Jeudi dernier, je me
plaignais d'être totalement passé à côté de la série belge
Coincoin et les Z'inhumains (suite
de l'excellente Le P'tit Quinquin
de Bruno Dumont). Mais de quoi me plains-je, puisqu'Outre-Atlantique,
les chaînes de télévisions et les producteurs américains
réservent parfois aux amateurs de science-fiction de bien tristes
sorts. Je dis, « science-fiction »
car ça n'est pas la première fois qu'une très bonne série du
genre est purement et simplement annulée sans que le public (les
fans en l’occurrence) n'ait été consulté au préalable. A la
volée, et sans y réfléchir, très vite quelques exemples me
viennent à l'esprit : V (version
2009), qui malgré les a priori des débuts s'est révélée être
une excellente surprise, The After
(pourtant pleine de promesse), ou encore
Timeless
qui connaîtra pourtant un sort plus enviable que les autres
puisqu'un téléfilm venant clore la série constituée de deux
saisons uniquement permettra aux fans de ne pas être totalement
abandonnés au beau milieu d'une intrigue. Colony,
la série créée par Carlton Cuse et Ryan Condal, connaissait
jusqu'à maintenant un rythme de croisière assez régulier puisque
dès 2016 et ce jusqu'à l'année en cours, trois saisons ont vu le
jour. Et à vrai dire, dans le genre qui nous préoccupe ici, c'est à
dire, la science-fiction, Colony
faisait partie de ces séries incroyablement prenantes ayant gagné
en intensité à chaque nouvelle saison.
Diffusée
pour la première fois CHEZ NOUS (Oui, méprisons un peu les
américains sur ce coup là) en mars 2017, Colony
n'a jamais cessé de prendre de l'ampleur en choisissant de prendre à
chaque saison des chemins de traverse scénaristiques totalement
différents. On ne pourra donc pas lui reprocher d'avoir tourné en
rond jusqu'à épuisement du filon. A vrai dire, lorsque prend fin
l'ultime épisode de cette troisième saison, un doute subsiste...
Pourquoi n'avoir pas écumé les décors sur un ou deux épisodes
supplémentaires afin de que les fans puissent au moins se contenter
d'une fin, certes bâclée, mais une FIN RÉELLE. Et non pas cette
conclusion qui plante le spectateur au beau milieu d'une séquence
objectivement attendue depuis trente-six épisode... ?
Entre
un prétexte bidon qui voudrait que les spectateurs américains (les
principaux fautifs ?) aient boudé la série après que sa date
de diffusion ait été décalée d'un jour dans la semaine
(laissez-moi rire !) et la réalité qui veut qu'une série qui
n'attire pas suffisamment de spectateurs mérite d'être supprimée,
le résultat est le même. 2,2 millions de spectateurs lors de la
première saison. Et un peu plus d'un million durant la troisième.
Un manque à gagner terrible pour des producteurs avares en billets
verts, mais un million de spectateurs (sans compter les canadiens et
les français qui furent les seuls privilégiés hors du territoire
américain à pouvoir suivre les aventures de la famille Bowman) mis
sur le carreau sans autre forme de procès. Honteux !
Une
habitude se généralisant outre-Atlantique au point que l'on devrait
bannir les séries américaines puisque le spectateur ne peut être
définitivement rassuré sur le sort qui lui sera accordé. C'est
donc avec une immense tristesse qui nous apprenions que les aventures
de Will, Katie et de leurs trois enfants allaient s'arrêter là,
alors que cette troisième saison allait faire profiter aux
spectateurs de situations nombreuses et variées. Sans doute la
meilleure des trois, relançant une intrigue qui ne s'était, de
plus, même pas relâchée en fin de seconde saison. A croire que le
public américain ne fut pas enclin à réfléchir plus de quelques
instants sur un récit, il est vrai, parfois alambiqué.
Ne
reste plus alors qu'à se retourner vers nos voisins européens qui,
eux, ne nous couperont pas l'herbe sous le pied. Car a-t-on vraiment
envie ou besoin d'être ainsi méprisés par des producteurs qui ne
voient en la conception d'une série qu'une manne financière avant
d'y voir un objet de création artistique ?