Mots-clés

samedi 30 octobre 2021

In Search of Darkness de David A. Weiner (2021) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Netflix, Amazon Prime Video, Salto, Apple TV, Disney+... les plate-formes de streaming se multiplient comme des petits pains depuis ces dernières années. L'une d'elles a choisi de ne diffuser que des programmes horrifiques. Il s'agit de Shadowz. Et parmi ses programmes, celle-ci propose le documentaire en quatre parties intitulé In Search of Darkness. Une anthologie entièrement consacrée au cinéma d'horreur des années quatre-vingt. Il est d'ailleurs impossible de se tromper sur la marchandise puisqu'elle est sous-titrée A Journey Into Iconic '80s Horror ! La première partie couvre la période située entre 1980 et 1982. Réalisé par l'ancien assistant de la direction américain David A. Weiner, In Search of Darkness a la particularité de convier à ce retour au cœur des années quatre-vingt un panel très large de témoins de cette époque. Des acteurs, dont Tom Atkins qui fut notamment l'un des principaux interprètes de The Fog ou Halloween III, Doug Bradley, le Pinhead de la franchise Hellraiser, l'actrice Lori Cardille qui fut l'héroïne féminine exclusive du troisième volet de la saga sur les zombies de George Romero Day of the Dead, les réalisateurs John Carpenter (Fog, The Thing, They Live), Larry Cohen (Q), Joe Dante -The Howling) ou Stuart Gordon (From Beyond) et bien d'autres personnages encore. Ce premier épisode est découpé en plusieurs parties. Après que les intervenants nous aient donné une liste de leurs films d'horreur préférés, le documentaire entre dans le vif du sujet. L'on apprend tout d'abord en préambule que le genre était méprisé par les grands studios et une certaine presse.


Les témoins nous expliquent alors pourquoi le public se passionne pour le cinéma d'horreur. Ce désir irrépressible de se faire peur tout en sachant que l'on ne craint rien devant son écran de télévision ou confortablement installé dans une salle de cinéma. Certains évoquent même les effets thérapeutiques que peut entraîner la vision de tel ou tel film d'horreur. Allez donc expliquer cela à un individu qui justifie par exemple l'acte d'un tueur de masse après qu'il ait regardé Vendredi 13 ou Halloween ! Les années quatre-vingt aux États-Unis,c'était aussi et surtout l'époque de la chaîne MTV et de ses classements musicaux. La seconde partie, elle, se penche sur l'arrivée dans les chaumières de la VHS. Le cinéma entre désormais chez les gens et offre aux amateurs de cinéma d'horreur, l'occasion de découvrir chez eux des dizaines, des centaines, voire des milliers de films qu'ils n'auraient pas eu la chance de voir autrement. Une révolution qui va peu à peu laisser la place au câble pour lequel seront produits des bandes horrifiques à petit budget dont les qualités seront discutables. Les témoins reviennent également sur les jaquettes des films qui, il faut l'avouer, on beaucoup perdu de leur qualité par la suite. La troisième partie se penche quant à elle sur l'explosion des effets-spéciaux qui à l'époque ne recouraient pas encore aux images de synthèse mais sur le prodigieux travail d'artistes que l'on peut encore aujourd'hui considérer comme des génies. Tom Savini, Rob Bottin, Rick Baker, Dick Smith... Des hommes qui ont donné vie aux fantasmes des réalisateurs les plus exigeants comme nous le prouveront certains extraits de films tel An American Werewolf in London, The Howling et peut-être plus encore The Thing et son incroyable démonstration de force en matière d'effets-spéciaux...


Cette première partie de In Search of Darkness fait comme l'on s'en doute l'objet de nombreuses anecdotes. Les intervenants étant en nombre important, le rythme est particulièrement enlevé. Chaque acte étant séparé par une sélection de longs-métrages sur lesquels ils reviennent tous, le principe permet ainsi au téléspectateur de faire travailler sa mémoire et surtout de tester ses connaissances en matière de cinéma d'horreur. Si une très grande majorité des films qui y sont présentés à travers moult extraits sont forcément bien connus des amateurs de films d'horreur et d'épouvante, In Search of Darkness est une excellente entrée en matière pour les néophytes qui désireraient se pencher sur ce type de films. Retrouver John Carpenter, Jeffrey Combs et la toujours aussi désirable Barbara Crampton (Re Animator, From Beyond), Keith Davis (The Thing, They Live), Nick Castle (Hallowween) et des dizaines d'autre acteurs, réalisateurs, critiques (John Bloom), scénaristes est un pur plaisir. In Search of Darkness ne peut que laisser parler sa fibre nostalgique au spectateur puisque ici, plus que le cinéma d'horreur, c'est toute une époque qui renaît de ses cendres. Un engouement qui se répercute même désormais à travers certains films et séries situant leur action à cette époque bien précise. On rangera d'emblée In Search of Darkness aux côté des deux volets du documentaire This is Horror de John Simmons et Rick Marchesano sortis en 1986 ou de Terror in the Aisle d'Andrew J. Kuehn qui lui vit le jour deux ans auparavant... Notons que Netflix propose actuellement la série de documentaires The Movies that Made us dont le panel de genres est plus élargi mais qui propose quelques très intéressantes séquences consacrées à quelques grands films fantastiques...

 

vendredi 29 octobre 2021

Le mobile de Tali Shemesh et Asaf Sudry (2021) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Depuis quelques temps, Netflix semble avoir mis un point d'honneur à proposer toute une série de documentaires portant sur diverses affaires criminelles. Au beau milieu de documentaires axés sur les plus célèbres d'entre eux (Charles Manson, Ted Bundy, Henry Lee Lucas, David Berkowitz etc...), les affaires étant situées sur le territoire des États-Unis ne sont désormais plus les seuls à apparaître sous un nouveau sur la célèbre plate-forme de Streaming puisque la France (Gregory), l'Inde (Burari : Le mystère d'une tragédie familiale) ou comme ici Israël sont désormais au cœur de documentaires souvent remarquables. Concernant Le mobile de Tali Shemesh et Asaf Sudry, il est l'un des derniers à avoir été mis en ligne et s'intéresse au cas d'un adolescent d'à peine quatorze ans (que la loi empêche de donner son identité) qui tua un soir d'hiver 1986 sa mère, son père ainsi que ses deux sœurs à l'aide d'un fusil M16. Celui dont était propriétaire son père qui fait alors partie de l'armée de réserve. Réfugié chez des voisins, le jeune garçon affirme que sa famille vient d'être tuée par un cambrioleur mais les autorités devinent très rapidement qu'il est lui-même le responsable du massacre, comme en témoignent les épouvantables images d'archive de ce documentaire en quatre parties d'une demi-heure chacune qui mêle images réelles et de fiction. C'est d'ailleurs l'un des principaux atouts de ce Mobile insensé qui est revendiqué par l'adolescent qui après avoir vu le film Papillon affirme avoir entendu une voix le contraignant à assassiner les membres de sa famille. Le plus curieux dans toute cette histoire demeure le fait que le garçon n'avait aucune raison de tuer ses parents ainsi que ses sœurs avec lesquels il vivait dans la joie et le bonheur...


Durant un peu plus de deux heures, Le mobile témoigne d'une affaire bouleversante dont les répercussions vont s'avérer parfois étonnantes. En choisissant de nous montrer les véritables images de la scène de reconstitution du meurtre plus qu'à travers des vidéos illustratrices, le sentiment d'horreur n'en est que plus fort. Accompagné par une bande musicale déchirante, les réalisateur du documentaire interrogent journalistes, Psychiatres, policiers, membres de la famille et proches, mais aussi et surtout celui qui défendit le jeune garçon lors de son procès. Un adolescent qui apparaît comme un garçon à l'intelligence supérieure, considéré d'ailleurs comme un surdoué par ses professeurs, et qui exige de pouvoir continuer à étudier alors qu'il est enfermé pour observation dans un hôpital psychiatrique pour les trois semaines à venir. Les psychiatres reconnaissent après avoir étudié le comportement du gamin qu'aucun livre de psychiatrie n'est en mesure de comprendre son cas ! Un électrochoc qui précède toute une série d'événements, parmi lesquels certaines révélations faites par un avocat un brin vaniteux qui avoue avoir peut-être compris le sens véritable du quadruple meurtre dont s'est retrouvé accusé le jeune garçon sans pour autant nous en révéler les mystères...


Ne pouvant bien évidemment pas échapper à la prison, il sera condamné à neuf années d'enfermement mais n'en fera que six. Accusé de meurtre involontaire, il faut savoir que la loi israélienne portant sur l'héritage familiale est différente de celle que l'on connaît en France. Ce qu ajoute à l'incroyable affaire qui entoure cet extraordinaire fait-divers Et d'où une issue, ici, tout à fait inenvisageable chez nous. C'est peut-être la raison pour laquelle le journaliste Amir Shuan a choisi de dénoncer récemment l'homme désormais âgé d'une cinquantaine d'années sur les réseaux sociaux. On sait désormais qu'il s'est marié, qu'il a eu des enfants, sa femme n'ayant aucune connaissance de ce qu'il a pu faire trente-cinq ans auparavant. Mais après que le journaliste ait révélé son identité, le gamin devenu adulte depuis a perdu son travail. Quel que soit l'avis que portera le spectateur sur ce documentaire ou sur le meurtrier en découvrant cet excellente mini-série, impossible de rester aussi insensible qu'il fut à la suite de son quadruple meurtre. Une personnalité hors norme pour une affaire criminelle de bout en bout, effroyable! Alors, ange ou démon ? Si la réponse ne vient pas d'emblée à l'esprit, on se dit malgré tout que ce récit d'une tragédie absolue aurait pu faire un sacré film de fiction...

 

dimanche 17 octobre 2021

Family Business saison 3 de Igor Gotesman (2021) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Sans en être tout à fait certains, la fin de cette troisième saison de la série comique française Family Business nous laissait sur l'incertitude d'une quatrième saison. Bien que la troisième fut tout d'abord envisagée comme la dernière, certains évoquent l'hypothétique arrivée prochaine d'une ultime saison. Mais ne rêvons pas trop. Changement de décor pour la troisième de cette série créée par Igor Gotesman en 2019 et qui depuis nous livre avec régularité notre comptant de vannes bien salées autour de la famille juive Hazan et de la légalisation du cannabis. Parce que son père Gérard Hazan (excellent Gérard Darmon) éprouve des difficultés à maintenir à flot sa boucherie casher, son fils Joseph eut une idée en tête. Sans tout d'abord en parler à son père, il évoqua auprès de sa sœur Aure et de son meilleur pote Olivier Pariente l'idée de transformer la boucherie en cofee shop. Voici donc comment débutèrent les rocambolesques aventures de la famille Hazan. Entre comédie et thriller, rencontre avec des narco-trafiquants et querelles intestines. Tout comme les deux premières saisons, la troisième est constituée de six épisodes. L'on y retrouve les mêmes personnages principaux parmi lesquels Jonathan Cohen, Julia Platon, Liliane Rovère (dans le rôle de Ludmila Rosenberg, la grand-mère d'Aure et Joseph), Olivier Rosemberg, Louise Coldefy (dans celui de Clémentine Cendron) ou Lina El Arabi (dans le rôle de l'épouse de Joseph). L'on y retrouve également l'actrice Alexandra Vandernoot qui débarqua dans la seconde saison dans le double rôle de Catherine et de Penelope, mais y apparaît surtout dans le rôle de son fils Léonard, l'excellent Raphaël Quenard. Un rôle totalement déjanté qui lui va à ravir. Le cadre change et l'on passe d'une petite zone rurale française à la Colombie où notre famille va être retenue prisonnière afin d'y fabriquer d'importantes quantités de pastraweed.


Enfin, un rôle qui échoira surtout à la grand-mère Ludmilla puisque pendant ce temps, le reste de la famille sera emprisonnée dans une cellule commune... Les gags fusent toujours sur le même rythme avec en toile de fond le thriller. Mais pas de ceux qui tiennent le spectateur en haleine puisque l'on a ici davantage le reflex de rire et non pas celui de se ronger les ongles d'angoisse. Chaque interprète tient parfaitement son rôle et même si les vannes ne sont pas toutes du même niveau, le plaisir de retrouver la famille Hazan est demeuré intact. Par contre, et cela devient presque systématique de la part d'une grande partie des personnages, certains et même, beaucoup de dialogues s'avèrent d'une très grande vulgarité. Les injures et gros mots fusent plus souvent qu'à leur tour. C'en est même parfois gênant. Si l'on ne s'étonnera pas outre mesure des réflexions graveleuses que nous assène en permanence le personnage totalement barré de Clémentine Cendron, la fille du Ministre de la Santé qu'interprète donc Louise Coldefy, il sera étonnant de voir combien le virus de la vulgarité s'est emparé d'une grande partie des personnages, beaucoup d'injures étant ainsi proférées de manière tout à fait gratuite. Sans doute les auteurs estimèrent-ils de bon ton d'injecter un surcroît de grossièretés, mais pas sûr qu'elles aient l'effet escompté. Après, cette troisième saison de Family Business est surtout l'occasion de découvrir l'acteur Raphaël Quenard dont la carrière a débuté en 2014 mais qui enchaîne les rôles seulement depuis 2018-2019. On le découvrira notamment dans le tout petit rôle de Jacky Vuillemin dans l'excellente série Une affaire française ou dans Mandibules de Quentin Dupieux. Si cette troisième saison est sympathique et dans la droite lignée de deux premières, peut-être est-il effectivement temps de clore le récit et de tourner la page...

 

Une affaire française de Jérémie Guez et Alexandre Smia (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Parmi la longue, très longue liste d'affaires criminelles mettant en scène des assassins et autres meurtriers, nombreuses sont celles qui connurent les ''honneurs'' d'un reportage, d'un documentaire ou d'une adaptation cinématographique ou télévisuelle. De Landru en passant par Mesrine, Fourniret, Paulin, Heaulmes, certains médias ont (in)volontairement transformé ces monstres en icônes de la Mort. Des êtres qui en même temps fascinent et révulsent. L'affaire Grégory Vuillemin a ceci de particulier qu'aucun véritable coupable n'a été mis derrière les barreaux. Depuis deux jours, cela fait trente-sept ans que ce gamin de quatre ans a été retrouvé pieds et mains liés dans la Vologne, une rivière située dans les Vosges, à plusieurs kilomètres du domicile de ses parents Christine et Jean-Marie Vuillemin qui vivaient à cette époque à sept kilomètres du lieu où fut découvert le corps de Gregory, Lépanges-sur-Vologne. Depuis, on connaît tous le sort qu'a accordé le père de famille à son cousin Bernard Laroche. Un temps soupçonné d'avoir été l'un des corbeaux qui harcelaient une grande partie des familles Jacob et Vuillemin avant d'être purement et simplement accusé d'avoir tué l'enfant, Bernard Laroche sera assassiné à son tour par Jean-Marie Vuillemin d'un coup de fusil. Une affaire française revient sur ces événements et bien d'autres sans pour autant s'éterniser jusqu'aux faits les plus récents. Relativement fidèle aux événements qui se sont donc produits dans le milieu des années quatre-vingt, la mini-série en six partie créée par Jérémie Guez etAlexandre Smia est exemplaire à plus d'un titre et dont le principal reste au demeurant l'excellence de son casting...


Il faut tout d'abord savoir que le journaliste Jean Ker, demeuré surtout célèbre pour avoir couvert l'affaire en son temps est assez peu représenté à l'image au profit de la journaliste Jeanne Lombardie (l'actrice Laurence Arné) qui s'avère être de pure fiction. Ce qui n'empêche pas le toujours savoureux Michel Vuilllermoz de l'incarner avec réalisme. Autre personnage fictif, le journaliste Antoine Orloff qu'incarne l'acteur Stanley Weber et avec qui va travailler en collaboration Jeanne Lombardie. Deux personnages inventés de toutes pièces qui mettent un peu d'eau dans le vin d'un métier sinon décrit comme étant l'exclusivité des charognards. Comme en témoigne notamment le personnage interprété par Michael Youn. Un Jean-Michel Bezzina à ce point si caricatural que l'on aurait pu le croire lui aussi sorti de l'esprit des créateurs de la série... Mais face à cette masse grouillante de journalistes qui semblent parfois davantage chercher l'article à sensation que la vérité se trouve un homme et son épouse, d'abord anéantis par la mort de leur enfant mais ensuite, aussi, victimes d'un juge zélé et surtout inexpérimenté qui ira jusqu'à accuser la mère du meurtre de son propre enfant. Ce juge, c'est le malheureusement célèbre Jean-Michel Lambert qui semble ne s'en être jamais remis puisqu'il mit fin à ses jours le 11 juillet 2017. à l'écran, il est incarné par Laurent Stocker qui prouve qu'il n'est pas seulement l'interprète de comédies parfois lourdingues (pour ne pas dire minables comme Les Naufragés de David ''tâcheron'' Charhon) mais s'avère capable d'interpréter la froideur d'un juge professionnellement immature et orgueilleux.


Pour revenir à Christine et Jean-Marie Vuillemin, ils sont tous deux brillamment interprétés par Guillaume Gouix et Blandine Bellavoir et même si physiquement on a tout d'abord du mal à reconnaître l'un et l'autre des personnalités qu'ils interprètent, le temps et leur talent fait le reste. Outre cette très alléchante liste d'interprètes, on retrouve à l'écran les ''avocats'' Gérard Jugnot et Gilbert Melki et l'infecte commissaire Jacques Corazzi qu'interprète Thierry Godard. Mais c'est surtout de Guillaume de Tonquédec dont on se souviendra au même titre que le couple d'acteurs qui interpréta les parents du petit Grégory. Dans le rôle du capitaine de Gendarmerie Étienne Sesmat il est l'un des symboles de l'échec judiciaire dont la série fait porter peu ou prou la responsabilité sur le dos du ''Petit Juge''. Si Une affaire française ne permet pas tout à fait de prendre toute la mesure de cet incroyable imbroglio judiciaire, la série permet par contre de pénétrer la vie intime des uns et des autres comme aucun documentaire n'aurait pu le permettre. Le sujet tournant autour de l'affaire du petit Grégory est si vaste qu'Une affaire française semble se terminer de manière abrupte. Une première saison qui en appelle logiquement une seconde. Oui mais voilà, ses créateurs vont-ils continuer le récit du juge Lambert, du gendarme Sesmat, des familles Vuillemin, Jacob et Laroche et des dizaines de journalistes qui gravitèrent autour d'eux ou la seconde saison abordera-t-elle un tout autre sujet ? Et bien d'après le créateur et scénariste Jérémie Guez, celle-ci se penchera sur une autre affaire criminelle française...


 

Ratched d'Evan Romansky et Ryan Murphy (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Vol au dessus d'un nid de coucou fait partie de ces œuvres cinématographiques que l'on peut objectivement considérer d'intouchables. De parfaites. À moins que certains parmi celles et ceux qui connaissent l'ouvrage éponymes de Ken Kesey y trouvent à redire, ce qui, encore, pourrait se comprendre. Un chef-d’œuvre, oui, sublimé par la mise en scène du réalisateur américano-tchécoslovaque Miloš Forman, la musique de Jack Nitzsche et Ed Bogas mais plus encore par l'interprétation de Jack Nicholson, Louise Fletcher, Will Sampson, Christopher Lloyd ou encore Brad Dourif (sans oublier le reste du casting bien entendu...). Lorsque est évoqué le projet d'une préquelle tournant autour de la glaçante infirmière en chef Mildred Ratched (incroyable Louise Fletcher) sous la forme d'une mini-série de huit épisodes, plusieurs réactions s'imposent. D'abord, l'interrogation. Quel intérêt à reprendre quarante-six ans après l'un des personnages emblématiques de Vol au dessus d'un nid de coucou pour en faire la principale ''héroïne'' d'une série qui portera son nom ? Quelle actrice sera en mesure sinon d'éclipser Louise Fletcher, du moins de l'égaler ? Et puis, vient l'inquiétude. Comment oser toucher à cet objet de fascination sans briser sa réputation en lui ''offrant'' une préquelle qui ne devrait avoir d'intérêt que pour des producteurs avides de billets verts et voulant se remplir les poches en réutilisant le nom d'un personnage certes, hyper charismatique ? Remercions tout d'abord que le créateur de Ratched Evan Romansky n'ait pas eu la sombre (et idiote) idée de donner le rôle de Randall Patrick McMurphy à un ersatz de Jack Nicholson. Le personnage, d'ailleurs, est absent du récit. Ce qui semble fort logique puisqu'en l'état, la série se déroule bien avant la rencontre entre l'infirmière en chef Mildred Ratched et celui qui deviendra plus tard l'un de ses patients les plus délicats à traiter.


Passé un premier épisode en forme de mise en bouche relativement amère, Ratched révèle ensuite son fort potentiel en terme d'addiction. Il faudra cependant traiter la chose non pas comme la préquelle du classique de Miloš Forman mais comme une série indépendante puisque à part le personnage de Mildred Ratched, peu de choses renvoient les huit épisodes au long-métrage. En dehors du fait qu'après avoir pris ses marques au sein d'un institut traitant les maladies psychiatriques, Mildred en deviendra bientôt l'infirmière-chef, ne cherchez surtout pas à y déceler quelque indice renvoyant au monstre de froideur de Vol au dessus d'un nid de coucou. Ratched, c'est tout d'abord un univers visuel absolument incroyable. De ce point de vue là, rien à dire. Le spectateur en prend plein les mirettes. C'est beau à se damner, entre couleurs douces et décors gothiques. Une profusion et une exubérance qui transpirent par tous les pores de cet institut accueillant toutes formes de maladies parmi lesquelles il devient cependant absurde de nos jours que l'on ait pu y traiter l'homosexualité ! Et pourtant... Dans le rôle de Midred Ratched, il était inutile de s'attendre à une autre présence que celle de l'actrice Sarah Paulson, laquelle était déjà liée au développeur, créateur et réalisateur de la série Ryan Murphy avec lequel elle collabore depuis les débuts de l'anthologie American Horror Story. Exubérant, donc, mais aussi et surtout, surréaliste, du plus lointain second rôle jusqu'aux têtes d'affiche. C'est à se demander qui est enfermé et qui traite les malades. Si l'on accroche très objectivement lors des quatre ou cinq épisodes suivant le premier, il faut avouer que Ratched connaît une légère baisse de régime relative à son incapacité à se renouveler. On ne parlera même pas de la fin ouvert que l'on aurait pourtant aimer voir se refermer sur un grand coup d'éclat. Et pourquoi pas, sur un clin d’œil renvoyant directement au film de Miloš Forman. Bouder son plaisir s'avérerait pourtant malhonnête car aux côtés de Sarah Paulson, le spectateur découvrira un Finn Wittrock démentiel, une Sharon Stone exubérante, un Jon Jon Briones ambigu, une Judy Davis débordante, un Vincent d'Onofrio parfait dans le rôle de l'immonde Gouverneur George Milburn et toute une panoplie de second-rôles étonnants. Faut-il cependant prendre l'annonce d'une seconde saison pour une bonne nouvelle ? Seul l'avenir nous le dira...

 

dimanche 3 octobre 2021

Le retour des mystères de l'Ouest de Burt Kennedy (1979) - ★★★★★★★☆☆☆

 

 

Chacun porte sa croix. Mark Harris (Patrick Duffy dans L'homme de l’Atlantide) avait fort à faire avec Monsieur Schubert (Victor Buono). James T. West et Artemus Gordon (respectivement interprétés par Robert Conrad et Ross Martin) durent quant à eu composer avec le docteur Miguelito Loveless (Michael Dunn), méchant récurrent de la série Les mystères de l'Ouest qui, comme nous l'apprend son rejeton dans le téléfilm Le retour des mystères de l'Ouest est mort d'un ulcère à trop avoir été harcelé par les deux héros de la série originale du milieu et de la fin des années soixante. Si dix ans après James T. West et Artemus Gordon sont quant à eux toujours bien vivants, ils ont cependant pris leur retraite. Si le second a gardé la forme, le premier a perdu de sa vigueur et ça n'est que lors de leurs retrouvailles qu'Artemus décide d'entraîner James afin qu'il retrouve sa fougue d'antan. Car si les deux hommes ne travaillent plus pour les services secrets américains, le Gouvernement fait de nouveau appel à eux. En effet, le fils de leur pire ennemi, le docteur Miguelito Loveless Jr., a enlevé et a fait enfermé par ses sbires les chefs d'état les plus importants de la planète et les a fait remplacer par des sosies à sa botte. Ambitionnant de devenir le maître du monde, James et Artemus sont lancés à sa recherche. Malheureusement pour eux, tout commence mal : alors qu'ils boivent un verre dans un saloon, les deux amis s'évanouissent, quelqu'un ayant au préalable ajouté un somnifère dans leur verre. À leur réveil, les deux hommes se retrouvent prisonniers de Miguelito Loveless Jr,, lequel évoque alors ses projets futurs...


Du pur concentré de bonheur. Dix ans ont passé et pourtant, rien n'a vraiment changé. À part sans doute la colorimétrie beaucoup plus marquée que par le passé. Savoureux de bout en bout, ce téléfilm est réalisé par l'américain Burt Kennedy, spécialisé dans le western mais qui cependant ne s'était encore jamais intéressé à l'univers créé au milieu des années soixante par le scénariste et producteur Michael Garrison. Nous retrouvons la désinvolture de nos deux héros dans un récit qui fait toujours autant appel à son brin de folie dans un contexte qui n'a pas vraiment d'équivalent à la télévision ou sur grand écran.. En effet, avec ses cow-boys, ses locomotives à vapeur, ses chevaux, ses déserts et ses saloons, Le retour des mystères de l'Ouest constitue toujours un hybride entre western, humour et espionnage. Tout comme le réalisateur Burt Kennedy, le scénariste William Bowers et le compositeur intègrent également la mythologie pour la toute première fois. Le premier prend la relève de toute une série de scénaristes (parmi lesquels, le créateur des Mystères de l'Ouest lui-même ainsi que Henry Sharp, Earl Barret, Jackson Hill ou encore Robert C. Dennis). Quant à la présence du second au générique, elle n'empêchera par le fan de la série originale de retrouver le célèbre thème écrit par le compositeur Richard Markowitz.


Notons que le rôle du docteur Miguelito Loveless Jr est tenu par l'auteur, chanteur et compositeur Paul Williams qui outre sa carrière de musicien et d'interprète tourna pour le cinéma dans un certain nombre de longs-métrages dont nous retiendrons surtout celui de Swan dans le chef-d’œuvre de Brian de Palma, Phantom of the Paradise en 1974. Outre leur nouvel ennemi, lequel ne réapparaîtra malheureusement pas dans le prochain téléfilm Encore plus de Mystères de l'Ouest (quel titre abominable!) qui sera toujours réalisé l'année suivante par Burt Kennedy (choisi ici par les producteurs qui, parce que le format de ce retour des mystères de l'Ouest était celui d'un film, préférèrent opter pour un réalisateur expérimenté), James T. West et Artemus Gordon vont devoir se frotter aux services secrets britanniques, espagnols et russes. De quoi rallonger le casting de quelques trognes que les plus anciens reconnaîtront forcément. C'est ainsi que l'on retrouve notamment l'acteur René Auberjonois dans le rôle du Capitaine Sir David Edney ou les délicieuses Jo Ann Harris et Trisha Noble dans les rôles respectifs de Carmelita et Penelope. Un téléfilm indispensable pour tous les fans de la série... et pour les autres aussi...

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...