Pour quelqu'un qui n'aime
pas les super-héros en général et Captain America en particulier,
se lancer dans la filmographie de ce personnage, ça n'est pas
vraiment la panacée. Bien entendu, pour corser la chose, il ne sera
pas ici question d'évoquer la série de trois longs-métrage ayant
vu le jour depuis le début des années 2010 (Captain America:
The First Avenger de Joe Johnson en 2011, Captain
America : The Winter Soldier d'Anthony et Joe Russo en
2014 ou de Captain America : Civil War de ces mêmes
réalisateurs en 2016), mais plutôt de revenir sur trois des quatre
films ayant vu le jour entre 1944 et 1990. J'abandonne tout de suite
le premier, qui s'avère en réalité être un sérial en quinze
chapitres pour m’intéresser aux cas très particuliers que sont
les Captain America successivement
réalisés par Rob Holcomb et Ivan Nagy en 1979 pour la télévision
américaine et le Captain America
réalisé par l'américain Albert Pyun onze ans plus tard. Créé à
l'origine par le scénariste Joe Simon et par le dessinateur Jack
Kirby, Captain América apparaît pour la toute première fois fin
1940 dans le comic book éponyme
Captain America Comics #1.
Bon, je ne vais pas vous refaire l'historique du personnage vu que
son costume parle de lui-même, mais sachez qu'en affichant les
couleurs du drapeau américain, il symbolise le super-héros
patriotique, figure contestataire du régime nazi. La chose étant
précisée, fonçons tête baissée dans le vif du sujet...
Au
départ, ou du moins dans le téléfilm réalisé par Rob Holcomb en
1979, Captain America est un type assez classique, bien que musclé,
grand, plutôt beau gosse, pantalon patte d'eph et polo moulant.
Avant de se trimballer son pesant pseudonyme de super-héros, le type
s'appelle Steve Rogers et le pauvre se blesse très gravement lors
d'un accident de moto. Une mésaventure qui s'avérerait on ne peut
plus banale si ce n'était que Steve a en réalité été victime
d'une double tentative de meurtre dont la seconde s'est soldée par
une chute de plusieurs mètres dans un ravin. Il se retrouve
rapidement projeté dans une salle d'opération où le professeur
Simon Mills lui injecte un sérum du nom de F.L.A.G.
(Pour Full Latent
Ability Gain)
créé par le propre père de Steve malheureusement décédé depuis
et qui lui sauve la vie. Bon, comme on s'en doute assez
''rapidement'' (enfin, après avoir tout de même patienté plus de
cinquante-cinq minutes, soit plus de la moitié du film), Steve
Rogers développe à la suite de cette injection des pouvoirs
surhumains qui vont lui permettre de combattre le mal qui dans le cas
présent prend les traits d'un certain Lou Bracket. Un riche homme
d'affaire qui pour devenir le maître de la Californie menace de
faire usage d'une bombe nucléaire. Épaulé par le Docteur Simon qui
lui présente les gadgets du Captain America que porta avant lui son
propre père, Steve accepte de se lancer à la poursuite de Lou
Bracket...
C'est
là que les choses se gâtent... Car après un peu moins d'une heure
de péripéties relativement bien construites et n'ayant jusque là,
rien de fantastique dans le sens littéraire du terme, l'acteur Reb
Brown endosse le costume de Captain America. Un uniforme moulant
entièrement ignifugé, aux armes du drapeaux américain :
casque de moto orné d'ailes d'ange, gants, bottes et ceinture
rouges, lunettes légèrement teintées, moto de compétition bleue,
rouge et blanche et surtout, un accessoire indispensable : un
bouclier... qui dans le cas présent possède les seuls effets que
pourrait produire un frisbee atteignant accidentellement quiconque se
trouverait sur sa trajectoire. Avec son mode d'expression typique du
gars qui ne comprend pas ce qu'on lui dit, son regard de débile
léger et son costume hautement ringard, Reb Brown a bien du courage
de tenir la vedette de ce téléfilm ni bon, ni tout à fait mauvais.
À ses côtés, un Len Birman dans le rôle du docteur Simon Mills et
une Heather Menzies surtout connue pour avoir tenu le premier rôle
dans la série de science-fiction culte L'Age de
Cristal
dans le courant des années soixante-dix. Dans le rôle du grand
méchant loup on retrouve l'acteur Steve Forrest et dans celui de
l'un de ses complices, Lance LeGault, un habitué des rôle de
militaires que l'on retrouvera notamment au générique de L'Age
de Cristal
lui aussi, L'Incroyable Hulk,
Galactica,
Buck Rogers
ou encore Hooker
aux côtés de William Shatner. Captain America
est
une petite série B sympathique qui parfois a tendance à s'éterniser
sur certaines séquences (mon dieu que le passage à bord de
l'hélicoptère est long). Question effets-spéciaux, c'est le vide
absolu. À dire vrai, le téléfilm de Rob Holcomb aurait pu se
passer de faire endosser le costume de super-héros à Reb Brown tant
dans le fond et dans la forme Captain America se
révèle anodin en comparaison d'innombrables thrillers télévisés
classiques...