D'une durée dépassant de peu les quatre-vingt dix minutes, Along
came a Spider
est l’œuvre du réalisateur Lee H. Katzin dont l'essentiel de la
carrière s'est faite à la télévision. Et d'ailleurs, en cette
année 1970 alors qu'un an en arrière il est parti faire un détour
au cinéma avec What Ever Happened to Aunt
Alice?,
l'homme signe un téléfilm d'une telle qualité qu'il est presque
incompréhensible que celui-ci n'eut pas les honneurs d'une sortie
dans les salles obscures. Principalement incarné par la superbe
Suzanne Pleshette qui sept ans auparavant participa au tournage des
Oiseaux
d'Alfred Hitchcock et par Ed Nelson qui fut célèbre pour avoir
interprété le rôle de Michael Rossi dans la série Peyton
Place
entre 1964 et 1969,  Along came a Spider ajoute
au duo les présences plus ou moins remarquables de Brooke Bundy et
Andrew Prine (la série originale de science-fiction V)
dans les rôles respectifs d'Adrienne Klein et de Sam Howard, un
couple de voisin qui partagent l'appartement mitoyen d'Ann Banning
qu'incarne donc à l'image Suzanne Pleshette. Une Ann qui débarque
dans la vie de Martin Becker (Ed Nelson) de manière presque
inattendue alors que celui-ci donne un cours de physique à ses
élèves dans une université américaine. Tenant tête au professeur
à propos du sujet qu'il est en train de traiter, celui-ci tombe sous
le charme de la jeune femme qu'il retrouve par hasard le soir-même
attablée au restaurant où il a ses habitudes. S'invitant sans lui
demander l'autorisation à la table d'Ann, Ed dîne en sa compagnie
et lui propose d'aller regarder un film au cinéma. Après une
ellipse, nous retrouvons le couple à la sortie du cinéma. Martin
raccompagne Ann jusque chez elle et la laisse devant la porte de son
appartement. Un début de récit somme toute très classique qui
cependant laissera rapidement entrevoir l'implication d'un mystère
entourant la mort lors d'une expérience scientifique d'un certain
Docteur David Furie furtivement interprété par Ken Clayton au tout
début du long-métrage ainsi que par de très brèves interventions
par la suite...
Si
ce détail ne fait tout d'abord pas vraiment avancer l'histoire, il
en est un autre qui empêche Along came a Spider
de mériter le titre de classique du suspens et du thriller : en
effet, alors que le long-métrage revêt l'apparat du classieux
téléfilm romantique entre un professeur d'université et une
étudiante particulièrement brillante, pourquoi donc Lee H. Katzin
et les scénaristes Barry Oringer et Leonard Lee ont-ils choisit de
révéler la véritable identité d'Ann après seulement dix-sept
minutes de récit alors qu'il aurait été beaucoup plus malin de
couver le secret durant une bonne partie des événements et de ne le
révéler qu'à un moment beaucoup plus opportun ? Deux
hypothèses s'affrontent. Soit les auteurs ont-ils supposé qu'une
trop grande somme d'informations concentrées à la fin du récit
aurait empêché une lecture claire et précise du récit, soit
ont-ils supposé que la conclusion du récit délivrait un comptant
largement suffisant de twists pour n'avoir pas à en rajouter
davantage. Il y a même peut-être une troisième probabilité :
Peut-être eurent-ils peur qu'une partie des téléspectateurs ne
quitte la projection, déçus par l'image de téléfilm romantique
que pouvait renvoyer  Along came a Spider... ?
À vrai dire, après cette micro-déception, le travail accompli par
le réalisateur et ses interprètes est tel que ce détail devient
très rapidement surfait. Car le téléfilm est plus que la simple
histoire d'amour qu'il semble être au premier abord. Il concentre en
réalité l'essentiel de son propos autour d'une machiavélique
machination justement orchestrée par celle qui joue donc un double
jeu. Mais là où le scénario demeure véritablement malin, c'est
dans la construction de ses personnages et des sentiments qu'ils
partagent. Car bien que la vengeance soit ici menée de façon à ce
que son auteur pousse à la disgrâce et à l'enfermement carcéral
celui qui en est l'objet, l'affection de l'un et de l'autre de nos
deux protagonistes principaux demeure bien réelle. Along
came a Spider
n'est donc pas qu'une simple histoire d'amour mais aussi un thriller
parfaitement conçu où les retournements de situation se multiplient
jusqu'au terme du récit. Un téléfilm qui même plus de cinquante
ans après sa première diffusion sur les télévisions américaines
mériterait presque de voir ENFIN le jour sur grand écran... Bref,
une réussite totale...
 



 
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