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dimanche 5 janvier 2025

Squid Game (saison 2) de Hwang Dong-hyeok (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Après une première saison qui a conquis la presse et les téléspectateurs qui l'ont découverte lors de sa diffusion sur la plateforme Netflix il y a trois ans, Squid Game du réalisateur et scénariste sud-coréen Hwang Dong-hyeok revenait donc en 2024, deux jours après le réveillon de Noël. Un joli cadeau pour celles et ceux qui suivirent les aventures de Seong Gi-hun (l'acteur Lee Jung-jae) et de quatre-cent cinquante-cinq autres participants à un véritable jeu de massacre à l'issue duquel le ou les vainqueurs étai(en)t promis à une récompense de quarante-cinq milliards de wons (la monnaie actuellement en cours en Corée du Sud). De cette folle aventure où notre héros fut le seul bénéficiaire des gains puisque tous ses adversaires furent tués lors des six jeux proposés, Seong Gi-hun revient pour cette seconde saison lors de laquelle il va de nouveau intégrer la longue liste des nouveaux prétendants au jackpot afin de faire tomber le masque (c'est le cas de le dire) de l'homme qui se cache derrière toute cette affaire. Alors que l'on pouvait a priori s'attendre à ce que le concept tourne en boucle, Hwang Dong-hyeok a la bonne idée de découper son sujet en deux phases distinctes. Constituée de sept épisodes seulement dont la durée varie entre une heure et une heure quinze, le réalisateur et scénariste concentre les deux premiers autour de l'unique vainqueur de la première saison et du policier Hwang Jun-ho (Wi Ha-joon). Le premier tente, aidé d'un groupe de malfrats qu'il paie grassement à l'aide du gain dont il n'a quasiment rien dépensé, de retrouver celui qui recrute dans le métro les futurs participants au jeu. Le second, recherche quant à lui depuis deux ans l'île sur laquelle avaient eu lieu les événements. Deux épisodes qui sortent quelque peu du cadre attendu en arborant les atours du thriller cher à la Corée du Sud. Étant devenu l'un des pays exportateurs du genre parmi les plus brillants, cette entrée en matière de près de deux heures-trente est une manière de rassurer les spectateurs quant au sort qu'accorde son créateur à la série.


On se doute alors assez rapidement de la suite des événements. Seong Gi-hun retrouve à l'issue de ces deux premiers épisodes le chemin de l'île après avoir collaboré avec la bande de truands parmi lesquels l'on retrouve son meilleur ami Jung-bae (Lee Seo-hwan), lesquels parviennent à mettre la main sur le recruteur. Une fois retrouvée la multitude de décors tous plus incroyables les uns que les autres (le Parc des Expositions de Daejeon sert toujours de cadre réaménagé au labyrinthe d'escaliers et au dortoirs des compétiteurs), la saison est partagée entre les nombreuses séquences se déroulant sous terre et celles situées à bord de deux embarcations maritimes dont les équipages sont chargés de retrouver l'île afin de libérer Seong Gi-hun et les autres participants avant la fin des ''festivités''. Dans cette seconde saison, et vu le véritable bain de sang de la première, il a fallut pour Hwang Dong-hyeok, créer de tout nouveaux personnages. Parmi eux, un ancien rappeur toxicomane interprété par l'une des stars sud-coréennes du K-Pop, Choi Seung-hyun, lequel a été poursuivi pour consommation de marijuana! Une vieille femme et son fils. Respectivement interprétés par Kang Ae-shim et Yang Dong-geun, la première, Jang Geum-ja, accompagne tout d'abord en secret son fils Park Yong-sik afin de l'aider à régler ses importantes dettes de jeu. Ajoutons Lee-Myung-gi, ancien youtubeur spécialisé dans la crypto-monnaie qui a fait perdre beaucoup d'argent à certains des participants au jeu venus se renflouer (Yim Si-wan), son ex petite amie Kim Jun-hee, elle aussi ruinée et proche de mettre au monde leur enfant (l'actrice Jo Yu-ri) ou encore Hyun-ju, personnage transgenre, ancien soldat des forces spéciales engagée dans le jeu afin de se payer ses prochaines interventions chirurgicales.


 Incarné par l'acteur cisgenre Park Sung-hoon, le personnage fait alors l'objet d'une polémique autour de laquelle le choix d'un acteur non transgenre dont la présence est expliquée par le créateur de la série qui explique en substance qu'au moment de créer le personnage, aucun interprète sud-coréen ne faisait ouvertement partie de cette 'communauté''. Un choix difficile à mettre en cause tant l'incarnation de l'acteur est au fil des épisodes, de plus en plus touchante et remarquable... Alors que certaines personnalités se dégagent parmi les quatre-cent cinquante-six participants au Squid Game, le déroulement des jeux se déroule de manière identique à la première saison. Mais pas d'inquiétude à avoir puisque la suite nous donnera tort. En effet, le scénario investit ensuite dans des décors et des idées de jeux qui diffèrent de la première saison. Avec, cerise sur le gâteau, la possibilité de voter entre chacun d'entre eux et de choisir de continuer tout en emportant l'argent accumulé. À la seule condition que les candidats voulant abandonner la compétition soient majoritaires. Squid Game saison 2 plonge une nouvelle fois les personnages au sein d'une critique sociale féroce, où les tensions montent graduellement entre ceux qui veulent gagner plus et ceux qui veulent en finir avec ce véritable jeu de massacre. Ajoutons que le récit intègre le personnage de No-eul (l'actrice Park Gyu-young), l'un des rares personnages faisant partie du cercle d'antagonistes masqués et vêtus de rose que le scénario accepte de caractériser. Sans oublier Lee Byung-hun, qui incarne le personnage de Hwang In-ho et du Maître des jeux. Drôle de choix d'ailleurs de le révéler si rapidement et d'en faire un personnage, il est vrai, fondamental, mais finalement moins ambigu qu'il n'y paraît lorsque l'on connaît sa véritable identité... Squid Game saison 2 déçoit surtout pour une unique raison : le choix d'interrompre l'intrigue en son milieu avec la promesse prochaine de poursuivre les péripéties de nos joueurs lors d'une seconde saison qui, espérons-le, sera aussi trépidante que celle-ci...

 

mercredi 1 janvier 2025

Mortelle Raclette de François Descraques (2024) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Le réalisateur François Descraques s'est fait connaître dès 2009 avec la Web-Série Le visiteur du futur qu'il adaptera ensuite sous forme de long-métrage éponyme en 2022. Fort de cette expérience et bénéficiant d'une excellente réputation auprès des internautes, France Télévisions se charge de diffuser en 2016 la série Dead Landes, laquelle empile les références, alliant horreur, science-fiction, catastrophe et comédie. Toujours diffusée sur le petit écran, c'est sur Canal+ qu'apparaît à partir du 25 décembre dernier sa toute dernière création intitulée Mortelle raclette. Tout comme Dead Landes huit ans auparavant, celle-ci s'inscrit ainsi dans un ton parodique. Mais alors qu'en 2016 cette dernière s'inspirait plus ou moins de The Walking Dead et de quelques autres séries post-apocalyptiques américaines sans toutefois bénéficier des mêmes apports scénaristiques et financiers, Mortelle raclette invite ses personnages dans un chalet situé en Savoie pour y tourner un film pornographique. N'excédant pas les soixante-quatre minutes, le long-métrage d'une durée plus que raisonnable met en scène une dizaine de jeunes interprètes sans doute moins connus de l'ancienne garde que des générations sevrées aux réseaux sociaux ! En effet, à l'exception de l'acteur Fred Testot, ancien complice d'Omar Sy(c!) sur plusieurs émissions de télévisions diffusées sur Canal+ (Dont Service après-vente) et Bertrand Usclat qui après des débuts sur Youtube avec la troupe Yes vous aime jongle entre télévision et cinéma (Jumeaux mais pas trop d'Olivier Ducray et Wilfried Méance, Menteur d'Olivier Baroux, Second Tour d'Albert Dupontel), le reste du casting est constitué de jeunes artistes parmi lesquels l'actrice, réalisatrice et scénariste américano-belge Bérangère McNeese, le co-fondateur de la web-série Paye ton crush sur Instagram, Esteban Vial ou l'actrice Irina Muluile qui débuta sa carrière sur grand écran dans L'école pour tous d'Eric Rochant en 2006 avant de véritablement se faire connaître dans la série Le bureau des légendes, laquelle est alors également créée par le réalisateur et scénariste français avant d'être diffusée pour la première fois chez nous sur Canal+ dès le 27 avril 2015. Parodie assumée de plusieurs classiques du cinéma d'épouvante américains, contrairement à ce que le titre laisse transparaître, Mortelle Raclette joue assez peu avec les codes cinématographiques des fêtes de fin d'année. Car si l'intrigue s'adapte aux rigueurs de l'hiver, ici, nulle trace un peu trop téléphonée d'un quelconque désaxé habillé en Père-Noël.


Et pour une fois que la religion chrétienne n'en prend pas pour son grade, c'est avec autant de jubilation que de délectation que le réalisateur, accompagné à l'écriture par le scénariste Bertrand Delaire nous offrent l'une des plus jouissives alternatives au gorissime Terrifier 3 de Damien Leone. Avec lequel, il est vrai, Mortelle raclette ne partage pas grand chose.... Voire même, rien du tout ! En réalité, cette troupe d'acteurs et de techniciens amateurs s'apprêtant à tourner un film de boules (mais pas de celles que l'on accroche à son sapin, hein!) vont être eux-mêmes confrontés à un tueur en série dont l'identité ne nous seras révélée qu'au beau milieu du récit. Entre meurtres originaux mais insuffisamment sanguinolents et tournage de film X abracadabrantesque sont implantés des personnages hauts en couleurs dont la caractérisation s'inscrit au cœur d'un vivier d'influenceurs et de pseudos-interprètes qui pullulent sur le net. Les fans d'horreur et d'épouvante dresseront de mémoire la liste des quelques références cinématographiques plus ou moins ouvertement évoquées. Shining étant l'un de ses principaux représentants même si l'angoissant hôtel Overlook laisse ici place à un chalet aux allures de cabane dans les bois (enneigés) propre à un certain Evil Dead signé de Sam Raimi. D'ailleurs, est-ce le fruit du hasard ou une réelle volonté des auteurs mais le personnage de HMC qu'incarne l'ancien mannequin Jessé Rémond Lacroix ne nous fait-il pas furieusement penser au célèbre Ash Williams qu'interprétait justement l'acteur américain Bruce Campbell dans le film culte de ce même Sam Raimi ? Une version efféminée qui s'effraie de tout, soit dit en passant. Aux côtés de ce tout jeune hardeur qui s'essaie donc au porno, Esteban Vial incarne le rôle de Pablo, jeune onaniste narcissique complètement tebé qui pour entrer en érection doit impérativement se contempler dans un miroir ! Bérangère McNeese se glisse quant à elle dans la peau de Solange, jeune antispéciste, Vegan et éco-responsable coincée reprenant le rôle de l'actrice principale du film (dans le film) après la mort de cette dernière. Antoine Gouy se fond dans celle de Romain, l'un des chefs de projet, scénariste et cameraman qui toutes les dix secondes balance à ses acolytes des références cinématographiques sous forme de citations et de dialogues. Quant à Irina Muluile, elle interprète le rôle très ambigu, de Dom. Une femme bien charpentée, psycho-rigide (du moins, en apparence). Ajoutez à cela d'autres partenaires dotés eux aussi de personnalités ambivalentes et l'on obtient un cocktail qui ferait presque envier l'idée d'une future série. Si toutefois celle-ci devait se montrer capable de maintenir un certain niveau concernant l'écriture. Car au delà de l'incarnation toute en absurdité et en gaudrioles de ses interprètes, Mortelle Raclette peut également compter sur de savoureux dialogues. Pas toujours très fins, parfois touche-pipi, mais pour une fin d'année festive, quoi de mieux entre une tranche de foie gras et une compilation des meilleures chansons de Patrick Sébastien... ?

 

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