Réalisée en 2008 par le
britannique Charlie Brooker qui depuis 2011 s'est fait connaître
grâce à la série de science-fiction dystopique Black Mirror,
Dead Set
bénéficie d'un concept fort alléchant. Du moins à l'époque
puisque si la télé-réalité est un type d'émission qui trouve
encore sa place sur nos écrans de télévision, il ne jouit plus
tout à fait de la même aura qu'à l'époque de Loft
Story.
Alléchant car c'est sans doute le fantasme de l'anti-concept
réunissant une bande d'adolescents/adultes décérébrés dans une
maison grouillant de caméras afin d'y suivre leur quotidien et de le
diffuser en différé à la télévision. Ici, Dead
Set
se situe autour du programme de télé-réalité Big
Brother
dont l'origine du nom remonte au roman de George Orwell, 1984.
le concept de cette émission est originaire des Pays-Bas et repose
sur un groupe de personnes isolées du reste du monde dans une maison
truffée de caméras de surveillance. Ils sont tous en compétition
pour remporter le jeu qui leur permettra de repartir avec une
coquette somme d'argent. Lorsque Dead Set
démarre, l'un des candidats doit justement sortir ce soir là. Le
public est venu en masse l'accueillir à sa sortie et l'animatrice
Davina McCall (qui interprète ici son propre rôle) se prépare à
présenter ce nouveau numéro de l'émission. Mais dehors, d'étranges
événements se produisent. Un mystérieux virus se propage et
transforme les gens en individus particulièrement agressifs qui
attaquent à leur tour leurs concitoyens. Si pour le moment les
seules violences dont sont victimes les candidats de Big
Brother
sont les remarques qu'ils s'infligent à tour de rôle en permanence,
bientôt, c'est à une autre sorte de problème qu'ils vont devoir
faire face...
Autant
le dire tout de suite : si Dead Set
bénéficie
d'une réputation de série culte, il ne faut tout de même pas
exagérer. D'une durée de deux heure et vingt minutes environ, elle
n'est qu'une resucée d'un concept vieux comme le monde. Si déjà en
2002 Danny Boyle semblait avoir déjà tout dit dans le genre avec 28
Jours plus tard,
une palanquée d'ersatz allaient voir le jour dont sa propre suite 28
semaines plus tard de
Juan Carlos Fresnadillo qui lui est d'ailleurs infiniment supérieure.
Un principe dont les origines remontent en réalité bien plus loin
dans le temps. On en trouve les prémices dans deux œuvres cultes.
Tout d'abord The Crazies
de George Romero en 1973. Ensuite, Rabid
de David Cronenberg trois ans plus tard. En la matière, les années
2000 n'auront fait qu'améliorer le concept. Ou du moins, le
moderniser. Ce qui en revanche s'avère généralement agaçant est
cette habitude qu’émettent les ignares de comparer Zombies et
Infectés. Et même si la frontière est ici ténue, les créatures
de Dead Set
sont plus proches des seconds que des premiers. Si vous aimez les
images qui bougent dans tous les sens et le gore à deux balles,
alors la mini-série de Charlie Brooker est faite pour vous. Si par
contre vous faîtes régulièrement des crises d’épilepsie,
fuyez !
Pour
le reste, combiner film d'infectés avec le principe de Big
Brother
est plutôt sympa. D'autant plus que pour revenir sur l'idée du
fantasme évoqué tout en haut, pour celui qui abhorre ce genre
d'émission et surtout les benêts qui y sont idolâtrés, les voir
se faire bouffer par des hordes d'infectés cavalant comme des
dératés peu s'avérer en effet, relativement jouissif. D'autant
plus que dans le genre débiles, nos candidats se montrent
particulièrement gratinés. Et pas qu'eux d'ailleurs puisque le
producteur de l'émission est un ignoble personnage que l'on prendra
cependant beaucoup de plaisir à voir moquer et humilier l'une des
candidates enfermée avec lui dans le confessionnal
de l'émission. Pour ce qui est des autres, c'est un festival
d'insultes, de remarques blessantes, mais qui ne touchent aucun des
membres de l'émission. Encore leur aurait-il fallut être dotés
d'un cerveau. La palme d'or revient sans doute aux blondes de service
dont l'une, Pippa, est interprétée par Kathleen McDermott et
l'autre, qui sur le toit du loft, et alors qu'ils assistent tous au
carnage, se demande si les caméras tournent toujours. Concernant le
cynisme de la mini-série, Dead Set
s'en sort très largement avec les honneurs. Mais à découvrir
l’œuvre de Charlie Brooker de nos jours, et bien que le rythme
soit relativement enlevé, celle-ci a pris un sérieux coup de vieux
alors qu'elle n'a qu'un peu plus d'une dizaine d'années. Une série
qui se regarde donc avec aisance mais qui s'oublie très vite une
fois déroulé le générique de fin. À noter qu'actuellement, la
plateforme de streaming Netflix
est
en train de produire un remake de Dead Set...