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mercredi 8 janvier 2025

Tomorrow and I : Un bouddha high-tech de Paween Purijitpanya (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Après un premier épisode très riche qui promettait une suite prometteuse, la projection de Paradistopie fut une véritable douche froide. Passant de la finesse et la sobriété de Moutons noirs à l'un des spectacles les plus vulgaires et grossièrement abordés auquel il nous ait été donné d'assister, c'est contre la décision de décrire chacun des épisodes de Tomorrow and I que j'ai finalement choisi d'éclipser cette histoire tournant autour des mœurs thaïlandaises s'agissant de la sexualité et de la prostitution qui là-bas, est totalement proscrite depuis 1960. Un épisode dans lequel la fille d'une ancienne prostituée depuis décédée montait une entreprise produisant des ''Robots-putes'' afin de pallier à la demande de clients accrocs au sexe ! Ouais, vulgaire, c'est bien le mot. Un étalage de fesses et de poitrines et de positions sexuelles très équivoques qui laissaient planer un doute sur l'éventuelle profondeur du message. Bref, c'est avec des pincettes que nous abordions Un bouddha high-tech. Bien que se situant lui aussi dans un futur dystopique, cet épisode d'une quatre-vingtaine de minutes environ allait nous faire envisager le précédent comme une erreur de parcours. Une fausse note dont les fondements allaient fort heureusement être rétablis lors de ce nouveau récit mettant désormais en scène le moine Mönch Anek (l'acteur, animateur de télévision et aventurier thaïlandais Ray MacDonald). Dans une Thaïlande où le Bouddhisme n'a plus les faveurs de la population, notre héros et les quelques moines qui avec lui entretiennent un temple déserté par le public vivent d'offrandes. Un bouddha high-tech a beau se dérouler au milieu du vingt et unième siècle, son auteur semble vouloir rappeler ses spectateurs au mauvais souvenir de la triple crise qui toucha le bouddhisme entre 1990 et 1996. Dans le cas de Un bouddha high-tech, il s'agit donc de reproduire les conséquences de l'avènement de l'aire numérique. C'est ainsi que nos moines bouddhistes vont se retrouver confrontés à une intelligence artificielle créée de toute pièce par un certain Néo (l'acteur Bhumibhat Thavornsiri). S'y confrontent la spiritualité des uns et un système de mérite vicié par le désir sans cesse renouvelé d'engranger des points des autres.


Le procédé est simple : une fois acquit le programme ULTRA, son possesseur se voit doté d'un collier qui lui permet d'entrer en connexion avec l'Entreprise qui contrôle l'appareil et chaque fois que son utilisateur fait une bonne action, il est crédité d'un certain nombre de points évoluant en fonction de ses actes bienfaiteurs. Des points qui permettent ainsi d'améliorer grandement l'existence des concitoyens et de l'utilisateur lui-même qui avec ces points, peut ainsi s'offrir ce qu'il désire. Mais à trop vouloir accumuler les dits points, l'usage du programme ULTRA va forcément causer des dérives. Dans une certaine mesure, Un bouddha high-tech s'adresse tout d'abord au public thaïlandais. Et plus loin, à celles et ceux qui possèdent une solide connaissance en matière de bouddhisme. Ce qui n'empêchera pas les novices en la matière de suivre ce duel entre spiritualité et technologie. La mécanique est bien rodée puisque tout comme dans les deux précédents épisodes, Un bouddha high-tech est nourri de nombreux flash-back qui s'intéressent aux motivations des uns et des autres. Si Mönch Anek a quitté l'entreprise qu'il employait, c'est pour honorer la demande qu'il fit à sa mère de devenir moine avant qu'elle ne meure. Et si Néo semble avoir créé ULTRA afin de nuire définitivement au bouddhisme, c'est parce qu'il fut lui-même le témoin d'un terrible drame lié à cette religion et dont il fut l'un des acteurs. Porté par une incarnation de Ray MacDonald totalement enivrante, Un bouddha high-tech n'en est pas moins une critique féroce de la société actuelle où le paraître et les besoins personnels préoccupent davantage les populations que le bien-être communautaire. Son auteur ira même jusqu'à donner un coup de pied dans la fourmilière du bouddhisme, touché lui aussi comme n'importe quelle religion par des scandales liés à la pédophilie. Bref, si Paradistopie était très dispensable, Un bouddha high-tech est quant à lui et tout comme Moutons noirs, une excellente proposition de science-fiction exotico-dystopique...

 

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