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vendredi 4 décembre 2020

The Last Farewell de Michael London (1984) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Il y a quarante-quatre ans apparaissait pour la toute première fois sur la chaîne de télévision française TF1 la série culte Little House on the Prairie créée par Michael London et adaptée du roman de Laura Ingalls Wilder qui fut l'auteur d'un certain nombre d'ouvrages mettant en scène cette fameuse petite maison dans la prairie qui servait de lieu de vie à la célèbre famille Ingalls. Une série absolument remarquable qui en plus de deux-cent épisodes a su prôner des valeurs justes et émotionnellement fortes. Mais comme toute série, celle-ci connut elle aussi une fin. Les téléspectateurs américains se passionnant de moins en moins pour ses personnages parmi lesquels certains disparurent des radars (à l'image de l'actrice Katerine MacGregor qui incarna la peu sympathique mais tout de même attachante Harriet Oleson) quand d'autres vieillirent. Entre 1983 et 1984 sont produits non plus des épisodes tels qu'ils se présentaient (généralement d'une durée moyenne de quarante-cinq minutes), mais trois téléfilms dont le dernier intitulé The Last Farewell (Le Dernier Adieu) allait s'avérer un véritable choc émotionnel pour les fans du monde entier...


En effet, la production ayant signé un accord dix ans auparavant sur les termes concernant l'utilisation du terrain servant à la fabrication du village de Walnut Grove, le contrat prévoyait qu'à la fin de la série, le village devait disparaître. Mais alors qu'il doit être démonté, Michael London, qui interprète également le rôle de Charles Ingalls propose une idée qui va se révéler techniquement moins coûteuse que le démantèlement des édifices, mais absolument redoutable pour les âmes sensibles qui ne jurent alors à l'époque que par les familles Ingalls, Olson, Carter (les familles Edwards et Garvey ne faisant plus partie du récit à ce moment là) ainsi que par le révérend Alden, le docteur Baker ou ce bon vieux Monsieur Edwards. Nous apprenons en effet dans ce tout dernier épisode qu'est The Last Farewell que les terres n'appartiennent non pas à celles et ceux qui ont bâti leur maison ou leur commerce mais à un certain Lassiter (l'acteur James Karen notamment vu dans l'excellent Retour des Morts-Vivants de Dan O'Bannon), propriétaire violent et intraitable d'un chemin de fer. Les villageois ont d'abord quarante-huit pour déguerpir puisqu'ils se sont mis d'accord pour refuser la proposition du bonhomme de travailler pour lui, jusqu'à ce que Laura Ingalls (Melissa Gilbert) propose aux habitants de ne rien laisser à Lassiter de tout ce qu'ils ont bâtit durant toutes ces années..


Ce qui donne lieu à l'une des séquences les plus déchirantes de toute la série. Car si l'on pense rétrospectivement à toutes ces années que l'on a vécu parmi les habitants de Walnut Grove (et de Plum Creek où vivent en réalité pendant des années les membres de la famille Ingalls), à nous inviter chez Charles et Caroline, dans la boutique des Olson ou encore dans la petite église du village (seul édifice à n'avoir pas été détruit lors de ce dernier épisode, tout comme la petite maison elle-même qui disparut finalement dans un incendie en 2003), assister à la disparition pure et simple de ce décor paradisiaque et symboliquement reposant (rien à voir avec les grandes villes bruyantes que parcouraient parfois nos héros) fut un déchirement. Détail troublant, lorsque l'on assiste à cet ultime épisode, on peut voir certains des interprètes pleurer réellement. Malgré tout, et même si Walnut Grove n'existe plus en l'état, la télévision est là pour nous rappeler que nombre de personnages incroyablement attachants y ont un jour foulé le sol de leurs propres pas. Inoubliable...

 

mercredi 2 décembre 2020

Mortel Été de Denis Malleval (2012) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Ne serait-ce la beauté de son héroïne, son sourire et ses robes d'été, pas sûr que Mortel Été, l'un des innombrables téléfilms réalisés par Denis Malleval pour le petit écran, aurait pu retenir mon attention au delà de la première demi-heure, voire la première moitié. Pourtant capable de nous asséner parfois d'excellents thrillers, celui-ci tourne malheureusement à vide. En cause ? Un scénario relativement peu crédible et une mise en scène ''fatiguée''. Si l'auteur de La Boule Noir en 2015 et plus récemment des Ombres du Passé en 2018 a volontairement imprimé un rythme lent afin de donner l'impression qu'il ne se passe rien dans ce triste patelin camarguais où seule Julie, la compagne du garagiste Simon est capable d’égayer ses habitants, le pari est réussi. Malheureusement, on a surtout l'impression que les interprètes et Denis Malleval lui-même s'ennuient face à cette histoire scénarisée par Johanne Rigoulot d'après le roman écrit à quatre mains par Jean-Marie Laclavetine et Philippe Chauvet, Port-Paradis. Un récit qui au fond ne tient pas la route. À trop se concentrer sur le personnage incarné par la jolie Aïssa Maïga qui parvint tout de même à remporter un prix d'interprétation féminine au festival de Luchon de 2013, le film en oublierait presque de développer son intrigue...


Cette histoire qui débute par le meurtre d'un certain Louis avec lequel Julie a choisi de partir afin d'échapper à son morne quotidien. Compagne de Simon, lequel lui a promis il y a longtemps de l'emmener à bord de son bateau jusqu'au Chili a fini par en avoir assez d'attendre. Mais la disparition de Louis contrecarre les plans de la jeune femme, contrainte de continuer à faire du sur-place. Alors que son ''frère'' Fred semble impliqué dans un drôle de trafic, Julie accepte un soir d'accompagner l'un de leurs amis Alexis jusque chez lui. Après avoir bu un verre en sa compagnie, la jeune femme décide de rentrer chez elle à vélo. Le lendemain, deux gendarmes se rendent jusqu'à la station-essence et lui annoncent qu'Alexis est mort asphyxié par un incendie qui s'est déclaré chez lui durant la nuit...


Dès lors, Mortel Été se mue en mortel ennui et confronte le spectateur avec un récit dont toutes les facettes semblent malheureusement inachevées. Bruno Solo, Lionnel Astier, Anémone et Bruno Debrandt ont beau participer au projet, on a beaucoup de mal à croire à cette histoire faite de bouts de ficelles que le réalisateur ne parvient malheureusement pas à assembler les uns aux autres. Le téléfilm évoque un temps un trafic d'armes et de drogue, de vagues liaisons adultères entre l’ambiguë héroïne et plusieurs hommes du village, la disparition de celui avec lequel elle prévoyait de partir... Tout ceci sans qu'aucun événement ne soit vraiment développé jusqu'à son terme. En fait, toute une série d'événements ne servant qu'à faire du remplissage tant le réalisateur semble vouloir uniquement se concentrer sur son héroïne. Visuellement, rien d'extraordinaire non plus. Esthétiquement Mortel Été a bien du mal à cacher ses origines télévisuelles. Mais cela reste encore un point de détail comparé au reste. Le téléfilm donne surtout l'impression de vouloir parfois marcher sur les traces de L’Été en Pente Douce que réalisa le cinéaste Gérard Krawczyk et qui sortit sur les écrans vingt-cinq ans auparavant. Mais rien de comparable en réalité car Mortel Été est vraiment poussif et son intrigue passablement inintéressante...

 

Mon Frère bien Aimé de Denis Malleval (2016) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Réalisé par Denis Malleval, l'auteur de Jusqu'en Enfer avec Bruno Solo en 2009, de La Boule Noire avec Bernard Campan en 2014 ou encore de La Bonne Dame de Nancy avec Véronique Genest en 2016, et surtout l'un des spécialistes du thriller formaté pour le petit écran, Mon Frère bien Aimé est l'un de ses derniers ''méfaits'' télévisuels. Et comme à son habitude, il nous a concocté l'un de ces téléfilms dont il a le secret. Durant un peu plus d'une heure trente il va réussir à tenir en haleine le spectateur avec un sujet aussi sinistre que pessimiste. Là où le titre même de ce téléfilm semble anachronique par rapport aux faits, l'histoire est celle de deux frères dont l'un demande de l'aide à l'autre après avoir tué par accident sa maîtresse, une jeune fille de dix-sept ans, après qu'elle lui ait demandé de quitter sa femme pour elle. Aîné des frères Leroy, Étienne est responsable d'une conserverie financièrement aux abois tandis que Mathias, son frère, PDG d'une très grande entreprise, vient de signer un contrat de plusieurs milliards d'euros. Mais cette fois-ci, c'est ce dernier qui est aux abois. Il supplie Étienne de lui venir en aide afin de faire disparaître le corps de la victime. Celui-ci accepte et commence alors pour lui une véritable descente aux enfers...


Basé sur un scénario écrit par Luc Chaumar et Anne Valton, Mon Frère bien Aimé démontre qu'il existe des cas où rendre la monnaie de sa pièce à un membre de sa famille qui vous a rendu un immense service est impossible. Ces deux frères, ce sont Olivier Marchal et Michael Youn qui les interprètent. Chacun à leur manière. Chacun avec sa propre sensibilité. Mais d'une manière générale, relativement nuancée. Tout sépare les deux hommes. Entre le premier, vieillissant, rencontrant des difficultés financière et le second, qui monte de plus en plus dans l'échelle sociale et réussi tout ce qu'il entreprend. Mon Frère bien Aimé bat le chaud et le froid. Entre fraternité indéfectible et indifférence nourrie par l'entourage. Si Olivier Marchal est capable d'incarner un homme prêt à sacrifier jusqu'à son existence par promesse faite à sa mère avant sa mort, Michael Youn, lui, interprète un individu pas tout à fait immoral (à un moment donné, il tentera bien d'évoquer l'idée de se rendre à la police) mais tout de même capable de faire mijoter son frère dans son jus, jusqu'à l'abandon...


Tendu, sombre et finalement nihiliste puisque ne proposant aucune porte de sortie optimiste, le téléfilm de Denis Malleval charrie son flot de seconds rôles talentueux parmi lesquels on retiendra avant tout l'ancienne chanteuse et désormais actrice Elsa Lunghini qui interprète le rôle de Barbara Bellefond, laquelle s'apprête à quitter son infâme mari, Pierre (l'acteur Geoffroy Thiebaut). Peut-être encore meilleure que les deux principaux interprètes masculins, car quelle que soit son humeur, il lui arrive d'être bien supérieure à un Michael Youn convainquant sauf lorsque son personnage exprime la panique devant le corps de sa victime. La partition musicale de Jean Musy participe de la tension perpétuelle qui anime durant une grande partie le téléfilm. Mon Frère bien Aimé est donc une très bonne surprise...

 

mardi 1 décembre 2020

Deux Gouttes d'Eau de Nicolas Cuche (2018) - ★★★★★★★☆☆☆

 

 


Adapté de son propre roman éponyme sorti en 2015 par Jacques expert et réalisé pour la télévision par Nicolas Cuche, Deux Gouttes d'Eau est un thriller policier se déroulant sur une échelle du temps plutôt ramassée puisque son intrigue démarre au petit matin d'une journée classique pour un commissariat pour se terminer très tard le soir. S'il convoque une thématique qui n'est certes pas inédite mais qui n'encombre cependant pas non plus le genre policier, Deux Gouttes d'Eau parvient dans une certaine mesure à entretenir le suspens ''presque'' jusqu'à son terme. Les néophytes n'y verront peut-être que du feu mais l'habitué des affaires criminelles fictives sevré aux polars, aux thrillers et autres films policiers arrivera relativement rapidement à la même conclusion que l'un des deux flics qui mènent l'enquête. Un commandant et un lieutenant dont les méthodes divergent mais qui, en même temps se complètent et s'avèrent donc indispensables l'un pour l'autre. Il y a un piège à vouloir confronter deux flics à une affaire dont les suspects se comptent au nombre de deux, surtout lorsque comme dans le cas présent, ceux-ci sont jumeaux. D'une certaine manière, l'évocation de ces derniers suppose un collège de pistes dont toutes doivent être scrupuleusement décortiquées pour réussir à résoudre l'affaire...


Deux écoles s'opposent dans ce binôme de policiers et expliquent sans doute la remarque d'une jeune recrue qui demande au lieutenant Sam Barbieri pourquoi il n'a pas le même grade que sa supérieure, la commandante Valérie Laforge. Celui-ci répond à la jeune femme que sa supérieure est meilleure que lui. Ce que l'on est tenté de confirmer puisque Sylvie Testud interprète une commandante qui ne compte pas ses heures quitte à sacrifier son peu de vie privée tandis que pour le Lieutenant Barbieri, l'important est de boucler l'affaire au plus vite et de rentrer chez lui. Moins de rigueur pour l'un que pour l'autre et une multiplication des pistes qui font de Deux Gouttes d'Eau un téléfilm retord dont on ne soupçonnera cependant pas l'une des tournures qui mettront un terme à l'enquête ainsi qu'au récit. Aux côtés de l'excellente actrice française, l'humoriste et acteur Michael Youn qui dans la peau du lieutenant Sam Barbieri s'avère convainquant. Sans en faire des tonnes tout en imprimant à son personnage un caractère bien trempé, il parvient à rendre crédible son incarnation. Face aux deux vedettes, l'acteur Hugo Becker qui dans le double rôle d'Antoine et de Tom Delvoye joue parfaitement le jeu des frères jumeaux dérangés voire diaboliques. À noter la présence de l'actrice Marie-Christine Barrault dans le rôle d’Élisabeth Davout...


Si Deux Gouttes d'Eau manque de s'écrouler, ça n'est pas tant à cause de l'interprétation ni de l'une ni des autres, loin s'en faut, mais en raison du caractère parfois outrageusement ambigu des deux frères qui ne laissent alors plus tellement d'options quant à la vérité portant sur le meurtre barbare de la compagne de l'un d'entre eux. Comme l'évoque sans doute un peu trop tôt le personnage interprété par Michael Youn, soit l'un est coupable, soit l'autre, ou plus simplement les deux. Et c'est dans ces conditions que le téléfilm de Nicolas Cuche perd en intensité puisqu'en additionnant toutes les données du problème, le téléspectateur arrivera trop aisément et surtout trop rapidement aux bonnes conclusions. Reste que Deux Gouttes d'Eau offre une ambiance plutôt remarquable pour un simple téléfilm. Une caractérisation vite expédiée mais suffisante pour une œuvre ne dépassant pas les quatre-vingt dix minutes et surtout, une brillante interprétation. La mise en scène est certes quelque peu mollassonne et académique mais Nicolas Cuche parvient tout de même bizarrement à maintenir l'intérêt. On est quand même bien loin du génial Garde à Vue interprété par Lino Ventura et Michel Serrault et que Claude Miller réalisa en 1981...

 

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