Depuis quelques années,
l'acteur et réalisateur Yves Rénier (Commissaire Moulin)
s'est mis en tête de réaliser pour la télévision française des
téléfilms relatant d'authentiques faits-divers criminels qui ont
tous défrayé la chronique. Dernièrement, il a mis en scène La
Traque
sur le tueur en série Michel Fourniret. En 2018, Jacqueline
Sauvage : c'était Lui ou Moi.
L'année précédente, Je Voulais juste rentrer
chez Moi
sur l'affaire Patrick Dils et en 2015, Flic tout
Simplement.
Ce dernier relate les événements tragiques qui se sont déroulés
dans les années quatre-vingt dix et qui mirent en cause Guy Georges,
l'un des plus célèbres tueurs et violeurs en série français. Il y
est incarné par l'acteur Nicolas Mouen qui jusqu'à maintenant a
très peu tourné puisque en dehors d'un rôle de professeur de Zumba
dans Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?
de Philippe de Chauveron et deux courts-métrages, son personnage de
Guy Georges dans le téléfilm d'Yves Rénier est pour le moment le
seul véritable rôle important qu'il ait eu à interpréter. Comme
l'indique avec honnêteté le titre du téléfilm Flic
tout Simplement,
le récit tourne en réalité autour du personnage interprété par
l'actrice Mathilde Seigner qui grâce au réalisateur trouve une
nouvelle fois l'occasion de faire montre de son talent sur le petit
écran. Dans le rôle-titre, elle incarne Martine Monteil, ex
dirigeante de la brigade des stupéfiants, du proxénétisme, de la
brigade de répression du banditisme (ou BRB), à laquelle fut offerte l'opportunité d'être la première femme à diriger la
brigade criminelle de Paris située au 36, quai des Orfèvres...
Le
titre n'est d'ailleurs pas dû au fruit du hasard puisque le téléfilm
est l'adaptation éponyme de son roman autobiographique (après 100
ans de Police Judiciaire
en 2007), lequel retrace donc une partie du parcours de Martine
Monteil au sein de la brigade criminelle de Paris. Flic
tout Simplement ne
se penchera pas sur l'arrestation, les aveux et le procès de Guy
Georges mais sur tout ce qui les précède et surtout sur le combat
mené par une femme contrainte de réorganiser les méthodes
d'investigation de la brigade criminelle. Yves Rénier met le
spectateur face à des contradiction effarantes alors que dehors, un
tueur en série sévit. En effet, alors que le Directeur Devaire
(qu'interprète lui-même l'acteur/réalisateur) tente de redorer
l'image de la brigade criminelle, Martine Monteil se préoccupe avant
tout de l'affaire sur laquelle elle a choisi d'enquêter en priorité.
Bien que la mise en scène soit relativement académique, Flic
tout Simplement est
intéressant à plus d'un titre : il permet tout d'abord de
mettre en avant les lenteurs des services de recherches scientifiques
de l'époque (chargées d'analyser les empreintes génétiques), les
dysfonctionnements internes de la brigade criminelle (avant l'arrivée
de Martine Monteil, deux groupes d'enquêteurs qui ne communiquaient pas entre eux travaillaient pourtant sur la
même affaire sans le savoir), mais aussi de comprendre comment est
née la création du Fichier National Automatisé des Empreintes
Génétiques (le FNAEG)...
Sombre
est plutôt bien mené, le téléfilm d'Yves Rénier bénéficie en
outre de la présence aux côtés de Mathilde Seigner de l'acteur
Philippe Torreton qui en 2021 interprétera le rôle plutôt délicat de
Michel Fourniret dans La Traque
et qui dans Flic tout Simplement interprète
celui du Commandant Cardella. Jean-Marie Winling campe le père de
l'héroïne, Steve Driesen, le commandant Laval ou Patrick Ridremont,
l'époux de Martine Monteil. Quant à la partition musicale de
Stéphane Zidi et Laurent Sauvagnac, elle crée ce climat de suspens
qui parfois accompagne certaines séquences. À noter que Flic
tout Simplement n'est
pas la première fiction à se pencher sur le cas de Guy Georges. En
effet, un an auparavant sortait sur les écrans de cinéma le film de
Frédéric Téllier, L'Affaire SK1...