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dimanche 10 novembre 2024

Quelque chose a changé de Jacques Santamaria (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

En dehors du fait que Quelque chose a changé soit le titre d'une chanson relativement mièvre interprétée par Eddy Mitchell (désolé papa), il s'agit aussi et surtout dans le cas qui nous intéresse d'un téléfilm franco-belge mis en scène en 2017 par le réalisateur et scénariste hexagonal Jacques Santamaria. Son second après C'est toi c'est tout en 2010 et son dernier jusqu'à maintenant puisqu'il a depuis surtout œuvré dans l'écriture à travers deux séries télévisées et le téléfilm Clemenceau, la force d'aimer de Lorraine Levy l'année passée. Effectivement, quelque chose va changer dans la vie de Louis-Régis Dupont-Moreau. Un retour à la nature à laquelle il semblait jusqu'ici se refuser, lui, ce grand dirigeant de l'entreprise Tencom que nombre de ses actionnaires rêvent d'évincer. Afin de leur échapper ainsi qu'aux vautours de la presse, il demande à son chauffeur de rouler, sans but précis, jusqu'à ce que ce dernier lui propose de l'emmener à la campagne, là où se situe une auberge tenue par Juliette... qui n'est autre que l'ex-femme de Louis-Régis. Renfrogné, celui-ci accepte malgré tout de s'y installer pour quelques temps. Quelques jours qui vont lui faire le plus grand bien, lui permettre de faire la connaissance d'Adrien, le mari de Juliette depuis six ans, ainsi que celle d’Émilienne, jeune beauté ébène déçue par les hommes, amie du couple qui travaille à leur compte comme cuisinière ou celle d'Audrey, une kinésithérapeute qui s'apprête à se faire passer la bague au doigt par un fiancé dont Louis-Régis donnera plus tard une définition assez juste et précise du bonhomme. Quelque chose a changé se déguste comme une bonne bière après une journée estivale de dur labeur. Un plaisir simple, à découvrir seul ou à partager entre amis, doté d'un casting vraiment sympathique puisque les quatre principaux personnages sont tout d'abord interprétés par Pierre Arditi dont la plupart d'entre nous retiendront sans doute sa longue carrière au cinéma ou sur les planches de théâtre mais qui fut et continue également d'être encore un narrateur hors-pair. Assurant notamment la narration de la formidable et inoubliable série documentaire consacrée aux animaux, Les chroniques de la Terre sauvage de Frédéric Lepage et Laurent Frapat entre 1994 et 2002.


C'est donc lui qui incarne le rôle de Louis-Régis Dupont-Moreau, homme aigri, dédaigneux, qui reprends donc contact avec Juliette qu'incarne Évelyne Bouix qui partage depuis près de quarante ans la vie de Pierre Arditi. Un couple qui dans le téléfilm de Jacques Santamaria paraît donc tout à fait naturel même si leur relation n'est plus tout à fait celle qu'il ont partagé puisque après leur divorce, la propriétaire de l'auberge s'est remariée avec Adrien qui de son côté est interprété par l'acteur Eric Viellard. Le réalisateur et scénariste signe un script et une mise en scène bienveillants. Faux méchant, Louis-Régis devient lui-même très attachant et le curseur de la caricature des rares ''antagonistes'' du récit est poussé dans de tels retranchements que l'on finit surtout par les plaindre pour leur grande médiocrité... De leur côté, Émilienne et Valentine sont respectivement interprétées par Peggy Leray et Audrey Beaulieu. Si l'attrait soudain pour la première de la part de celui que ses actionnaires surnomment ''Le Roi Du Monde'' peut paraître quelque peu subite (sachant que l'intérêt en question de la part de Louis-Régis pour Émilienne est de plus proportionnel à celui que porte sur le PDG de Tencom la jeune cuisinière), il est une évidence que l'auteur se porte ici volontaire pour nous décrire des situations amoureuses diverses et variées. Rien que de très commun en réalité. Des épousailles à venir pour des fiancés mal assortis, un ancien couple divorcé, une jeune femme malheureuse en amour qui semble (avec tout de même pas mal de méfiance) le retrouver auprès d'un dirigeant de grande entreprise. Bref, une histoire qui est tout sauf ardue à suivre, dont l'écriture offre des dialogues relativement peu originaux si ce n'est l'une des pièces maîtresses du téléfilm qui mettra tout le monde d'accord sur le fait que si la totalité des dialogues avaient été de la même teneur que ceux de la scène du dîner se déroulant à l'auberge entre Valentine, sa mère, quelques amis et l'horrible duo fiancé/belle-mère (incarnés par Xavier Robic et Isabelle Gazonnois), Quelque chose a changé serait sans doute devenu l'un des grands classiques de la comédie française. Le réalisateur et scénariste tente d'ailleurs de reproduire la dite séquence à la fin, lors de la réunion entre le PDG et ses actionnaires mais son ampleur est légèrement gâtée par sa redondance. Bref, Jacques Santamaria et ses interprètes nous proposent une sympathique comédie, légère, jamais prétentieuse. De quoi passer un très bon début de soirée...

 

vendredi 12 avril 2019

Quand sort la Recluse (Première Partie) de Josée Dayan (2019) - ★★★★★★☆☆☆☆



Diffusée pour la première fois mercredi dernier, le 10 avril 2019, la première partie de l'adaptation télévisuelle éponyme du roman de l'écrivaine Fred Vargas Quand Sort la Recluse est la cinquième incartade de la réalisatrice et scénariste française Josée Dayan dans l'univers de l'archéozoologue, et donc la cinquième participation de l'acteur Jean-Hugues Anglade dans le rôle du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Ici, il est inutile d'espérer retrouver une enquête policière menée sur les chapeaux de roue. La réalisatrice, auteur notamment des adaptations télévisuelles du Comte de Monte-Cristo en 1998 ou des Misérables en 2000, signe une enquête policière faisant dans la sobriété, et dont l'un des intérêts principaux demeure dans le soin apporté aux décors de Philippe Lévêque. En ce qui concerne l'intrigue, Quand Sort la Recluse prend place au cœur d'une série de morts particulièrement étranges touchant des personnes âgées décédées après avoir été mordues par des araignées (ici, la fameuse Loxosceles reclusa, ou araignée violoniste, qui fut au centre de plusieurs cas de nécrose relégués par les médias il y a quelques années).

Autant Jean-Hugues Anglade peut se révéler d'un charisme extraordinaire (Killing Zoe de Roger Avary, 1993), autant son interprétation laisse ici perplexe. Peut-être faut-il alors se pencher sur le personnage de Jean-Baptiste Adamsberg pour comprendre et accepter le jeu hésitant de l'acteur. Considéré comme ''rêveur et désordonné […] et incapable d'analyser ou de soutenir consciemment un long raisonnement'' (Wikipedia), ce flic aux méthodes inhabituelles explique peut-être pourquoi Jean-Hugues Anglade a l'air de buter sur certaines phrases. Volontaire ou non, cette approche a tendance à constituer une raison suffisante pour que le spectateur estime que le jeu de l'acteur n'est pas à la hauteur de sa réputation et que Josée Dayan se soit contenté d'une seule prise alors que certaines séquences méritaient sans doute d'être retournées. Quelques détails semblent malheureusement corroborer ce dernier fait. Comme la séquence durant laquelle un second rôle interprétant un simple brigadier est pris à parti par le Lieutenant Violette Retancourt (excellente Corinne Masiero). L'acteur semble à son tour buter sur un mot, récitant alors son texte sur un mode fébrile. On pourra également évoquer le fait que Jean-Hugues Anglade, encore lui, récite plus qu'il n'interprète. C'est d'autant plus dommage que l'intrigue est réellement passionnante, son personnage allant notamment se renseigner auprès du Professeur Pujol (l'acteur Stéphan Wojtowicz), spécialiste des araignées, ou prenant contact avec une certaine Irène Royer-Ramier, interprétée par la méconnaissable Élisabeth Depardieu...

Nous sommes donc plus proches du Commissaire Maigret version Bruno Cremer que des Experts (Josée Dayan multiplie les séquences situées dans un restaurant au style désuet), ce qui, au fond, participe au charme qui se dégage d'une première partie soignée en terme de photographie (signée de Stefan Ivanov). En dehors d'un Jean-Hugues Anglade fort décevant, le spectateur aura le plaisir de découvrir autour du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, des personnages interprétés par les talentueux Jérôme Kircher, Sylvie Testud, Jacques Spiesser, et bien entendu Corinne Masiero et Elsabeth Depardieu déjà citées plus haut. Mais alors que l'interprétation oscille entre la justesse de ton des uns et la médiocrité que frôlent certains (heureusement, en très petite minorité), l'apparition de l'immense Pierre Arditi semble tout remettre en question. Son écrasante performance nous ferait presque regretter qu'il ne fut pas choisi pour interpréter lui-même le rôle du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Sa présence aux deux tiers de l'intrigue efface littéralement celles de Jean-Hugues Anglade et de Jérôme Kircher. A noter la partition musicale fort convaincante composée par le chanteur et interprète Benjamin Biolay... La seconde partie sera-t-elle davantage convaincante ? La réponse dans un peu moins d'une semaine...
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