Quatre ans après P'tit
Quinquin,
le réalisateur et scénariste français Bruno Dumont revient pour la
troisième fois sur le petit écran (il a réalisé entre temps la
mini-série musicale Jeannette
l'année dernière) avec CoinCoin et les
Z'Inhumains,
suite des aventures de Quinquin, qui, comme on l'aura compris, a
changé de prénom. L'histoire elle aussi est différente. Désormais,
il n'est plus question de femme démembrée découverte dans la
carcasse d'une vache mais de flaques de... mazout (?)... tombant
mystérieusement du ciel. Une étrange substance que la police
scientifique définie très rapidement comme n'étant pas d'origine
humaine. Pour le commissaire Roger Van der Weyden et l'inspecteur
Rudy Carpentier, c'est l'occasion de replonger dans une affaire
pleine de mystère, au cœur d'une civilisation exhibée une nouvelle
fois au grand jour par un Bruno Dumont qui offre un temps de parole
de presque quatre heures à des interprètes amateurs piochés dans
la région à laquelle le cinéaste rend hommage.
Que
dire de CoinCoin et les Z'Inhumains
si ce n'est que ceux qui apprécièrent la première saison ne seront
pas dépaysés ? En effet, les quatre années qui séparent les
deux saisons ne furent visiblement pas l'occasion pour leurs
interprètes d'apprendre le métier d'acteur. C'est toujours aussi
approximatif et mal joué, mais bizarrement, c'est cette manière peu
convaincante qu'ont les interprètes de jouer leur rôle qui
participe à l'attachement de personnages qui autrement, seraient
sans doute passés inaperçus.
Bon !
Autant le préciser tout de suite, l'enquête que va mener le
commissaire et son assistant (respectivement incarnés par Bernard
Pruvost et Philippe Jore) n'est qu'un prétexte qui n'aboutira sur
rien de concret. En effet, se terminant sur une queue de poisson,
mieux vaut que soient prévenus les fans des Experts
qui voudraient se changer les idées devant une série qui offre une
vision diamétralement différente du métier d'enquêteur. Ici, tout
est prétexte à voir déambuler des interprètes que certains
considéreront peut-être eux-mêmes comme des individus d'une autre
planète. S'exprimant dans un patois pas toujours évident à
déchiffrer (l'acteur incarnant à lui seul la police scientifique en
étant un bon exemple), Pruvost, Jore et même Alane Delhaye qui
réinterprète quatre ans plus tard le rôle de Quinquin/Coin Coin
conservent ce que d'aucun jugera de curiosité avec ce semblant de
moquerie qu'une minorité d'entre nous (je l'espère) ne pourra
s'empêcher d'exprimer.
Car
CoinCoin et les Z'Inhumains,
c'est
avant tout la représentation d'un monde agricole et paysan s'exprimant avec ses
propres codes. Une voiture se nomme là-bas, une carette (à ce
propos, sachez qu'un logiciel comme Open
Office demeure
incapable d'identifier ce terme en tant que tel) et un excrément, du
brun. Pas besoin d'avoir fait de grandes études pour faire le
rapprochement, et donc, dans l'ensemble, cette seconde saison est
assez facile à suivre sans décodeur. Bernard Pruvost semble avoir
toujours autant de difficultés à apprendre son texte (on le voit
porter une oreillette dans laquelle le réalisateur lui récite son
texte) et ses tics paraissent avoir pris de l'ampleur. Se détachent
de l'intrigue quelques interprètes au rang desquels, Alane Delhaye
bien évidemment, ainsi que son comparse Julien Bodard, dit
« L'Gros ».
Le personnage incarné par Philippe Jore encaisse les remarques
incessantes de son supérieur tandis qu'il lui fait payer en faisant
du « »deux
roues » avec
le véhicule de service.
C'est
tout un village qui participe avec plus ou moins de conviction, de
bonheur et de talent à ce que j'oserais considérer comme pas moins
que la cinquième adaptation du roman de Jack finney sorti chez nous
sous le titre Graines
d’Épouvante,
un classique de la science-fiction qui donna naissance à au moins
deux chefs-d’œuvre au cinéma : L'Invasion
des profanateurs de sépultures
de Don Siegel en 1955 et L'Invasion des
profanateurs
de Philip Kaufman en 1978. Si l'on devait faire ne serait-ce qu'un
reproche à cette seconde saison, c'est la tendance qu'à l'intrigue
à tourner en rond. Fort heureusement, le quatrième et dernier (et
meilleur) épisode de cette mini-série constituée de quatre parties
étant identifiées chacune sous un titre différent relève très
largement le niveau. En espérant revoir un jour ces personnages
auxquels on finit forcément par s'attacher... Un parti-pris osé de
la part de Bruno Dumont mais dont le premier épisode, a à lui seul
attiré plus d'un million de téléspectateurs...