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jeudi 14 novembre 2024

Le Daron de Frank Bellocq et Méliane Marcaggi (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


Notamment produite par la première chaîne française TF1 et la la radio-télévision belge RTBF, la série Le Daron réunit à l'image l'humoriste, acteur, scénariste et réalisateur Didier Bourdon dans le rôle de Vincent Daron, avocat à l'excellente réputation épaulé par son fils Grégory (l'humoriste Ludovik), sa fille Esther (Audrey Pirault), son assistant Mahadi (Nick Mukoko) et sa secrétaire Nadia (Aline Afanoukoé). ''Contraint et forcé'' de devoir supporter la présence de Pauline Lefranc (Mélanie Bernier) qui détient désormais la moitié des parts du cabinet d'avocats que Vincent partageait avec son frère maintenant décédé et que ce dernier a légué à la jeune femme. L'entente n'est pas cordiale et pourtant, ils vont devoir prendre sur eux pour régler les affaires en cours. Le Daron est constitué de six épisodes dont les deux premiers font figure de double épisode tandis que les suivants se concentreront sur des affaires judiciaires indépendantes les unes des autres. Ce qui unit par contre l'intégralité des épisodes, ce sont les rapports entre les divers personnages. Entre Esther qui doit prochainement épouser le sympathique Dong So (Bertrand Uzeel) tandis que Vincent ne porte pas ce dernier dans son cœur ou bien l'étrange relation qui s'instaure entre l'avocat et Pauline dont la vie est relativement compliquée. Entre un amant marié qui n'a pas encore pris la décision de quitter sa femme et un père qu'elle n'a pas connu et dont les origines seront remises en question. Si la plupart des épisodes proposent une intrigue relativement convenue, les spectateurs parmi les plus persévérants seront en revanche récompensés par un final explosif qui laisse augurer d'une éventuelle seconde saison beaucoup mieux travaillée en terme d'écriture. Celles et ceux qui s'attendaient sûrement à des séquences de procès intenses risquent d'être déçus. En effet, malgré les critères liés au métier exercé par les principaux protagonistes, Le Daron ressemble souvent davantage à une assemblage pauvrement écrit d'enquêtes policière trop rapidement expédiées tandis que cours et tribunaux ne serviront de matière première que vers la fin lors d'une très intense plaidoirie assurée par Vincent Daron.


À ce titre, l'on retrouve le talent de Didier Bourdon dont les années au Conservatoire National démarrées à la toute fin des années soixante-dix où il rencontra notamment Christophe Lambert ne furent pas inutiles. Si de part sa présence il peut paraître parfois faire de l'ombre à ses partenaires, au fil des différents récits, chacun d'entre eux parvient à se fait une place aux côtés de l'ancien Inconnus. Le Daron repose tout d'abord sur un second degré relativement discret même si Vincent et son équipe sont chargés de faire la lumière sur les quelques meurtres dont seront accusés leurs divers clients. Pourtant, tout va s'accélérer lors du dernier acte intitulé Un mariage 5 étoiles qui sonne la fin de cette première saison et fait pressentir un véritable raz de marée chez les Daron ainsi que pour Pauline... Là où le bât blesse se situe malheureusement au sein de l'écriture. Car si le scénario de Manon Dillys et Anthony Maugendre fait la part belle à la relation entre les divers personnages, ils en oublient parfois certains éléments essentiels comme le développement des affaires courant au cabinet, la résolution des énigmes étant parfois produites par on ne sait quel miracle. À croire que Vincent Daron partage parfois les mêmes gênes qu'un certain Adrian Monk ! Une aptitude dont le spectateur semble être parfois doté lui aussi puisqu'il ne sera pas rare de deviner avant le cabinet d'avocats, qui se cache derrière chaque meurtrier ou si l'une des présumées victimes alors disparue se serait pas elle-même principal auteur d'une machination. Bref, Le Daron se regarde moins pour les affaires judiciaires que pour les rapports qu'entretiennent les membres de la famille Daron avec celles et ceux qui orbitent autour d'eux. Réalisée par Frank Bellocq et Méliane Marcaggi, la série permet en outre de retrouver l'actrice Mathilda May dans le rôle de la commandante de police Corinne Lefranc, la mère de Pauline. Un rôle relativement et malheureusement insignifiant qui sera, on l'espère, étoffé lors d'une hypothétique seconde saison...

 

dimanche 10 novembre 2024

Quelque chose a changé de Jacques Santamaria (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

En dehors du fait que Quelque chose a changé soit le titre d'une chanson relativement mièvre interprétée par Eddy Mitchell (désolé papa), il s'agit aussi et surtout dans le cas qui nous intéresse d'un téléfilm franco-belge mis en scène en 2017 par le réalisateur et scénariste hexagonal Jacques Santamaria. Son second après C'est toi c'est tout en 2010 et son dernier jusqu'à maintenant puisqu'il a depuis surtout œuvré dans l'écriture à travers deux séries télévisées et le téléfilm Clemenceau, la force d'aimer de Lorraine Levy l'année passée. Effectivement, quelque chose va changer dans la vie de Louis-Régis Dupont-Moreau. Un retour à la nature à laquelle il semblait jusqu'ici se refuser, lui, ce grand dirigeant de l'entreprise Tencom que nombre de ses actionnaires rêvent d'évincer. Afin de leur échapper ainsi qu'aux vautours de la presse, il demande à son chauffeur de rouler, sans but précis, jusqu'à ce que ce dernier lui propose de l'emmener à la campagne, là où se situe une auberge tenue par Juliette... qui n'est autre que l'ex-femme de Louis-Régis. Renfrogné, celui-ci accepte malgré tout de s'y installer pour quelques temps. Quelques jours qui vont lui faire le plus grand bien, lui permettre de faire la connaissance d'Adrien, le mari de Juliette depuis six ans, ainsi que celle d’Émilienne, jeune beauté ébène déçue par les hommes, amie du couple qui travaille à leur compte comme cuisinière ou celle d'Audrey, une kinésithérapeute qui s'apprête à se faire passer la bague au doigt par un fiancé dont Louis-Régis donnera plus tard une définition assez juste et précise du bonhomme. Quelque chose a changé se déguste comme une bonne bière après une journée estivale de dur labeur. Un plaisir simple, à découvrir seul ou à partager entre amis, doté d'un casting vraiment sympathique puisque les quatre principaux personnages sont tout d'abord interprétés par Pierre Arditi dont la plupart d'entre nous retiendront sans doute sa longue carrière au cinéma ou sur les planches de théâtre mais qui fut et continue également d'être encore un narrateur hors-pair. Assurant notamment la narration de la formidable et inoubliable série documentaire consacrée aux animaux, Les chroniques de la Terre sauvage de Frédéric Lepage et Laurent Frapat entre 1994 et 2002.


C'est donc lui qui incarne le rôle de Louis-Régis Dupont-Moreau, homme aigri, dédaigneux, qui reprends donc contact avec Juliette qu'incarne Évelyne Bouix qui partage depuis près de quarante ans la vie de Pierre Arditi. Un couple qui dans le téléfilm de Jacques Santamaria paraît donc tout à fait naturel même si leur relation n'est plus tout à fait celle qu'il ont partagé puisque après leur divorce, la propriétaire de l'auberge s'est remariée avec Adrien qui de son côté est interprété par l'acteur Eric Viellard. Le réalisateur et scénariste signe un script et une mise en scène bienveillants. Faux méchant, Louis-Régis devient lui-même très attachant et le curseur de la caricature des rares ''antagonistes'' du récit est poussé dans de tels retranchements que l'on finit surtout par les plaindre pour leur grande médiocrité... De leur côté, Émilienne et Valentine sont respectivement interprétées par Peggy Leray et Audrey Beaulieu. Si l'attrait soudain pour la première de la part de celui que ses actionnaires surnomment ''Le Roi Du Monde'' peut paraître quelque peu subite (sachant que l'intérêt en question de la part de Louis-Régis pour Émilienne est de plus proportionnel à celui que porte sur le PDG de Tencom la jeune cuisinière), il est une évidence que l'auteur se porte ici volontaire pour nous décrire des situations amoureuses diverses et variées. Rien que de très commun en réalité. Des épousailles à venir pour des fiancés mal assortis, un ancien couple divorcé, une jeune femme malheureuse en amour qui semble (avec tout de même pas mal de méfiance) le retrouver auprès d'un dirigeant de grande entreprise. Bref, une histoire qui est tout sauf ardue à suivre, dont l'écriture offre des dialogues relativement peu originaux si ce n'est l'une des pièces maîtresses du téléfilm qui mettra tout le monde d'accord sur le fait que si la totalité des dialogues avaient été de la même teneur que ceux de la scène du dîner se déroulant à l'auberge entre Valentine, sa mère, quelques amis et l'horrible duo fiancé/belle-mère (incarnés par Xavier Robic et Isabelle Gazonnois), Quelque chose a changé serait sans doute devenu l'un des grands classiques de la comédie française. Le réalisateur et scénariste tente d'ailleurs de reproduire la dite séquence à la fin, lors de la réunion entre le PDG et ses actionnaires mais son ampleur est légèrement gâtée par sa redondance. Bref, Jacques Santamaria et ses interprètes nous proposent une sympathique comédie, légère, jamais prétentieuse. De quoi passer un très bon début de soirée...

 

lundi 14 octobre 2024

The Ones who Live de Scott M. Gimple Andrew Lincoln et Danai Gurira (2024) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

Première chose à savoir si l'on espère que cet énième Spin-off de la série The Walking Dead s'étale sur plusieurs saisons : The Ones Who Live n'en comptera qu'une seule. Et c'est avec soulagement que l'on peut apprendre cette news au sujet de cette nouvelle création dont les origines remontent en 2003 à travers la parution de la bande dessinée créée par Robert Kirkman, Tony Moore et Charlie Adlard avant d'être tout d'abord adaptée par Frank Darabont. En offrant aux fans de la franchise d'origine un produit dérivé mettant en scène deux des personnages les plus iconiques, Scott M. Gimple Andrew Lincoln et Danai Gurira se tirent une balle dans le pied et par la même occasion, nous plantent un couteau dans le dos. D'abord, tout est histoire de goût. Comme le démontrèrent notamment les critiques au sujet du Spin-off consacré à Daryl et Carrol qui de mon point de vue ont beaucoup plus de choses à apporter à la franchise que cette idole un peu trop lisse qu'a souvent été Rick Grimes (Andrew Lincoln). Lequel ayant été porté aux nues comme l'ultime représentation du Bien.Héros américain qui nous marqua dès lors qu'il porta la barbe longue, le cheveu gras, avant de perdre temporairement la tête lors d'une séquence qui le montrait mordre à pleines dents un antagoniste qui s'apprêtait à faire du mal à son fils Carl. Après ça ? Une douche bien méritée, un rasage de près et retour à la figure paternelle, au mari exemplaire, au valeureux chevalier, à l'ancien FLIC sans qui, aucune décision ou presque ne pouvait être prise. À ses côtés, Michonne (Danai Gurira). Aussi charismatique que Daryl Dixon. Son pendant féminin d'une certaine manière même si d'autres évoquent plutôt Carrol. The Ones Who Live marque également le retour d'Anne (Pollyanna McIntosh), affublée d'une coupe au bol aussi ridicule que le script de Scott M. Gimple et Gary Spinelli et où le combat entre le Bien et le Mal est d'une ampleur sans doute plus cataclysmique que jamais. Au centre d'un projet totalement fou de génocide orchestré par le major général Beale (Terry O'Quinn), nos deux légendaires personnages vont tout d'abord devoir se retrouver. Depuis huit ans qu'ils ne se sont plus revus, les créateurs du Spin-off consacrent le premier épisode à Rick et le second à Michonne avant qu'une fois réunis, ces deux là prennent la pose devant la caméra pour nous exposer leurs projets ainsi que leurs problèmes de couple. Huit ans sans s'être revus ni touchés, forcément, ça donne des idées.


Et les voilà emportés dans un désir interminable l'un pour l'autre, s'embrassant chaque fois que l'occasion se présente, comme deux adolescents qui découvrent leurs premiers émois. Touchant un moment, carrément chiant l'instant d'après. Constitué de six épisodes dont seuls les deux premiers sont véritablement intéressants, The Ones Who Live passe de la série horrifico-post-apocalyptique à la romance zombièsque dont la répétitivité rend le tout terriblement maussade. Rick ne devenant plus que l'ombre de lui-même tandis que Michonne tente de l'arracher à l'univers qui est le sien depuis de nombreuses années. Bourré d'invraisemblances telles qu'il est difficile de retenir son rire, le Spin-off faillit effectivement dans tout ce qu'il entreprend ou presque. Une ville immense dont l'existence est tenue secrète par une armée constituée de milliers de soldats et où pourtant, nos deux héros évoluent et cogitent sans presque aucun risque sur leur fuite éventuelle. Fuis-moi, je te suis, suis-moi je te fuis aurait pu être l'accroche de The Ones Who Live tant l'un et l'autre des deux principaux protagonistes ne semblent jamais savoir ce qu'ils veulent réellement. Comme lors de cette séquence totalement absurde montrant lors de leurs retrouvailles, un Rick convainquant Michonne de le suivre tout en lui promettant de fuir un jour cette ''ville-geôle'' qui le retient prisonnier depuis des années avant de lui faire comprendre quelques instant plus tard qu'elle devra s'en échapper seule afin de retrouver leurs deux enfants ainsi que les habitants d'Alexandria ! Des absurdités telles que celle-ci, The Ones Who Live en contient des wagons pleins à craquer. Mais le pompon, ça reste tout de même l'ultime épisode. Qu'il s'agisse de la confrontation avec Anne, obnubilée à l'idée que le couple puisse s'échapper avant de retourner subitement sa veste en leur donnant les clés qui leurs permettront de recouvrer la liberté (le lieu où se trouve le dossier qui pourrait les compromettre). Ou qu'il s'agisse encore de ce pré-final lors duquel ils s'introduisent dans le stock d'explosifs de la ville afin de tout faire sauter alors même que des milliers de soldats sont présents sur place. Et je ne parle même pas de ces deux séquences qui sont amenées à devenir cultes tant elles sont improbables et lors desquelles Michonne et Rick survivent à l'explosion du site ou lorsque ce dernier sort sans le moindre encombre d'une situation périlleuse l'opposant à un groupe de zombies ! Bref, entre embarras, ennui et rigolade franche mais apparemment inappropriée, The Ones Who Live est ce qui pouvait nous être proposé de pire au sein de la franchise The Walking Dead...

 

Daryl Dixon - The Book of Carol (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Après une première saison qui avait tout d'abord su se démarquer de la série originale grâce à la transposition de l'univers de The Walking Dead en France, l'accroche de Daryl Dixon provient tout d'abord du sous-titre qui accompagne cette seconde fournée diffusée pour la première fois chez nous le 29 septembre dernier. The Book of Carol met effectivement en scène l'un des personnages iconiques qui n'était encore jusqu'ici que très superficiellement évoqué. De bonnes choses à tirer de celle qui fut l'amie la plus proche du héros de ce Spin Off tout en apportant quelques éclaircissements quant à sa relation avec la mort de sa fille. L'on constate que douze ou treize ans après que Carol ait perdu Sophia dans des conditions sans doute moins traumatisantes que le contexte dans lequel nous découvrions à l'époque les raisons de sa disparition, la mère n'est toujours pas parvenue à faire son deuil. Durant la moitié de cette seconde saison partagée de manière homogène entre les États-Unis dont veut s'échapper Carol afin de retrouver Daryl et la France où se dernier échoua la saison précédente, le scénario est l'occasion de présenter un nouveau personnage en la personne de Ash (l'acteur Manish Dayal). Un homme droit, loyal,marqué par un décès qui ne pourra que le rapprocher de celle qui espère retrouver son ami. Également constitué de six épisodes, Daryl Dixon - The Book of Carol provoque un véritable bouleversement dans l'ordre des choses alors même que semblait établi jusqu'ici, qui reposait sur le Bien et qui figurait le Mal. En forme de doublon permanent, cette seconde saison ne fait pas qu'opposer deux situations partagées soit par des distances hypothétiquement infranchissables, soit par des conflits dont ressortent perpétuellement vainqueur celles et ceux qui ont choisit de faire le Bien. Au centre du récit l'on retrouve donc Laurent Carrière (Louis Puech Scigliuzzi), jeune érudit convoité par Losang (Joel de la Fuente) et par Marion Genet (excellente Anne Charrier), laquelle apparaît dans un premier temps comme l'unique antagoniste de cette histoire. Parfois woke sur les bords mais pas trop, la série continue donc de mettre en scène Daryl, toujours formidablement incarné par Norman Reedux en père protecteur de substitution lors d'une aventure jamais avare en péripéties... Les temps morts se font rares et les occasions de voir se profiler des retournements de situation sont nombreuses. Tournée dans des décors hexagonaux qui, sans chauvinisme aucun, s'avèrent d'une confondante beauté, le gros de l'intrigue se déroule au Mont-Saint-Michel tout en permettant aux protagonistes d'évoluer parmi certains décors aperçus lors de la première saison...


Dans cette suite très vigoureuse et graphiquement somptueuse, les amateurs d'horreur auront droit à leur quota de morts, d'un côté comme de l'autre. Et même, d'un côté comme DES autres puisque comme nous l'avait habitué la franchise depuis ses débuts, les ''Affamés'' ne sont pas les seules créatures dont nos valeureux héros auront à se méfier. Concentré sur six épisodes, Daryl Dixon - The Book of Carol permet d'accélérer le phénomène de prise du pouvoir jusqu'à le démultiplier. Un jeu de domino qui permet à un antagoniste d'en chasser un autre. En contrepartie, la seconde saison et surtout ses auteurs semblent devoir s'auto-contraindre à l'habituelle caricature qui touche l'hexagone chaque fois qu'une production américaine vient tourner ou fait mine de le faire dans notre pays. Les baguettes de pain, l'accordéon ou le fameux béret ayant été ici remplacés par une image de la France qui dans l'ensemble et en dehors de la représentation post-apocalyptique de la capitale ou de la Défense en particulier ne ressemble absolument pas à celle que l'on imagine être en ces années 2020. Présentant une France certes ''charmante'' mais clairement désuète, on a très souvent l'impression que la série a fait un bon dans le passé pour s'inscrire dans la première moitié du vingtième siècle, jusqu'à même évoquer la sombre période 39/45 ! Certains grinceront certainement des dents quand d'autres s'amuseront de ces choix narratifs et environnementaux pittoresques. Reste que Daryl Dixon - The Book of Carol est une excellente suite à la première saison et qu'elle demeure sans doute le meilleur Spin Off de The Walking Dead produit jusqu'ici malgré un tout dernier acte parfaitement dispensable et qui ouvre de nouvelles perspectives permettant à Daryl Dixon de s'exporter de nouveau à l'étranger. En Angleterre comme semblent le signifier les quinze ou vingt dernières minutes du sixième épisodes ? Ou bien en Espagne comme semblent l'évoquer les lieux de tournages choisis pour la troisième saison ? L'avenir nous le diras espérons-le, très bientôt...

 

jeudi 10 octobre 2024

Les Bodin's enquêtent en Corse de Thierry Binisti (2024) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Trois ans après que Maria Bodin et son fils Christian aient effectué un voyage en Thaïlande afin de redonner le goût de vivre à ce dernier et accessoirement filer un coup de main à la jeune et jolie Malee ainsi qu'à son village afin qu'ils soient définitivement débarrassés du tyrannique Monsieur Ping, nos deux ''charmants'' campagnards partent cette fois-ci pour la Corse. Une nuit, Christian fait un affreux cauchemar dans lequel il voit un homme se faire assassiner sur une plage. Le lendemain, sa mère lui révèle qu'il possède le même don que son défunt père et qui réside a des visions qui consistent à voir les morts avant qu'elles ne se produisent. Sa mère, toujours aussi clairvoyante y voit ainsi un cadeau qu'il faut très vite mettre à contribution. Grâce à son sens inné de la déduction, la vieille dame propose (ou plutôt, impose) à son fils de l'accompagner jusqu'à l’île de Beauté et ainsi abandonner pour un temps leur ferme de Pouziou-les-Trois-Galoches ! Arrivés en Corse, ils apprennent rapidement que la future victime qui doit mourir dans trois jours à la pleine Lune s'appelle Pasqualini. Mais avant de se lancer dans leur nouvelle enquête, Maria et Christian passent dire bonjour à l'un des membres de leur famille installée sur place et productrice de viande corse... Le contraste entre Les Bodin's en Thaïlande de Frédéric Forestier et Les Bodin's enquêtent en Corse de Thierry Binisti est important. En passant du grand au petit écran, c'est toute l'ampleur d'une production pourtant produite à la faible hauteur de sept millions d'euros qui s'en ressent même si là encore, les fans du duo en auront pour leur argent. Passer des splendides décors thaïlandais aux non moins formidables paysages corses ne se fait pas sans heurts. D'autant plus que le long-métrage de Frédéric Forestier avait su allier avec une certaine homogénéité dans l'approche de différents genres comme l'aventure, la comédie, l'action et le thriller. N'en demeure en 2024 plus qu'une comédie fourrageant quelques principes liés au cinéma policier hexagonal pour un résultat, ma foi, plutôt honnête.


Si le réalisateur originaire de Créteil Thierry Binisti n'exploite pas scrupuleusement les majestueux décors qui sont ici mis à contribution, il n'en demeure pas moins que son téléfilm exploite le caractère très spécifique de ses habitants sans pour autant se laisser aller à la caricature trop facile et lourdingue. Restent quelques timides incartades propres aux habitants du ''pays'', entre chants corses et parler spécifique à la région. Les amateurs du cinéma d'Eric Fraticelli auront le plaisir d'y découvrir dans le rôle d'Ours l'acteur Jean-François Perrone et son regard un peu fou et de quelques interprètes du terroir à la langue chantante. Peu caricatural, oui. Et c'est peut-être ce que l'on reprochera le plus à Les Bodin's enquêtent en Corse. Car avec un tel matériaux entre les mains, on pouvait supposer que la rencontre entre cette population au franc-parler et une Maria pas moins dénuée du moindre filtre provoquerait une véritable onde de choc et serait l'occasion de joutes verbales endiablées. Mais que nenni, là encore le réalisateur fait montre d'une timidité parfois déconcertante. Dans l'éternelle peau des Bodin's, Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet sont toujours aussi attachants (agaçants diront certains) et, contrairement aux corses, toujours aussi caricaturaux. Le problème avec le téléfilm de Thierry Binisti est qu'il aurait tout aussi bien pu être réalisé sur le territoire hexagonal tant le voyage vers l'Île de Beauté paraît parfois presque anodin. Les lieux où fut effectué le tournage eurent au moins le mérite de séduire le duo d'humoristes qui trois mois après le clap de fin ne s'en n'était pas encore remis. À l'issue de ces nouvelles aventures des Bodin's, Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet ont choisit de ne pas se reposer puisqu'ils ont presque directement enchaîné avec Les Bodin's partent en vrille, leur prochain film à destination des salles obscures qui sera réalisé par Frédéric Forestier et dont la sortie est prévue pour l'année prochaine...

 

mercredi 25 septembre 2024

Black Matter de Blake Crouch (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

En 1996 débarquait sur M6 l'excellente série de science-fiction Sliders : les mondes parallèles. Créée par Tracy Tormé et Robert K. Weiss, son concept reposait sur le voyage de quatre protagonistes (Quinn Mallory, Wade Wells, Rembrandt Brown et le professeur Maximillian Arturo) projetés dans des univers parallèles et apparemment semblables au leur. À la seule différence que l'évolution des différentes sociétés auxquelles ils furent confrontés les mettaient régulièrement en danger. Leur but : retrouver leur monde d'origine. Près de vingt ans plus tard, le romancier américain spécialisé dans l'horreur et la science-fiction Blake Crouch publiait le roman Dark Matter dont il allait tirer en 2024 une série éponyme en neuf épisodes diffusée à partir du 8 mai sur AppleTV+. Le récit met tout d'abord en scène Jason Dessen (Joel Adgerton), professeur de sciences qui après s'être rendu dans son bar préféré est agressé par un inconnu au visage caché derrière un masque. L'homme l'emmène dans une zone industrielle où il lui injecte une drogue avant de l'enfermer dans une curieuse ''boite'' noire. Lorsque Jason se réveille, il est accueilli par son ami Leighton Vance et par un groupe d'individus vêtus de blouses blanches. Leighton lui annonce qu'il ne s'attendait pas à le revoir un jour. Jason ne comprend absolument pas le sens de cette phrase. Et pour cause : il vient d'être le sujet d'une expérience extraordinaire. Et contrairement aux apparences, le professeur de sciences n'est plus dans le monde qu'il a connu jusqu'ici mais dans une réalité alternative où l'a projeté l'inconnu... La relation entre Sliders : les mondes parallèles et Dark Matter saute tout d'abord aux yeux. Mais cette série inspirée d'un roman s'en éloigne pourtant drastiquement même si l'on y retrouve certains éléments. Ici, nul vortex mais un immense boite qui une fois close, mute à l'intérieur en un couloir infini doté d'innombrables portes donnant sur des univers parallèles à celui de Jason. [ATTENTION SPOIL] : tandis que notre héros est perdu dans un monde qui lui est inconnu et auquel il va tenter d'échapper pour retrouver sa vie d'avant, celui qui s'attaqua à lui est en fait son double.


''Réplique'' parfaite de Jason qui va s'emparer de son existence et prendre sa place au sein de sa famille. Une famille constituée d'un fils (Oakes Fegley dans le rôle de Charlie) et d'une épouse (Jennifer Connely dans celui de Daniela). Petit détail amusant, le héros ayant été blessé lors de son agression, Joel Edgerton portera tout au long du récit une blessure au nez qui permettra aux spectateurs de le différencier de son double. Le récit développe tout d'abord l'idée d'un couple qui au moment de sa séparation et de l'apparition de l'usurpateur se délitait. L'arrivée d'un brillant scientifique fou amoureux de celle qui dans son univers lui avait échappée pour des raisons d'ordre moral et pratique (le Jason parallèle ayant choisit de poursuivre sa carrière en dépit de son amour pour Daniela) redéfinit totalement leur relation. Dans Dark Matter, les rapports humains sont aussi fondamentaux que l'extraordinaire phénomène qui prend place au sein du récit. À ce titre, le personnage incarné par Jennifer Connely (Requiem for a Dream) est sans doute celui qui demanda le plus d'effort lors de son développement. Jason, passant d'un univers à un autre, croisera forcément le double de son épouse, laquelle aura effectué dans la vie un chemin bien différent de celle qui partage son existence. Entre drame, thriller et science-fiction, Dark Matter développe un univers cohérent, remarquablement écrit, s'étendant sans doute très largement au delà du roman de quatre-cent pages dont il s'inspire. Beaucoup plus sombre et parfois nihiliste que Sliders, l'évocation d'un multivers est ici traité de manière beaucoup plus sérieuse et consciencieuse que dans la plupart des films de supers-héros qui axent en partie leur intrigue sur le sujet. Outre l'histoire centrale, les fans de Sliders auront le très court plaisir de voir certains personnages évoluer dans des univers parallèles plus ou moins bienveillants (monde englouti sous les flots, soleil se rapprochant dangereusement de notre planètre, ère glaciaire, etc...). Notons que la série s'éternise un peu trop vers la toute fin. Chaque épisode comptant une moyenne de cinquante-cinq minutes, il aurait sans doute été préférable de rallonger le huitième d'une dizaine ou d'une vingtaine de minutes et de nous épargner le neuvième dont l'essentiel est discutable... Au final, Dark Matter est une excellente surprise...

 

mercredi 18 septembre 2024

Worst Ex Ever (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Le 9 février dernier, la plate-forme Netflix proposait l'effarant documentaire intitulé Lover, Stalker, Killer. Réalisé par Sam Hobkinson, l'on y voyait un certain Dave Kroupa qui après son divorce noua une relation avec Liz Golyar, une jeune femme rencontrée sur une application de rencontre. Une relation qui ne durera pas dans le temps puisqu'il fit par la suite la connaissance de Cari Farver, laquelle lui envoya étrangement peu de temps après leur rencontre, un violent texto dans lequel elle lui annonçait son choix de le quitter. Une histoire somme toute banale comme il en existe des milliers mais qui pourtant pris une tournure absolument hallucinante que le documentaire ainsi que de nombreux témoins détaillèrent point par point... En 2022, Netflix avait déjà proposé au sein des nombreux documentaires criminels que la plate-forme partage avec ses abonnés, une série tout aussi incroyable intitulée quant à elle Worst Roommate Ever et dans laquelle témoignaient les victimes de colocataires extrêmement dangereux. Deux ans plus tard, et toujours sous la houlette de Netflix, une extension de cette dernière présentée sous le titre Worst Ex Ever expose désormais quatre histoires sous le même format mais reposant cette fois-ci sur un concept similaire à celui de Lover, Stalker, Killer. Autant dire que celles et ceux qui apprécièrent à l'époque de ce dernier l'extraordinaire manipulation dont se rendit coupable l'une des protagonistes du récit vont se réjouir de pouvoir découvrir non plus un fait-divers, mais quatre. Autant le dire tout de suite, et aussi démentes que vous paraîtront ces diverses affaires criminelles, aucune d'entre elles ne revêtira l'ampleur de cette histoire totalement dingue. Il n'empêche pourtant qu'Un date avec le Diable, Insigne Insidieux, Une garde fatale et Mariée à un monstre demeurent des terreaux fertiles à des scénarii que l'on rêve déjà de voir adaptés sur grand écran.


Entre ce petit ami à la violence conjugale récurrente, ce faux flic manipulateur et cette innocente victime enfermée en prison pendant huit mois, cette mère et cette fille prêtes à tout pour récupérer la garde d'un enfant ou ce mariage qui vire au cauchemar jusqu'à ce que l'un des époux commette l'irréparable, il y a là de quoi se mettre de belles et passionnantes affaires criminelles sous la dent. Sous la curieuse houlette de Blumhouse Television Production dont on s'attend généralement plus à voir débarquer une nouvelle production horrifique de fiction qu'une série documentaire, Worst Ex Ever confirme que Netflix est en la matière, d'une richesse insoupçonnée. Quels que soient les critiques que l'on puisse formuler à son encontre, les amateurs d'enquêtes de ce type ont vraiment de quoi se satisfaire. Avec Worst Ex Ever, James Wan s'écarte drastiquement de ses thématiques habituelles faisant majoritairement appel au fantastique et à l'horreur. Et ce, même si cette dernière fait incontestablement partie du paysage de ce documentaire en quatre partie où les principaux intervenants ont (au même titre que les spectateurs d'ailleurs) de quoi avoir à minima la chair de poule ! Des histoires qui commencent de manière très classique pour enfoncer les personnages au cœur d'histoires souvent sordides et meurtrières. Quatre faits-divers, donc, mais dont les deux premiers offrent une révélation plus ou moins inédite de ce genre de cas criminels tandis que les troisième et quatrième et épisodes s'avéreront déjà nettement plus... ''classiques'' ! Témoignages des victimes ainsi que des autorités. Carence flagrantes des autorités policières avec pour conséquences de dramatiques erreurs judiciaires. Pas besoin d'aller bouffer du pop-corn devant ses séries policières préférées. L'horreur, la vraie, est à quelques pas de chez nous. Chez des individus apparemment insoupçonnables mais qui cachent en réalité des monstres d'une perversité assez remarquable. Bref, pour Netflix, c'est encore une fois le jackpot. Des histoires tellement folles que l'on pourrait parfois croire qu'il ne s'agit que d'histoires montées de toutes pièces sous la forme de documenteurs très convaincants. Et pourtant, tout y est scrupuleusement véridique. Effroyable, parfois touchante et ne laissant en tout cas pas indifférent, Worst Ex Ever est une série aussi prenante qu'angoissante...

 

samedi 7 septembre 2024

Brotherhood of Justice de Charles Braverman (1986) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

 

Vedettes du téléfilm Brotherhood of Justice de Charles Braverman, Keanu Reeves, Kiefer Sutherland et Lori Loughlin ont ceci en commun qu'ils débutèrent approximativement leur carrière respective à peu près à la même période. Seul le second, fils de l'illustre Donald Sutherland, passera directement par la case cinéma en jouant aux côtés de son père dans Max Dugan Returns en 1983. Enchaînant ainsi les rôles au cinéma en apparaissant dans d'excellentes productions dès les années quatre-vingt avec Stand by Me de Rob Reiner en 1986, The Lost Boys de Joel Schumacher en 1987 ou Young Guns de Christopher Cain l'année suivante. Avant de devenir l'une des plus grandes stars du cinéma américain actuel, Keanu Reeves incarna bon nombre de rôles sur le petit écran, entre séries télévisées et téléfilms. Devenu depuis l'une des icônes du cinéma d'action notamment à travers le rôle éponyme de l'excellente franchise John Wick, il incarne ici le premier rôle de Derek, l'un des nombreux étudiants d'une université qui depuis quelques temps connaît des dégradations et des problèmes de trafic de drogue. Après que le proviseur Bob Grootemat (Joe Spano) ait très clairement fait comprendre à ses élèves qu'il n'était pas question de faire appel aux autorités compétentes afin de maintenir l'ordre dans son établissement, une ''milice'' est formée autour du jeune et brillant étudiant. Un groupe de plusieurs camarades ont effectivement décidé de s'occuper eux-mêmes du maintien de l'ordre dans leur établissement. Après avoir dressé une liste d'individus qu'ils estiment devoir punir, Derek et ses amis vont se lancer dans diverses expéditions punitives. Au grand dam du shérif de la ville et de Christie, sa petite amie qu'il fréquente maintenant depuis deux ans... Une jolie étudiante qui ne partage absolument pas le point de vue de Derek et de ses amis et qui à l'écran est donc interprétée par Lori Loughlin qui de son côté démarra à la télévision avant d'apparaître dans le troisième long-métrage de la franchise Amityville dans lequel elle incarne la fille du personnage central interprété par l'acteur Tony Roberts. Mais l'actrice deviendra surtout célèbre dès l'année 1988 pour son rôle de Rebecca Donaldson dans la série La fête à la maison.


Quant à Kiefer Sutherland, il joue dans le cas de Brotherhood of Justice lui même le rôle d'un étudiant qui pour se payer ses études travaille le soir comme serveur dans un restaurant. Brotherhood of Justice s'inscrit dans un courant populaire des années quatre-vingt de type ''Campus Films'' dont l'énoncé cache mal ses origines : le concept repose sur le développement de jeunes protagonistes dans un milieu universitaire. Tous les codes ou presque sont d'ailleurs définis dans le téléfilm de Charles Braverman. De l'étudiant contraint de payer ses études à celui qui roule en décapotable et dont la fortune des parents ne nécessite pas d'avoir un boulot. Bien entendu, ce dernier fait partie de l'équipe de football américain de l'université et l'on peut distinguer au loin les pom-pom girls s'entraîner pour les compétitions sportives à venir. Débutant comme une simple comédie américaine typique de l'époque, Brotherhood of Justice vire peu à peu au drame et change donc radicalement de ton. Le téléfilm repose d'ailleurs sur des événements qui se produisirent réellement deux ans auparavant au lycée Paschal dans la région métropolitaine de Dallas-Fort Worth située au Texas. En effet, un groupe d'autodéfense du nom de Légion du Destin y fut formé afin de résoudre les problèmes de délinquance. Reposant sur le concept de Vigilantisme, les motivations du groupe sont ici très clairement louables. Violeurs, trafiquants de drogue, voyous passent par la sentence de ce groupe constitué d'élèves apparemment bien sous tous rapports. Mais là où Brotherhood of Justice marque sa différence, c'est lorsque intervient le désir pour les uns et les autres membres du groupe de profiter de leur nouveau statut de justiciers pour régler leurs problèmes personnels... L'occasion d'éclairer le spectateur sur le caractère psychopathique des uns (Billy Zane dans le rôle de Les) et l'impossibilité de conserver la cohésion du groupe malgré la bonne volonté de certains de ne produire que du bien pour la communauté. Le téléfilm de Charles Braverman est d'abord et avant tout l'occasion de découvrir des acteurs au visage adolescent et au début de leur carrière. Notons que le doublage en français est à la limite du désastre et ne rend absolument pas honneur aux interprètes. Classique dans sa forme, Brotherhood of Justice est dans l'ensemble une assez bonne surprise...

 

lundi 26 août 2024

The Night Strangler de Dan Curtis (1973) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Durant sa carrière de cinéaste, le réalisateur américain Dan Curtis fraya avec le petit et le grand écran. Mettant en scène quelques sympathiques bobines horrifiques, il fut au moins notamment l'auteur de deux authentiques moments d'effroi. En 1976 tout d'abord, avec le long-métrage cinématographique Burnt Offerings, cas unique de maison vivante absorbant littéralement l'énergie vitale de ses habitants et dont on ne trouve me semble-t-il qu'un ou deux équivalents littéraires à travers l'un des nombreux chefs-d’œuvre écrits par le romancier britannique Graham Masterton, La maison de chair et l'excellent mais néanmoins étouffant Le festin séculaire de l'écrivain français Georges-Jean Annaud... Ensuite, avec La Malédiction de la veuve noire l'année suivante, véritable cauchemar diffusé pour la première fois dans notre pays le 31 août 1983 et dont les spectateurs les plus sensibles se souviennent encore très certainement. Entre autres films et téléfilm fantastico-horrifiques qu'il mit lui-même en scène, Dan Curtis participas au succès de ce qui allait bientôt devenir une série constituée de deux pilotes et de vingt épisodes. Créée par le scénariste et producteur Jeffrey Grant Rice, le premier pilote de la future série intitulée The Night Stalker fut tout d'abord réalisé par John Llewellyn Moxey (je reviendrai d'ailleurs peut-être prochainement dessus). Le second, lui, fut donc confié à Dan Curtis sous le titre The Night Strangler. Et comme son nom l'indique, il met à l'épreuve le héros de la série incarné par l'acteur Darren McGavin dans le rôle du journaliste Carl Kolchak face à un tueur en série insaisissable qui s'en prend exclusivement aux femmes qu'il étrangle et dont il brise la nuque avant de les vider de leur sang... Mélangeant enquête policière et fantastique, cet épisode, comme tous les autres d'ailleurs, fait chaque fois appel à l'un des grands mythes du bestiaire fantastique. Ici, en l'occurrence, celui du vampire...


Considérée comme l'une des principales sources d'inspiration ayant donné naissance deux décennies plus tard à la série culte X-Files : aux frontières du réel, The Night Stalker (titré chez nous, Dossiers brûlants) est effectivement très proche de celle créée par Chris Carter et dans laquelle, cette fois-ci, les agents du FBI Dana Scully et Fox Mulder allaient enquêter sur des phénomènes paranormaux et autres créatures au cours de nombreux épisodes regroupés en onze saisons. À chaque époque ses créatures et celles de la série mettant en scène Carl Kolchak seront généralement plus proches de celles réunies dans les classiques de l'âge d'or du cinéma fantastique que dans l'observation de phénomènes extraterrestres et autres cas de mutations génétiques. Le personnage incarné par l'acteur Darren McGavin colle aux basques de la police, ce qui a tendance à rendre agressifs les représentants de l'autorité. Surtout lorsque le journaliste alors lancé en mode détective se fait plus clairvoyant que les inspecteurs chargés d'enquêter ! Pourvu d'une résistance à toutes épreuves au risque de voir les foudres du directeur de la publication (Simon Oakland dans le rôle de Tony Vincenzo) tomber sur lui, Carl Kolchak parviendra chaque fois à résoudre les affaires qu'il aura décidé lui-même de prendre en charge. Concernant la ''paternité'' de The Night Stalker sur la future série X-Files, ce second téléfilm n'en est que la plus remarquable représentation. En effet, le vampire en question qu'incarne l'acteur Richard Anderson, un ancien médecin dont l’hôpital fut fermé avant de finir ''englouti'' sous les fondations de la ville réapparaît tous les vingt et un ans, faisant à chacune de ses réapparitions six victimes avant de disparaître à nouveau. Le personnage du docteur Richard Malcolm fait avec évidence référence à celui d'Eugène Victor Tooms qui par deux fois fut confronté à Mulder et Scully dans les épisodes Compressions et Le retour de Tooms et dont les méthodes de survie seront à peu de chose près les mêmes que dans le téléfilm de Dan Curtis. Concernant The Night Strangler, il s'agit d'un très sympathique thriller en forme d'épisode pilote testant à l'époque de sa sortie la viabilité de son concept. Le récit est quant à lui adapté d'une histoire écrite par le romancier et scénariste américain, Richard Matheson...

 

dimanche 14 juillet 2024

Outreau, un cauchemar français (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Jusqu'à ce jour, L'affaire Outreau demeure l'une des affaires criminelles françaises les plus ignobles qu'aient eu à traiter la presse et la justice. Un fait-divers abominable autour de la pédophilie faisant écho au cas du belge Marc Dutroux qui seulement quelques années auparavant fut reconnu coupable de séquestrations, de viols et de meurtres sur des enfants en bas âge. Repoussant les limites de l'indicible puisque mettant en cause non plus seulement un individu mais des dizaines, L'affaire Outreau est un cas d'école sur lequel se sont penchés divers médias. La télévision, avec l'émission criminelle Faites entrer l'accusé qui lui a consacré un numéro en janvier 2008 sous le titre Myriam Badaoui, la menteuse et le juge. Un épisode exceptionnel suivi d'un débat quant à lui intitulé Outreau - Que sont-ils devenus ? Ensuite, le cinéma, sous diverses formes. Celle du documentaire avec Outreau, l'autre vérité de Serge Garde en 2013. Et celle de la fiction avec l'excellent Présumé coupable de Vincent Garenq qui mettait en scène Philippe Torreton dans le rôle de l'huissier Alain Marécaux qui aux côtés de son épouse et d'autres victimes fut accusé à tort par Myriam Badaoui ! Puis retour sur le petit écran avec le docu-fiction L'affaire d'Outreau d'olivier Ayache-Vidal et Agnès Pizzini en 2023 pour en venir à la toute dernière itération de ce sordide fait-divers qui continue de fasciner autant qu'il révulse avec Outreau, un cauchemar français, un documentaire en quatre parties pour une durée avoisinant les trois heures proposé par la plate-forme de streaming Netfix en 2024. Une mini série qui s'ancre dans le réel puisque ici, les ''acteurs'' de l'affaire sont ceux-là même qui d'un côté subirent les mensonges d'une mythomane incestueuse et pédophile, de son taré de mari, d'un couple d'amis et d'un juge froid et, contrairement à ce qu'il ose d'emblée affirmer dans ce documentaire, n'a jamais été en capacité de se remettre en question et de l'autre, la totalité des intervenants. Des avocats chargés de faire toute la lumière sur cette abominable affaire en passant par les journalistes un peu trop rapides dans leurs conclusions et jusqu'au procès lors duquel sera enfin mise en lumière la vérité.


Une affaire tellement incroyable qu'elle n'a en fait d'autre équivalent sur le territoire français que L'affaire du Petit Grégory. Il était sans doute nécessaire d'élargir le contexte plutôt que de le condenser dans ses grandes lignes tant il y eu de choses à dire sur les atrocités subies par les enfants des bourreaux ou sur cette étrange ''allégeance'' accordée par le Juge Fabrice Burgaud à cette vilaine créature qu'était Myriam Badaoui et qui mit la justice et de pauvres innocents à genoux. Le récit est évidemment glaçant. Il n'épargne pas les téléspectateurs qui découvrent l'affaire jusque dans ses détails les plus scabreux. Surtout, Outreau, un cauchemar français met en lumière l'absurdité et l'incohérence de certains témoignages, où l'horreur allait toujours plus loin et où certains, sans réfléchir, ont pris comme acquis la parole de ceux qui sentaient le besoin, sans cesse, d'en rajouter. Le plus délicat demeurant ici la parole même des enfants. Au ''bénéfice'' de cette affaire sans commune mesure, c'est bien celle-ci qui sera au final remise en question malgré l'intervention d'une ''experte'' qui comme le juge Burgaud est demeurée sur des principes pourtant mis en défaut lors du procès. L'approche de Outreau, un cauchemar français est bicéphale. Entre dégoût et fascination, le documentaire attise comme n'importe quel fait-divers authentique mais s'avère également passionnant dans ce qu'il dégage de romanesque au sens littéraire. Il n'est donc pas interdit de voir en cette mini-série, la reconstitution, images d'archives à l'appui, d'une affaire criminelle épouvantable tout comme un excellent thriller en quatre parties qu'aucun scénariste, même le plus zélé, aurait pu concevoir. Des dizaines d'ouvrages ont depuis l'affaire été édités. C'est donc avec de solides bases et un estomac en acier que l'amateur d'affaires judiciaires découvrira le documentaire. Une mini-série qui de manière fort inattendue convie l'ancien juge d'instruction Fabrice Burgaud à venir témoigner très régulièrement. Un personnage qui n'a absolument pas perdu de son arrogance, culotté au point d'affirmer que parmi les raisons qui le firent choisir la voie de la justice était la remise en question. Terme qui au mieux fera pouffer de rire et au pire rendre ce personnage plus médiocre encore qu'il ne l'a jamais été. Bref, Outreau, un cauchemar français est quoiqu'on en dise un passionnant documentaire sur les dérives de l'âme humaine ou sur celles des médias et de la justice...

 

mercredi 3 juillet 2024

Diabolique de Gabriel Aghion (2016) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

À l'origine de Diabolique il y eut l'Affaire des reclus de Monflanquin. Un fait-divers qui défraya la chronique française entre 2000 et 20009 lorsqu'un escroc du nom de Thierry Tilly s’immisça dans l'existence d'une riche famille de nobles du nom de Védrines. Convaincus par cet homme charismatique et manipulateur qu'ils étaient victimes d'un complot, onze membres de la famille s'enfermèrent pour une partie d'entre eux dans le château familial de Montflanquin tandis que d'autres se réfugièrent à Oxford, en Grande Bretagne. Le téléfilm est réalisé en 2016 par Gabriel Aghion auquel on doit notamment Pédale douce en 1996, Belle maman en 1999, Absolument fabuleux en 2001 ou encore Pédale dure en 2004, Bref, pas de quoi se réjouir d'avoir une filmographie exemplaire. Diabolique est un téléfilm qui fut tout d'abord diffusé en Belgique avant d'apparaître pour la première fois sur nos petits écrans le 5 avril 2016 sur France 3. Le réalisateur s'inspire en outre de l'ouvrage écrit par Ghislaine de Védrines, celle-là même qui parmi les membres de la famille fit justement entrer le loup dans la bergerie. Incarnée à l'écran par Michèle Laroque, cette dernière est donc confrontée à Laurent Stocker qui de son côté interprète Thomas Texier, l'alter ego fictionnel de Thierry Tilly. Avec plus ou moins de conviction, Gabriel Aghion tente de montrer la machine infernale mise en place par cet individu hautement qualifié dans les domaines de la manipulation et du mensonge. Pourtant, et c'est sans doute ce qui empêche le téléfilm d'être aussi puissant dans sa révélation finale qu'avait pu l'être celle de l'éponyme Diaboliques d'Henri-Georges Clouzot en son temps, le fait d'avoir à juste titre entendu parler à l'époque de l'authentique fait-divers écarte tout suspens quant à la conclusion du récit. En outre, l'affaire aurait sans doute mérité un déploiement beaucoup plus conséquent en terme d'écriture car si l'apparent renoncement financier de l'antagoniste du récit explique l'emprise et la confiance qu'il génère auprès des principaux intéressés, la rapidité avec laquelle l'homme parvient à faire le vide autour des membres de la famille peut paraître un tant soit peu complaisante.


Dans les rôles de Gérard Anger et Isabelle de Lassay, Philippe Résimont et Anne Consigny apparaissent donc comme les interprètes les plus convaincants. Ceux qui en incarnant le doute permettent de contrebalancer cette ''folie'' qui paraît s'être emparée des autres membres de la famille vivant désormais reclus dans leur luxueuse propriété et sous le joug d'un Thomas Texier devenu essentiel au maintien et à la cohésion de la famille et de sa richesse en terme de patrimoine. Les moyens mis en place afin de démontrer dans quelles proportions l'individu est parvenu à instaurer un climat de paranoïa poussant la famille Védrines à s'isoler du reste du monde jusqu'à éviter tout contact avec la moindre de leur relation et chasser tous ceux qui ne partagent pas leur opinion sur la situation manque parfois de cohérence. Cette vitesse avec laquelle Hélène de Lassay Anger, qui n'est autre que le nom donné ici à Ghislaine de Védrines, boit littéralement les paroles de son nouveau mentor. Quitte à humilier, voire chasser ceux qui nient l'authenticité du personnage. En la matière, Laurent Stocker incarne parfaitement cet être affable, apparemment désintéressé et capable de résoudre à lui seul tous les maux qui touchent cette famille désormais en plein désarroi. Il n'en demeure pas moins qu'une certaine tension naît au sein du récit, devant ce déploiement ininterrompu de prétextes visant à éloigner la famille de tout contact extérieur comme l'entreprendrait n'importe quel gourou. Gabriel Aghion crée un certain malaise. Surtout si l'on prend en compte le fait que les événements sont ici inspirés d'un fait-divers réel. L'on prend alors la mesure du drame et de ses conséquences sur la stabilité d'une famille capable d'exploser face à la démoniaque entreprise d'un parfait inconnu...


 

vendredi 14 juin 2024

Lover, Stalker, Killer de Sam Hobkinson (2024) - ★★★★★★★★★☆

 


 

Souvent et inexplicablement conspuée pour, soit-disant, la faible qualité des programmes qu'elle propose à ses abonnés, la plate-forme de streaming Netflix a en revanche l'avantage de proposer des documentaires criminels parmi les plus convaincants. On se souviendra notamment de l'excellent Don’t F**k with Cats tournant autour de la traque d'un tueur de chats qui s'avérera plus tard n'être rien moins que Le Dépeceur de Montréal, Luka Magnotta, ''mannequin'' et ''acteur'' raté qui pour faire parler de lui ne trouva rien mieux que de se filmer en train de torturer de pauvres petites bêtes avant que les réseaux sociaux ne s'emparent de l'affaire et ne mènent leur propre enquête... Depuis quelques mois a été mis à disposition sur cette même plate-forme, un autre documentaire criminel dont l'affaire n'a rien de commun avec celle de Luka Magnotta mais dont le déroulement n'en est pas moins passionnant. Voire même incroyable. Le genre de ''scénario'' que seul un esprit aussi troublé que celui d'un romancier spécialisé dans le macabre ou celui d'un scénariste de thrillers semblait jusque là être capable d'imaginer. Réalisé par Sam Hobkinson, Lover, Stalker, Killer (pathétiquement sous-titré chez nous, L'ex de l'extrême) est le genre de documentaire qui après sa vision fera réfléchir par deux fois celles et ceux qui désirent s'aventurer pour la première fois sur les sites de rencontres pour y trouver leur future compagne ou le coup d'un soir. À travers les différents témoignages des enquêteurs, d'une mère éplorée, mais aussi et surtout de l'homme à l'origine de toute cette histoire, Lover, Stalker, Killer nous conte la terrible mésaventure de ce garagiste qui après avoir fait une première rencontre est tombé sous le charme d'une certaine Cari. Celle-ci met d'emblée les choses au clair : il n'est pas question pour elle d'entretenir une relation sérieuse avec Dave. Père de famille tout à fait respectable mais divorcé de son ex-épouse, il rencontre tout d'abord Liz puis Cari. Un soir, alors qu'il accueille chez lui cette dernière, Liz passe le voir afin de récupérer quelques affaires.


Le regard des deux femmes se croisent une poignée de secondes et tandis que Liz est montée prendre ses affaires, Cari a décidé de prendre sa voiture pour rentrer chez elle. Une fois Liz repartie, Dave rejoint Cari chez elle et y passe la nuit. Le jour suivant, et alors qu'il est parti travailler dans son garage, il reçoit un SMS dans lequel Cari lui avoue vouloir vivre avec lui. Pour toute réponse, Dave lui rétorque qu'ils s'étaient mis d'accord pour que le relation ''reste un jeu''. Après quoi, la jeune femme entre dans une colère noire et commence à harceler le garagiste en lui envoyant quotidiennement des centaines de messages de menace... Jusque là, rien que de très classique pour tout amateur de thrillers qui connaît sur le bout des doigts les œuvres de fiction qui traitent de ce genre de sujet. De Un frisson dans la nuit de Clint Eastwood, en passant par Harcèlement de Barry Levinson et jusqu'au plus célèbre d'entre tous, Liaison fatale d'Adrian Lyne. Sauf que dans le cas de Lover, Stalker, Killer, tout repose scrupuleusement sur un fait-divers authentique. Mais mieux que cela : ce qui semble relever d'une évidence indémontable va connaître un revirement absolument sensationnel que même le plus tordu des écrivains hésiterait peut-être à envisager dans le plus pervers de ses ouvrages. Où la folie et le stratagème le plus machiavélique s'entremêlent afin de donner naissance à un véritable cas d'école. Documentaire glaçant, passionnant, au retournement de situation si promptement inenvisageable que la procureure qui fut en charge de mener la procédure eut besoin de faits extrêmement solides pour convaincre les jurés, il est quasiment impossible de demeurer indifférent au déroulement de l'intrigue tant la personnalité de l'un des protagonistes en présence relève autant de la folie pure que du calcul diabolique... Bref, avec Lover, Stalker, Killer, Netflix propose une nouvelle fois de nous plonger dans les affres de la criminalité avec cette histoire aussi épouvantable que fascinante...

 

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