Durant sa carrière de
cinéaste, le réalisateur américain Dan Curtis fraya avec le petit
et le grand écran. Mettant en scène quelques sympathiques bobines
horrifiques, il fut au moins notamment l'auteur de deux authentiques
moments d'effroi. En 1976 tout d'abord, avec le long-métrage
cinématographique Burnt Offerings,
cas unique de maison vivante absorbant littéralement l'énergie
vitale de ses habitants et dont on ne trouve me semble-t-il qu'un ou
deux équivalents littéraires à travers l'un des nombreux
chefs-d’œuvre écrits par le romancier britannique Graham
Masterton, La maison de chair
et l'excellent mais néanmoins étouffant Le
festin séculaire
de l'écrivain français Georges-Jean Annaud... Ensuite, avec La
Malédiction de la veuve noire
l'année suivante, véritable cauchemar diffusé pour la première
fois dans notre pays le 31 août 1983 et dont les spectateurs les
plus sensibles se souviennent encore très certainement. Entre autres
films et téléfilm fantastico-horrifiques qu'il mit lui-même en
scène, Dan Curtis participas au succès de ce qui allait bientôt
devenir une série constituée de deux pilotes et de vingt épisodes.
Créée par le scénariste et producteur Jeffrey Grant Rice, le
premier pilote de la future série intitulée The
Night Stalker fut tout
d'abord réalisé par John Llewellyn Moxey (je reviendrai d'ailleurs
peut-être prochainement dessus). Le second, lui, fut donc confié à
Dan Curtis sous le titre The Night Strangler.
Et comme son nom l'indique, il met à l'épreuve le héros de la
série incarné par l'acteur Darren McGavin dans le rôle du
journaliste Carl Kolchak face à un tueur en série insaisissable qui
s'en prend exclusivement aux femmes qu'il étrangle et dont il brise
la nuque avant de les vider de leur sang... Mélangeant enquête
policière et fantastique, cet épisode, comme tous les autres
d'ailleurs, fait chaque fois appel à l'un des grands mythes du
bestiaire fantastique. Ici, en l'occurrence, celui du vampire...
Considérée
comme l'une des principales sources d'inspiration ayant donné
naissance deux décennies plus tard à la série culte X-Files :
aux frontières du réel,
The Night Stalker
(titré
chez nous, Dossiers brûlants)
est effectivement très proche de celle créée par Chris Carter et
dans laquelle, cette fois-ci, les agents du FBI
Dana Scully et Fox Mulder allaient enquêter sur des phénomènes
paranormaux et autres créatures au cours de nombreux épisodes
regroupés en onze saisons. À chaque époque ses créatures et
celles de la série mettant en scène Carl Kolchak seront
généralement plus proches de celles réunies dans les classiques de
l'âge d'or du cinéma fantastique que dans l'observation de
phénomènes extraterrestres et autres cas de mutations génétiques.
Le personnage incarné par l'acteur Darren McGavin colle aux basques
de la police, ce qui a tendance à rendre agressifs les représentants
de l'autorité. Surtout lorsque le journaliste alors lancé en mode
détective se fait plus clairvoyant que les inspecteurs chargés
d'enquêter ! Pourvu d'une résistance à toutes épreuves au
risque de voir les foudres du directeur de la publication (Simon
Oakland dans le rôle de Tony Vincenzo) tomber sur lui, Carl Kolchak
parviendra chaque fois à résoudre les affaires qu'il aura décidé
lui-même de prendre en charge. Concernant la ''paternité'' de The
Night Stalker
sur la future série X-Files,
ce second téléfilm n'en est que la plus remarquable représentation.
En effet, le vampire en question qu'incarne l'acteur Richard
Anderson, un ancien médecin dont l’hôpital fut fermé avant de
finir ''englouti'' sous les fondations de la ville réapparaît tous
les vingt et un ans, faisant à chacune de ses réapparitions six
victimes avant de disparaître à nouveau. Le personnage du docteur
Richard Malcolm fait avec évidence référence à celui d'Eugène
Victor Tooms qui par deux fois fut confronté à Mulder et Scully
dans les épisodes Compressions
et Le retour de Tooms et
dont les méthodes de survie seront à peu de chose près les mêmes
que dans le téléfilm de Dan Curtis. Concernant The
Night Strangler, il
s'agit d'un très sympathique thriller en forme d'épisode pilote
testant à l'époque de sa sortie la viabilité de son concept. Le
récit est quant à lui adapté d'une histoire écrite par le
romancier et scénariste américain, Richard Matheson...