Comme il m'arrive de
l'évoquer fréquemment sur ''Cinémart''
et un peu plus rarement ici, sur ce blog consacré à la télévision,
les tueurs en tous genres inspirent régulièrement le cinéma et le
petit écran. Mais il arrive parfois que l'inverse se produise et que
la fiction soit à l'origine de faits divers criminels. On peut tout
de même s'étonner d'y voir des tueurs en herbe s'inspirer de
fictions telles que Columbo, sachant que le célèbre lieutenant à
l'imperméable froissé a toujours réussi à clore une affaire en
envoyant l'auteur du meurtre derrière les barreaux. Pourtant, c'est
bien après avoir assisté à la projection de l'épisode Exercice
Fatal que
le couple Jean-Stéphane Saizelet et Nadège Gallet, connu sous le
nom des Amants de
Sarcelles
ou Amants
Diaboliques
a mis au point le meurtre d'un imprimeur âgé de quarante-deux ans
et compagnon de Nadège Gallet, Jean-Bernard Wiktorska. Mais alors
que le corps s'apprêtait à être incinéré, un appel téléphonique
anonyme allait relancer l'affaire, et après autopsie, le médecin
légiste nota des blessures n'ayant aucun rapport logique avec la
façon dont la victime était supposée être décédée (la trachée
écrasée par une haltère de cinquante kilos en travers de la
gorge), ainsi que la présence dans l'organisme de Jean-Bernard
Wiktorska, de Rohypnol,
un puissant somnifère. Mais alors, quel rapport entre ce meurtre et
l'épisode de Columbo dont l'enquêtrice de la DRPJ de Versailles,
fan de Columbo,
nota une troublante similitude ?
L'Haltère,
justement, que le tueur-vedette de cet excellent épisode ouvrant la
quatrième saison de Columbo
diffusé pour la première fois en France le juin ''expose'' comme
l'un des éléments d'un crime si bien réfléchi qu'il aurait tout
du meurtre parfait si le lieutenant Columbo n'avait pas eu la
responsabilité de le résoudre. Face à un Peter Falk toujours aussi
collant et savoureux, l'acteur Robert Conrad dans le rôle de Milo
Janus, un homme d'affaire à qui tout réussi mais qui détourne de
l'argent pour son compte personnel. Lorsque l'un de ses franchisés,
Gene Staford constate l'escroquerie, il prévient Milo Janus qu'il a
l'intention d'en faire part aux différents actionnaires. Ne pouvant
le laisser agir, Milo Janus met au point un meurtre en tous points
remarquable et qui devrait normalement définitivement le mettre à
l'abri des menaces de Gene Staford et surtout, lui assurer le
parfait alibi...
''Vous
avez voulu créer le parfait alibi, et c'est votre parfait alibi qui
vous a trahi...''
(Columbo
à Milo Janus)
Mais
face à Columbo, on le saura à travers les soixante-neuf épisodes
que constitue la série, jamais aucun meurtrier ne lui a échappé.
Et surtout pas l'arrogant Milo Janus. Ce quinquagénaire sportif
relativement méprisant, escroc d'envergure (il a en effet détourné
d'importantes sommes d'argent) et apprécié par sa jolie secrétaire
Jessica Conroy (interprétée par l'actrice Gretchen Corbett qui
débutera notamment sa carrière sur le petit écran avec la s&rie
N.Y.P.D
en 1968) face auquel le scénario de Peter S. Fischer impose un
lieutenant égal à lui-même, plongé une fois encore dans un
contexte social qui dénote absolument avec l'image que renvoie le
personnage du flic pas très malin qu'il arbore afin de tromper le
suspect.
Si
tout au long des dix-huit saisons réparties entre 1967 et 2003, la
résolution des crimes fut généralement exploitée de façon
remarquable par des scénaristes possédant une très fertile
imagination, celle de cet Exercice
Fatal
peut-être considérée comme l'une des plus formidables. Réalisé
par le cinéaste Bernard L. Kowalski, cet épisode met le lieutenant
face à un meurtre complexe à résoudre puisque tout laisse supposer
que l'assassin a mis au point un alibi si parfait, que rien ne semble
pouvoir le défaire. Mais comme le hasard fait parfois bien les
choses au moment même où notre flic préféré est dans l'impasse,
un détail va tout changer. Un détail, oui, mais aussi quelques
menus défauts dans la conception du meurtre qui ne pourront échapper
à cet invétéré fumeur de cigares. Exerice
Fatal
est un épisode passionnant, la résolution du meurtre y est l'une
des plus jouissives de la série et Robert Conrad (le fameux
Pappy Boyington de la série Les Têtes brûlées)
s'y révèle parfois absolument infecte. Et comme le dit très
justement l'inspecteur après avoir démontré la culpabilité de
Milo Janus dans le meurtre de Gene Staford, c'est son parfait alibi
qui fini par le trahir...