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jeudi 25 octobre 2018

CoinCoin et les Z'Inhumains de Bruno Dumont (2018) - ★★★★★★★☆☆☆




Quatre ans après P'tit Quinquin, le réalisateur et scénariste français Bruno Dumont revient pour la troisième fois sur le petit écran (il a réalisé entre temps la mini-série musicale Jeannette l'année dernière) avec CoinCoin et les Z'Inhumains, suite des aventures de Quinquin, qui, comme on l'aura compris, a changé de prénom. L'histoire elle aussi est différente. Désormais, il n'est plus question de femme démembrée découverte dans la carcasse d'une vache mais de flaques de... mazout (?)... tombant mystérieusement du ciel. Une étrange substance que la police scientifique définie très rapidement comme n'étant pas d'origine humaine. Pour le commissaire Roger Van der Weyden et l'inspecteur Rudy Carpentier, c'est l'occasion de replonger dans une affaire pleine de mystère, au cœur d'une civilisation exhibée une nouvelle fois au grand jour par un Bruno Dumont qui offre un temps de parole de presque quatre heures à des interprètes amateurs piochés dans la région à laquelle le cinéaste rend hommage.
Que dire de CoinCoin et les Z'Inhumains si ce n'est que ceux qui apprécièrent la première saison ne seront pas dépaysés ? En effet, les quatre années qui séparent les deux saisons ne furent visiblement pas l'occasion pour leurs interprètes d'apprendre le métier d'acteur. C'est toujours aussi approximatif et mal joué, mais bizarrement, c'est cette manière peu convaincante qu'ont les interprètes de jouer leur rôle qui participe à l'attachement de personnages qui autrement, seraient sans doute passés inaperçus.

Bon ! Autant le préciser tout de suite, l'enquête que va mener le commissaire et son assistant (respectivement incarnés par Bernard Pruvost et Philippe Jore) n'est qu'un prétexte qui n'aboutira sur rien de concret. En effet, se terminant sur une queue de poisson, mieux vaut que soient prévenus les fans des Experts qui voudraient se changer les idées devant une série qui offre une vision diamétralement différente du métier d'enquêteur. Ici, tout est prétexte à voir déambuler des interprètes que certains considéreront peut-être eux-mêmes comme des individus d'une autre planète. S'exprimant dans un patois pas toujours évident à déchiffrer (l'acteur incarnant à lui seul la police scientifique en étant un bon exemple), Pruvost, Jore et même Alane Delhaye qui réinterprète quatre ans plus tard le rôle de Quinquin/Coin Coin conservent ce que d'aucun jugera de curiosité avec ce semblant de moquerie qu'une minorité d'entre nous (je l'espère) ne pourra s'empêcher d'exprimer.

Car CoinCoin et les Z'Inhumains, c'est avant tout la représentation d'un monde agricole et paysan s'exprimant avec ses propres codes. Une voiture se nomme là-bas, une carette (à ce propos, sachez qu'un logiciel comme Open Office demeure incapable d'identifier ce terme en tant que tel) et un excrément, du brun. Pas besoin d'avoir fait de grandes études pour faire le rapprochement, et donc, dans l'ensemble, cette seconde saison est assez facile à suivre sans décodeur. Bernard Pruvost semble avoir toujours autant de difficultés à apprendre son texte (on le voit porter une oreillette dans laquelle le réalisateur lui récite son texte) et ses tics paraissent avoir pris de l'ampleur. Se détachent de l'intrigue quelques interprètes au rang desquels, Alane Delhaye bien évidemment, ainsi que son comparse Julien Bodard, dit « L'Gros ». Le personnage incarné par Philippe Jore encaisse les remarques incessantes de son supérieur tandis qu'il lui fait payer en faisant du « »deux roues » avec le véhicule de service.

C'est tout un village qui participe avec plus ou moins de conviction, de bonheur et de talent à ce que j'oserais considérer comme pas moins que la cinquième adaptation du roman de Jack finney sorti chez nous sous le titre Graines d’Épouvante, un classique de la science-fiction qui donna naissance à au moins deux chefs-d’œuvre au cinéma : L'Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel en 1955 et L'Invasion des profanateurs de Philip Kaufman en 1978. Si l'on devait faire ne serait-ce qu'un reproche à cette seconde saison, c'est la tendance qu'à l'intrigue à tourner en rond. Fort heureusement, le quatrième et dernier (et meilleur) épisode de cette mini-série constituée de quatre parties étant identifiées chacune sous un titre différent relève très largement le niveau. En espérant revoir un jour ces personnages auxquels on finit forcément par s'attacher... Un parti-pris osé de la part de Bruno Dumont mais dont le premier épisode, a à lui seul attiré plus d'un million de téléspectateurs...

mercredi 3 octobre 2018

Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi d'Yves Rénier (2018) - ★★★★★★★☆☆☆



Muriel Robin, c'est qui ? L'humoriste qui nous offrit quelques moments d'anthologie sur scène (La Robe), l'interprète d'une quinzaine de longs-métrages au cinéma parmi lesquels Les Couloirs du temps : Les Visiteurs 2 pour lequel elle continue de recevoir des critiques mitigées injustifiées même si passer après Valérie Lemercier était forcément une gageure pratiquement insurmontable. Muriel Robin est également une comédienne de théâtre, ainsi que l'interprète d'une grosse douzaine de téléfilms, dont le très réussi Marie Besnard, l'empoisonneuse de Christian Faure dans lequel elle incarnait déjà le rôle-titre, et puis Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi de l'acteur, scénariste et réalisateur Yves Rénier, diffusé il y a quelques jours seulement. Une excellente surprise. Tout d'abord parce que le casting impeccable profite à un récit terriblement glaçant adapté d'un fait-divers authentique, mais avant tout parce que Muriel Robin y est brillante. Se fondant dans ce personnage de femme battue qui, à bout, tue l'homme avec lequel elle est mariée depuis presque un demi siècle, l'humoriste se fond littéralement dans la peau de Jacqueline Sauvage.

Si l'on ne devait faire qu'un reproche au téléfilm d'Yves Rénier, c'est la manière qu'a le cinéaste d'aborder le sujet en optant le point de vue victimaire de Jacqueline Sauvage sans vraiment laisser de place au doute. Car le procès auquel l'on assiste doit répondre à une question : La mort de Norbert Marot est-elle due à un cas de légitime défense ? Le récit laisse supposer que oui. Du moins le spectateur est-il pris en otage et contraint de résoudre ainsi par lui-même cette interrogation, même si la justice en décidera autrement.
Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi invoque également le comportement de cette même justice qui dans cette affaire, et de manière générale, ne laisse aucune place aux sentiments alors même que les deux avocates de l'accusée (les actrices Armelie Deutsch et Alix Poisson) jouent elle-même cette carte afin d'épargner à leur cliente la lourde peine qui l'a déjà condamnée à dix ans de prison en première instance.

Bien que Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi soit constitué de deux épisodes d'une heure chacun environ, on pourra même pousser le reproche jusqu'à évoquer la trop grande simplicité des thèmes évoqués. Car autour de cette sordide histoire de famille, Yves Rénier disperse ses différents éléments entre le quotidien de Jacqueline Sauvage (à travers de nombreux flash-back) et le procès, en oubliant un point fondamental qui est l'enquête policière elle-même. D'aucun constatera qu'une partie de celle-ci sera évoquée dans l'enceinte du tribunal, le téléfilm d'Yves Rénier méritait sans doute quelques dizaines de minutes supplémentaires pour approfondir certains points.
Mais ne boudons pas notre plaisir car en dehors de ces quelques considérations, Jacqueline Sauvage : C'était lui ou moi est une franche réussite, admirablement incarné par Muriel Robin et ceux qui tiennent lieu de famille à son personnage (Agnès Guignard, Clément Manuel, Samantha Rénier (la propre fille d'Yves Rénier avec lequel elle joua le personnage de Marie, dans la célèbre série policière française, Commissaire Moulin), par la jeune Anissa Allali qui campe le rôle de la co-détenue Nicky Zuliani, mais aussi et surtout l'acteur Olivier Marchal qui endosse le rôle difficile de Norbert Marot. Impressionnant ! A découvrir pour ceux auraient manqué sa diffusion...
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