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mercredi 25 septembre 2024

Black Matter de Blake Crouch (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

En 1996 débarquait sur M6 l'excellente série de science-fiction Sliders : les mondes parallèles. Créée par Tracy Tormé et Robert K. Weiss, son concept reposait sur le voyage de quatre protagonistes (Quinn Mallory, Wade Wells, Rembrandt Brown et le professeur Maximillian Arturo) projetés dans des univers parallèles et apparemment semblables au leur. À la seule différence que l'évolution des différentes sociétés auxquelles ils furent confrontés les mettaient régulièrement en danger. Leur but : retrouver leur monde d'origine. Près de vingt ans plus tard, le romancier américain spécialisé dans l'horreur et la science-fiction Blake Crouch publiait le roman Dark Matter dont il allait tirer en 2024 une série éponyme en neuf épisodes diffusée à partir du 8 mai sur AppleTV+. Le récit met tout d'abord en scène Jason Dessen (Joel Adgerton), professeur de sciences qui après s'être rendu dans son bar préféré est agressé par un inconnu au visage caché derrière un masque. L'homme l'emmène dans une zone industrielle où il lui injecte une drogue avant de l'enfermer dans une curieuse ''boite'' noire. Lorsque Jason se réveille, il est accueilli par son ami Leighton Vance et par un groupe d'individus vêtus de blouses blanches. Leighton lui annonce qu'il ne s'attendait pas à le revoir un jour. Jason ne comprend absolument pas le sens de cette phrase. Et pour cause : il vient d'être le sujet d'une expérience extraordinaire. Et contrairement aux apparences, le professeur de sciences n'est plus dans le monde qu'il a connu jusqu'ici mais dans une réalité alternative où l'a projeté l'inconnu... La relation entre Sliders : les mondes parallèles et Dark Matter saute tout d'abord aux yeux. Mais cette série inspirée d'un roman s'en éloigne pourtant drastiquement même si l'on y retrouve certains éléments. Ici, nul vortex mais un immense boite qui une fois close, mute à l'intérieur en un couloir infini doté d'innombrables portes donnant sur des univers parallèles à celui de Jason. [ATTENTION SPOIL] : tandis que notre héros est perdu dans un monde qui lui est inconnu et auquel il va tenter d'échapper pour retrouver sa vie d'avant, celui qui s'attaqua à lui est en fait son double.


''Réplique'' parfaite de Jason qui va s'emparer de son existence et prendre sa place au sein de sa famille. Une famille constituée d'un fils (Oakes Fegley dans le rôle de Charlie) et d'une épouse (Jennifer Connely dans celui de Daniela). Petit détail amusant, le héros ayant été blessé lors de son agression, Joel Edgerton portera tout au long du récit une blessure au nez qui permettra aux spectateurs de le différencier de son double. Le récit développe tout d'abord l'idée d'un couple qui au moment de sa séparation et de l'apparition de l'usurpateur se délitait. L'arrivée d'un brillant scientifique fou amoureux de celle qui dans son univers lui avait échappée pour des raisons d'ordre moral et pratique (le Jason parallèle ayant choisit de poursuivre sa carrière en dépit de son amour pour Daniela) redéfinit totalement leur relation. Dans Dark Matter, les rapports humains sont aussi fondamentaux que l'extraordinaire phénomène qui prend place au sein du récit. À ce titre, le personnage incarné par Jennifer Connely (Requiem for a Dream) est sans doute celui qui demanda le plus d'effort lors de son développement. Jason, passant d'un univers à un autre, croisera forcément le double de son épouse, laquelle aura effectué dans la vie un chemin bien différent de celle qui partage son existence. Entre drame, thriller et science-fiction, Dark Matter développe un univers cohérent, remarquablement écrit, s'étendant sans doute très largement au delà du roman de quatre-cent pages dont il s'inspire. Beaucoup plus sombre et parfois nihiliste que Sliders, l'évocation d'un multivers est ici traité de manière beaucoup plus sérieuse et consciencieuse que dans la plupart des films de supers-héros qui axent en partie leur intrigue sur le sujet. Outre l'histoire centrale, les fans de Sliders auront le très court plaisir de voir certains personnages évoluer dans des univers parallèles plus ou moins bienveillants (monde englouti sous les flots, soleil se rapprochant dangereusement de notre planètre, ère glaciaire, etc...). Notons que la série s'éternise un peu trop vers la toute fin. Chaque épisode comptant une moyenne de cinquante-cinq minutes, il aurait sans doute été préférable de rallonger le huitième d'une dizaine ou d'une vingtaine de minutes et de nous épargner le neuvième dont l'essentiel est discutable... Au final, Dark Matter est une excellente surprise...

 

mercredi 18 septembre 2024

Worst Ex Ever (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Le 9 février dernier, la plate-forme Netflix proposait l'effarant documentaire intitulé Lover, Stalker, Killer. Réalisé par Sam Hobkinson, l'on y voyait un certain Dave Kroupa qui après son divorce noua une relation avec Liz Golyar, une jeune femme rencontrée sur une application de rencontre. Une relation qui ne durera pas dans le temps puisqu'il fit par la suite la connaissance de Cari Farver, laquelle lui envoya étrangement peu de temps après leur rencontre, un violent texto dans lequel elle lui annonçait son choix de le quitter. Une histoire somme toute banale comme il en existe des milliers mais qui pourtant pris une tournure absolument hallucinante que le documentaire ainsi que de nombreux témoins détaillèrent point par point... En 2022, Netflix avait déjà proposé au sein des nombreux documentaires criminels que la plate-forme partage avec ses abonnés, une série tout aussi incroyable intitulée quant à elle Worst Roommate Ever et dans laquelle témoignaient les victimes de colocataires extrêmement dangereux. Deux ans plus tard, et toujours sous la houlette de Netflix, une extension de cette dernière présentée sous le titre Worst Ex Ever expose désormais quatre histoires sous le même format mais reposant cette fois-ci sur un concept similaire à celui de Lover, Stalker, Killer. Autant dire que celles et ceux qui apprécièrent à l'époque de ce dernier l'extraordinaire manipulation dont se rendit coupable l'une des protagonistes du récit vont se réjouir de pouvoir découvrir non plus un fait-divers, mais quatre. Autant le dire tout de suite, et aussi démentes que vous paraîtront ces diverses affaires criminelles, aucune d'entre elles ne revêtira l'ampleur de cette histoire totalement dingue. Il n'empêche pourtant qu'Un date avec le Diable, Insigne Insidieux, Une garde fatale et Mariée à un monstre demeurent des terreaux fertiles à des scénarii que l'on rêve déjà de voir adaptés sur grand écran.


Entre ce petit ami à la violence conjugale récurrente, ce faux flic manipulateur et cette innocente victime enfermée en prison pendant huit mois, cette mère et cette fille prêtes à tout pour récupérer la garde d'un enfant ou ce mariage qui vire au cauchemar jusqu'à ce que l'un des époux commette l'irréparable, il y a là de quoi se mettre de belles et passionnantes affaires criminelles sous la dent. Sous la curieuse houlette de Blumhouse Television Production dont on s'attend généralement plus à voir débarquer une nouvelle production horrifique de fiction qu'une série documentaire, Worst Ex Ever confirme que Netflix est en la matière, d'une richesse insoupçonnée. Quels que soient les critiques que l'on puisse formuler à son encontre, les amateurs d'enquêtes de ce type ont vraiment de quoi se satisfaire. Avec Worst Ex Ever, James Wan s'écarte drastiquement de ses thématiques habituelles faisant majoritairement appel au fantastique et à l'horreur. Et ce, même si cette dernière fait incontestablement partie du paysage de ce documentaire en quatre partie où les principaux intervenants ont (au même titre que les spectateurs d'ailleurs) de quoi avoir à minima la chair de poule ! Des histoires qui commencent de manière très classique pour enfoncer les personnages au cœur d'histoires souvent sordides et meurtrières. Quatre faits-divers, donc, mais dont les deux premiers offrent une révélation plus ou moins inédite de ce genre de cas criminels tandis que les troisième et quatrième et épisodes s'avéreront déjà nettement plus... ''classiques'' ! Témoignages des victimes ainsi que des autorités. Carence flagrantes des autorités policières avec pour conséquences de dramatiques erreurs judiciaires. Pas besoin d'aller bouffer du pop-corn devant ses séries policières préférées. L'horreur, la vraie, est à quelques pas de chez nous. Chez des individus apparemment insoupçonnables mais qui cachent en réalité des monstres d'une perversité assez remarquable. Bref, pour Netflix, c'est encore une fois le jackpot. Des histoires tellement folles que l'on pourrait parfois croire qu'il ne s'agit que d'histoires montées de toutes pièces sous la forme de documenteurs très convaincants. Et pourtant, tout y est scrupuleusement véridique. Effroyable, parfois touchante et ne laissant en tout cas pas indifférent, Worst Ex Ever est une série aussi prenante qu'angoissante...

 

samedi 7 septembre 2024

Brotherhood of Justice de Charles Braverman (1986) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

 

Vedettes du téléfilm Brotherhood of Justice de Charles Braverman, Keanu Reeves, Kiefer Sutherland et Lori Loughlin ont ceci en commun qu'ils débutèrent approximativement leur carrière respective à peu près à la même période. Seul le second, fils de l'illustre Donald Sutherland, passera directement par la case cinéma en jouant aux côtés de son père dans Max Dugan Returns en 1983. Enchaînant ainsi les rôles au cinéma en apparaissant dans d'excellentes productions dès les années quatre-vingt avec Stand by Me de Rob Reiner en 1986, The Lost Boys de Joel Schumacher en 1987 ou Young Guns de Christopher Cain l'année suivante. Avant de devenir l'une des plus grandes stars du cinéma américain actuel, Keanu Reeves incarna bon nombre de rôles sur le petit écran, entre séries télévisées et téléfilms. Devenu depuis l'une des icônes du cinéma d'action notamment à travers le rôle éponyme de l'excellente franchise John Wick, il incarne ici le premier rôle de Derek, l'un des nombreux étudiants d'une université qui depuis quelques temps connaît des dégradations et des problèmes de trafic de drogue. Après que le proviseur Bob Grootemat (Joe Spano) ait très clairement fait comprendre à ses élèves qu'il n'était pas question de faire appel aux autorités compétentes afin de maintenir l'ordre dans son établissement, une ''milice'' est formée autour du jeune et brillant étudiant. Un groupe de plusieurs camarades ont effectivement décidé de s'occuper eux-mêmes du maintien de l'ordre dans leur établissement. Après avoir dressé une liste d'individus qu'ils estiment devoir punir, Derek et ses amis vont se lancer dans diverses expéditions punitives. Au grand dam du shérif de la ville et de Christie, sa petite amie qu'il fréquente maintenant depuis deux ans... Une jolie étudiante qui ne partage absolument pas le point de vue de Derek et de ses amis et qui à l'écran est donc interprétée par Lori Loughlin qui de son côté démarra à la télévision avant d'apparaître dans le troisième long-métrage de la franchise Amityville dans lequel elle incarne la fille du personnage central interprété par l'acteur Tony Roberts. Mais l'actrice deviendra surtout célèbre dès l'année 1988 pour son rôle de Rebecca Donaldson dans la série La fête à la maison.


Quant à Kiefer Sutherland, il joue dans le cas de Brotherhood of Justice lui même le rôle d'un étudiant qui pour se payer ses études travaille le soir comme serveur dans un restaurant. Brotherhood of Justice s'inscrit dans un courant populaire des années quatre-vingt de type ''Campus Films'' dont l'énoncé cache mal ses origines : le concept repose sur le développement de jeunes protagonistes dans un milieu universitaire. Tous les codes ou presque sont d'ailleurs définis dans le téléfilm de Charles Braverman. De l'étudiant contraint de payer ses études à celui qui roule en décapotable et dont la fortune des parents ne nécessite pas d'avoir un boulot. Bien entendu, ce dernier fait partie de l'équipe de football américain de l'université et l'on peut distinguer au loin les pom-pom girls s'entraîner pour les compétitions sportives à venir. Débutant comme une simple comédie américaine typique de l'époque, Brotherhood of Justice vire peu à peu au drame et change donc radicalement de ton. Le téléfilm repose d'ailleurs sur des événements qui se produisirent réellement deux ans auparavant au lycée Paschal dans la région métropolitaine de Dallas-Fort Worth située au Texas. En effet, un groupe d'autodéfense du nom de Légion du Destin y fut formé afin de résoudre les problèmes de délinquance. Reposant sur le concept de Vigilantisme, les motivations du groupe sont ici très clairement louables. Violeurs, trafiquants de drogue, voyous passent par la sentence de ce groupe constitué d'élèves apparemment bien sous tous rapports. Mais là où Brotherhood of Justice marque sa différence, c'est lorsque intervient le désir pour les uns et les autres membres du groupe de profiter de leur nouveau statut de justiciers pour régler leurs problèmes personnels... L'occasion d'éclairer le spectateur sur le caractère psychopathique des uns (Billy Zane dans le rôle de Les) et l'impossibilité de conserver la cohésion du groupe malgré la bonne volonté de certains de ne produire que du bien pour la communauté. Le téléfilm de Charles Braverman est d'abord et avant tout l'occasion de découvrir des acteurs au visage adolescent et au début de leur carrière. Notons que le doublage en français est à la limite du désastre et ne rend absolument pas honneur aux interprètes. Classique dans sa forme, Brotherhood of Justice est dans l'ensemble une assez bonne surprise...

 

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