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samedi 10 mai 2025

La belle étincelle de Hervé Mirman (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Un p'tit truc en plus d'Artus ? Sympa, ouais, mais pas non plus ''Extraordinaire'' ! Faut quand même pas en rajouter. Mettre en scène des handicapés mentaux, c'est bien. C'est même très bien. Mais faudrait voir à pas les traiter simplement comme de la marchandise. Ce n'est peut-être pas le terme approprié mais il y a une tendance très actuelle consistant à générer l'inclusion. Des couples homosexuels par-ci, des œuvres saupoudrées de transidentité par-là. Et même, la délicate situation des migrants en attente de régularisation même si certains d'entre eux sont en France en tout illégalité (L'histoire de Souleyman) ! Il en faut pour tout le monde, certes. Mais la multiplication des longs-métrages abordant l'inclusivité apparaît surtout comme un moyen théorique d'attirer plus de monde dans les salles et donc de faire plus de pognon. Ce qui, au fond, est faux au vu de certains résultats au Box-office français. Alors que souvent le handicap mental ou physique est traité dans l'hexagone avec une certaine intelligence, il est des œuvres dont on a sans doute beaucoup moins entendu parler et qui pourtant méritent autant d'attention que les comédies françaises traitant le sujet et ayant eu les honneurs d'une sortie en salle (le film d'Artus, Chacun pour tous de Vianney Lebasque​​ en 2018, etc...). À ce titre, La Belle Étincelle de Hervé Mirman (Un homme pressé en 2018, A l'ancienne en 2024) est une excellente surprise qui à son tour a pris pour sujet commun avec certaines comédies françaises, le handicap mental ! L'inclusivité étant non seulement au cœur du scénario de Béatrice Fournera et Caroline Franc mais aussi au sein du casting, la majeure partie des personnages atteints de déficiences mentales sont eux-mêmes interprétés par des acteurs handicapés. Parmi eux, l'on reconnaîtra Angélique Bridoux qui depuis 2015 est apparue au cinéma, à la télévision et au théâtre ainsi que Vincent Chalambert qui en 2018 avait déjà fait partie du casting de Chacun pour tous et qui en 2023 partagera la vedette avec l'insupportable (avis perso) Corinne Masiero dans La marginale de Franck Cimière ! Si le sujet du handicap est au centre de l'intrigue, nous retrouvons à l'affiche Bernard Campan, Mélanie Doutey, Lionnel Astier et Laurent Bateau.


La Belle Étincelle démarre sur un postulat pas très original puisque ça n'est pas la première fois qu'est abordé le sujet de la ''rédemption'' d'un individu contraint de ''supporter'' un environnement peu en adéquation avec ses habitudes. On pense notamment à l'excellent Campeones du cinéaste espagnol Javier Fesser en 2018 ou à son remake américain, Champions, réalisé cinq ans plus tard par Bobby Farrelly. Sauf qu'ici, l'intrigue ne se déroule pas sur un terrain de basket mais dans les cuisines d'un petit restaurant qui risque de fermer prochainement ses portes. Noé (Gauthier Gagnière) est un jeune autiste qui ne parvient pas à garder un emploi plus de quelques jours. Lorsque sa mère Virginie (Mélanie Doutey) entend dire que le grand Chef-cuisinier Philippe Lamarck (Bernard Campan) a perdu son travail après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo le mettant en scène dans une situation très inconfortable, elle propose à Gérard, le propriétaire du restaurant en perdition incarné par Lionnel Astier, de convier Lamarck à participer à un projet de restauration tenue en grande partie par un personnel atteint de handicaps mentaux... Si La belle étincelle n'a sans doute pas les ambitions d'une œuvre cinématographique, le téléfilm de Hervé Mirman n'en est pas moins doté de certaines qualités qui en font un spectacle très honorable le hissant, quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, à la hauteur de la comédie d'Artus. Traité pourtant sur un ton légèrement moins humoristique qu'Un p'tit truc en plus, La belle étincelle bénéficie cependant de quelques séquences amusantes que l'on doit notamment aux jeunes interprètes atteints de handicaps. Des acteurs et des personnages attachants, voire même émouvants. Ce qui fait d'ailleurs la principale qualité du téléfilm qui ne se veut pas qu'une simple comédie ou n'être exclusivement qu'un drame. C'est avec une certaine sensibilité que le réalisateur adapte un scénario qui à l'origine provient d'un post laissé sur un réseau social s'agissant de l'authentique restaurant La Belle Étincelle dont la majorité des employés sont eux-mêmes en situation de handicap. Touchant et drôle à la fois, La Belle étincelle est un excellent téléfilm, porté par le duo Bernard Campan/Mélanie Doutey, par Lionnel Astier ainsi que par ses jeunes interprètes...

 

lundi 14 avril 2025

Black Mirror - Saison 7 - Episode 3 - Hotel reveries de Toby Hayes (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Hotel Reveries est le troisième épisode de la septième saison de Black Mirror. Venant après Des gens ordinaires et La bête noire, certains vont jusqu'à affirmer qu'il s'agit peut-être et même sans doute du meilleur de tous. Et pas seulement le meilleur de la dernière mais bien des sept saisons que constitue cette série britannique de science-fiction dystopique ! Ouais, carrément ! Sauf que... ben en fait, non. J'irai même jusqu'à dire qu'en ce qui concerne la nouvelle fournée, parmi les trois premiers épisodes, celui-ci est le moins bon. Partant d'un postulat au demeurant fascinant, Charlie Brooker et le réalisateur Haolu Wang passent à côté d'un projet qui aurait sans doute parlé davantage aux cinéphiles si les deux hommes ne s'étaient pas simplement ''inspirés'' de Brief Encounter de David Lean. Quitte à évoquer les nouvelles technologies, le concept aurait gagné en ampleur s'ils avaient osé s'en munir pour intégrer les personnages de Brandy Friday et Dorothy Chambers au sein d'une œuvre ayant réellement existé plutôt que de simplement s'en inspirer. Brandy (l'actrice Issa Rae) est à la recherche d'un nouveau rôle qui lui permettrait d'incarner enfin le personnage principal. La jeune femme apprend qu'un remake de Hotel Reveries est à l'étude et après avoir déposé sa candidature, la voici engagée sur le projet. Mais par pour y tenir le rôle de Clara qu'interpréta à l'époque l'actrice Dorothy Chambers mais celui de l'autre personnage principal de ce classique du film romantique, le docteur Alex Palmer. Se présentant au studio, Brandy apprend que le tournage n'aura rien de classique puisque sa conscience sera transférée au cœur du récit original. La jeune femme se retrouve donc plongée dans un univers en noir et blanc, dans un monde virtuel où sont reproduits les décors ainsi que les figurants présents dans la version datant des années 40. L'actrice va y faire la connaissance de Clara/Dorothy. Suivant le scénario à la lettre et guidée par les techniciens qui dans le studio la dirigent, des problèmes interviennent durant le déroulement du récit ce qui a pour conséquence de provoquer des dysfonctionnements. En outre, Clara semble prendre conscience de sa propre existence. Lorsqu'un incident survient dans le studio, le contact entre les techniciens et les deux actrices est interrompu. Alors que l'écran qui projette le film en construction disparaît, l'histoire entre Clara/Dorothy.et Alex Palmer/Brandy se poursuit.


Des sentiments naissent entre les deux jeunes femmes qui vont vivre une véritable histoire d'amour qui dans le temps ne correspond pas à celui écoulé dans le studio... Pas évident de résumer cet épisode sans omettre quelques points cruciaux. Et pourtant, malgré un scénario qui en tous points ou presque s'avère des plus fascinant, Hotel Reveries imprime un rythme lent. Beaucoup trop lent ! Si l'idée semble originale, elle ne l'est pourtant pas tout à fait. Fruit du hasard ou non, l'année dernière est sortie sur SyFy la seconde saison de la sympathique série de science-fiction américaine The Ark créée en 2022 par Dean Devlin et Jonathan Glassner. Un Space-Opera qui donc ne paraît pas avoir de rapport quelconque avec la dystopie de Charlie Brooker mais au sein de laquelle l'on trouve cependant un épisode dont l'intrigue se rapproche sensiblement de celle de Hotel Reveries. En effet, dans l'antépénultième épisode intitulé Ça aurait dû être toi, deux des principaux personnages de la série Garnet et Ian se retrouvaient piégés dans l'arche alors qu'ils étaient en réalité dans une forme de coma dans l'infirmerie du vaisseau. Durant leur perte de conscience, les deux personnages vécurent une vie entière, isolés du reste de l'équipage jusqu'à leur réveil. Qui n'a pas vu cet épisode de The Ark ne peut comprendre l'étrange impression que l'on ressent devant la diffusion de Hotel Reveries. La part de technologie n'étant évidemment pas étroitement liée, l'épisode réalisé par Haolu Wang exploite maladroitement son concept. À vrai dire, il aurait sans doute fallut que l'épisode bénéficie d'une durée beaucoup plus importante pour que se mettent véritablement en place les enjeux du récit. Avec ses quarante-cinq minutes, trop courtes selon moi, Hotel Reveries empêche littéralement d'adhérer au concept et aux conséquences qui l'entourent. Pour aller plus loin et revendiquer le fait que NON, cet épisode n'est pas le meilleur de cette septième saison et encore moins celui de tous les épisodes de la série, quoi de mieux que de se replonger dans le formidable Pleasantville que réalisa Gary Ross en 1998 ? Prouvant ainsi que le concept avait déjà été traité sur grand écran et ce, de la plus magistrale des manières...

 

samedi 12 avril 2025

Black Mirror - Saison 7 - Episode 2 - Bête Noire de Toby Hayes (2025) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Après un premier épisode très marquant, une question demeure : Charlie Brooker va-t-il parvenir à maintenir le même niveau de qualité tout au long des six épisodes qui constituent cette septième saison de la série britannique Black Mirror ? L'épisode numéro deux intitulé Bête Noire semble en effet le confirmer même si l'on est tout de même loin ici d'atteindre l'impact du très émouvant Des gens ordinaires. Pourtant, à bien y réfléchir et même si au final Bête Noire n'est peut-être pas aussi innovant, le créateur et scénariste de la série parvient à y mêler divers concepts qui fonctionnent plutôt bien entre eux. Dans cet épisode, Maria (Siena Kelly) travaille dans une entreprise de création de chocolats où elle conçoit de nouvelles recettes. Très appréciée de ses collaborateurs et de son patron, la jeune femme vient de concevoir une barre chocolatée fourrée au miso qui doit être testée par un groupe d'une dizaine de personnes. Parmi elles, une certaine Verity (Rosy McEwen), jeune femme blonde plutôt timide et réservée que semble connaître Maria et qui est la seule à apprécier sa nouvelle création. Et en effet : ces deux là se sont connues il y a longtemps. Deux anciennes camarades de classes qui ne se sont pourtant jamais vraiment côtoyées. Alors que Maria pense que Verity n'est venue que pour tester sa nouvelle recette, elle apprend que celle-ci est surtout venue se présenter pour un poste. Très vite engagée, Verity est aussi rapidement appréciée par ses nouveaux collègues. Maria, quant à elle, voit d'un mauvais œil l'arrivée de la jeune femme dans l'entreprise. D'autant plus que depuis l'accession au nouveau poste de Verity, d'étranges événements semblent se produire dans l'entreprise... Titré ainsi dans sa version originale, Bête Noire se réfère directement au comportement ou au sentiment d'aversion que l'on peut ressentir vis à vis d'un individu. Maria prend donc en grippe la nouvelle venue alors même que celle-ci apparaît comme une nouvelle et très agréable collègue de travail. L'idée du scénario de cet épisode réalisé cette fois-ci par Toby Haynes étant d'évoquer la jalousie dans l'entreprise. Mais Bête Noire cache en réalité un certain nombre de ramifications dont certaines remontent au passé lointain des deux jeunes femmes.


Outre le sentiment de se faire déposséder de l'attention de ses collègues par la nouvelle venue, Maria semble quelque peu perdre la tête à travers des événements apparemment sans importance mais qui auront un véritable impact sur sa carrière. De plus, il plane au dessus de l'épisode le concept de vengeance à travers un passé trouble mais commun à nombre d'adolescents qui durant leurs études furent les victimes de harcèlement. La venue de Verity dans l'entreprise ne serait donc pas simplement le fruit d'un hasard. Jusque là, le spectateur est en droit de se demander le rapport entre cet épisode et le concept qui enrobe généralement la série de Charlie Brooker. L'on prend conscience que Bête Noire pourrait prendre le même chemin que le pathétique Mazey Day de la saison précédente jusqu'à ce qu'un élément qui se réfère enfin à l'idée que l'on se fait de Black Mirror ne vienne expliquer les événements qui viennent de se produire. En ce sens, ce second épisode se montre relativement diabolique, crispant et donc assez stressant. Et ce, même si le script est au fond assez classique en dehors d'un dénouement plutôt ludique qui opposera nos deux principales interprètes. Tandis qu'il est habituellement commun de prendre fait et cause pour l'héroïne qui se voit harcelée ou victime d'une machination, Siena Kelly interprète une Maria franchement peu attachante et pour laquelle le spectateur n'éprouve finalement que peu de compassion. De son côté, Rosy McEwen incarne avec malice le rôle de Verity, jouant un double jeu avec ses nouveaux collègues. Pleurnichant alors dans son mouchoir chaque fois que Maria s'emporte avec elle mais lui faisant de loin des clins d’œil lorsque les autres lui tournent le dos. Histoire de bien faire comprendre à la créatrice en chocolaterie quelles sont ses véritables intentions. Bref, Bête Noire est un sympathique épisode, suffisamment taquin pour retenir l'attention jusqu'à sa résolution même s'il ne brille pas de ce même intérêt que fut celui qui entoura l'épisode précédent. Un entracte avant ce qui d'après nombre de téléspectateurs serait parait-il le meilleur épisode de la série, toutes saisons confondues...

 

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