Voici une série qui avait tous les atouts en main. Créée par Kevin
Williamson, le scénariste de plusieurs volets de la saga Scream,
ou des longs-métrages Souviens-toi... l'été dernier
et The Faculty. Interprétée par Freddie Stroma
(plusieurs épisodes de la franchise Harry Potter ainsi que
Extraterrestrial), Joshua Bowman, et Génesis
Rodríguez pour ne citer que les trois principaux interprètes. Mais
ce sur quoi Time After Time
pouvait compter le plus, c'était un scénario en béton inspiré de
l'excellent film C’était Demain,
mais aussi du célèbre roman The Time
Machine,
plus connu chez nous sous le titre La
Machine à Explorer le Temps
de l'écrivain britannique Herbert George Wells. Plus proche de
l'adaptation cinématographique que de la version littéraire du fait
de la présence du célèbre tueur en série Jack L'éventreur dans
l'aventure, Time After
Timemet
donc en scène l'écrivain H.G.Wells qui, alors qu'il n'a pas encore
écrit les romans qui l'ont rendu célèbre présente à ses amis une
machine révolutionnaire permettant de voyager dans le temps. Parmi
eux, le Docteur John Stevenson, chirurgien très réputé qui cache
un double visage.
C'est lors de cette soirée, et alors que la police
fouille toutes les demeures du quartier à la recherche du célèbre
éventreur que John Stevenson profite de la machine à voyager dans
le temps pour prendre la fuite. Car le tueur, c'est lui. La police
d'ailleurs le découvre aussitôt en retrouvant dans la sacoche qu'il
a abandonnée derrière lui, un couteau maculé du sang de sa
dernière victime. Sans même réfléchir H.G.Wells s'empresse de
prendre le même chemin et part traquer celui qu'il considérait
jusque là comme son ami. Projeté en 2017, H.G.Wells échoue dans un
musée aux États-Unis où sa machine a été exposée et dont la
responsabilité a été confiée à Jane Walker, la conservatrice.
Propriété de Vanessa Anders, épouse du futur sénateur Griffin
Monroe, la venue de Stevenson et de Wells ne semble pas étonner
certaines personnes très intéressées par la machine et par les
deux hommes. Plongé dans un univers où la violence est galopante,
Wells se fait une amie en la personne de Jane Walkers qui l'aidera
dans ses aventures à retrouver et à renvoyer l'éventreur dans son
passé...
La
particularité de Time
After Time,
et qui crée un conflit avec l'aspect passionnant du voyage dans le
temps, c'est le choix des scénaristes d'avoir opté pour inclure
dans le récit les mésaventures d'un médecin fou travaillant sur un
sérum permettant à l'homme de guérir de nombreuses maladies
demeurée incurables jusque là et surtout, d'en faire un individu
insensible à la moindre douleur et ayant une force prodigieuse. Des
expériences menées sur des hommes et des femmes mais dont les
conséquences vont être terribles. C'est ainsi qu'au beau milieu de
l'intrigue tournant autour du roman The
Time Machine,
voici que les personnages se retrouvent sur une île et aux prises
avec un médecin aussi inquiétant que ceux de L'Île
du Docteur Moreau,
autre fameux roman de H.G.Wells. Et c'est là que tout se corse. Si
l'idée se révèle intrigante, le résultat est loin d'être
satisfaisant. Après quelques épisodes passionnants, la série vire
à trois-cent soixante degrés et propose une thématique déjà
largement abordée par la série X-Files
dans les années quatre-vingt dix avec le sujet des super-soldats.
Des individus génétiquement modifiés capables de prouesses
physiques remarquables. Bien que plagiant la célèbre série de
science-fiction, on accepte d'abord le principe. Jusqu'à ce
qu'intervienne l'hypothèse selon laquelle le Docteur Stevenson (et
donc Jack l’Éventreur) serait doté de facultés génétiques
particulières.
En
mêlant d'un peu trop près les deux sujets, l'auteur de la série
finit par produire une œuvre bâtarde accumulant les bourdes
scénaristiques et les incohérences. Grouillant d'ellipses
permettant à ses personnages (bons ou mauvais) de se sortir de
situations normalement inextricables, la série Time
After Time finit
par devenir lourde, pesante, répétitive et surtout improbable (si
tant est que l'on accepte d'entrée de jeu, la possibilité du voyage
dans le temps). Pourtant magistralement interprétée, c'est au
niveau des trop nombreux twists que son auteur tue tout intérêt
pour son œuvre. C'est d'autant plus dommage que la série réserve
d'excellents moments : le passage du trio de personnages
principaux en 1918, où même cette boucle temporelle intervenant
lors du dernier épisode mais qui malheureusement, n'efface pas la
déception de quatre ou cinq épisodes le précédant dont le contenu
laisse un goût amer. Bref, Time
After Time,
c'est, de bons acteurs et une intrigue au départ, passionnante. Mais
Time After Time,
c'est malheureusement également de trop nombreux retournements de
situation. Forts improbables et gâchés par leur répétitivité.
Mais cela n'est rien en comparaison de l'absurdité scénaristique
qui nous est offerte en toute fin de saison, laissant ainsi entrevoir
pourquoi pas une suite dont on aura tantôt mieux fait de se méfier
au vue de la première. Quitte à s'offrir une vraie bonne série
consacrée au voyage dans le temps, autant suivre les aventures de
Jake Epping, héros de l'excellente adaptation du roman de Stephen
King, 22.11.63...