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vendredi 29 mai 2020

Dead Set de Charlie Brooker (2008) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Réalisée en 2008 par le britannique Charlie Brooker qui depuis 2011 s'est fait connaître grâce à la série de science-fiction dystopique Black Mirror, Dead Set bénéficie d'un concept fort alléchant. Du moins à l'époque puisque si la télé-réalité est un type d'émission qui trouve encore sa place sur nos écrans de télévision, il ne jouit plus tout à fait de la même aura qu'à l'époque de Loft Story. Alléchant car c'est sans doute le fantasme de l'anti-concept réunissant une bande d'adolescents/adultes décérébrés dans une maison grouillant de caméras afin d'y suivre leur quotidien et de le diffuser en différé à la télévision. Ici, Dead Set se situe autour du programme de télé-réalité Big Brother dont l'origine du nom remonte au roman de George Orwell, 1984. le concept de cette émission est originaire des Pays-Bas et repose sur un groupe de personnes isolées du reste du monde dans une maison truffée de caméras de surveillance. Ils sont tous en compétition pour remporter le jeu qui leur permettra de repartir avec une coquette somme d'argent. Lorsque Dead Set démarre, l'un des candidats doit justement sortir ce soir là. Le public est venu en masse l'accueillir à sa sortie et l'animatrice Davina McCall (qui interprète ici son propre rôle) se prépare à présenter ce nouveau numéro de l'émission. Mais dehors, d'étranges événements se produisent. Un mystérieux virus se propage et transforme les gens en individus particulièrement agressifs qui attaquent à leur tour leurs concitoyens. Si pour le moment les seules violences dont sont victimes les candidats de Big Brother sont les remarques qu'ils s'infligent à tour de rôle en permanence, bientôt, c'est à une autre sorte de problème qu'ils vont devoir faire face...

Autant le dire tout de suite : si Dead Set bénéficie d'une réputation de série culte, il ne faut tout de même pas exagérer. D'une durée de deux heure et vingt minutes environ, elle n'est qu'une resucée d'un concept vieux comme le monde. Si déjà en 2002 Danny Boyle semblait avoir déjà tout dit dans le genre avec 28 Jours plus tard, une palanquée d'ersatz allaient voir le jour dont sa propre suite 28 semaines plus tard de Juan Carlos Fresnadillo qui lui est d'ailleurs infiniment supérieure. Un principe dont les origines remontent en réalité bien plus loin dans le temps. On en trouve les prémices dans deux œuvres cultes. Tout d'abord The Crazies de George Romero en 1973. Ensuite, Rabid de David Cronenberg trois ans plus tard. En la matière, les années 2000 n'auront fait qu'améliorer le concept. Ou du moins, le moderniser. Ce qui en revanche s'avère généralement agaçant est cette habitude qu’émettent les ignares de comparer Zombies et Infectés. Et même si la frontière est ici ténue, les créatures de Dead Set sont plus proches des seconds que des premiers. Si vous aimez les images qui bougent dans tous les sens et le gore à deux balles, alors la mini-série de Charlie Brooker est faite pour vous. Si par contre vous faîtes régulièrement des crises d’épilepsie, fuyez !

Pour le reste, combiner film d'infectés avec le principe de Big Brother est plutôt sympa. D'autant plus que pour revenir sur l'idée du fantasme évoqué tout en haut, pour celui qui abhorre ce genre d'émission et surtout les benêts qui y sont idolâtrés, les voir se faire bouffer par des hordes d'infectés cavalant comme des dératés peu s'avérer en effet, relativement jouissif. D'autant plus que dans le genre débiles, nos candidats se montrent particulièrement gratinés. Et pas qu'eux d'ailleurs puisque le producteur de l'émission est un ignoble personnage que l'on prendra cependant beaucoup de plaisir à voir moquer et humilier l'une des candidates enfermée avec lui dans le confessionnal de l'émission. Pour ce qui est des autres, c'est un festival d'insultes, de remarques blessantes, mais qui ne touchent aucun des membres de l'émission. Encore leur aurait-il fallut être dotés d'un cerveau. La palme d'or revient sans doute aux blondes de service dont l'une, Pippa, est interprétée par Kathleen McDermott et l'autre, qui sur le toit du loft, et alors qu'ils assistent tous au carnage, se demande si les caméras tournent toujours. Concernant le cynisme de la mini-série, Dead Set s'en sort très largement avec les honneurs. Mais à découvrir l’œuvre de Charlie Brooker de nos jours, et bien que le rythme soit relativement enlevé, celle-ci a pris un sérieux coup de vieux alors qu'elle n'a qu'un peu plus d'une dizaine d'années. Une série qui se regarde donc avec aisance mais qui s'oublie très vite une fois déroulé le générique de fin. À noter qu'actuellement, la plateforme de streaming Netflix est en train de produire un remake de Dead Set...

dimanche 24 mai 2020

Disaster on the Coastliner de David Ambrose (1979) - ★★★★★★☆☆☆



Les films catastrophe sont légion. Et parmi eux, certains se déroulent à bord d'un train. Qu'il s'agisse d'un train de marchandises transportant des produits toxiques comme Unstoppable de Tony Scott sorti en 2010, d'un train de voyageurs parmi lesquels se trouve un passager clandestin victime d'un virus mortel très contagieux comme Le Pont de Cassandra de George P. Cosmatos en 1977, d'un thriller futuriste basé sur le concept de la boucle temporelle comme Source Code de Duncan Jones en 2011 ou d'un train lancé à toute allure comme dans Runaway Train d'Andrei Konchalovsky en 1985, le septième art a démontré à diverses occasions qu'il était parfois périlleux de choisir le train comme moyen de locomotion. Le petit écran également, à l'exemple de Disaster on the Coastliner de David Ambrose diffusé pour la première fois dans le programme télévisé américain ''The ABC Sunday Night Movie'' le 28 octobre 1979. Connu en France sous les différents titres L'Express ne Répond Plus et La Grande Collision, le téléfilm est d'abord le type de projet qui brille par son casting, relativement prestigieux pour une œuvre prévue pour une diffusion télévisée...

C'est ainsi donc que parmi d'innombrables figurants et seconds rôles, le téléspectateur pu avoir le plaisir de retrouver l'acteur Lloyd Brides (le père de Beau et Jeff Bridges, eux-mêmes acteurs), interprète d'innombrables rôles au cinéma et Raymond Burr, qui joua notamment pour Fritz Lang, Alfred Hitchcock, Ishirō Honda ou Jacques Tourneur, mais qui fut surtout popularisé grâce à la série télévisée L'Homme de Fer dans laquelle il tenait le rôle principal du policier Robert T. Dacier dont la particularité était de se déplacer en fauteuil roulant après avoir reçu une balle dans la colonne vertébrale. Dans Disaster on the Coastliner, il incarne Estes Hill, le grand patron des chemins de fer au cœur d'une l'intrigue dans laquelle, l'époux et le père anéanti d'une famille tuée lors d'une catastrophe ferroviaire est bien décidé à se venger. Cet homme, c'est Jim Waterman qu'incarne à l'écran l'acteur Paul L. Smith qui demeure le célèbre gardien-chef particulièrement violent de Midnight Express, chef-d’œuvre d'Alan Parker sorti l'année précédente sur les écrans de cinéma et l'un des dératiseurs de l'excellent Crimewave de Sam Raimi en 1985. E.G. Marshall campe quant à lui le rôle de Roy Snyder, responsable du trafic ferroviaire chargé de régler le problème face à un Lloyd Bridges particulièrement agressif. Parmi les voyageurs situés à bord des deux trains qui se dirigent dangereusement l'un vers l'autre, on retrouve enfin l'actrice Yvette Mimieux et William Shatner qui s'y tiennent compagnie durant le trajet...

A noter que le mythique interprète du capitaine James T. Kirk dans la série originale Star Trek et de plusieurs de ses adaptations cinématographiques eut l'idée périlleuse d'effectuer ses cascades lui-même. C'est ainsi que le spectateur pourra le découvrir vers la fin du téléfilm, en compagnie de Paul L. Smith également, sur le toit de la locomotive du train modèle F40Ph utilisé dans Disaster on the Coastliner alors que celle-ci est lancée à vive allure. Le téléfilm catastrophe de David Ambrose est une excellente surprise. Le montage, plutôt nerveux et passant rapidement d'un protagoniste à l'autre évite la monotonie. Les interprètes sont convaincants et le récit file à la même vitesse que le train lui-même. À noter qu'aucune VHS ni aucun DVD de Disaster on the Coastliner n'est jamais sorti sur le territoire américain (alors même qu'en France il fut diffusé au format DVD chez Imperial Home Video). Cependant, avec l’avènement du streaming, il est désormais visible sur la plateforme Amazon Prime...

dimanche 10 mai 2020

Bukowski: Born into This de John Dullaghan (2003) - ★★★★★★★★★★



L'alcool, les femmes, l'alcool, l'écriture, l'alcool, le sexe, l'alcool... La vie de l'écrivain américain Charles Bukowski (originaire d'Andernach en Allemagne où il est né le 16 août 1920) pourrait se résumer ainsi. Mais ce serait faire preuve de méconnaissance et de raccourcis qui ne feraient pas honneur à un grand écrivain et sans doute plus encore, à un grand homme. On pourrait réduire la vie de ce romancier, de ce poète à ses écrits. Mais lui qui vécu l'enfer auprès d'un père qui le battait souvent sans avoir une bonne raison de le faire, d'une mère allemande qui trouvait ça juste, et qui usa sa santé en offrant ses services à La Poste américaine durant quatorze ou quinze ans, Charles, Hank ou Chinasky était surtout franc, lucide et cohérent dans son mode de fonctionnement. Lui pour qui travailler était un immense gâchis, se complaisant dans la paresse, vouant sa vie entière à l'écriture, aux femmes et à l'alcool...

Auteur d'un unique documentaire entièrement consacré à l'écrivain, le réalisateur John Dullaghan met en lumière à travers Bukowski: Born into This, la personnalité hors norme de l'un des plus grands écrivains américains du vingtième siècle. Sans doute un peu trop assimilé à la vague Beat dont firent également partie les auteurs cultes Allen Ginsberg, Jack Kerouac ou William S. Burroughs, Charles Bukowski a laissé derrière lui, une abondance de romans, nouvelles et poèmes dont une partie importante n'a toujours pas été traduite en français. Tout ou partie des plus célèbres semblent cependant l'avoir été. De ses cultissimes recueils de nouvelles Erections, Ejaculations, Exhibitions and General Tales of Ordinary Madness and The Most Beautiful Woman in Town et Notes of a Dirty Old Man (respectivement traduits chez nous sous les titres Contes de la folie ordinaire et Journal d'un vieux dégueulasse)en passant par son premier roman Post Office (Le Postier), jusqu'à nombre de poèmes regroupés dans divers recueils parmi lesquels, Play the Piano Drunk / Like a Percussion Instrument / Until the Fingers Begin to Bleed a Bit et Love is a Dog from Hell.

Bukowski: Born into This est un formidable témoignage qui met en lumière la vie de Charles Bukowski, à travers non seulement celles et ceux qui l'ont côtoyé, mais également l'écrivain lui-même. Des images d'archives, entre interviews et lectures de poèmes devant un public conquis, une bouteille l'accompagnant invariablement, et évoquant un homme qui n'a jamais voulu abandonner aux autres cette petite étincelle qu'il a maintenue jusqu'au jour où il a découvert parmi une pile de courriers, celui qui lui offrit sa première publication. C'est ainsi que l'on découvre celles et ceux qui ont partagé sa vie. De Linda Lee Bukowski, la veuve de l'écrivain, Marina, la fille qu'il eut avec la poète Frances Dean Smith, le biographe et ami Neeli Cherkovski, mais aussi certaines grandes stars du cinéma et de la chanson qui l'ont côtoyé, tels le chanteur Bono du groupe U2, Tom Waits, ou encore l'acteur Sean Penn ou le cinéaste Barbet Schroeder qui en 1987 réalisa la semi-autobiographie de l'écrivain, Barfly (avec Mickey Rourke et Faye Dunaway), film qui inspira ensuite à Charles Bukowski l'écriture du roman Hollywood. Le documentaire est un complément indispensable à toutes celles et ceux qui aiment l'écrivain. Une œuvre drôle et bouleversante à la fois. Un chef-d’œuvre...
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