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lundi 1 décembre 2025

Paradise de Dan Fogelman (2025) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Bron de Hans Rosenfeldt, Forbrydelsen de Søren Sveistrup, deux remarquables exemples de séries télévisées scandinaves où s'invitent et s’entremêlent brillamment thriller et politique. Depuis, l'on n'a jamais fait mieux. Même lorsque l'Amérique s'empare des sujets pour les adapter à sa sauce, si celle-ci prend, l'on n'est plus tout à fait dans le même raffinement, le même ravissement ou le même exotisme... En 2025, c'est pourtant bien aux États-Unis qu'a lieu l'événement. Le renouvellement d'un genre qui ne se contente plus d'emprunter au voisin de vieilles recettes sans cesse rebattues mais offre un nouveau vent d'air (plus ou moins) frais. Tout part cependant d'un événement presque banal lorsque le créateur de la série Dan Fogelman assiste à la chute d'une charge jusque là maintenue par une grue et qui après avoir cédé fit un bruit impressionnant lors de son impact avec le sol. Le réalisateur, scénariste et producteur américain venait de sortir d'un rendez-vous avec une personnalité extrêmement influente et se posa la question de savoir quelle serait sa position par rapport au pouvoir, à la sécurité et à la dépendance de cet homme si une catastrophe mondiale devait arriver. Lui vint alors en tête le concept de Paradise. Celle d'un univers clôt, régit par des lois stricts et où ses habitants, triés sur le volet, seraient assurés d'une totale protection tout en contraignant chacun en contrepartie à suivre les règles à la lettre... L'on comprend donc rapidement que la série de Dan Fogelman ne s'inscrit plus seulement dans le cadre du thriller politique mais également dans celui de la science-fiction dystopique. Ce que viendra confirmer l'issue du premier des huit épisodes intitulé Sinatra. Cet article ne repose pour le moment que sur les quatre premiers épisodes et pour l'instant, Paradise tient absolument toutes ses promesses. Reposant sur un incessant ballet entre présent et retours dans le passé des protagonistes, la série de Dan Fogelman met en scène toute une série de personnages orbitant autour des deux principaux. À commencer par l'afro-américain Sterling K. Brown, excellent dans le rôle de Xavier Collins, chef de l'équipe des services secrets et de surveillance du président des États-Unis.


Lorsque l'aventure démarre, Xavier découvre le cadavre du président Cal Bradford (James Marsden) baignant dans son sang, étalé sur le sol de son salon. Visiblement, l'homme a été assassiné. Avant de déclarer officiellement qu'il a découvert le corps du président étendu raide mort, Xavier se laisse une demi-heure pour analyser la scène de crime afin de relever un maximum de détails... Vient ensuite Samantha Redmond dite ''Sinatra''. Une richissime femme d'affaire qui est à l'origine du projet ''Paradise'', cette cité qui fut construite sous une montagne en prévision d'une catastrophe qui eut effectivement lieu. Une ville souterraine qui désormais abrite quelques milliers de privilégiés. Incarnée par Julianne Nicholson, cette femme qui a connu un drame personnel dont elle ne s'est jamais relevée va avoir un rôle beaucoup plus important qu'il n'y paraît au premier abord... Parmi les interprètes secondaires mais néanmoins importants et qui, n'en doutons pas un seul instant, évolueront pour certains tout au fil du récit, nous pouvons noter les présences de Sarah Shahi dans le rôle de la psychothérapeute Gabriela Torabi, de Krys Marshall qui dans l'excellente série For all Mankind interprète l'astronaute Danielle Poole et qui dans le cas présent incarne la directrice des Services Secrets Nicole Robinson, de Jon Beavers dans le rôle de l'agent William Pace, chargé de la sécurité du président ou encore des enfants de Xavier, Presley et James respectivement incarnés par Aliyah Mastin et Percy Daggs IV. Deux personnages pour le moment très secondaires... Très vite l'on est happé par l'intrigue. Les incessants retours entre présent et passé sont très bien agencés et la série tire avant tout sa force de la caractérisation des personnages. Au fil des épisodes l'on en apprend davantage et chaque avancée permet de mettre à jour la personnalité et les ambitions de chacun. Bref, Paradise est pour l'instant une réussite totale. Les amateurs d'intrigues se déroulant en vase clos, un peu à la manière de la série Under the Dome dont l'issue s'était pourtant avérée franchement décevante peuvent se ruer sur la création de Dan Fogelman. Sachez qu'une seconde saison est déjà prévue pour l'année prochaine...

 

vendredi 31 octobre 2025

Along Came a Spider de Lee H. Katzin (1970) - ★★★★★★★★★☆

 


 

D'une durée dépassant de peu les quatre-vingt dix minutes, Along came a Spider est l’œuvre du réalisateur Lee H. Katzin dont l'essentiel de la carrière s'est faite à la télévision. Et d'ailleurs, en cette année 1970 alors qu'un an en arrière il est parti faire un détour au cinéma avec What Ever Happened to Aunt Alice?, l'homme signe un téléfilm d'une telle qualité qu'il est presque incompréhensible que celui-ci n'eut pas les honneurs d'une sortie dans les salles obscures. Principalement incarné par la superbe Suzanne Pleshette qui sept ans auparavant participa au tournage des Oiseaux d'Alfred Hitchcock et par Ed Nelson qui fut célèbre pour avoir interprété le rôle de Michael Rossi dans la série Peyton Place entre 1964 et 1969, Along came a Spider ajoute au duo les présences plus ou moins remarquables de Brooke Bundy et Andrew Prine (la série originale de science-fiction V) dans les rôles respectifs d'Adrienne Klein et de Sam Howard, un couple de voisin qui partagent l'appartement mitoyen d'Ann Banning qu'incarne donc à l'image Suzanne Pleshette. Une Ann qui débarque dans la vie de Martin Becker (Ed Nelson) de manière presque inattendue alors que celui-ci donne un cours de physique à ses élèves dans une université américaine. Tenant tête au professeur à propos du sujet qu'il est en train de traiter, celui-ci tombe sous le charme de la jeune femme qu'il retrouve par hasard le soir-même attablée au restaurant où il a ses habitudes. S'invitant sans lui demander l'autorisation à la table d'Ann, Ed dîne en sa compagnie et lui propose d'aller regarder un film au cinéma. Après une ellipse, nous retrouvons le couple à la sortie du cinéma. Martin raccompagne Ann jusque chez elle et la laisse devant la porte de son appartement. Un début de récit somme toute très classique qui cependant laissera rapidement entrevoir l'implication d'un mystère entourant la mort lors d'une expérience scientifique d'un certain Docteur David Furie furtivement interprété par Ken Clayton au tout début du long-métrage ainsi que par de très brèves interventions par la suite...


Si ce détail ne fait tout d'abord pas vraiment avancer l'histoire, il en est un autre qui empêche Along came a Spider de mériter le titre de classique du suspens et du thriller : en effet, alors que le long-métrage revêt l'apparat du classieux téléfilm romantique entre un professeur d'université et une étudiante particulièrement brillante, pourquoi donc Lee H. Katzin et les scénaristes Barry Oringer et Leonard Lee ont-ils choisit de révéler la véritable identité d'Ann après seulement dix-sept minutes de récit alors qu'il aurait été beaucoup plus malin de couver le secret durant une bonne partie des événements et de ne le révéler qu'à un moment beaucoup plus opportun ? Deux hypothèses s'affrontent. Soit les auteurs ont-ils supposé qu'une trop grande somme d'informations concentrées à la fin du récit aurait empêché une lecture claire et précise du récit, soit ont-ils supposé que la conclusion du récit délivrait un comptant largement suffisant de twists pour n'avoir pas à en rajouter davantage. Il y a même peut-être une troisième probabilité : Peut-être eurent-ils peur qu'une partie des téléspectateurs ne quitte la projection, déçus par l'image de téléfilm romantique que pouvait renvoyer Along came a Spider... ? À vrai dire, après cette micro-déception, le travail accompli par le réalisateur et ses interprètes est tel que ce détail devient très rapidement surfait. Car le téléfilm est plus que la simple histoire d'amour qu'il semble être au premier abord. Il concentre en réalité l'essentiel de son propos autour d'une machiavélique machination justement orchestrée par celle qui joue donc un double jeu. Mais là où le scénario demeure véritablement malin, c'est dans la construction de ses personnages et des sentiments qu'ils partagent. Car bien que la vengeance soit ici menée de façon à ce que son auteur pousse à la disgrâce et à l'enfermement carcéral celui qui en est l'objet, l'affection de l'un et de l'autre de nos deux protagonistes principaux demeure bien réelle. Along came a Spider n'est donc pas qu'une simple histoire d'amour mais aussi un thriller parfaitement conçu où les retournements de situation se multiplient jusqu'au terme du récit. Un téléfilm qui même plus de cinquante ans après sa première diffusion sur les télévisions américaines mériterait presque de voir ENFIN le jour sur grand écran... Bref, une réussite totale...

 

jeudi 18 septembre 2025

A Killer in the Family de Richard T. Heffron (1983) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Tout commence par un authentique fait-divers. Durant l'été 1978, le criminel Gary Tison purge une peine de prison à perpétuité pour avoir assassiné un gardien lorsque ses trois fils organisent son évasion du pénitencier d'État de l'Arizona situé à Florence. Son compagnon de cellule Randy Greenawalt participe à l'évasion le 30 juillet, jour très particulier durant lequel les détenus sont autorisés à accueillir des membres de leur famille afin de participer à un pique-nique ! C'est armés de plusieurs armes à feu dissimulées dans une glacière que les fils de Gary Tison, Donald, Ricky et Raymond parviennent à faire s'échapper de la prison leur père et son complice Randy Greenawalt. Les cinq individus partent alors pour un périple de plusieurs jours et sèmeront plusieurs morts sur leur chemin... Distribué en France sous le titre Le crime dans le sang, A Killer in the Family est l'un des nombreux téléfilms que réalisa Richard T. Heffron durant sa carrière. Inspiré d'une tragédie qui donc eut lieu cinq ans auparavant sur le territoire américain, A Killer in the Family respecte presque scrupuleusement le fait-divers et l'ordre dans lequel se produisirent les événements. Le téléfilm de Richard T. Heffron offre l'occasion aux téléspectateurs d'y découvrir la star américaine Robert Mitchum, célèbre acteur qui n'a pas joué que de sympathiques personnages durant sa longue carrière puisque les amateurs de fictions ont notamment eu l'occasion de le voir dans le cultissime The Night of the Hunter (La nuit du chasseur) de Charles Laughton en 1955 ou dans Cape Fear (Les nerfs à vif) de J.Lee Thompson en 1962. Dans A Killer in the Family, il incarne le rôle de Gary Tison que le script fait tout d'abord passer pour le prisonnier modèle d'une prison de l'état d'Arizona aux prises avec un codétenu dont il craint qu'il ne s'en prenne à lui. Si le personnage que l'acteur interprète ne portait pas sur le dos un uniforme de prisonnier, l'on aurait pu penser à une journée classique réunissant des familles lors d'un grand pique-nique. L'une des différences entre le fait-divers et le téléfilm est qu'ici, l'évasion ne survient non pas lors de cet événement convivial mais le lendemain, lorsque après mûre réflexion et après qu'il ait surpris ses deux frères en train de préparer leur coup, Donald décide de les suivre dans leur périple...


Un grand frère interprété par James Spader qui ensuite enchaînera avec les succès puisqu'on le découvrira notamment dans Wall Street et Né un 14 juillet d'Oliver Stone en 1987 et en 1989, dans Sexe, Mensonges et Vidéo (Sex, Lies, and Videotape) de Steven Soderbergh la même année, dans Stargate de Roland Emmerich en 1994 ou encore dans Crash de David Cronenberg deux ans plus tard. Ray, le plus jeune des trois frères, sera incarné par Lance Kerwin tandis que Ricky sera interprété par Eric Stoltz dont la carrière sera tout d'abord marqué par le rôle bouleversant de Rocky Dennis dans Mask de Peter Bogdanovich, un adolescent atteint de dysplasie craniométaphysaire vivant auprès de sa mère et d'un gang de motards ! Dans A Killer in the Family, il est le fils le plus attaché au père. Surtout lorsque l'on découvre que ce ''pauvre homme'' dont on pardonnerait presque le crime qu'il a commis et l'a condamné à la prison à vie pour lui permettre de retrouver le cocon familial n'est pas tout à fait celui auquel on pense. Manipulateur, violent, détaché vis à vis des actes les plus ignobles, Gary Tison s'est en fait servi de la fragilité psychologique de ses deux plus jeunes fils pour les manipuler à sa guise et les pousser à prendre la décision de le faire évader. S'ensuit alors un road-movie meurtrier retranscrivant les événements tels qu'ils se sont produits. Des actes d'une barbarie inouïe dont fera notamment les frais une famille constituée de quatre membres dont... un bébé ! A Killer in the Family a surtout comme attrait de voir évoluer dans le rôle de l'antagoniste un Robert Mitchum dont la personnalité s'avère extrêmement délicate à cerner. Visage inexpressif et changements d'humeurs permanents ne permettent pas toujours de savoir ce qu'il a véritablement derrière la tête. Et c'est sans doute en cela que le téléfilm de Richard T. Heffron demeure parfois glaçant. Après, il faut reconnaître que tout n'est pas parfait et que du haut de son statut de téléfilm, A Killer in the family n'est pas non plus un grand classique du genre...

 

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