L'une des bonnes
surprises de la fin d'année 2024 fut la découverte de Black
Sheep, le premier épisode de la toute récente série
thaïlandaise Tomorrow and I disponible sur Netflix.
Une excellente et exotique alternative à Black Mirror
dont l' ultime saison fut un vrai désastre. La Thaïlande prouve
avec cette nouvelle série de science-fiction dystopique qu'elle n'a
rien à envier aux principaux exportateurs de ce sous genre qui
fleurit aussi bien sur petit que sur grand écran. D'un format
inhabituel puisque ce premier épisode avoisine les quatre-vingt
minutes, le sujet traite du deuil, du clonage, de science, de
tradition mais aussi de transgenrisme. Un sujet qui souvent fait
grincer des dents mais qui dans le cas de Black Sheep
est porté par son interprétation et sa mise en scènes toutes en
sobriété et en émotion. Le réalisateur thaïlandais Paween
Purijitpanya nous fait pénétrer dans son univers à travers un
couple formé autour de Nont (Pakorn Chadborirak, sorte de sosie
asiatique de l'acteur danois Mads Mikkelsen) et de Noon (Waruntorn
Paonil), jeune astronaute qui depuis trois ans est à bord d'une
station spatiale internationale afin de continuer ses recherches
consistant à imprimer en 3D des cœurs humains à des fins de
transplantation. À l'issue de sa mission, Noon prend place à bord
de la capsule qui doit la reconduire sur Terre. Malheureusement,
celle-ci explose en plein vol et la jeune femme meurt. Laissant Noon
anéanti, celui-ci se souvient que son épouse maintenant décédée
travaillait aux côtés du Docteur Vee (l'actrice Treechada
Hongsyok), une jeune femme brillante, avec laquelle elle faisait des
recherches sur le clonage. Depuis, leur société a prouvé la
viabilité du procédé qu'elles ont inventé sur les animaux de
compagnie, lequel consiste notamment à prélever leurs souvenirs
afin de les implanter dans le corps des futurs clones.
Son utilisation sur
l'homme étant malheureusement interdite, Noon use de tous les
recours qu'il possède pour convaincre le Docteur Vee de faire une
exception en clonant Nont. Après avoir essuyé un refus, l'époux
meurtri reçoit un appel de celle-ci qui lui dit accepter finalement
de pratiquer le clonage. Mais pour cela, il va d'abord falloir que
Noon demande aux parents de Nont l'autorisation de prélever le
cerveau de la défunte afin de transférer sa mémoire dans celui du
futur clone. L'on imagine les questions éthiques qui se bousculent
et Black Sheep
entre de plain-pied dans l'éternel combat entre les croyances et la
science. Ce qui cause évidemment au sein de la belle-famille et de
Noon une insolvable rupture. Devenant par là même un criminel aux
yeux de l’État après avoir dérobé la tête de sa femme, Noon la
transporte jusqu'au laboratoire de recherche du Docteur Vee qui
pratique alors le transfert de la mémoire de son amie. Jusque là,
rien que de très banal. Et pourtant, là où le génie de son
créateur réside demeure lorsque Black Sheep
convoque une toute nouvelle thématique absorbant presque la totalité
de l'intrigue originelle. Pour être tout à fait honnête, elle ne
l'évacue totalement mais s'y imbrique avec une crédibilité
déconcertante. Rendant ainsi la nature d'un procédé déjà sujet à
discussion encore plus fort. Questionnant sur les limites de la
moralité mais aussi et surtout jusqu'où l'on est capable d'aller
par amour. Paween Purijitpanya répond brillamment à cette question
dans un épisode formidablement incarné par son trio de principaux
interprètes. Doté de très bons effets-spéciaux, d'une partition
musicale émouvante et d'une très belle photographie, Black
Sheep
parvient effectivement sans le moindre mal à faire oublier les faux
pas de sa concurrente britannique tout en abordant un sujet désormais
très courant mais sous un angle inattendu. Bref, pour
ses débuts de saison, Tomorrow and I s'avère
très réussi et l'on espère que les trois autres épisodes
maintiendront ce niveau de qualité...
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