À l'origine de Diabolique
il y eut l'Affaire des reclus de Monflanquin. Un fait-divers qui
défraya la chronique française entre 2000 et 20009 lorsqu'un escroc
du nom de Thierry Tilly s’immisça dans l'existence d'une riche
famille de nobles du nom de Védrines. Convaincus par cet homme
charismatique et manipulateur qu'ils étaient victimes d'un complot,
onze membres de la famille s'enfermèrent pour une partie d'entre eux
dans le château familial de Montflanquin tandis que d'autres se
réfugièrent à Oxford, en Grande Bretagne. Le téléfilm est
réalisé en 2016 par Gabriel Aghion auquel on doit notamment Pédale
douce
en 1996, Belle maman
en 1999, Absolument fabuleux
en 2001 ou encore Pédale dure
en 2004, Bref, pas de quoi se réjouir d'avoir une filmographie
exemplaire. Diabolique
est un téléfilm qui fut tout d'abord diffusé en Belgique avant
d'apparaître pour la première fois sur nos petits écrans le 5
avril 2016 sur France
3.
Le réalisateur s'inspire en outre de l'ouvrage écrit par Ghislaine
de Védrines, celle-là même qui parmi les membres de la famille fit
justement entrer le loup dans la bergerie. Incarnée à l'écran par
Michèle Laroque, cette dernière est donc confrontée à Laurent
Stocker qui de son côté interprète Thomas Texier, l'alter ego
fictionnel de Thierry Tilly. Avec plus ou moins de conviction,
Gabriel Aghion tente de montrer la machine infernale mise en place
par cet individu hautement qualifié dans les domaines de la
manipulation et du mensonge. Pourtant, et c'est sans doute ce qui
empêche le téléfilm d'être aussi puissant dans sa révélation
finale qu'avait pu l'être celle de l'éponyme Diaboliques
d'Henri-Georges Clouzot en son temps, le fait d'avoir à juste titre
entendu parler à l'époque de l'authentique fait-divers écarte tout
suspens quant à la conclusion du récit. En outre, l'affaire aurait
sans doute mérité un déploiement beaucoup plus conséquent en
terme d'écriture car si l'apparent renoncement financier de
l'antagoniste du récit explique l'emprise et la confiance qu'il
génère auprès des principaux intéressés, la rapidité avec
laquelle l'homme parvient à faire le vide autour des membres de la
famille peut paraître un tant soit peu complaisante.
Dans
les rôles de Gérard Anger et Isabelle de Lassay, Philippe Résimont
et Anne Consigny apparaissent donc comme les interprètes les plus
convaincants. Ceux qui en incarnant le doute permettent de
contrebalancer cette ''folie'' qui paraît s'être emparée des
autres membres de la famille vivant désormais reclus dans leur
luxueuse propriété et sous le joug d'un Thomas Texier devenu
essentiel au maintien et à la cohésion de la famille et de sa
richesse en terme de patrimoine. Les moyens mis en place afin de
démontrer dans quelles proportions l'individu est parvenu à
instaurer un climat de paranoïa poussant la famille Védrines à
s'isoler du reste du monde jusqu'à éviter tout contact avec la
moindre de leur relation et chasser tous ceux qui ne partagent pas
leur opinion sur la situation manque parfois de cohérence. Cette
vitesse avec laquelle Hélène de Lassay Anger, qui n'est autre que
le nom donné ici à Ghislaine de Védrines, boit littéralement les
paroles de son nouveau mentor. Quitte à humilier, voire chasser ceux
qui nient l'authenticité du personnage. En la matière, Laurent
Stocker incarne parfaitement cet être affable, apparemment
désintéressé et capable de résoudre à lui seul tous les maux qui
touchent cette famille désormais en plein désarroi. Il n'en demeure
pas moins qu'une certaine tension naît au sein du récit, devant ce
déploiement ininterrompu de prétextes visant à éloigner la
famille de tout contact extérieur comme l'entreprendrait n'importe
quel gourou. Gabriel Aghion crée un certain malaise. Surtout si l'on
prend en compte le fait que les événements sont ici inspirés d'un
fait-divers réel. L'on prend alors la mesure du drame et de ses
conséquences sur la stabilité d'une famille capable d'exploser face
à la démoniaque entreprise d'un parfait inconnu...
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