Le 17 janvier 2001
sortait sur les écrans français Le Placard,
neuvième long-métrage du scénariste, dialoguiste, dramaturge et
réalisateur Francis Veber et cinquième incarnation au cinéma du
personnage de François Pignon auparavant incarné par Jacques Brel
(L'Emmerdeur
en 1973), Pierre Richard (Les Compères en
1983, Les Fugitifs
en 1986) et Jacques Villeret (Le Diner de Cons en
1998) et plus tard par Gad Elmaleh (La Doublure
en
2005) et Patrick Timsit (le remake de L'Emmerdeur
en 2008). Au théâtre, François Pignon apparaîtra à deux
reprises. Tout d'abord en 2012 avec Cher Trésor
où il est incarné par Gérard Jugnot et puis, bien entendu, dans
l'adaptation théâtrale du Placard,
deux ans plus tard du 24 au 29 janvier 2014, où l'acteur humoriste
Élie Sémoun prend la relève de ses prédécesseurs. Si dans la
version cinématographique Daniel Auteuil remporta le prix du
meilleur acteur au Festival
International du Film de Shangaï,
Le Placard
demeure l’œuvre la plus faible de Francis Veber scénariste et
réalisateur.
Il
n'est pas rare que certaines pièces de théâtre surpassent leurs
adaptations cinématographiques tout aussi exceptionnelles
soient-elles. Le Père Noël est une Ordure de
la troupe du Splendid en 1979, Le Prénom de
Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière en 2010, et de
manière plus flagrante encore, Nuit d'ivresse
de Josiane Balasko en 1985 (son adaptation sur grand écran par le
réalisateur Bernard Nauer demeure d'une sinistre vulgarité !).
Contrairement à ces quelques exemples, Le
Placard
a tout d'abord été un film avant de devenir une pièce de théâtre.
Ce qui n'empêche pas cette dernière de lui être supérieure en
terme de qualité. Si Daniel Auteuil et Gérard Depardieu formaient
un tandem détonnant au cinéma, Élie Sémoun et Laurent Gamelon
n'en sont pas moins remarquables. Surtout ce dernier, véritable
vedette de la pièce alors qu’Élie Sémoun tient le rôle
principal. La pièce reprend un certain nombre de situations du
long-métrage en situant l'action chez François Pignon, dans son
bureau à l'usine et dans la salle de repos.
Peu
surchargés, les décors ne sont constitués que deux pièces
amovibles dont l'une sert à plusieurs occasions, quelques éléments
du mobilier se déplaçant au sol afin de donner l'illusion que l'on
passe d'un décor à l'autre. L'essentiel de la pièce reposant
presque exclusivement sur l'interprétation des comédiens et
comédiennes (parmi lesquelles on retrouve notamment la charmante Zoé
Félix qui prend la place de Michèle Laroque dans le rôle de la
chef-comptable, Mademoiselle Bertrand). On l'aura compris, Élie
Sémoun prend la place de Daniel Auteuil tandis que Laurent Gamelon
occupe celle de Gérard Depardieu dans le rôle de Félix Santini, le
chef du personnel bourrin, amateur de rugby. Laurent Paolini remplace
Thierry Lhermitte dans le rôle du directeur de la communication,
François Levantal se substitue à Jean Rochefort dans celui du
Directeur de l'usine, Marie Facundo interprète
l'assistante-comptable Ariane en lieu et place d'Armelle Deutsch, et
surtout, Philippe Magnon excelle dans son interprétation du voisin
homosexuel précédemment interprété par l'excellent Michel Aumont.
Si d'une manière générale, la plupart des interprètes sont moins
''célèbres'' que leur équivalent sur grand écran, ils parviennent
à faire oublier leur homologue respectif et offrent un spectacle
fort réjouissant et réellement drôle. Laurent Gamelon est
exceptionnel, Elie Sémoun est crédible et parfois proche des
personnages qu'il interprète sur scène, Philippe Magnon est
savoureux, Zoé Félix est charmante, Marie Facundo est ''fraîche''
et Laurent Paolini parfois remarquablement expressif. Le
Placard,
c'est un condensé de plaisir en un peu moins de quatre-vingt dix
minutes qui surpasse souvent l’œuvre originale. Francis Veber crée
une réelle harmonie entre les acteurs et les décors. Une très
bonne surprise...