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samedi 29 septembre 2018

Colony - Saison 3 (2018) - ★★★★★★★★☆☆




Jeudi dernier, je me plaignais d'être totalement passé à côté de la série belge Coincoin et les Z'inhumains (suite de l'excellente Le P'tit Quinquin de Bruno Dumont). Mais de quoi me plains-je, puisqu'Outre-Atlantique, les chaînes de télévisions et les producteurs américains réservent parfois aux amateurs de science-fiction de bien tristes sorts. Je dis, « science-fiction » car ça n'est pas la première fois qu'une très bonne série du genre est purement et simplement annulée sans que le public (les fans en l’occurrence) n'ait été consulté au préalable. A la volée, et sans y réfléchir, très vite quelques exemples me viennent à l'esprit : V (version 2009), qui malgré les a priori des débuts s'est révélée être une excellente surprise, The After (pourtant pleine de promesse), ou encore Timeless qui connaîtra pourtant un sort plus enviable que les autres puisqu'un téléfilm venant clore la série constituée de deux saisons uniquement permettra aux fans de ne pas être totalement abandonnés au beau milieu d'une intrigue. Colony, la série créée par Carlton Cuse et Ryan Condal, connaissait jusqu'à maintenant un rythme de croisière assez régulier puisque dès 2016 et ce jusqu'à l'année en cours, trois saisons ont vu le jour. Et à vrai dire, dans le genre qui nous préoccupe ici, c'est à dire, la science-fiction, Colony faisait partie de ces séries incroyablement prenantes ayant gagné en intensité à chaque nouvelle saison.

Diffusée pour la première fois CHEZ NOUS (Oui, méprisons un peu les américains sur ce coup là) en mars 2017, Colony n'a jamais cessé de prendre de l'ampleur en choisissant de prendre à chaque saison des chemins de traverse scénaristiques totalement différents. On ne pourra donc pas lui reprocher d'avoir tourné en rond jusqu'à épuisement du filon. A vrai dire, lorsque prend fin l'ultime épisode de cette troisième saison, un doute subsiste... Pourquoi n'avoir pas écumé les décors sur un ou deux épisodes supplémentaires afin de que les fans puissent au moins se contenter d'une fin, certes bâclée, mais une FIN RÉELLE. Et non pas cette conclusion qui plante le spectateur au beau milieu d'une séquence objectivement attendue depuis trente-six épisode... ?

Entre un prétexte bidon qui voudrait que les spectateurs américains (les principaux fautifs ?) aient boudé la série après que sa date de diffusion ait été décalée d'un jour dans la semaine (laissez-moi rire !) et la réalité qui veut qu'une série qui n'attire pas suffisamment de spectateurs mérite d'être supprimée, le résultat est le même. 2,2 millions de spectateurs lors de la première saison. Et un peu plus d'un million durant la troisième. Un manque à gagner terrible pour des producteurs avares en billets verts, mais un million de spectateurs (sans compter les canadiens et les français qui furent les seuls privilégiés hors du territoire américain à pouvoir suivre les aventures de la famille Bowman) mis sur le carreau sans autre forme de procès. Honteux !
Une habitude se généralisant outre-Atlantique au point que l'on devrait bannir les séries américaines puisque le spectateur ne peut être définitivement rassuré sur le sort qui lui sera accordé. C'est donc avec une immense tristesse qui nous apprenions que les aventures de Will, Katie et de leurs trois enfants allaient s'arrêter là, alors que cette troisième saison allait faire profiter aux spectateurs de situations nombreuses et variées. Sans doute la meilleure des trois, relançant une intrigue qui ne s'était, de plus, même pas relâchée en fin de seconde saison. A croire que le public américain ne fut pas enclin à réfléchir plus de quelques instants sur un récit, il est vrai, parfois alambiqué.

Ne reste plus alors qu'à se retourner vers nos voisins européens qui, eux, ne nous couperont pas l'herbe sous le pied. Car a-t-on vraiment envie ou besoin d'être ainsi méprisés par des producteurs qui ne voient en la conception d'une série qu'une manne financière avant d'y voir un objet de création artistique ?

lundi 10 septembre 2018

Le Boeuf Clandestin de Gérard Jourd'hui (2013) - ★★★★★☆☆☆☆☆




Il y a des noms qui nous parlent indéniablement. Qui nous ramènent au temps où les comédies assénaient gags sur gags, comme des tirs de mitraillettes ininterrompus. Marie-Anne Chazel et Christian forment un couple à la vie comme à l'écran qui n'a jamais cessé de rester fidèle à lui-même. Alors, lorsqu'est évoquée l'existence d'un téléfilm les mettant tous les deux en scène, on se voit replonger dans les merveilleuses années soixante-dix, ainsi que durant la décennie suivante. Durant cette période florissante qui vit naître et perdurer la fameuse troupe du Splendid. On se prend à rêver de retrouver ces mêmes gags dont l'efficacité n'est jamais retombée même trente ans plus tard. Bien sûr, pas de Thierry Lhermitte, de Josiane Balasko, de Martin Lamotte, ou de tout autre membre du Splendid autre que Marie-Anne Chazel et Christian Clavier, mais tout de même Bruno Putzulu, Didier Bezace, ou encore plus étonnant, Philippe Chevalier. Pas vraiment la même branche humoristique, mais qui sait...
L'histoire ensuite. Celle de l'ambitieux Monsieur Berthaud qui, afin d'obtenir une promotion, fait croire à tout son entourage qu'il est végétarien. Sans doute pour mieux coller aux valeurs de M. Ephraïm, lequel se trouve être directeur de la banque qui emploie justement Berthaud. Un récit qui débute plutôt bien, surtout lorsque la fille même du banquier, Roberte, découvre un jour son père assis à la table d'un restaurant, un bifteck dans l'assiette. La fierté de la fille pour son père en prend alors un coup...

Déjà adapté en 1969 par Jacques Pierre puis en 1993 par Lazare Iglesis, ce fut au tour de Gérard Jourd'hui d'offrir sa version du roman éponyme signé en 1939 par l'écrivain français Marcel Aymé, Le Bœuf Clandestin. C'est malheureusement à une mauvaise surprise que devront s'attendre les spectateurs qui se retrouveront devant une comédie péjorativement légère. Pas de gags à se rouler parterre, pliés en quatre, mais une interprétation sans doute à la hauteur de celle que l'on pouvait attendre à l'époque où fut écrit le roman original. Les interprètes ont beau faire ce qu'on leur demande, et cela avec un certain talent, la sauce ne prend pas vraiment. De l'idée originale, il ne reste pas grand chose puisque Gérard Jourd'hui, avec tout le respect qui est dû à l’œuvre de Marcel Aymé, étend le scénario vers des horizons lointains, offrant par exemple à l'actrice Marie-Ange Casta (sœur cadette de Laeticia Casta) le rôle d'une ancienne prostituée (du moins l'imagine-t-on) reconvertie en actrice à l'ambition démesurée, à Didier Besace, celui d'un Général libidineux, ou à Bruno Putzulu, le rôle du Docteur (et créateur de remèdes) Delatre.

Gérard Jourd'hui s'attarde sur le contexte de l'époque en décalant l'intrigue de quelques années afin de plonger ses interprètes au moment très précis où le Front Populaire remportait la majorité lors du deuxième tour des législatives du 3 mai 1936. Se dispersant un peu trop facilement, Le Bœuf Clandestin éparpille ses bonnes idées, les noie dans un méli-mélo de sous intrigues qui finissent par nous épuiser. La reconstitution demeure quant à elle assez fidèle à l'époque mais le martèlement quasiment incessant provoqué par le passage en boucle sur un petit poste TSF du Plus Beau Tango du Monde interprété par Tino Rossi finit d'achever le spectateur. Irritant !

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