Mots-clés

lundi 15 août 2016

L’Éternel Mari de Denys Granier-Deferre (1993)



L’Éternel Mari, ou, l'histoire d'Ivan Veltanov, luthier, qui manque de se faire renverser à plusieurs reprise par le même homme. Cet individu suspect, c'est David Toledano, et s'il a tenté « d'écraser » Ivan (en fait, il a surtout voulu lui faire peur), c'est parce qu'il sait que ce dernier a été l'amant de son épouse. Deux hommes qui bien plus tard se rencontreront à nouveau. David Toledano compte bien régler ses comptes avec Ivan. Le mari trompé guette Ivan. Le suit. Frappe à sa porte à n'importe quelle heure. S'invite même à dormir chez lui. Il lui présente sa fille Isabelle, qui en réalité est celle d'Ivan.

Mais l'épouse de Toledano, l'amante d'Ivan, est morte depuis plusieurs années. Le premier l'annonce au second de manière assez violente et inattendue. Fasciné par l'amant, le mari qui ne s'est ni remis de la disparition de son épouse ni de l'adultère dont il a été victime, colle aux basques d'Ivan au point de rentrer dans sa vie. Il fait la connaissance de Claudia Pogoretz et de sa fille Katia... dont il va tomber follement amoureux, au mépris d'Alex, le fiancé de celle-ci...

Rendons honneur au cinéaste Denys Granier-Deferre qui osa ici, adapter L’Éternel Mari que le romancier russe Fiodor Dostoïevski écrivit lors de son séjour à Dresde. Rendons-lui honneur comme d'autres ont préféré ignorer ce petit téléfilm en réalité pas si mauvais qu'il en a l'air. Derrière la quasi absence d'expressivité de l'acteur Roger Hanin (Navarro, Le Grand Pardon, Le Sucre) qui demeure aussi impassible qu'à son habitude (à moins que l'extrême cynisme de son personnage lui impose d'être ainsi), se cache un homme ivre de vengeance, étouffant son adversaire. L'étranglant, faisant de lui l'objet d'un fantasme qu'il ne réalisera finalement jamais. Rendons honneur à Macha Méril, François Marthouret, Charlotte Valandrey ou encore Jean-Claude Caron pour avoir participé à cette adaptation télévisée sans pour autant en recevoir les honneurs sur les sites Allociné ou Wikipedia (qui en terme général demeurent des sources sûres).

En effet, si le premier propose bien s a petite fiche personnalisée, celle-ci ignore tout sur l'indentité du réalisateur, sur le nom des personnages, ou sur le moindre membre de l'équipe ayant participé à la conception de L’Éternel Mari, à part le scénariste Bertrand Poirot-Delpech. Mieux encore, le téléfilm de Denys Granier-Deferre n'est évoqué ni sur la page Wikipedia de Macha Méril, ni sur celle de Roger Hanin. Il faut se rendre sur celles de François Marthouret, Charlotte Valandrey ou du réalisateur lui-même. Et encore, si un lien ramène bien vers L’Éternel Mari, celui n'incarne pas le téléfilm mais bien le roman dont il s'inspire.

Peut-être d'ailleurs parce que L’Éternel Mari n'est ni un chef-d’œuvre, ni le genre de téléfilm que l'on conseillera à ses proches. D'un intérêt limité, le plus courageux, celui qui osera braver une première demi-heure particulièrement ennuyeuse, y trouvera peut-être de quoi s'en satisfaire. Car même si les interprètes assurent le minimum syndical, on a très envie de découvrir comment va se finir ce récit. A voir lorsque le temps ne se prête plus vraiment au bronzage...

mercredi 3 août 2016

Le Pic-Vert Russe de Chad Gracia



Artiste-peintre que certains disent fou et que d'autres admirent et considèrent comme un génie, le jeune ukrainien Fedor Alexandrovich est parti d'une hypothèse selon laquelle l'accident survenu à la centrale nucléaire Lénine de Tchernobyl le 26 avril 1986 n'était pas un accident mais consécutif à un ordre donné par le gouvernement afin de camoufler l'échec du système de contrôle mental Duga. Une immense structure de métal construite à seulement quelques kilomètres de la centrale. D'un coût faramineux de vingt-cinq milliards de roubles, l'ineficacité de Duga aurait dû signifier la fin de son créateur, l'apparatchik (cadre supérieur du gouvernement ou du parti communiste soviétique) Vassily Chamchine. Moscou aurait alors envisagé le sacrifice de milliers d'innocents plutôt que celle de ce seul homme, à l'époque Ministre des télécommunications de l'URSS.

Fedor Alexandrovich estime l'histoire de la catastrophe remonter jusqu'en 1964, année où débute l'histoire du mensonge Tchernobyl. L'année durant laquelle le Duga 1 est construit. Le radar trans-horizons qui permettra à Vassily Chamchine de gravir les échelons. Douze ans plus tard en 1976, c'est au tour du Duga 2 d'être mis en service. En 1980, Chamchine obtient le poste de Ministre des télécommunications. En 1984, c'est une nouvelle vague de répression à laquelle l'Ukraine doit faire face. De' plus, Chamchine réalise à quel point son œuvre ne fonctionne pas. Le politique doit alors échafauder un plan afin de passer sous silence ce qui devrait logiquement lui coûter la vie.

C' est en 1986 qu'il élabore ce dernier. Il devient en mars l'un des Membres du comité central du Parti Communiste qui dirige le pays. Mais en septembre, la Commission devait rendre un rapport concernant le radar trans-horizons Duga, et le fait que ce dernier ne fonctionnait pas aurait été irrémédiablement établi. Il fallait donc pour Chamchine empêcher toute intervention sur le site, et c'est ainsi que selon Fedor Alexandrovich, l'accident de Tchernobyl a été volontairement provoqué d'un seul coup de téléphone de Moscou.

Cette hypothèse, c'est celle que développe donc l'artiste-peintre dans cet excellent documentaire d'un peu plus d'une heure et quart. Le Pic-vert Russe étant le nom donné au signal radioélectrique émis par le Duga, et reçu par le monde entier. Un signal émettant un bruit similaire à celui de l'oiseau du même nom. De nombreux témoignages, d'historiens, de physiciens nucléaires, de militaires et de proches de Fedor Alexandrovich mettent en lumière les investigations de ce dernier. A l'aide d'images inédites, Le Pic-vert Russe, malgré les dénégations de certains qui jugent les théories de Fedor Alexandrovich totalement absurdes, éclaire sous un nouveau jour le drame de Tchernobyl. Pourtant, malgré la puissance des mots et l'évocation de certaines images, on ne peut que rester vigilant et conserver la tête froide.

Il ne s'agit que d'une hypothèse, souvent crédible, mais rien ne peut prouver sans le moindre doute que l'accident survenu à la centrale nucléaire Lénine de Tchernobyl a été réellement et volontairement provoqué. Le Pic-vert Russe offre une nouvelle vision du drame et se révèle un excellent complément au formidable documentaire signé Thomas Johnson, La bataille de Tchernobyl. Réalisé par Chad Gracia, Le Pic-vert Russe a fait partie de la sélection officielle du Festival de Sundance l'année dernière...
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...