration
avec Peter Straub), Ça,
Carrie, Shining...Puis d'autres écrits sous le
pseudonyme de Richard Backman. Des romans nerveux, pessimistes :
Rage, Marche ou Crève, ou encore, Chantier. Et
puis, donc, ce 22.11.63.
Une date que les historiens de la criminologie ne sont pas prêts
d'oublier puisque ce jour-là, mourut sous les balles d'un tireur fou
connu sous le nom de Lee Harvey Oswald, John Fitzegerald Kennedy.
JFK. Un président américain engagé. Porteur d'espoir. Tué par un
autre qui lui, voulait laissait une trace. Devenir célèbre et ne
surtout pas demeurer ce petit homme. Cet ancien combattant du Vietnam
méprisé, abandonné par son épouse.
Le
héros de 22.11.63
se nomme Jake Epping. Divorcé et professeur d'anglais dans la petite
ville du Maine, Lisbon, il apprend de la bouche même de son ami Al
Templeton l'existence d'une «porte »
permettant de voyager dans le temps à une date très précise :
le 21 octobre 1960. Sous le nom de Amberson, Jake traverse cette
faille située dans le placard du snack de son ami et se retrouve
projeté dans le passé. Cinquante-six ans en arrière, et trois
avant que JFK ne soit assassiné. Alors que Al s'est évertué une
bonne partie de son existence à repartir en arrière afin de sauver
le président du meurtre dont il va être victime, c'est finalement
au tour de Jake de prendre la décision de sauver Kennedy. En cours
de route, le héros fait la connaissance de divers personnage. A
plusieurs reprises il croise le chemin de la belle Sadie Dunhill.
Celui de Bill Turcotte, de Lee Harvey Oswald, et même celui d'un
homme étrange qui semble savoir que Jake n'est pas à sa place en
cette année 1960...
Au
sortir des huit épisodes que constituent 22.11.63,
on ressent la formidable impression d'avoir vécu une expérience
télévisuelle intense, belle, émouvante, angoissante, et posant
l'éternelle question : « qu'aurais-je
fait si l'opportunité de pouvoir changer le passé m'avait été
accordée ».
La réponse ici n'ouvre pas sur de multiples possibilités puisque la
date inchangée du 21 octobre 1960 contraint le héros à ne se
concentrer que sur l'un des événements les plus importants à
venir : l'assassinat de John Fitzegerald Kennedy. Un mystère.
L'acte unique d'un homme seul, ou bien un complot organisé dans
l'ombre par des individus se servant de Lee Harvey Oswald comme d'une
arme ? Stephen King, et désormais Bridget Carpenter tentent de
répondre à cette question. Mais alors que Jake se retrouve trois
ans avant les événements, il va bien falloir construire une œuvre
portant son héros jusquà cette date fatidique du 22 novembre 1963.
Et c'est là qu'entre le génie de l'auteur et de ceux qui l'ont
adapté. Écriture limpide, mise en scène formidable et
interprétation extraordinaire font de cette mini-série un
chef-d’œuvre de concision. Alors que sort au cinéma la version
jugée déplorable de La Tour Sombre,
Stephen King est mis à l'honneur avec cette remarquable adaptation
de son roman. Le choix des acteurs demeure plus que judicieux. James
Franco, Chris Cooper, Sarah Gadon, George MacKay, Lucy Fry, Daniel
Webber, et bien d'autres encore.
On
retrouve l'univers de Stephen King. 22.11.63 est
un condensé remarquable des différentes orientations prises par
l'auteur de Cujo,
Christine,
Misery,
Bazaar
ou encore Les
Tommyknockers durant
sa longue carrière d'écrivain. 22.11.63 verse
dans la nostalgie. Un peu à la manière de Stand
by Me.
Au psychodrame, genre Dead
Zone.
À la science-fiction et au fantastique (le voyage dans le temps), au
policier (l'enquête de Jake pour découvrir avant de le tuer, si Lee
Harvey Oswald a agit seul) et retrouve même son genre de
prédilection, l'épouvante, à travers ces divers portraits d'époux
psychopathes dont le héros se fait le pourfendeur. Stephen King y glisse également quelques importants thèmes de l'époque, telle la ségrégation raciale. C'est bien
simple : de toutes les adaptations télévisuelles basées sur
des ouvrages de Stephen King, 22.11.63 est
la meilleure. Sans conteste. Un voyage à travers le temps et
l'histoire. Un chef-d’œuvre à ne manquer sous aucun prétexte...