Après un premier épisode
très riche qui promettait une suite prometteuse, la projection de
Paradistopie fut une véritable douche froide. Passant
de la finesse et la sobriété de Moutons noirs à
l'un des spectacles les plus vulgaires et grossièrement abordés
auquel il nous ait été donné d'assister, c'est contre la décision
de décrire chacun des épisodes de Tomorrow and
I
que j'ai finalement choisi d'éclipser cette histoire tournant autour
des mœurs thaïlandaises s'agissant de la sexualité et de la
prostitution qui là-bas, est totalement proscrite depuis 1960. Un
épisode dans lequel la fille d'une ancienne prostituée depuis
décédée montait une entreprise produisant des ''Robots-putes''
afin de pallier à la demande de clients accrocs au sexe !
Ouais, vulgaire, c'est bien le mot. Un étalage de fesses et de
poitrines et de positions sexuelles très équivoques qui laissaient
planer un doute sur l'éventuelle profondeur du message. Bref, c'est
avec des pincettes que nous abordions Un bouddha
high-tech.
Bien que se situant lui aussi dans un futur dystopique, cet épisode
d'une quatre-vingtaine de minutes environ allait nous faire envisager
le précédent comme une erreur de parcours. Une fausse note dont les
fondements allaient fort heureusement être rétablis lors de ce
nouveau récit mettant désormais en scène le moine Mönch Anek
(l'acteur, animateur de télévision et aventurier thaïlandais Ray
MacDonald). Dans une Thaïlande où le Bouddhisme n'a plus les
faveurs de la population, notre héros et les quelques moines qui
avec lui entretiennent un temple déserté par le public vivent
d'offrandes. Un bouddha high-tech
a beau se dérouler au milieu du vingt et unième siècle, son auteur
semble vouloir rappeler ses spectateurs au mauvais souvenir de la
triple crise qui toucha le bouddhisme entre 1990 et 1996. Dans le cas
de Un bouddha high-tech,
il s'agit donc de reproduire les conséquences de l'avènement de
l'aire numérique. C'est ainsi que nos moines bouddhistes vont se
retrouver confrontés à une intelligence artificielle créée de
toute pièce par un certain Néo (l'acteur Bhumibhat Thavornsiri).
S'y confrontent la spiritualité des uns et un système de mérite
vicié par le désir sans cesse renouvelé d'engranger des points des
autres.
Le
procédé est simple : une fois acquit le programme ULTRA,
son possesseur se voit doté d'un collier qui lui permet d'entrer en
connexion avec l'Entreprise qui contrôle l'appareil et chaque fois
que son utilisateur fait une bonne action, il est crédité d'un
certain nombre de points évoluant en fonction de ses actes
bienfaiteurs. Des points qui permettent ainsi d'améliorer grandement
l'existence des concitoyens et de l'utilisateur lui-même qui avec
ces points, peut ainsi s'offrir ce qu'il désire. Mais à trop
vouloir accumuler les dits points, l'usage du programme ULTRA
va forcément causer des dérives. Dans une certaine mesure, Un
bouddha high-tech
s'adresse tout d'abord au public thaïlandais. Et plus loin, à
celles et ceux qui possèdent une solide connaissance en matière de
bouddhisme. Ce qui n'empêchera pas les novices en la matière de
suivre ce duel entre spiritualité et technologie. La mécanique est
bien rodée puisque tout comme dans les deux précédents épisodes,
Un bouddha high-tech
est nourri de nombreux flash-back qui s'intéressent aux motivations
des uns et des autres. Si Mönch Anek a quitté l'entreprise qu'il
employait, c'est pour honorer la demande qu'il fit à sa mère de
devenir moine avant qu'elle ne meure. Et si Néo semble avoir créé
ULTRA
afin de nuire définitivement au bouddhisme, c'est parce qu'il fut
lui-même le témoin d'un terrible drame lié à cette religion et
dont il fut l'un des acteurs. Porté par une incarnation de Ray
MacDonald totalement enivrante, Un bouddha
high-tech
n'en est pas moins une critique féroce de la société actuelle où
le paraître et les besoins personnels préoccupent davantage les
populations que le bien-être communautaire. Son auteur ira même
jusqu'à donner un coup de pied dans la fourmilière du bouddhisme,
touché lui aussi comme n'importe quelle religion par des scandales
liés à la pédophilie. Bref, si Paradistopie
était très dispensable, Un bouddha high-tech
est quant à lui et tout comme Moutons noirs,
une excellente proposition de science-fiction exotico-dystopique...
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