De la fiction...
Nous sommes en 1947 et
Marie Besnard et son époux Léon fêtent en compagnie de leurs amis
proches leur dix-huitième anniversaire de mariage. Durant le repas,
Marie surprend Léon en train de caresser la cuisse de Louise, amie
et locataire des Besnard. Peu de temps après, Léon tombe gravement
malade et finit par mourir, laissant veuve Marie qui ne pas tarder à
éveiller les soupçons de ses proches et des habitants du village
qui finissent par être convaincus que la quinquagénaire a
empoisonné son mari à l'arsenic. Des rumeurs circulent en effet en
ville et ce, grâce ou à cause de Louise qui se confie très vite
auprès de son ami Auguste Leclerc qui va lui-même contacter les
autorités en indiquant dans une lettre qui leur est adressée les
soupçons dont lui a fait part son amie Louise.
Également cultivées par le propriétaire du bar du village, Bodin,
que Marie Besnard a refoulé quelque temps auparavant, les rumeurs
remontent jusqu'à Paris où, la jeune journaliste stagiaire Simone
Roulier décide de couvrir elle-même l'affaire. Marie
Besnard, l'empoisonneuse retrace
le parcours judiciaire de cette affaire qui a passionné les foules
durant plus de dix ans...
Loudun,
commune du Centre-Ouest de la France située dans le département de
la Vienne fut plus de trois-cent ans plus tôt le théâtre d'une
chasse aux sorcières orchestrée par le Cardinal de Richelieu dans
les années 1630 et connue sous le nom de l'Affaire
des Possédées de Loudun.
Si Loudun possède un joli patrimoine culturel, elle est donc
également le théâtre d'une affaire qui défraya la chronique dans
les année 40-50 au vingtième siècle. Celle de Marie Besnard,
L'Empoisonneuse de Loudun.
Marie Besnard,
l'empoisonneuse n'est
pas la première adaptation télévisuelle de l'affaire puisqu'en
1986 déjà, Yves-André Hubert s'intéressait déjà à cette
histoire et l'adaptait pour le petit écran avec dans le rôle
principal, l'actrice Alice Sapritch. Si l'on a beaucoup imputé à
Muriel Robin la qualité moins aboutie du second volets des Visiteurs
de Jean-Marie Poiré, on ne peut en revanche lui reprocher quoi que
ce soit concernant ce téléfilm signé Christian Faure et constitué
de deux parties distincte désignées sous les titres
« La Rumeur »
et « La Justice ».
En effet, l'actrice et humoriste française y incarne à la
perfection le rôle-titre. Une Marie Besnard très convaincante
confrontée non seulement aux journalistes, à des enquêteurs qui
rêvent de clore une affaire qui leur promettra sans doute une
promotion, et surtout, à la jalousie et à la rumeur.
Une
commune toute entière vouée à la cause d'un mari défunt dont les
têtes « pensantes » (on pense notamment au personnage de
Bodin excellemment interprété par Gérard Chaillou) n'ont de cesse
de mettre de l'huile sur le feu afin d'attiser la haine envers celle
qui est déjà considérée comme coupable. Une très belle
reconstitution d'une époque et d'un fait divers sordide qui restera
définitivement l'une des plus grandes énigmes criminelles de
France...
… à
la réalité
Née
Marie Joséphine Philippine Davaillaud, celle qui deviendra l'épouse
de Léon Besnard voit le jour le 15 Août 1896. Déjà veuve d'un
homme qui mourra de pleurésie, Marie rencontre Léon et l'épouse le
12 Août 1929, soit trois jours avant de fêter ses trente-trois ans.
Durant un repas que Marie et son époux partagent le 16 Octobre 1947,
Léon fait un malaise et vomit le contenu de son estomac. L'homme
meurt neuf jours plus tard. Et comme Marie est veuve pour la seconde
fois, son affaire judiciaire débute dans la foulée. Si l'amie de la
famille, Louise Pintou, a très vite soupçonné Marie, c'est qu'elle
affirme que sur son lit de mort, Léon lui aurait confié ses
soupçons envers sa propre femme. L'affaire de L'Empoisonneuse
a ceci d'exceptionnel qu'elle ne fut pas seulement accusée d'avoir
tué son mari, mais onze autres personnes également. Les corps
furent exhumés pour analyses et des experts découvrirent un taux
anormalement élevé d'arsenic dans les cheveux. Le procès fut
l'objet d'une bataille entre experts, la défense parvenant petit à
petit à démonter tout ce qui pouvait accuser sa cliente. Au final,
Marie Besnard fut acquittée le 12 décembre 1961, soit plus de dix
ans après les débuts de l'affaire. Elle écrivit ses mémoires
l'année suivante et mourut le 14 Février 1980 à Loudun même,
laissant derrière elle tout le mystère d'une affaire qui ne fut et
ne sera sans doute jamais résolue...