Voyeurisme et
opportunisme à tout crin, tel est le type de critiques que risquent
de se voir affublés celles et ceux qui commettent l'impensable en
romançant sur petits et grands écrans d'authentiques faits divers.
Pourtant, la littérature et certains autres médias tels que les
reportages, documentaires et autres émissions télévisées ne s'en
cachent pas eux-mêmes mais ne connaissent pas toujours de vives
critiques de la part des familles, des proches ou même plus
simplement du commun des mortels ! L'affaire Daval est parmi les
dernières à avoir eu les ''honneurs'' d'une reconstitution
télévisuelle aux détriments de la mère du meurtrier de sa propre
épouse qui criait alors son refus de voir remuer à nouveau cette
sordide histoire de meurtre et de mensonges. Cette affaire entourant
le couple Alexia et Jonathann Daval ainsi que leurs familles
respectives fut en un temps pas si reculé, le feuilleton supposé
préféré du peuple français que l'on arrosait régulièrement
d'informations concernant la disparition, la mort et l'enquête
autour d'Alexia, une jeune et jolie femme appréciée des habitants
de Gray-la-Ville en Haute-Saône. On le sait aujourd'hui, le
responsable de sa mort ne fut autre que son propre époux Jonathann.
Un jeune homme qui fut, à la découverte du corps d'Alexia, supporté
et entouré par sa belle-famille ainsi que les habitants de
Gray-la-Ville. Jusqu'à ce que l'on découvre qu'il n'avait fait que
mentir durant des mois, cachant ainsi sa responsabilité dans le
meurtre de son épouse. Depuis, des légions de documentaires ont
pris vie. Même la plus célèbre des émissions criminelles
françaises Faites entrer l'accusé
a ''tardivement'' consacré l'un de ses numéros à l'affaire Daval.
Bien avant que TF1
s'y mette à son tour, la chaîne BFMTV
a mis à disposition des téléspectateurs la série documentaire
Daval, la série
sous forme de mini-série. Le téléfilm en deux parties de
quarante-cinq minutes Le mystère Daval
demeure quant à lui purement fictionnel même s'il s'inspire bien
sûr d'une tragédie bien réelle. Ce ne sont donc pas les principaux
''acteurs'' de cette affaire criminelle française qui sont donc sur
le devant de la scène mais leurs alter ego de fiction campés entre
autre par Michèle Bernier qui incarne la mère de la victime,
Isabelle Fouillot tandis que Jérôme Anger interprète son époux
Jean-Pierre. Quant au personnage de Jonathann Daval, le réalisateur
Christophe Lamotte (un habitué des drames et des thrillers) l'a
confié à l'acteur Liam Baty...
Quelques liens de documentaires consacrés à l'affaire :
Affaire Daval, un pacte familial ?
Jonathann Daval, le mari aux deux visages
Faites entrer l'accusé : Jonathann Daval, la trahison du gendre idéal
Au-delà
du fait que Le mystère Daval puisse
paraître racoleur et qu'il puisse faire également bondir de colère
certains acteurs de l'affaire (comme en témoigne la mère du
meurtrier qui tenta de faire interdire la mise en chantier du projet
de téléfilm), rien ne distingue vraiment l’œuvre de Christophe
Lamotte de la grande majorité des fictions télévisées du même
type. Comprendre, criminelles. Si d'autres se sont ''compromis'' dans
ce type d'exercice avec bien plus de talent (Claude-Michel Rome avec
Dans la tête du tueur consacré
à Francis Heaulme et au policier Jean-François Abgrall ou Yves
Rénier avec La traque
sur l'affaire Michel Fourniret), Le mystère
Daval n'est
au final rien de moins, rien de plus que l'un de ces éternels
téléfilms policiers sans surprises et multipliant les codes
inhérents au genre. Tout juste nous ''amuserons-nous'' de
redécouvrir des séquences emblématiques de l'affaire sous l'angle
de la fiction. Comme celle lors de laquelle le tueur fut soutenu par
ses beaux-parents lors de son intervention faisant suite à la marche
blanche. À ce titre, louons malgré tout l'interprétation de Liam
Baty qui dans le rôle de Jonathann Daval, le mime presque à la
perfection, ajoutant à ses mimiques, un timbre de voix s'ajustant
parfaitement à celui du meurtrier de son épouse. Comparé aux
innombrables documents audios et vidéos, Le
mystère Daval
paraîtra bien innocent et même parfois étonnamment mièvre. De
rares retours en arrière, des flash-back sur la relation du couple
qui ne rendront ni l'un ni l'autre plus attachants qu'ils ne le
furent au tout début du récit. Ce que l'on veut, ce que l'on
aimerait tout du moins, c'est en apprendre davantage, découvrir les
coulisses de cette affaire même si à cette occasion l'on doit
passer par la case fantaisiste de la fiction. L'un des points noirs
du récit se situe justement dans le choix du réalisateur et de ses
scénaristes Pascal Fontanille et Emmanuelle Rey-Magnan de
s'intéresser avant tout à l'enquête plutôt qu'aux protagonistes
de l'affaire. Prenant leurs distances avec ces derniers, Christophe
Lamotte empêche à toute forme d'empathie de s'installer. C'est donc
dans une quasi-indifférence que l'on assiste aux quelques séquences
qui rassemblent les parents de la victime avec leur beau-fils
Jonathann Daval. Et ce, bien que l'angle parfois choisi de l'intimité
aurait dû rendre le récit encore plus émouvant que n'avait pu
l'être l'affaire dans les médias. Sans être mauvais, Le
mystère Daval
coche toutes les cases du téléfilm policier classique, sans
surprises, morne et engourdi de détails sans intérêt. On
conseillera donc à celles et ceux qui connaissent assez mal cette
affaire de sauter sur les innombrables documentaires qui lui sont
consacrés plutôt que sur ce téléfilm très moyen...