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jeudi 14 septembre 2017

22.11.63 de Bridget Carpenter (2016) - ★★★★★★★★★☆



S'il y a bien une chose que me fait regretter la mini-série 22.11.63 créée par Bridget Carpenter et inspirée par le roman éponyme écrit par Stephen King en 2011, c'est d'avoir abandonné ce dernier en cours de route en 2002, juste après la parution de Territoires en France chez Robert Laffont. Stephen King, un auteur foisonnant, une œuvre titanesque, des romans et des nouvelles incroyablement prenants, souvent adaptés, rarement égalés. Le Fléau, La Tour Sombre, Simetierre, Le Talisman des Territoires (en collaboration avec Peter Straub), Ça, Carrie, Shining...Puis d'autres écrits sous le pseudonyme de Richard Backman. Des romans nerveux, pessimistes : Rage, Marche ou Crève, ou encore, Chantier. Et puis, donc, ce 22.11.63. Une date que les historiens de la criminologie ne sont pas prêts d'oublier puisque ce jour-là, mourut sous les balles d'un tireur fou connu sous le nom de Lee Harvey Oswald, John Fitzegerald Kennedy. JFK. Un président américain engagé. Porteur d'espoir. Tué par un autre qui lui, voulait laissait une trace. Devenir célèbre et ne surtout pas demeurer ce petit homme. Cet ancien combattant du Vietnam méprisé, abandonné par son épouse.
Le héros de 22.11.63 se nomme Jake Epping. Divorcé et professeur d'anglais dans la petite ville du Maine, Lisbon, il apprend de la bouche même de son ami Al Templeton l'existence d'une «porte » permettant de voyager dans le temps à une date très précise : le 21 octobre 1960. Sous le nom de Amberson, Jake traverse cette faille située dans le placard du snack de son ami et se retrouve projeté dans le passé. Cinquante-six ans en arrière, et trois avant que JFK ne soit assassiné. Alors que Al s'est évertué une bonne partie de son existence à repartir en arrière afin de sauver le président du meurtre dont il va être victime, c'est finalement au tour de Jake de prendre la décision de sauver Kennedy. En cours de route, le héros fait la connaissance de divers personnage. A plusieurs reprises il croise le chemin de la belle Sadie Dunhill. Celui de Bill Turcotte, de Lee Harvey Oswald, et même celui d'un homme étrange qui semble savoir que Jake n'est pas à sa place en cette année 1960...

Au sortir des huit épisodes que constituent 22.11.63, on ressent la formidable impression d'avoir vécu une expérience télévisuelle intense, belle, émouvante, angoissante, et posant l'éternelle question : « qu'aurais-je fait si l'opportunité de pouvoir changer le passé m'avait été accordée ». La réponse ici n'ouvre pas sur de multiples possibilités puisque la date inchangée du 21 octobre 1960 contraint le héros à ne se concentrer que sur l'un des événements les plus importants à venir : l'assassinat de John Fitzegerald Kennedy. Un mystère. L'acte unique d'un homme seul, ou bien un complot organisé dans l'ombre par des individus se servant de Lee Harvey Oswald comme d'une arme ? Stephen King, et désormais Bridget Carpenter tentent de répondre à cette question. Mais alors que Jake se retrouve trois ans avant les événements, il va bien falloir construire une œuvre portant son héros jusquà cette date fatidique du 22 novembre 1963. Et c'est là qu'entre le génie de l'auteur et de ceux qui l'ont adapté. Écriture limpide, mise en scène formidable et interprétation extraordinaire font de cette mini-série un chef-d’œuvre de concision. Alors que sort au cinéma la version jugée déplorable de La Tour Sombre, Stephen King est mis à l'honneur avec cette remarquable adaptation de son roman. Le choix des acteurs demeure plus que judicieux. James Franco, Chris Cooper, Sarah Gadon, George MacKay, Lucy Fry, Daniel Webber, et bien d'autres encore.
On retrouve l'univers de Stephen King. 22.11.63 est un condensé remarquable des différentes orientations prises par l'auteur de Cujo, Christine, Misery, Bazaar ou encore Les Tommyknockers durant sa longue carrière d'écrivain. 22.11.63 verse dans la nostalgie. Un peu à la manière de Stand by Me. Au psychodrame, genre Dead Zone. À la science-fiction et au fantastique (le voyage dans le temps), au policier (l'enquête de Jake pour découvrir avant de le tuer, si Lee Harvey Oswald a agit seul) et retrouve même son genre de prédilection, l'épouvante, à travers ces divers portraits d'époux psychopathes dont le héros se fait le pourfendeur. Stephen King y glisse également quelques importants thèmes de l'époque, telle la ségrégation raciale. C'est bien simple : de toutes les adaptations télévisuelles basées sur des ouvrages de Stephen King, 22.11.63 est la meilleure. Sans conteste. Un voyage à travers le temps et l'histoire. Un chef-d’œuvre à ne manquer sous aucun prétexte...

mercredi 10 mai 2017

LÎle Perdue de Michael Lawrence et Roger Mirams (1976)



Des quarante passagers du navire United Worlds, il n'en subsiste plus que cinq à bord lorsque celui-ci s'échoue près d'une île apparemment déserte. Les autres sont parvenus à évacuer le bateau et à retrouver leurs familles respectives. Pour les parents de Tony, Anna, David, Mark et Su Ying l'espoir est faible de retrouver leurs enfants vivants. Et pourtant, ces cinq jeunes adolescents sont encore en vie et décident d'explorer l'île qui s'offre à eux. Le soir-même, ils sont enlevés durant leur sommeil et enfermés dans une cage au pied d'une falaise. Là, ils font la connaissance d'un certain Jeremiah qui leur prédit un proche avenir funeste. Puis trois hommes viennent ensuite et annoncent froidement aux cinq naufragés qu'ils vont bientôt mourir sur ordre du Quisitor, le maître des lieux. Sauvés in-extremis par une jeune habitante de l'île prénommée Helen, Tony, Anna,et leurs trois autres compagnons vont fouiller l'île et découvrir l'endroit où vit la jeune fille. Elle leur apprend alors l'existence d'un village où vivent des hommes et des femmes tels que leurs ancêtres au dix-neuvième siècle. En outre, tous sont persuadés que Quisitor, le tyran qui règne sur l'île et sur chacun des habitants, est immortel...

Diffusée pour la première fois en France de janvier à juillet 1978, la série créée par Michael Lawrence et Roger Mirams et produite par la Paramount et par la 0-Ten Network, l'une des trois plus importantes chaînes de télévision australiennes, L’Île Perdue est l'une de ces quelques séries qui ont laissé d'excellents souvenirs aux spectateurs qui l'ont découverte à l'époque. Et même si pour certains le titre n'évoque plus grand chose (contrairement à Deux ans de Vacances, la série franco-germano-roumaine adaptée de l’œuvre de Jules Verne, réalisée par Gilles Grangier et Sergiu Nicolaescu, et diffusée deux ans auparavant), le générique lui, est demeuré inoubliable et continue à être reconnaissable dès lors qu'on l'entend.

Mixe entre l'adaptation du roman de Jules Verne cité au dessus et du Club des Cinq de Enid Blyton, L'Île Perdue offre le cadre paradisiaque d'une île au beau milieu du Pacifique. Elle rencontra un immense succès dans beaucoup de pays et notamment chez nous où elle ne sera pourtant rediffusée qu'une fois en 1982 dans la cultissime émission Croque-Vacances qui à l'époque de sa diffusion était présentée par le très sympathique Claude Pierrard. Alors qu'en France L'Île Perdue conservera sa facture de série constituée de vingt-six épisodes de vingt-cinq minutes chacun, en Nouvelle-Zélande et en Australie les trois premiers épisodes n'en feront plus qu'un afin d'être distribué dans les salles de cinéma au format long-métrage d'une durée d'un peu plus d'une heure et quart.
La série devra attendre 2005 pour connaître une sortie DVD. Trois DVDs regroupant l'integralité des épisodes mais devenus, malheureusement depuis, introuvables ou à des prix pratiquement inabordables. Il ne reste plus qu'à espérer revoir un jour L'Île Perdue passer à la télévision afin de nous replonger dans cette série formidablement divertissante...

mercredi 3 mai 2017

L'Affaire de maître Lefort de Jacques malaterre (2016)



Julien Lefort est avocat. Époux de la dépressive Anne-Marie, il est invité un soir à une réception chez son plus vieil ami Jacques Demange qui a épousé il y a de nombreuses années la belle Chrsitine Castelmaure dont les deux hommes étaient épris tout deux depuis leur enfance. Invité exceptionnel de la soirée, l'avocat Pierre Leonardi est l'objet de toutes les attentions. Christine, prise de boisson, abandonne ses invités sur la demande expresse de Jacques. Plus tard, alors que leur convives ont tous quitté la demeure des Demange, une dispute s'engage entre les deux époux et Christine est retrouvé morte au pied d'un étalon. Alors qu'elle avait prévu de faire du cheval juste après sa dispute d'avec Jacques, il semble qu'elle ait été victime d'une chute mortelle. Ce que semble confirmer Jacques ainsi que Julien. Mais certains indices laissent supposer que l'époux de la victime pourrait être l'auteur du meurtre de sa femme. Ce que semblent confirmer les témoignages de plusieurs domestiques du couple. Afin d'assurer sa défense, Jacques fait appel au ténor du barreau Pierre Leonardi. Julien, lui, reste en retrait, Anne-Marie en profitant alors pour lui faire remarquer son manque d'ambitions.
Alors que Leonardi s'en sort admirablement face à l'avocat de l'accusation et aux membres du juré, son client est condamné à quinze ans de réclusion. Face au verdict, Jacques décide de faire appel et c'est Julien qui cette fois-ci aura l'immense responsabilité de défendre son vieil ami. Julien qui entre-temps à fait savoir à Anne-Marie qu'il avait l'intention de demander le divorce. En effet, le petit avocat de province vient d'entamer une nouvelle relation avec son assistante de cabinet, la jolie Agathe...

Deux ans après la brillante collaboration entre le réalisateur Jacques Malaterre et l'humoriste, acteur, chanteur et animateur Patrick Sébastien qui donna naissance au téléfilm Monsieur Max et la Rumeur, les deux hommes remettent le couvert avec L'Affaire de maître Lefort qui, s'il n'est pas une nouvelle fois l'adaptation d'une pièce de théâtre de Patrick Sébastien demeure celle d'un scénario et de dialogues écrits par lui. Une écriture fort intéressante puisque au delà de la seule intrigue on remarquera l'excellence de certains dialogues dont certains mettent à profit le talent inégalé du véritable avocat Éric Dupond-Moretti qui interprète ici le rôle de Pierre Leonardi.
Dix ans tout rond après son émission Intime Conviction qui convoquait des célébrités à participer à de faux procès, Patrick Sébastien revient au genre dans un style proche de Perry Mason. Si le téléfilm n'atteint pas toujours ses objectifs, L'Affaire de maître Lefort demeure d'une qualité assurément supérieure à l'émission sur laquelle il semble avoir fait ses armes dix ans plus tôt. C'est à la demande de Patrick Sébastien qu'Eric Dupond-Moretti accepte de participer au tournage. On y retrouve la verve du célèbre avocat face auquel, malheureusement, l'humoriste a bien du mal à s'aligner en terme d'interprétation. Mis en retrait durant toute une partie du téléfilm, Patrick Sébastien développe une plaidoirie un peu miève alors même que l'intrigue aurait dû gagner en intensité.

Heureusement, face à la faiblesse de son interprétation, l'auteur du scénario original trouve une parade inattaquable. Mais comme cela était déjà à l'ordre du jour dans Monsieur Max et la Rumeur, Patrick Sébastien ne se contente pas d'une fin terne et classique et propose un twist final inattendu. Malheureusement, et alors que deux ans plus tôt celui de la précédente collaboration entre le comique et le réalisateur Jacques Malaterre faisait mouche, cette fois-ci les dernières minutes paraissent bien inutiles. Surtout si l'on tient compte du fait que tout (ou presque) était déjà dit. Mais sans doute cela est-ce dû à la trop grande générosité de Patrick Sébastien qui en a toujours trop fait, mais cela, pour le bonheur de ceux qui le suivent depuis ses débuts de carrière.
L'Affaire de maître Lefort demeure un très honnête téléfilm, peut-être un peu moins passionnant que le précédent, mais tout de même fort intéressant à suivre...
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