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jeudi 17 septembre 2020

Creepshow, la série de Greg Nicotero (2019) - ★★★★★★★☆☆☆

 




Le film à sketchs ou Anthologie est un concept cinématographique presque aussi vieux que le septième art puisque l'on retrouve dès la première moitié du vingtième siècle des œuvres découpées en plusieurs segments qui nous contaient déjà des histoires différentes. Tous les genres cinématographiques y sont représentés et si la comédie y tient une place importante, l'épouvante, l'horreur et le fantastique sont sans doute parmi ceux qui y trouvèrent et y trouvent encore une place de choix. Du Cabinet des Figures de Cire de Paul Leni et Leo Birinsky en 1924 en passant par Le Train des épouvantes de Freddie Francis en 1965 et jusqu'à A Night of Horror : Nightmare Radio qui réunissait une dizaine de réalisateurs en 2018, l'amateur a de quoi faire son marché et trouver son bonheur. Parmi les dizaines, voire les centaines de longs-métrages reposant sur ce principe, il en est un que tout amateur se doit d'avoir vu au moins une fois dans son existence. Réalisé par l'immense George Romero en 1982 et reposant sur des scénarii écrits par le tout aussi formidable écrivain américain Stephen King, Creepshow est l'un des plus illustres représentants des anthologies du cinéma d'horreur et d'épouvante. Depuis, on n'a pas fait mieux. Même pas sa séquelle sortie cinq ans plus tard et réalisée par Michael Gornick ou le troisième opus, une engeance réalisée par Ana Clavell et James Glenn Dudelson pas vraiment officielle qui profitait de l'aura de l'original pour se faire une place dans le cœur des amateurs en 2006.

Et puis, on apprenait vers la fin des années 2010 que le spécialiste des effets-spéciaux Greg Nicotero, réalisateur et producteur en autre de The Walking dead allait être à l'origine d'une série reposant sur le même principe que Creepshow en portant le même nom !!! De quoi réjouir ou défier les fans de la première heure à vrai dire. Ne tournons pas autour du pot et révélons ce que vaut vraiment cette excroissance télévisuelle de l'un des mythes du septième art : comme toute bonne anthologie, la série Creepshow possède de grandes qualités mais quelques failles sont à noter parmi les douze petits courts-métrages que constitue l'anthologie. En ouverture, il était inconcevable d'imaginer les hostilités démarrant sans la participation de l'auteur original ; Stephen King lui-même dont la nouvelle Matière Grise tirée du recueil Danse Macabre publié en 1978 sert de trame au sketch éponyme. Sombre et intriguant, Matière Grise est une entrée en matière pas inintéressante à plus d'un titre. Tout d'abord, l'ambiance y est particulièrement lourde. Ensuite, le déroulement de l'intrigue et sa mise en scène sont significatifs de ce qui vérole en partie la forme de plusieurs des douze épisodes. Car là où certains comme La Maison de Poupée de John Harrison, Le Doigt Maudit de Greg Nicotero, Le Compagnon de Dave Bruckner ou encore Le Monstre du Lac Champlain de Jason Ciaramella réussissent à remplir leur contrat, d'autres par contre sont d'une platitude, d'une inutilité et font preuve d'un tel laxisme en terme d'écriture et de mise en scène qu'ils n'ont pas vraiment leur place dans cette anthologie.

On pense notamment aux épisodes les plus sanglants qui ne reposent en fait malheureusement que sur l'hémoglobine aux dépens d'un récit mal construit et inabouti. Parmi les plus mauvais d'entre eux, évoquons par exemple Le Grand Méchant Loup, écrit et réalisé par Rob Schrab. Un récit mêlant nazis, soldats américains et loups-garous. Effets-spéciaux ultra cheap, mise en scène bancale et surtout, pas un brin de scénario. Tout y repose sur le sang, toujours le sang, rien que le sang. Le type d'épisode qui se fiche copieusement du spectateur en étant convaincu qu'à la seule vue du sang celui-ci saura se contenter de peu. Tout comme pour l'épisode Vengeance à Musky Holler de John Harrison ou comme Régime Mortel de Roxanne Benjamin qui reposent également essentiellement sur des séquences très sanglantes. Regrettable lorsque l'on envisage le potentiel horrifique et scénaristique de ces deux derniers. Pourtant, si ces quelques exemples laissent supposer que Creepshow est une adaptation télévisée ratée, ce serait faire l'impasse sur quelques merveilles, à l'image de La Maison de Poupée évoqué plus haut. L'un des moments fort de la série, prouvant qu'il n'est nul besoin de déverser des seaux d'eau pour que le concept fonctionne. À noter que Greg Nicotero reprend le principe des vignettes et des cases de l’œuvre originale et des bandes dessinées Tales From the Crypt et réussi même à sublimer le concept. Creepshow est également l'occasion de revoir de grandes vedettes du cinéma d'horreur et d'épouvante à l'image desquelles, Adrienne Barbeau et Jeffrey Combs font figure de stars... Malgré ses défauts, on a hâte de découvrir la seconde saison...

jeudi 27 août 2020

The Twilight Zone de Rod Serling (2019) - ★★★★★★★☆☆☆



The Twilight Zone est une série de science-fiction américaine créée par le scénariste américain Rod Serling qui a vu le jour en 1959 sur le réseau américain CBS. Soixante ans plus tard, et alors que son créateur est mort depuis quarante-cinq ans, réapparaît sur les écrans la mythique série. Ou plutôt, sa descendance. La dernière à ce jour après La Cinquième Dimension (qui ne doit en fait son titre que parce que cette série intitulée The New Twilight dans sa langue d'origine fut diffusée sur La Cinq, première chaîne de télévision généraliste privée et gratuite de France malheureusement disparue le 12 avril 1992), La Quatrième Dimension : L'ultime voyage, un téléfilm réalisé en 1994 par Robert Markowitz, ainsi que La Treizième Dimension dont l'intitulé est lui-même consécutif à son passage sur 13e Rue dès le 23 janvier 2003. Rod Serling disparu, il fallait trouver son remplaçant. Mais un remplaçant à la hauteur du bonhomme. Réalisateur du stupéfiant Get Out mais aussi de l'anecdotique Us, c'est à Jordan Peel qu'est confiée la délicate tâche de remplacer l'immense Rod Serling dans le rôle du narrateur. Une mission largement réussie si l'on tient compte du fait que la série repose tout d'abord sur les qualités des différents récits qui nous sont proposés. Si la durée d'une grande majorité des récits de la série originale avoisinait les vingt-cinq minutes environ, à minimum, les nouveaux épisodes doublent la mise, allant parfois jusqu'à soixante minutes de projection...

Disponible en couleur mais également en noir et blanc pour les nostalgiques de la série originale, The Twilight Zone aurait pu faire craindre aux fans qu'elle ne parvienne pas à faire oublier la série des années cinquante-soixante. Et si effectivement elle n'y parvient jamais vraiment, cela n'empêche pas aux dix épisodes de cette première saison de proposer des mets de choix. Dix épisodes et donc autant d'histoires qui n'entretiennent entre elles de rapport que la fascination de leurs auteurs pour les récits fantastiques. Car plus encore que la série originale qui était souvent plus proche de la science-fiction que du fantastique, cette nouvelle et tardive livraison se penche sur des cas qui n'ont pas toujours en commun, une projection futuriste de la science. Imaginez plutôt : à titre d'exemples, prenons l'humoriste Samir Wassan qui sur les conseils du célèbre JC Wheeler va jusqu'à mettre en péril son existence ainsi que celle de son entourage afin de connaître enfin le succès dans l'épisode The Comedian. Ou bien ce jeune garçon de onze ans hissé à la plus haute marche du pouvoir américain, lequel va se montrer plus tyrannique encore que le pire des dictateurs dans The Wunderkind. Ou encore le huitième épisode Point of Origin qui s'intéresse de très près au problème de l'immigration mais ici sous une forme tout à fait originale...

Si ce n'était l'absence quasi systématique de la technologie dans chacun de ces dix épisodes, on aurait pu tout aussi bien confondre The Twilight Zone avec une autre série de science-fiction à succès:l'anthologie Black Mirror de Charlie Brooker qui elle se penche en général sur les dérives liées aux nouvelles technologies. Parmi la foule d'interprètes ayant prêté leurs traits, le téléspectateur aura l'occasion de retrouver Kumail Nanjiani (Men in Black International), Adam Scott (Piranha 3-D), John Cho (Star Trek Into Darkness), Taissa Farmiga (La Mule) ou encore Steven Yeun de la série The Walking Dead. Diffusée à partir du premier avril 2019 aux États-Unis et dès le 10 octobre de la même année en France sur Canal+, une seconde saison voit le jour dès l'année suivante en 2020 malgré le dernier épisode de la première saison Blurryman en forme de testament . Sans doute l'épisode le moins convaincant de la première saison mais qui se termine par un hommage appuyé et émouvant consacré au créateur de la série originale Rod Serling...

lundi 17 août 2020

Captain America II: Death Too Soon de Ivan Nagy (1979) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Dix mois après le passage sur le réseau de télévision américaine CBS du Captain America réalisé par Rob Holcomb le 19 janvier 1979, un second téléfilm est diffusé le 23 novembre de la même année. Cette fois-ci, c'est le réalisateur Ivan Nagy qui se charge de mettre en scène les nouvelles aventures de Steve Rogers qui dans le premier épisode se voyait injecter un sérum expérimental du nom de F.L.A.G (pour Full Latent Ability Gain) à la suite d'un grave accident de moto. Recruté au sein de la NSL pour ses nouvelles aptitudes physiques, Steve Rogers devient Captain America. Un super-héros auquel sont notamment fournis un costume, un bouclier et une moto à l'effigie du drapeau américain. Après avoir réussi à déjouer les plans d'un certain Lou Bracket (l'acteur Steve Forrest), le voici désormais confronté à Miguel, un terroriste qui est parvenu à faire enlever un scientifique de la NSL qui était justement en train de travailler sur un antidote permettant de stopper le vieillissement. Mais pour pouvoir faire ses recherches, celui-ci a tout d'abord mis au point un virus l'accélérant. En prenant possession du scientifique et du virus, Miguel menace de lâcher ce dernier dans la nature si le Gouvernement américain ne lui verse pas la somme d'un milliard de dollars. Afin de prouver qu'il a en sa possession le virus en question, il décide d'en verser une petite quantité sur une petite localité. Les animaux sont les premiers à rapidement mourir de vieillesse. Et si les habitants ne semblent pas être touchés par le mal, c'est parce que Miguel leur procure à toutes petites doses le vaccin qui permet d'être immunisé. Steve Rogers est dépêché sur les lieux afin de retrouver le terroriste et de mettre un terme à ses agissements. Mais lorsqu'il arrive en ville, il remarque l'étrange comportement des habitants qui ne voient pas sa venue d'un bon œil. Et pour cause : ils sont en permanence intimidés par Miguel qui les menace de ne plus leur procurer de vaccin, ce qui les mènerait à leur propre perte...

Réalisateur pour la télévision américaine, Ivan Nagy a notamment été l'auteur d'épisodes de séries telles que Starsky et Hutch, Chips ou encore Police 2000. s'il n'a réalisé aucun épisode de la célèbre série L'Agence tous Risques, l'intrigue de Captain America II: Death Too Soon ressemble pour beaucoup au concept de la série créée par Frank Lupo et Stephen J. Cannell dans les années quatre-vingt et dont le principe était d'envoyer l'équipe de sympathiques mercenaires à la tête de laquelle trônait le colonel John « Hannibal » Smith dans une petite ville afin de défaire ses habitants du joug de diverses sortes de bandits. Le comportement des habitants de Portland vis à vis de Steve Rogers, leur hostilité ainsi que la présence d'une bande de voyous rapproche donc le téléfilm d'Ivan Nagy de Hannibal Smith et de sa bande. Dans cette seconde aventure, le costume de Captain America a été repensé pour coller à celui qu'avaient imaginé ses créateurs, le scénariste Joe Simon et le dessinateur Jack Kirby. Le réalisateur a beau être différent, cette suite ne contraste pas vraiment avec le premier Captain America. Même charme désuet, même lenteur, et scénario sensiblement similaire. Pourtant, Captain America II: Death Too Soon gagne davantage que son prédécesseur à être connu des amateurs de ce super-héros objectivement ringard.

Déjà parce que Ivan Nagy semble parfois (et même très souvent) se désintéresser de tout ce qui se déroule en arrière-plan. Ce qui donne lieu à quelques séquences pittoresques. J'en veux pour preuve la bagarre entre Captain America et un voleur de sac dont les passants en fond d'image semblent se ficher totalement. Ou lorsqu'en plein vol, sur le siège de sa moto transformée en deltaplane, le spectateur avisé constatera qu'une séquence filmée en légère contre-plongée ne suffit pas à lui faire croire que la scène se déroule dans les airs...Pour la seconde fois, on retrouve dans le rôle de Steve ''Captain America'' Rogers, l'acteur Reb Brown ainsi que l'acteur Len Birman dans celui du docteur Simon Mills. Le personnage du docteur Wendy Day est par contre désormais interprété par l'actrice Connie Sellecca en lieu et place de Heather Menzies qui elle participera de son côté aux séries La Croisière s'Amuse et Vegas la même année. Le grand méchant de Captain America II: Death Too Soon est quant à lui incarné par l'immense acteur britannique Christopher Lee, l'un des plus célèbres Draculas au cinéma. Si le sujet est relativement sérieux,il n'est cependant pas rare que l'on soit amusé devant certaines situations comme l'emploi du bouclier en mode frisbee. Divertissant, sans plus...
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