Le manque d''inspiration serait-il en France arrivé au point d'intégrer les notions de fantastique ou
de science-fiction dans une œuvre qui n'en a peut-être que les apparences ?
Car si l'observation par l'héroïne de Rivages
d'un phénomène inexpliqué laisse effectivement planer le doute
quant aux origines des événements qui au départ vont causer le
naufrage d'un chalutier et la disparition de ses passagers dans la
baie de Fécamp, il y a de fortes chances pour qu'une partie des
téléspectateurs se sente flouée malgré les qualités indéniables
que revêt cette mini-série de six épisodes notamment produite par
France
Télévisions.
Laquelle, comme le disait fort justement ma compagne, fait parfois
penser à ces séries de l'été que nous proposait il y a une bonne
vingtaine d'années la première chaîne française, TF1 !
Après une séquence d'ouverture qui met le public en condition lors
de l'intrigante apparition d'un curieux ''objet'' sous-marin, chacun
peut y voir un phénomène relevant de l'imaginaire de scénaristes
inspirés par des œuvres telles que le formidable Abyss
de James Cameron. La question reposant sur l'éventualité d'une
présence extraterrestre qui viendrait nourrir un script tournant
également autour de la jeune océanographe Abigail Dufay (Fleur
Geffrier), employée par l'Institut français de recherche pour
l'exploitation de la mer et qui, dépêchée sur les lieux du drame
réapparaît en fait trois ans après avoir vécu elle-même un
malheur qui émotionnellement la poussa à tout quitter. Les
créateurs Jonathan Rio et Monica Rattazzi semblent d'ailleurs
parfois plus préoccupés par l'idée de développer l'histoire de
leur héroïne et des personnes qui partagent son existence que ce
qu'il se passe sous les eaux de la baie. Ente son mari Julien
(Guillaume Labbé), qu'elle a abandonné, le fils de ce dernier,
Jimmy(excellent Ewenn Weber), atteint de surdité, les parent
d’Abigail (Thierry Godard et Anne Loiret dans les rôles de Henri
et Joane), sa belle-sœur Sylvia (Olivia côte) et bien entendu, au
vu du contexte géographique, toute une population de pêcheurs ainsi
que quelques personnages secondaires qui seront impliqué de manière
plus ou moins importante. On pense notamment au professeur de SVT
Youssef
(Younès Boucif), à Laurent, le supérieur d'Abigail qu'interprète
Daniel Njo Lobé ou encore à Valérie Dashwood qui incarne quant à
elle la commandante de l'armée française, Calderi. Sans oublier la
présence de l'excellent Jean-Marc Barr qui près de quarante ans
après avoir interprété le rôle de Jacques Mayol dans Le
grand bleu
de Luc Besson renoue donc ici avec les fonds marins.
Les
amateurs du feuilleton Ici tout commence
reconnaîtront en outre l'actrice Lucia Passaniti qui après être
surtout apparue lors de la première saison n'a pas fait grand chose
depuis en dehors de sa présence au sein du casting de Rivages.
Un personnage qui d'ailleurs se fait tout d'abord relativement
discret (elle n'est effectivement au départ que la responsable vidéo
de la Ville de Fécamp) avant de déployer une armada de compétences
qui finissent par rendre le personnage un brin ridicule. Passant
ainsi de la vidéaste travaillant officiellement pour la mairie à
l'experte en hacking informatique, en pilotage de drones sous-marins
(arrachant presque des mains les commandes de deux appareils tenues
jusque là par un militaire que l'on imagine pourtant être
parfaitement dans son élément) en langue des signes (alors que rien
ne prédispose au départ que le personnage l'ait apprise), etc,
etc... Bref, tout ceci ressemble à de l'économie faite sur
d'éventuels personnages supplémentaires qui chacun avec leurs
compétences auraient augmenté le budget. Alors, pourquoi ne pas
concentrer tous les efforts en un seul d'entre eux ? Concernant
l'intrigue en elle-même, le choix d'intercaler le sujet du drame que
vécurent Abigail, Julien et par extension leurs familles respectives
et leurs proches à ce mystère qui entoure le naufrage du chalutier
et bientôt celui d'un porte-container permet surtout de rallonger
une série qui sans cela n'aurait sans doute pu excéder les deux ou
trois épisodes. D'ailleurs, malgré l'implication du drame en
question, lequel permet tout de même d'assister à des séquences
réellement poignantes (l'une des grandes force de Rivages
demeure en ce sens), on sent bien vers la fin que le scénario arrive
en bout de course. Surtout lors du sixième épisode où les
événements stagnent un peu, histoire d'aligner sa durée sur celle
des autres. Il est donc difficile de se faire une opinion réellement
tranchée. D'un point de vue personnel, il nous aura fallut deux
soirées pour compléter la série. Deux fois trois épisodes dont la
''première'' partie fut très encourageante mais dont la tension et
l'engouement se sont malheureusement quelque peu étiolés au fil des
quatrième, cinquième et surtout sixième épisode qui pourtant nous
avait été vendu comme étant très émouvant.. Une émotion qui
existe, oui, mais qui semble surtout avoir été concentrée autour
de trois premiers épisodes franchement réussis.Moins
''merveilleux'' que nous pouvions le supposer puisque demeurant en
réalité plutôt ''terre à terre'', s'inscrivant dans une démarche
pro-environnementale, teintée de mystère et de drames parfois
bouleversants, la série Rivages
s'avère être plutôt convaincante même s'il n'est pas certains
que l'on souhaite y replonger un jour...