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dimanche 11 mai 2025

Frankenstein: The True Story de Jack Smight (1973) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Célèbre créature du bestiaire fantastique créée avant sa toute première parution en 1818 par la romancière britannique Mary Shelley, Frankenstein fut de nombreuses fo....... Euh ! Attendez, on reprend tout depuis le début...... Car en effet, contrairement à ce que beaucoup prétendent connaître du mythe, Frankenstein n'est pas une créature mais le nom de celui qui la créa. En effet, le monstre dont il est question dans le roman Frankenstein; or, The Modern Prometheus est à l'origine l’œuvre d'un scientifique suisse né à Naples, en Italie, du nom de Victor Frankenstein. Le premier étant étroitement lié au second, il n'est donc pas rare qu'on les confonde. D'autant plus que le cinéma orne en général les affiches de films adaptés du roman du nom du scientifique tout en arborant principalement sa création conçue à partir de morceaux de cadavres prélevés sur différents corps. Si le mythe fut à de nombreuses reprises adapté sur grand écran ainsi qu'au théâtre, plusieurs adaptations virent également le jour à la télévision. Parmi ces dernières, deux furent produites et diffusées en 1973. La première, purement américaine, fut sobrement intitulée Frankenstein et réalisée par Glenn Jordan. Quant à la seconde, celle qui nous intéresse ici précisément fut une collaboration entre l'Amérique de Richard Nixon et le Royaume-Unis. Une adaptation relativement prétentieuse, voire osée, qui sous le titre Frankenstein: The True Story prétendait donc relater la véritable histoire du scientifique et de sa célèbre créature. Cependant, l'on découvre rapidement les ambitions du réalisateur Jack Smight et des scénaristes Christopher Isherwood et Don Bachardy qui plutôt que de reprendre Frankenstein; or, The Modern Prometheus ligne par ligne ont semble-t-il préféré l'actualiser à leur sauce. Bien sûr, certaines lignes plus ou moins importantes sont conservées. Et notamment lors de la ''naissance'' du monstre opérée par Victor Frankenstein. Pourtant, l'un des grands bouleversements du récit s'inscrit dès l'apparition à l'écran du personnage du docteur Henry Clerval qu'interprète à l'image l'acteur David McCallum (Les séries Des agents très spéciaux et L'homme invisible). Car si Victor Frankenstein qu'incarne de son côté Leonard Whiting donnera effectivement la dernière touche à cet étrange rêve narcissique de toucher à cette forme de divin consistant à donner la vie à partir de ''matières mortes'', c'est bien son ami Henry qui dans le cas du téléfilm en est l'initiateur. Une manière pour Jack Smight d'idéaliser le personnage central du récit quant dans le roman, celui-ci aura tendance à devenir arrogant au fil du récit !


Le téléfilm bouleverse donc la donne et pour une œuvre qui se prétend être une version véritable du roman de Mary Shelley, la surprise est en fait relativement conséquente. Ce qui, à vrai dire, n'a que peu de conséquences sur l'intérêt puisque Frankenstein: The True Story est une très bonne surprise interprétée par d'excellent acteurs. La créature est incarnée par le canadien Michael Sarrazin. Au sujet de celle-ci, même si elle est elle aussi idéalisée à travers le visage angélique de son interprète par rapport à la description qu'en faisait à l'époque la romancière britannique, la créature retrouve cependant peu ou prou l'intelligence de celle décrite par Mary Shelley même si elle reste majoritairement muette. Contrairement aux adaptations cinématographiques où le monstre est en général décrit comme une créature dénuée de toute réflexion ! Parmi les personnages secondaires du récit que l'on retrouve dans le téléfilm, on peut noter la présence de l'aveugle ou celle de la fiancée de Victor, Elizabeth Fanshawe (l'actrice Nicola Pagett). En outre, James Mason incarne le rôle du Docteur John Polidori, en hommage à l'écrivain éponyme italo-anglais connu pour sa nouvelle The Vampyre et qui ici est décrit comme un être sans scrupules et immoral dont les ambitions originellement similaires à celles de Clerval et Frankenstein vont bien plus loin. Notons également la présence de Jane Seymour dans le double rôle d'Agatha et Prima. La première est la fille du vieil aveugle tandis qu'après son décès, sa tête est prélevée afin de servir à une nouvelle création. Prima devenant ainsi la ''partenaire'' féminine de la créature. Un concept qui sera notamment repris par James Whale en 1935 dans son chef-d’œuvre, Bride of Frankenstein. Bien que Jack Smight et ses scénaristes amenuisent le portrait orgueilleux de Victor Frankenstein en le faisant apparaître pendant quarante-cinq bonnes minutes comme un partisan des ambitions dévorantes de son ami Henry Clarvel (et plus tard, de celles de Polidori), Frankenstein: The True Story n'offre pas qu'une vision ''romanesque'' du roman comme en témoignent certaines séquences empruntant à l'horreur la plus viscérale. Le téléfilm offre en outre une très belle reconstitution de l'époque à travers ses décors et ses costumes. Malgré ses larges prises de liberté, le téléfilm demeure une mémorable adaptation qui vaut bien une majeure partie des films qui au cinéma ont consacré leur sujet au mythe de Frankenstein...

 

samedi 10 mai 2025

La belle étincelle de Hervé Mirman (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Un p'tit truc en plus d'Artus ? Sympa, ouais, mais pas non plus ''Extraordinaire'' ! Faut quand même pas en rajouter. Mettre en scène des handicapés mentaux, c'est bien. C'est même très bien. Mais faudrait voir à pas les traiter simplement comme de la marchandise. Ce n'est peut-être pas le terme approprié mais il y a une tendance très actuelle consistant à générer l'inclusion. Des couples homosexuels par-ci, des œuvres saupoudrées de transidentité par-là. Et même, la délicate situation des migrants en attente de régularisation même si certains d'entre eux sont en France en tout illégalité (L'histoire de Souleyman) ! Il en faut pour tout le monde, certes. Mais la multiplication des longs-métrages abordant l'inclusivité apparaît surtout comme un moyen théorique d'attirer plus de monde dans les salles et donc de faire plus de pognon. Ce qui, au fond, est faux au vu de certains résultats au Box-office français. Alors que souvent le handicap mental ou physique est traité dans l'hexagone avec une certaine intelligence, il est des œuvres dont on a sans doute beaucoup moins entendu parler et qui pourtant méritent autant d'attention que les comédies françaises traitant le sujet et ayant eu les honneurs d'une sortie en salle (le film d'Artus, Chacun pour tous de Vianney Lebasque​​ en 2018, etc...). À ce titre, La Belle Étincelle de Hervé Mirman (Un homme pressé en 2018, A l'ancienne en 2024) est une excellente surprise qui à son tour a pris pour sujet commun avec certaines comédies françaises, le handicap mental ! L'inclusivité étant non seulement au cœur du scénario de Béatrice Fournera et Caroline Franc mais aussi au sein du casting, la majeure partie des personnages atteints de déficiences mentales sont eux-mêmes interprétés par des acteurs handicapés. Parmi eux, l'on reconnaîtra Angélique Bridoux qui depuis 2015 est apparue au cinéma, à la télévision et au théâtre ainsi que Vincent Chalambert qui en 2018 avait déjà fait partie du casting de Chacun pour tous et qui en 2023 partagera la vedette avec l'insupportable (avis perso) Corinne Masiero dans La marginale de Franck Cimière ! Si le sujet du handicap est au centre de l'intrigue, nous retrouvons à l'affiche Bernard Campan, Mélanie Doutey, Lionnel Astier et Laurent Bateau.


La Belle Étincelle démarre sur un postulat pas très original puisque ça n'est pas la première fois qu'est abordé le sujet de la ''rédemption'' d'un individu contraint de ''supporter'' un environnement peu en adéquation avec ses habitudes. On pense notamment à l'excellent Campeones du cinéaste espagnol Javier Fesser en 2018 ou à son remake américain, Champions, réalisé cinq ans plus tard par Bobby Farrelly. Sauf qu'ici, l'intrigue ne se déroule pas sur un terrain de basket mais dans les cuisines d'un petit restaurant qui risque de fermer prochainement ses portes. Noé (Gauthier Gagnière) est un jeune autiste qui ne parvient pas à garder un emploi plus de quelques jours. Lorsque sa mère Virginie (Mélanie Doutey) entend dire que le grand Chef-cuisinier Philippe Lamarck (Bernard Campan) a perdu son travail après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo le mettant en scène dans une situation très inconfortable, elle propose à Gérard, le propriétaire du restaurant en perdition incarné par Lionnel Astier, de convier Lamarck à participer à un projet de restauration tenue en grande partie par un personnel atteint de handicaps mentaux... Si La belle étincelle n'a sans doute pas les ambitions d'une œuvre cinématographique, le téléfilm de Hervé Mirman n'en est pas moins doté de certaines qualités qui en font un spectacle très honorable le hissant, quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, à la hauteur de la comédie d'Artus. Traité pourtant sur un ton légèrement moins humoristique qu'Un p'tit truc en plus, La belle étincelle bénéficie cependant de quelques séquences amusantes que l'on doit notamment aux jeunes interprètes atteints de handicaps. Des acteurs et des personnages attachants, voire même émouvants. Ce qui fait d'ailleurs la principale qualité du téléfilm qui ne se veut pas qu'une simple comédie ou n'être exclusivement qu'un drame. C'est avec une certaine sensibilité que le réalisateur adapte un scénario qui à l'origine provient d'un post laissé sur un réseau social s'agissant de l'authentique restaurant La Belle Étincelle dont la majorité des employés sont eux-mêmes en situation de handicap. Touchant et drôle à la fois, La Belle étincelle est un excellent téléfilm, porté par le duo Bernard Campan/Mélanie Doutey, par Lionnel Astier ainsi que par ses jeunes interprètes...

 

lundi 14 avril 2025

Black Mirror - Saison 7 - Episode 3 - Hotel reveries de Toby Hayes (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Hotel Reveries est le troisième épisode de la septième saison de Black Mirror. Venant après Des gens ordinaires et La bête noire, certains vont jusqu'à affirmer qu'il s'agit peut-être et même sans doute du meilleur de tous. Et pas seulement le meilleur de la dernière mais bien des sept saisons que constitue cette série britannique de science-fiction dystopique ! Ouais, carrément ! Sauf que... ben en fait, non. J'irai même jusqu'à dire qu'en ce qui concerne la nouvelle fournée, parmi les trois premiers épisodes, celui-ci est le moins bon. Partant d'un postulat au demeurant fascinant, Charlie Brooker et le réalisateur Haolu Wang passent à côté d'un projet qui aurait sans doute parlé davantage aux cinéphiles si les deux hommes ne s'étaient pas simplement ''inspirés'' de Brief Encounter de David Lean. Quitte à évoquer les nouvelles technologies, le concept aurait gagné en ampleur s'ils avaient osé s'en munir pour intégrer les personnages de Brandy Friday et Dorothy Chambers au sein d'une œuvre ayant réellement existé plutôt que de simplement s'en inspirer. Brandy (l'actrice Issa Rae) est à la recherche d'un nouveau rôle qui lui permettrait d'incarner enfin le personnage principal. La jeune femme apprend qu'un remake de Hotel Reveries est à l'étude et après avoir déposé sa candidature, la voici engagée sur le projet. Mais par pour y tenir le rôle de Clara qu'interpréta à l'époque l'actrice Dorothy Chambers mais celui de l'autre personnage principal de ce classique du film romantique, le docteur Alex Palmer. Se présentant au studio, Brandy apprend que le tournage n'aura rien de classique puisque sa conscience sera transférée au cœur du récit original. La jeune femme se retrouve donc plongée dans un univers en noir et blanc, dans un monde virtuel où sont reproduits les décors ainsi que les figurants présents dans la version datant des années 40. L'actrice va y faire la connaissance de Clara/Dorothy. Suivant le scénario à la lettre et guidée par les techniciens qui dans le studio la dirigent, des problèmes interviennent durant le déroulement du récit ce qui a pour conséquence de provoquer des dysfonctionnements. En outre, Clara semble prendre conscience de sa propre existence. Lorsqu'un incident survient dans le studio, le contact entre les techniciens et les deux actrices est interrompu. Alors que l'écran qui projette le film en construction disparaît, l'histoire entre Clara/Dorothy.et Alex Palmer/Brandy se poursuit.


Des sentiments naissent entre les deux jeunes femmes qui vont vivre une véritable histoire d'amour qui dans le temps ne correspond pas à celui écoulé dans le studio... Pas évident de résumer cet épisode sans omettre quelques points cruciaux. Et pourtant, malgré un scénario qui en tous points ou presque s'avère des plus fascinant, Hotel Reveries imprime un rythme lent. Beaucoup trop lent ! Si l'idée semble originale, elle ne l'est pourtant pas tout à fait. Fruit du hasard ou non, l'année dernière est sortie sur SyFy la seconde saison de la sympathique série de science-fiction américaine The Ark créée en 2022 par Dean Devlin et Jonathan Glassner. Un Space-Opera qui donc ne paraît pas avoir de rapport quelconque avec la dystopie de Charlie Brooker mais au sein de laquelle l'on trouve cependant un épisode dont l'intrigue se rapproche sensiblement de celle de Hotel Reveries. En effet, dans l'antépénultième épisode intitulé Ça aurait dû être toi, deux des principaux personnages de la série Garnet et Ian se retrouvaient piégés dans l'arche alors qu'ils étaient en réalité dans une forme de coma dans l'infirmerie du vaisseau. Durant leur perte de conscience, les deux personnages vécurent une vie entière, isolés du reste de l'équipage jusqu'à leur réveil. Qui n'a pas vu cet épisode de The Ark ne peut comprendre l'étrange impression que l'on ressent devant la diffusion de Hotel Reveries. La part de technologie n'étant évidemment pas étroitement liée, l'épisode réalisé par Haolu Wang exploite maladroitement son concept. À vrai dire, il aurait sans doute fallut que l'épisode bénéficie d'une durée beaucoup plus importante pour que se mettent véritablement en place les enjeux du récit. Avec ses quarante-cinq minutes, trop courtes selon moi, Hotel Reveries empêche littéralement d'adhérer au concept et aux conséquences qui l'entourent. Pour aller plus loin et revendiquer le fait que NON, cet épisode n'est pas le meilleur de cette septième saison et encore moins celui de tous les épisodes de la série, quoi de mieux que de se replonger dans le formidable Pleasantville que réalisa Gary Ross en 1998 ? Prouvant ainsi que le concept avait déjà été traité sur grand écran et ce, de la plus magistrale des manières...

 

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