Légendaire réalisateur
de La Résidence
(La Residencia)
en 1969 ou des Révoltés de l'an 2000 (¿Quién
puede matar a un niño?)
en 1976, le cinéaste uruguayen Narciso Ibáñez Serrador fut
notamment à l'origine de la série anthologie Historias
para no dormir,
œuvre de télévision espagnole ayant débuté en 1966 pour se
conclure seize ans plus tard en 1982. près de quarante ans plus
tard, quatre épisodes sont conçus afin de rendre hommage à Narciso
Ibáñez Serrador. Produits par la société de production Prointel
et par Amazon
Prime Video et chaque segment ayant été mis en scène par un
réalisateur différent,
Freddy
est l’œuvre de Place Paco. D'une durée avoisinant l'heure, il met
en scène avec brio le personnage d'André (l'acteur Miki Esparbé),
acteur raté qui risque de se retrouver au chômage après sa
lamentable interprétation dans un tout nouveau projet
cinématographique. Un film dans lequel il tient le rôle d'un
ventriloque. Sur les conseils du réalisateur Chicho, André accepte
de prendre possession d'une toute nouvelle poupée. D'un genre un peu
spécial puisqu'elle semble dotée d'une vie propre. D'une autonomie
qui vont conférer à son nouveau propriétaire un tempérament bien
éloigné de celui qui le caractérisait jusqu'ici. Dès la première
''collaboration'' entre l'acteur ventriloque et sa poupée sur le
plateau de tournage, le miracle a lieu. Non seulement André se
montre extraordinairement talentueux, mais il conquiert enfin ceux
qui jusqu'ici le dénigraient. Mais cette nouvelle relation entre
l'acteur et sa poupée ne va pas s'avérer être sans heurts...
Les
histoires de poupées maléfiques sont légions. Celles qui
s'intéressent aux rapports entre un ventriloque et la sienne sont
déjà plus rares. Parmi elles, nous retiendront le segment The
Ventriloquist's Dummy
du film à sketchs entre autre réalisé par le brésilien Alberto
Cavalcanti Au cœur de la nuit
(Dead of Night)
en 1945, l'épisode La marionnette
de la série La quatrième dimension réalisé
par Abner Biberman en 1962, La poupée diabolique
signée
de Lindsay Shonteff en 1964 ou encore Magic
de Richard Attenborough qui quant à lui est sorti en 1978. 2021 voit
donc non seulement le retour de l'anthologie Historias
para no dormir
mais aussi celui des poupées diaboliques. Si l'épisode réalisé
par Alberto Cavalcanti s'intitule Freddy,
il ne faudra pas y chercher un quelconque rapport avec le plus
célèbre des grands brûlés et l'un des boogeymen parmi les plus
terrifiants. À dire vrai, le choix du titre s'avère curieux puisque
le Freddy en question n'apparaît à aucun moment dans l'histoire et
ne se justifie qu'à travers la succession d'événements qui vont se
produire à l'image. L'épisode prend donc pour cadre un plateau de
tournage, avec ses différents techniciens, mais c'est bien le
personnage d'André et donc Miki Esparbé qui tient la vedette. Sans
doute quelque peu effacé par l'angoissante présence de cette poupée
qui nous présentée de manière à ce que l'on comprenne très
rapidement qu'elle va agir en tant que catalyseur un brin
''démoniaque'' à la faveur d'un acteur qui jusqu'ici s'avérait
médiocre.
Accompagné
à l'image par Adriana Torrebejano, Maru Valdivielso et Carlos Santos
(qui interprète le rôle de Chicho, celui-là même qui mettra la
poupée entre les mains d'André), Miki Esparbé excelle dans le
rôle de ce personnage au tempérament superflu qui peu à peu va
changer de comportement et même devenir tributaire d'une poupée au
demeurant inquiétante. Des yeux immenses qui de surcroît brillent
dans l'obscurité (bon courage pour parvenir à fermer l’œil) et
langage de charretier qui fait tout le ''charme'' de cette poupée en
bois obsédée par la ''fesse''. D'une facture parfois on ne peut
plus classique, Freddy
nous emmène cependant là où on ne l'attendait pas forcément. Des
meurtres plus ou moins sanglants et surtout, un final étonnant. Une
excellente surprise et un retour en triomphe pour cet hommage rendu à
Historias
para no dormir...