Après m'être fais un
avis définitif sur l'infâme série de CANAL+
Terminal,
j'étais prêt à rendre les armes et à ne plus m'intéresser à
aucun produit humoristique français. Entre des longs-métrages
cinématographiques qui en grande majorité sont d'immondes purges et
cette erreur temporelle (renvoyant à la série H
qui elle possédait au moins quelques mérites) que fut la série
créée par AZ, Giulio Callegari et Andréas Georgiou, il aura fallut
l'intervention de ma compagne pour réussir à me convaincre de jeter
un œil sur celle d'Igor Gotesman et Pierre Niney, Fiasco.
Si Terminal
était un symptôme, la mini-série humoristique française diffusée
sur la plate-forme Netflix
en est le remède. Ou comment passer du pire produit de consommation,
écrit avec les pieds, interprété avec l'entrain d'un banc de
mollusques neurasthéniques, à destination d'un public à
l'encéphalogramme plat, à une série qui démontre que l'art de la
création est encore possible dans le domaine de la comédie
française. Bon après, tout est bien évidemment histoire de
(dé)goût. Certains se demanderont sans doute qui je suis pour
prétendre que Fiasco
vaut mieux que Terminal,
et ils auront bien raison. Toujours est-il qu'en l'espace de quatre
heures trente environ, découpées en sept épisodes, c'est tout
l'humour de l'acteur, réalisateur et scénariste Igor Gotesman que
l'on retrouve à travers cette mise en abyme du septième art. Pour
ne citer que ce seul exemple, si vous avez aimé ou même adoré Five
qu'il réalisa en 2016, sa nouvelle série est faite pour vous. Aucun
problème, vous pouvez traverser la rue les yeux fermés pour vous
rendre devant l'enseigne Netflix
si couramment méprisée (sans doute par effet de mode). Comme
quoi... Il n'est pourtant pas impossible que ceux qui dégueulèrent
très couramment sur l’œuvre de Patrick Sébastien du temps de sa
grande période soient justement ceux qui conspueront également
cette série conjointement écrite entre Igor Gotesman et l'acteur
Pierre Niney. Un Pierre Niney qui, fruit du hasard ou non, avait
l'année passée incarné le rôle principal du dernier long-métrage
de Michel Gondry Le
Livre des solutions
dans lequel il interprétait déjà le rôle d'un cinéaste en plein
désarroi lors du tournage de son dernier film. Plus légère,
parfois plus vulgaire aussi, la mini-série fait probablement moins
appel à l'imagination dans sa forme. Une forme propre au cinéma
d'un Michel Gondry qui s'est malgré tout assagi.
Concernant
Fiasco,
rien ne semble plus évidente que la mise en scène d'Igor Gotesman.
Tout l'intérêt ou presque contenant dans la multitude de gags,
lesquels s'enchaînent à une vitesse folle et sans discontinuer.
Réalisateur et scénariste se penchent tout deux sur Raphaël
Valande, fils de paysans dont le rêve a toujours été de faire du
cinéma malgré le dénigrement continuel de ses proches. Son
projet : réaliser un film inspiré par les actes héroïques de
sa grand-mère Huguette (irrésistible Marie-Christine Barrault en
véritable peau de vache) durant la seconde guerre mondiale. En
effet, celle-ci sauva la vie de nombreux juifs en les abritant chez
elle au péril de sa vie. Pour incarner la valeureuse résistante
dans le biopic consacré à son ancêtre, Raphaël engage la jolie
Ingrid Flamenbaum (Leslie Medina) dont il est secrètement amoureux
depuis ses quatorze ans. Produit par Jean-Marc Torrosian (Pascal
Demolon) et son ex-épouse Nora Zelmati (Évelyne El Garby-Klaï), le
tournage va connaître énormément de problèmes. Les auteurs de
Fiasco
vont tout d'abord jouer avec le phénomène Meeto,
puis faire intervenir un Corbeau,
pousser Nora a abandonner l'aventure et à reprendre ses billes,
intégrer au projet un faux producteur (François Civil dans le
double rôle de Tom et Bartabé) tout cela au sein d'une équipe de
tournage et d'interprètes qui vont eux-mêmes être témoins directs
ou indirects des épreuves que devront surmonter Raphaël et toute
l'équipe. Notons la présence de Vincent Cassel dans le rôle
hautement jouissif de Robin Jacomet, l'acteur principal du projet.
Au-delà des punchlines, des dialogues et des gags, Fiasco
interroge sur certains phénomènes de société comme cité plus
haut Meeto,
mais également celui concernant les réseaux sociaux, l'image que
renvoient les célébrités, l'importance certaines exigences propres
aux producteurs, tout en les enrobant d'une pleine couche
d'autodérision. Certains seconds rôles participent gaiement aux
festivités, à l'image de Louise Coldefy dans le rôle de la
maquilleuse à la mauvaise haleine, Ludivine que le réalisateur
emploie à nouveau après Five
en 2016 et la série Family
Business entre
2019 et 2021. On pense également à Djimo, lequel incarne le
cantinier Karim dont personne ne veut manger les plats. Fiasco
est donc une mini-série très riche, très généreuse, pas toujours
très fine mais bon dieu, qu'est-ce qu'on rigole...