''Vas
te faire foutre'', ''Pétasse'', ''bordel'', ''putain d'alarme'', et
j'en passe... voilà le genre d'expressions que l'on ne s'attend pas
à découvrir parmi les membres d'un équipage de vaisseau spatial
dont la mission est des plus délicate : entrer en contact avec
une civilisation extraterrestre depuis qu'un immense vaisseau a
atterri sur la surface de notre planète. Un voyage interstellaire
promettant autant de tensions qu'un certain Alien
avec, de surcroît, une caractérisation de ses personnages poussée
dans ses derniers retranchements. Des coursives inquiétantes, une
menace imminente, voilà ce que promettait le teaser. Du moins celui
que proposait Netflix
en préambule. Sauf que le réalisateur Aaron Martin, notamment
scénariste de divers épisodes de tout un tas de séries canadiennes
(au hasard, Degrassi : La Nouvelle Génération
entre 2002 et 2007 ou plus récemment, Slasher
dont la troisième saison est diffusée cette année) n'ayant pas le
talent de Ridley Scott ni de beaucoup d'autres réalisateurs d’œuvres
de science-fiction, Another Life
tombe littéralement à plat.
Ambiance
spatiale de jeu vidéo, caractérisation des personnages au ras des
pâquerettes, rythme du récit léthargique, personnages tantôt
amorphes, tantôt ''surexcités'', cette série produite et diffusée
en 2019 sur la plate-forme Netflix
est absolument indigeste. Piochant à pleines mains dans un certain
nombre de références, l’inutilité de Another
Life
saute aux yeux et aux oreilles à chaque entournure. L'un des soucis
majeurs est le peu de cas que fera le spectateur de chacun des
personnages tant le réalisateur semble avoir oublié de lui offrir
une personnalité suffisamment profonde pour le rendre attachant. Non
seulement, on se fiche du sort de chacun, mais leur façon
systématiquement trop abrupte de communiquer avec leur prochain
confine à la bétise et rend l'expérience bougrement inconfortable.
Sujet
au demeurant fort intéressant, Another Life
profite de cette mode permettant de scinder l’intrigue en deux
parties. Entre les séquences tournées à bord d'un vaisseau
esthétiquement convainquant mais au ''charme'' relativement
inquiétant (pas le genre de monument qui laisse une même impression
positive qu'un Star Trek : la Nouvelle
Génération pour
ne citer que cet exemple) et des passages situés sur Terre, le
passage de l'un à l'autre rompt sans cesse le rythme du récit.
Concernant les personnages, si le pluralisme racial est une donnée
logique et désormais approuvée depuis des décennies, on frise ici
le ridicule à travers ce personnage androgyne poussé à l'extrême
à travers ses tenues et son maquillage qui en font davantage un
transsexuel qu'un individu aux traits purement féminins. Au fond, pourquoi
pas ? On se demande alors dans quelles proportions la
psychologie de ces astronautes a été prise en compte au moment de
leur sélection. Bien entendu, on notera également que la totalité
des interprètes (si je ne me trompe pas) ont moins de quarante ans,
ce qui à vrai dire, en ces temps où le jeunisme est la norme,
n'étonnera plus grand monde à part les plus vieux d'entre nous.
Mais
je parle là de détails qui n'auront d'importance que pour certains
tandis que les autres, que j'imagine être les plus jeunes des
téléspectateurs, y demeureront sans doute indifférents. Au delà
de ces insupportables gimmicks qui ne sont jamais contrebalancés par
de quelconques qualités visuelles (les effets-spéciaux n'ont rien
de remarquable), scénaristiques (l'écriture est d'une pauvreté
souvent... déprimante!) ou du point de vue de l'interprétation (là
encore, rien de génial si l'on tient compte du fait que les acteurs
sont en roue libre), Another Life
déçoit surtout par son manque total d'ambition. Un véritable
naufrage intergalactique, manquant de finesse, et donc parfois trop bourrin dans son approche. kitsch avant son heure...