Hotel Reveries
est le troisième épisode de la septième saison de Black
Mirror.
Venant après Des gens ordinaires
et La bête noire,
certains vont jusqu'à affirmer qu'il s'agit peut-être et même sans
doute du meilleur de tous. Et pas seulement le meilleur de la
dernière mais bien des sept saisons que constitue cette série
britannique de science-fiction dystopique ! Ouais, carrément !
Sauf que... ben en fait, non. J'irai même jusqu'à dire qu'en ce qui
concerne la nouvelle fournée, parmi les trois premiers épisodes,
celui-ci est le moins bon. Partant d'un postulat au demeurant
fascinant, Charlie Brooker et le réalisateur Haolu Wang passent à
côté d'un projet qui aurait sans doute parlé davantage aux
cinéphiles si les deux hommes ne s'étaient pas simplement
''inspirés'' de Brief Encounter de
David Lean. Quitte à évoquer les nouvelles technologies, le concept
aurait gagné en ampleur s'ils avaient osé s'en munir pour intégrer
les personnages de Brandy Friday et Dorothy Chambers au sein d'une
œuvre ayant réellement existé plutôt que de simplement s'en
inspirer. Brandy (l'actrice Issa Rae) est à la recherche d'un
nouveau rôle qui lui permettrait d'incarner enfin le personnage
principal. La jeune femme apprend qu'un remake de Hotel
Reveries
est à l'étude et après avoir déposé sa candidature, la voici
engagée sur le projet. Mais par pour y tenir le rôle de Clara
qu'interpréta à l'époque l'actrice Dorothy Chambers mais celui de
l'autre personnage principal de ce classique du film romantique, le
docteur Alex Palmer. Se présentant au studio, Brandy apprend que le
tournage n'aura rien de classique puisque sa conscience sera
transférée au cœur du récit original. La jeune femme se retrouve
donc plongée dans un univers en noir et blanc, dans un monde virtuel
où sont reproduits les décors ainsi que les figurants présents
dans la version datant des années 40. L'actrice va y faire la
connaissance de Clara/Dorothy. Suivant le scénario à la lettre et
guidée par les techniciens qui dans le studio la dirigent, des
problèmes interviennent durant le déroulement du récit ce qui a
pour conséquence de provoquer des dysfonctionnements. En outre,
Clara semble prendre conscience de sa propre existence. Lorsqu'un
incident survient dans le studio, le contact entre les techniciens
et les deux actrices est interrompu. Alors que l'écran qui projette
le film en construction disparaît, l'histoire entre Clara/Dorothy.et
Alex Palmer/Brandy se poursuit.
Des
sentiments naissent entre les deux jeunes femmes qui vont vivre une
véritable histoire d'amour qui dans le temps ne correspond pas à
celui écoulé dans le studio... Pas évident de résumer cet épisode
sans omettre quelques points cruciaux. Et pourtant, malgré un
scénario qui en tous points ou presque s'avère des plus fascinant,
Hotel Reveries
imprime un rythme lent. Beaucoup trop lent ! Si l'idée semble
originale, elle ne l'est pourtant pas tout à fait. Fruit du hasard
ou non, l'année dernière est sortie sur SyFy
la seconde saison de la sympathique série de science-fiction
américaine The Ark
créée en 2022 par Dean Devlin et Jonathan Glassner. Un Space-Opera
qui donc ne paraît pas avoir de rapport quelconque avec la dystopie
de Charlie Brooker mais au sein de laquelle l'on trouve cependant un
épisode dont l'intrigue se rapproche sensiblement de celle de Hotel
Reveries.
En effet, dans l'antépénultième épisode intitulé Ça
aurait dû être toi,
deux des principaux personnages de la série Garnet et Ian se
retrouvaient piégés dans l'arche alors qu'ils étaient en réalité
dans une forme de coma dans l'infirmerie du vaisseau. Durant leur
perte de conscience, les deux personnages vécurent une vie entière,
isolés du reste de l'équipage jusqu'à leur réveil. Qui n'a pas vu
cet épisode de The Ark
ne peut comprendre l'étrange impression que l'on ressent devant la
diffusion de Hotel Reveries.
La part de technologie n'étant évidemment pas étroitement liée,
l'épisode réalisé par Haolu Wang exploite maladroitement son
concept. À vrai dire, il aurait sans doute fallut que l'épisode
bénéficie d'une durée beaucoup plus importante pour que se
mettent véritablement en place les enjeux du récit. Avec ses
quarante-cinq minutes, trop courtes selon moi, Hotel
Reveries empêche
littéralement d'adhérer au concept et aux conséquences qui
l'entourent. Pour aller plus loin et revendiquer le fait que NON, cet
épisode n'est pas le meilleur de cette septième saison et encore
moins celui de tous les épisodes de la série, quoi de mieux que de
se replonger dans le formidable Pleasantville
que réalisa Gary Ross en 1998 ? Prouvant ainsi que le concept
avait déjà été traité sur grand écran et ce, de la plus
magistrale des manières...
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