L'histoire du roman
Desperation
de Stephen King est un peu particulière. En effet, comme la plupart
des œuvres signées du grand maître de l'épouvante et du
fantastique qui connaissent une interaction entre elles, cet ouvrage
sorti chez nous et sur son territoire d'origine en 1996 est
directement lié à un autre roman paru lui aussi cette année là :
The Regulators
. Les
deux œuvres constituant une sorte de diptyque aux univers plus ou
moins communs et parallèles dont seule la première eut les honneurs
d'une adaptation. Mais pas sur grand écran, non. C'est donc la
petite lucarne qui bénéficia de cette adaptation dont l'ambition
n'est pas la première des qualités s'agissant du peu d'ampleur que
revêt le matériau d'origine. Notons enfin que Desperation
fut écrit par Stephen King sous son véritable nom. Contrairement à
The
Regulators
qui lui le fut sous son célèbre pseudonyme de Richard Bachman.
Alors, Desperation,
qu'est-ce que c'est ? Ou plutôt, qu'est-ce que l'auteur
américain a choisi d'y développer ? Et bien, le téléfilm de
Mick Garris, lequel a par le passé adapté plusieurs fois l'univers
de Stephen King à travers Sleepwalkers,
Riding the Bullet
ou les mini-séries The
Stand
et The Shining,
regroupe une poignée de personnages réunis dans la petite ville
minière de Désolation (qui est en outre le titre français). Tous
ont été appréhendés par le shérif Collie Entragian. Un individu
inquiétant qui à la suite de l'arrestation de Peter et Mary Jackson
(respectivement incarnés par Henry Thomas et Annabeth Gish) les
emmène dans sa voiture de fonction jusqu'à la ville dont il a la
responsabilité de veiller au bien-être de ses habitants depuis un
certain nombre d'années. À leur arrivée, Peter et Mary découvrent
que Désolation a été le théâtre d'un terrible drame. La plupart
de ses habitants ont disparus tandis que quelques cadavres trônent
dans les rues. Le shérif tue alors Peter sans raison apparente avant
d'enfermer Marie dans l'une des cellules de la prison. La jeune femme
rejoignant ainsi d'autres victimes de ce représentant de la loi qui
semble être sous l'emprise d'une force liée au passé tragique de
la ville. En effet, Désolation fut témoin d'un drame lors duquel
des mineurs, tous d'origine chinoise, se retrouvèrent coincés à
l'intérieur après qu'une explosion ait bouché son entrée. Comme
cela est généralement le cas dans bon nombre d'ouvrages écrits par
Stephen King, le véritable héros du récit est un enfant.
Interprété par le jeune Shane Haboucha, David Carver est lui-même
enfermé à part dans une cellule tandis qu'en face de la sienne, ses
parents Ellie et Ralph (Sylva Kelegian et Matt Frewer) sont derrière
les barreaux d'une autre cellule...
Rejoints
plus tard par d'autres personnages comme ceux de l'écrivain John
Edward Marinville (Tom Skerritt), du conducteur de camping-car et
agent du romancier, Steve Ames (Steven Weber, lequel incarna
notamment en 1997 le rôle de Jack Torrance dans l'adaptation
télévisuelle du roman The
Shining)
ou de l'auto-stoppeuse Cynthia Smith (Kelly Overton), le groupe va
tenter d'échapper au shérif Collie Entragian avant de tout faire
pour l'empêcher de nuir à l'avenir... N'étant à l'origine pas
l'un des meilleurs romans de Stephen King, son adaptation pour le
petit écran tient presque du miracle. Car si le téléfilm n'est
lui-même pas du grand ouvrage, en dépit de son aspect visuel, de
ses effets-spéciaux et de certaines évocations mielleuses comme la
ferveur religieuse du jeune David Carver qui aidera le groupe à s'en
sortir, l'intrigue de Desperation
est plutôt agréable à suivre. Surtout dans sa première partie,
lorsque l'on fait la connaissance du shérif Collie Entragian
qu'incarne avec conviction l'excellent Ron Perlman. L'ancien
interprète d'Amoukar dans La
guerre du feu
et de Salvatore dans Le
nom de la rose
tous deux signés du réalisateur français Jean-Jacques Annaud ou
celui d'Ira Soames en 1992 dans Sleepwalkers
qui permettra à Mick Garris de le faire tourner une première fois à
l'occasion de cette autre adaptation de Stephen King porte
véritablement Desperation
sur ses épaules. En shérif psychopathe dont on ne se doute pas
encore qu'il est lui-même la victime d'un démon prénommé Tak
(lequel sera également présent dans le roman
The Regulators),
l'acteur est parfois vraiment flippant. Si chez Stephen King il est
de coutume que l'auteur de fameux romans d'épouvante tels que Pet
Semetary,
Misery,
Christine
ou The
Dead Zone
s'inspire de faits ayant réellement fait parler d'eux dans les
médias à différentes époques, ici, le personnage incarné par Ron
Perlman semble faire référence à l'un des pires tueurs en série
qu'aient connu les États-Unis en la personne de Gerard Schaefer.
Ancien flic, celui-ci profitait en effet de son statut de
représentant de la loi pour arrêter de jeunes femmes auxquelles il
faisait subir les pires sévices avant de les tuer et de faire
disparaître leur cadavre. Notons enfin le mot ''Redrum''
affiché sur l'un des murs de la prison et qui semble faire
directement référence à celui inscrit lui aussi en lettres de sang
dans l'adaptation cinématographique de The
Shining
réalisée en 1980 par Stanley Kubrick...