Le réalisateur François
Descraques s'est fait connaître dès 2009 avec la Web-Série Le
visiteur du futur
qu'il adaptera ensuite sous forme de long-métrage éponyme en 2022.
Fort de cette expérience et bénéficiant d'une excellente
réputation auprès des internautes, France
Télévisions
se charge de diffuser en 2016 la série Dead
Landes,
laquelle empile les références, alliant horreur, science-fiction,
catastrophe et comédie. Toujours diffusée sur le petit écran,
c'est sur Canal+
qu'apparaît à partir du 25 décembre dernier sa toute dernière
création intitulée Mortelle raclette.
Tout comme Dead Landes
huit
ans auparavant, celle-ci s'inscrit ainsi dans un ton parodique. Mais
alors qu'en 2016 cette dernière s'inspirait plus ou moins de The
Walking Dead
et de quelques autres séries post-apocalyptiques américaines sans
toutefois bénéficier des mêmes apports scénaristiques et
financiers, Mortelle raclette invite
ses personnages dans un chalet situé en Savoie pour y tourner un
film pornographique. N'excédant pas les soixante-quatre minutes, le
long-métrage d'une durée plus que raisonnable met en scène une
dizaine de jeunes interprètes sans doute moins connus de l'ancienne
garde que des générations sevrées aux réseaux sociaux ! En
effet, à l'exception de l'acteur Fred Testot, ancien complice d'Omar
Sy(c!) sur plusieurs émissions de télévisions diffusées sur
Canal+ (Dont
Service après-vente)
et Bertrand Usclat qui après des débuts sur Youtube
avec la troupe Yes
vous aime
jongle entre télévision et cinéma (Jumeaux
mais pas trop
d'Olivier Ducray et Wilfried Méance, Menteur
d'Olivier Baroux, Second Tour
d'Albert Dupontel), le reste du casting est constitué de jeunes
artistes parmi lesquels l'actrice, réalisatrice et scénariste
américano-belge Bérangère McNeese, le co-fondateur de la web-série
Paye ton crush sur
Instagram,
Esteban Vial ou l'actrice Irina Muluile qui débuta sa carrière sur
grand écran dans L'école pour tous
d'Eric Rochant en 2006 avant de véritablement se faire connaître
dans la série Le bureau des légendes,
laquelle est alors également créée par le réalisateur et
scénariste français avant d'être diffusée pour la première fois
chez nous sur Canal+
dès le 27 avril 2015. Parodie assumée de plusieurs classiques du
cinéma d'épouvante américains, contrairement à ce que le titre
laisse transparaître, Mortelle Raclette
joue assez peu avec les codes cinématographiques des fêtes de fin
d'année. Car si l'intrigue s'adapte aux rigueurs de l'hiver, ici,
nulle trace un peu trop téléphonée d'un quelconque désaxé
habillé en Père-Noël.
Et
pour une fois que la religion chrétienne n'en prend pas pour son
grade, c'est avec autant de jubilation que de délectation que le
réalisateur, accompagné à l'écriture par le scénariste Bertrand
Delaire nous offrent l'une des plus jouissives alternatives au
gorissime Terrifier 3
de Damien Leone. Avec lequel, il est vrai, Mortelle
raclette
ne partage pas grand chose.... Voire même, rien du tout ! En
réalité, cette troupe d'acteurs et de techniciens amateurs
s'apprêtant à tourner un film de boules (mais pas de celles que
l'on accroche à son sapin, hein!) vont être eux-mêmes confrontés
à un tueur en série dont l'identité ne nous seras révélée qu'au
beau milieu du récit. Entre meurtres originaux mais insuffisamment
sanguinolents et tournage de film X abracadabrantesque sont implantés
des personnages hauts en couleurs dont la caractérisation s'inscrit
au cœur d'un vivier d'influenceurs et de pseudos-interprètes qui
pullulent sur le net. Les fans d'horreur et d'épouvante dresseront
de mémoire la liste des quelques références cinématographiques
plus ou moins ouvertement évoquées. Shining
étant l'un de ses principaux représentants même si l'angoissant
hôtel Overlook
laisse ici place à un chalet aux allures de cabane dans les bois
(enneigés) propre à un certain Evil Dead signé
de Sam Raimi. D'ailleurs, est-ce le fruit du hasard ou une réelle
volonté des auteurs mais le personnage de HMC qu'incarne l'ancien
mannequin Jessé Rémond Lacroix ne nous fait-il pas furieusement
penser au célèbre Ash Williams qu'interprétait justement l'acteur
américain Bruce Campbell dans le film culte de ce même Sam Raimi ?
Une version efféminée qui s'effraie de tout, soit dit en passant.
Aux côtés de ce tout jeune hardeur qui s'essaie donc au porno,
Esteban Vial incarne le rôle de Pablo, jeune onaniste narcissique
complètement tebé qui pour entrer en érection doit impérativement
se contempler dans un miroir ! Bérangère McNeese se glisse
quant à elle dans la peau de Solange, jeune antispéciste, Vegan et
éco-responsable coincée reprenant le rôle de l'actrice principale
du film (dans le film) après la mort de cette dernière. Antoine
Gouy se fond dans celle de Romain, l'un des chefs de projet,
scénariste et cameraman qui toutes les dix secondes balance à ses
acolytes des références cinématographiques sous forme de citations
et de dialogues. Quant à Irina Muluile, elle interprète le rôle
très ambigu, de Dom. Une femme bien charpentée, psycho-rigide (du
moins, en apparence). Ajoutez à cela d'autres partenaires dotés eux
aussi de personnalités ambivalentes et l'on obtient un cocktail qui
ferait presque envier l'idée d'une future série. Si toutefois
celle-ci devait se montrer capable de maintenir un certain niveau
concernant l'écriture. Car au delà de l'incarnation toute en
absurdité et en gaudrioles de ses interprètes, Mortelle
Raclette
peut également compter sur de savoureux dialogues. Pas toujours très
fins, parfois touche-pipi, mais pour une fin d'année festive, quoi
de mieux entre une tranche de foie gras et une compilation des
meilleures chansons de Patrick Sébastien... ?
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