Dans le cadre de la
collection de téléfilms Série Noire
créée par Pierre Grimblat en 1984, plus de trente réalisateurs ont
accepté d'y participer, la majorité pour une unique fois et
quelques autres (les plus rares), à deux reprises comme Joël Séria,
Laurent Heynemann, Pierre Grimblat lui-même ou encore Daniel Duval.
S'étalant entre l'année de sa création et 1989, la collection
accueilli avec joie la présence du français José Giovanni, auteur
de nombreux romans mais aussi de longs-métrages cinématographiques
et télévisés tels que La scoumoune
en 1972, Deux hommes dans la ville
l'année suivante, Les égouts du paradis
en 1979 ou Le ruffian
quatre ans plus tard. Le tueur du dimanche
est quant à lui diffusé sur la première chaîne nationale
française le 31 mars 1985. L'action se déroule à Genève et voit
un homme tuer de manière métronomique chaque dimanche, une femme
différente à coup de fusil à lunette. L'affaire s'avère délicate
puisque lorsque démarre le récit, le tueur en est déjà à sa
quatrième victime. Le commissaire Kramer (l'acteur Georges Wod) a
beau chercher le coupable en compagnie de ses hommes et arborer une
certaines assurance avec au bec, les sempiternels cigares qu'il fume,
les victimes du tueur en série continuent à s'ajouter au
précédentes chaque dimanche, noircissant les pages de la presse
papier et faisant le beurre des journaux télévisés et des
émissions de radiophonie. En parallèle, le téléfilm de José
Giovanni nous présente le personnage de Léopold (l'acteur Rufus),
un ouvrier métallurgiste qui rêve de changer d'existence ainsi que
Sophie (Sophie Ladmiral), une ancienne prostituée qui après avoir
fait un passage par la case prison est poursuivie par ses anciens
''employeurs'' le jour de sa libération. Heureusement pour elle, en
bon samaritain, Léopold lui vient en aide et la sauve d'un
guet-apens dans lequel elle a failli tomber. Surtout, la jeune femme
est la sœur du meilleur ami du métallurgiste. Un homme qui à la
suite d'un grave accident a perdu ses deux mains et en demeure
honteux. Pour corser le tout, Sophie a perdu la garde de son fils
lors de son incarcération et rêve de le récupérer depuis sa
sortie de prison. Si seulement la jeune femme en avait les moyens...
Si
tous les éléments qui constituent ce récit policier n'ont l'air
d'entretenir que de très lointains rapports, la vérité est tout
autre. Comme nous le démontrera le déroulement du récit, le
scénario de José Giovanni reposant sur son propre roman est
parfaitement construit. Son raisonnement, plutôt classique, veut que
le spectateur doute en permanence de l'identité du tueur qui bien
entendu, ne nous sera révélée qu'à la toute fin du téléfilm.
Sans être tout à fait ennuyeux, Le tueur du
dimanche n'est
pas un modèle de thriller comme peuvent l'être actuellement
certains longs-métrages de cinéma français. Si l'intrigue est
suffisamment accrocheuse pour maintenir un certain intérêt, la mise
en scène s'avère quelque peu mollassonne. Il n'empêche qu'avec ce
couple Léopold/Sophie qui se crée en direct à l'image, se
développe l'hypothèse selon laquelle LUI pourrait être ce fameux
criminel que la police recherche. Si Le tueur du
dimanche n'évoque
pas directement l'un des plus sinistres faits-divers qu'ait connu
notre pays entre le 5 octobre 1984 et le 27 novembre 1987 et si les
méthodes employées par un authentique tueur en série (Thierry
Paulin, surnommé le
tueur de vieilles dames
ayant sévit dans plusieurs arrondissements de Paris où il fit plus
de vingt victimes) furent bien différentes, le téléfilm de José
Giovanni y fait sensiblement écho. Sauf qu'ici, on est davantage
devant un téléfilm du dimanche après-midi, relativement pépère
bien qu'arborant une allure parfois sombre. Les personnages
interprétés par Rufus et Sophie Ladmiral figurant des individus
désemparés. Rien de gai ne vient en effet enjoliver le téléfilm
est lorsque l'aventure semble prendre une tournure beaucoup plus
optimiste, le réalisateur et scénariste ne lâche pas la pression
moribonde qui se dégage de l'ensemble en laissant supposer que de
toute manière, cet échappatoire auquel prétend notre couple ne
sera que de très courte durée. À noter que José Giovanni
participera à nouveau à l'élaboration de la série trois ans plus
tard avec le vingt-neuvième épisode intitulé La
louve...