En quarante-trois ans de
carrière, l'acteur belge Jean-Claude Van Damme est passé par tous
les états. De la place de second rôle à celui de star du cinéma
d'action. Crédité au générique ou non. Dans des supercheries que
les éditeurs ont eu la malhonnêteté de nous faire croire qu'il en
était la vedette alors qu'il n'apparaissait que quelques dizaines de
minutes tout au plus. Et dans des œuvres que ses fans tiennent pour
de véritables chefs-d’œuvre. À tort ou à raison, Dieu seul le
sait... et après lui, ceux qui vouent un culte à cet acteur qui
depuis quelques années paraît se faire plus discret alors qu'il
n'en est rien. Un artiste, un vrai, qui s'est fait, au sens propre, à
la force du poignet... mais à celle de ses pieds et de ses poings
encore plus assurément. Capable de jouer dans d'insignifiantes
bobines (le très ennuyeux Black eagle - L'arme absolue
réalisé par Eric Karson dans lequel, fort heureusement, JCVD ne
tient pas la vedette) tout comme dans d'authentiques bijoux du cinéma
d'action et d'arts martiaux. Faut-il citer ne serait-ce que
Bloodsport
de Newt Arnold, Full Contact
et Double Impact de
Sheldon Lettich ou In Hell de
Ringo Lam pour réussir à convaincre les derniers réfractaires ?
Ceux-là mêmes qui se frotteront les mains en découvrant le très
récent Le dernier Mercenaire,
cet immondice commis par le ''tâcheron'' du cinéma français, David
''Charhon''. Presque un anagramme me direz-vous... Entouré d'une
pléiade d'interprètes français plus ou moins connus mais dont
l'interprétation catastrophique est sur une même longueur d'onde,
JCVD n'a vraiment pas pris la bonne décision en acceptant de jouer
dans ce qui demeurera dans nos souvenirs comme l'une des pires
expériences cinématographiques de toute l'histoire de l'humanité
(et devinez quoi ; je pèse mes mots). Une somme de tout ce que
peut vomir de plus grotesque et superficiel le cinéma humoristique
français. Car JCVD est censé y pratiquer l'autodérision. Mais
lorsque l'on est dirigé avec aussi peu de talent que celui de David
Charhon, c'est notre colère qui se manifeste avant de laisser place
à de la tristesse...
C'est
sans doute pour cela que l'on préférera sécher très rapidement
ses larmes avant d'aller se consoler en remontant le fil du temps
jusqu'en 2016. Cette miraculeuse année qui vit naître un concept
quelque peu similaire en matière d'auto-dérision, mais qui s'avère
très largement au dessus de l'étron cagué par le ''réalisateur''
(je me marre!) français et balancé sans autre forme de procès sur
la plate-forme de streaming Netflix.
Pas un film, non, mais ce qu'il est de coutume d'appeler depuis
quelques années une mini-série. Intitulée Jean-Claude
Van Johnson,
créée par Dave Callaham et produite par la société de production
Amazon Studios,
cette série en six épisodes est l'exact contraire du Dernier
Mercenaire
(Blurp ! Je sens que je vais vomir si je le cite encore une
fois...). Jean-Claude Van Johnson,
c'est le Yang.
Le soleil, la lumière ou la chaleur. L'autre, là, c'est le Yin.
Ou l'obscurité, l'humidité et le froid. Découvrir
Jean-Claude Van Johnson
et s'en repaître d'une traite agit comme un médicament contre la
constipation. La daube du français, elle, risque de vous empêcher
de chi... pendant pas mal de temps. Bon, allez, j'arrête là les
comparaisons. Cinq ans plus tôt Éric Judor et Hafid F.-Benamar
lançaient en France le concept de Platane.
Cette excellente série humoristique française (comme quoi, quand on
veut ou quand on a du talent...) dans laquelle Eric, Ramzy et
plusieurs intervenants secondaires jouaient leur propre rôle.
Concernant Jean-Claude Van Johnson,
l'idée se résume autour de JCVD seul. Un avantage puisque l'intérêt
de cette mini-série est justement de mettre prioritairement en avant
la star belge. Jean-Claude a pris de la bouteille, des rides et du
ventre. Retraité, il passe son temps à lire des magasines people et
ne se déplace plus guère qu'en gyropode. Autant dire que sa salle
de sport personnelle prend la poussière et que les muscles de
l'ancienne star du cinéma d'action prennent, eux, la rouille !
Jusqu'au
jour où son ancien grand amour refait surface. JCVD décide alors de
se reprendre en main. Parallèlement au tournage d'un nouveau projet
cinématographique, Jean-Claude reprend du service auprès d'une
agence gouvernementale. Doublé par le comédien et metteur en scène
Patrice Baudrier, l'acteur belge tient là sans aucun doute l'un de
ses meilleurs rôle. Mais également, l'une de ses meilleures
interprétations. Le monolithique personnage de nombre de
longs-métrages qui par le passé ne comptait que sur ses seuls
poings s'est transformé en un être pourvu d'émotions. Des traits
de caractères que l'on pouvait déjà deviner dans l'excellent In
Hell
mais que Dave Callaham choisit d'exploiter au maximum. Jean-Claude
Van Johnson,
ça n'est donc pas que de l'action et des combats au corps à corps
mais aussi des sentiments. Et dans le domaine, Jean-Claude Van Damme
s'avère particulièrement à l'aise. Celle qu'il tente de
reconquérir, c'est l'actrice Kat Foster qui interprète le rôle de
Vanessa. Suivis de près par l'ancien membre de l'un des plus
dangereux cartels mexicains, Luis (l'acteur Moisés Arias),
Jean-Claude Van Johnson va tenter de faire tomber un immense réseau
de drogue. Pas une, ni, deux, mais trois heures sont donc consacrées
à JCVD, voilà qui va ravir les fans de l'une des plus grandes stars
du plat pays. De l'action et des combats, donc, mais également de
l'espionnage, de la science-fiction et une très grosse rasade
d'humour. Mais plutôt que de ridiculiser l'icône du cinéma
d'action des années 80/90, la mini-série le met au contraire en
valeur en prouvant que l'acteur est non seulement toujours capable de
se battre malgré ses cinquante-cinq ans (je rappelle que nous sommes
alors en 2016) mais qu'il est également pourvu d'un humour sans
limite et de prédispositions qui lui permettent de révéler une
facette beaucoup plus émouvante et intimiste du personnage. Diffusé
à l'époque sur Amazon Prime,
la série ne rencontrera cependant pas le succès escompté et ne se
poursuivra pas dans le temps, au grand dam des fans qui suivent JCVD
depuis ses débuts...