Souvent et
inexplicablement conspuée pour, soit-disant, la faible qualité des
programmes qu'elle propose à ses abonnés, la plate-forme de
streaming Netflix a en
revanche l'avantage de proposer des documentaires criminels parmi les
plus convaincants. On se souviendra notamment de l'excellent Don’t
F**k with Cats
tournant autour de la traque d'un tueur de chats qui s'avérera plus
tard n'être rien moins que Le
Dépeceur de Montréal,
Luka Magnotta, ''mannequin'' et ''acteur'' raté qui pour faire
parler de lui ne trouva rien mieux que de se filmer en train de
torturer de pauvres petites bêtes avant que les réseaux sociaux ne
s'emparent de l'affaire et ne mènent leur propre enquête... Depuis
quelques mois a été mis à disposition sur cette même plate-forme,
un autre documentaire criminel dont l'affaire n'a rien de commun avec
celle de Luka Magnotta mais dont le déroulement n'en est pas moins
passionnant. Voire même incroyable. Le genre de ''scénario'' que
seul un esprit aussi troublé que celui d'un romancier spécialisé
dans le macabre ou celui d'un scénariste de thrillers semblait
jusque là être capable d'imaginer. Réalisé par Sam Hobkinson,
Lover, Stalker, Killer
(pathétiquement sous-titré chez nous, L'ex de
l'extrême)
est le genre de documentaire qui après sa vision fera réfléchir
par deux fois celles et ceux qui désirent s'aventurer pour la
première fois sur les sites de rencontres pour y trouver leur future
compagne ou le coup d'un soir. À travers les différents témoignages
des enquêteurs, d'une mère éplorée, mais aussi et surtout de
l'homme à l'origine de toute cette histoire, Lover,
Stalker, Killer nous
conte la terrible mésaventure de ce garagiste qui après avoir fait
une première rencontre est tombé sous le charme d'une certaine
Cari. Celle-ci met d'emblée les choses au clair : il n'est pas
question pour elle d'entretenir une relation sérieuse avec Dave.
Père de famille tout à fait respectable mais divorcé de son
ex-épouse, il rencontre tout d'abord Liz puis Cari. Un soir, alors
qu'il accueille chez lui cette dernière, Liz passe le voir afin de
récupérer quelques affaires.
Le
regard des deux femmes se croisent une poignée de secondes et tandis
que Liz est montée prendre ses affaires, Cari a décidé de prendre
sa voiture pour rentrer chez elle. Une fois Liz repartie, Dave
rejoint Cari chez elle et y passe la nuit. Le jour suivant, et alors
qu'il est parti travailler dans son garage, il reçoit un SMS dans
lequel Cari lui avoue vouloir vivre avec lui. Pour toute réponse,
Dave lui rétorque qu'ils s'étaient mis d'accord pour que le
relation ''reste un jeu''. Après quoi, la jeune femme entre dans une
colère noire et commence à harceler le garagiste en lui envoyant
quotidiennement des centaines de messages de menace... Jusque là,
rien que de très classique pour tout amateur de thrillers qui
connaît sur le bout des doigts les œuvres de fiction qui traitent
de ce genre de sujet. De Un frisson dans la nuit
de Clint Eastwood, en passant par Harcèlement
de Barry Levinson et jusqu'au plus célèbre d'entre tous, Liaison
fatale
d'Adrian Lyne. Sauf que dans le cas de Lover,
Stalker, Killer,
tout repose scrupuleusement sur un fait-divers authentique. Mais
mieux que cela : ce qui semble relever d'une évidence
indémontable va connaître un revirement absolument sensationnel que
même le plus tordu des écrivains hésiterait peut-être à
envisager dans le plus pervers de ses ouvrages. Où la folie et le
stratagème le plus machiavélique s'entremêlent afin de donner
naissance à un véritable cas d'école. Documentaire glaçant,
passionnant, au retournement de situation si promptement
inenvisageable que la procureure qui fut en charge de mener la
procédure eut besoin de faits extrêmement solides pour convaincre
les jurés, il est quasiment impossible de demeurer indifférent au
déroulement de l'intrigue tant la personnalité de l'un des
protagonistes en présence relève autant de la folie pure que du
calcul diabolique... Bref, avec Lover, Stalker,
Killer,
Netflix
propose une nouvelle fois de nous plonger dans les affres de la
criminalité avec cette histoire aussi épouvantable que
fascinante...