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samedi 28 mai 2016

P'tit Quinquin de Bruno Dumont (2014)



Seule la chaîne Arte pouvait nous offrir un tel cadeau. Seul le cinéaste bellenaerd Bruno Dumont pouvait accoucher d'une mini-série aussi folle, aux antipodes de ce que l'on a pu voir jusqu'ici. Si certains s'amusèrent à comparer P'tit Quinquin à la série de David Lynch Twin Peaks, il ne faut y chercher de rapport que dans l'étrangeté et la particularité des deux œuvres puisqu'à par cela, elles n'ont évidemment rien de comparable. Et puis, il ne faudrait pas aiguiller de manière trop hâtive les amoureux de l’œuvre du cinéaste américain qui ne se retrouveraient pas forcément dans celle du français. Nous sommes plus proches, en réalité, de l'excellente série Riget de Lars Von Trier (et du cinéma de Jean-Pierre Mocky pour des raison évidentes), elle même déjà diffusée à l'époque sur Arte. L'air de rien, c'est cet humour, qui sans avoir vraiment l'air d'en être, explose pratiquement à chaque plan. Noir, corrosif, absurde, la mini-série de Bruno Dumont est décalée et totalement en marge des conventions.

Alors, évidemment, P'tit Quinquin ne pouvait créer que la polémique. Dumont que l'on accuse de se moquer des habitants d'Audresselles, petite commune du Pas-de-Calais, alors qu'au contraire il veut et parvient à leur rendre hommage... Bien sûr, on pourra s'étonner de n'y voir que des personnages apparemment caricaturaux, un fort accent ch'ti aux lèvres, tous exclusivement interprétés par des habitants d'Audresselles et par conséquent, totalement amateurs. Si cela se ressent dès les premières secondes, le synopsis est tellement décalé que leur présence n'a absolument rien de choquante. Du simple paysan au commandant de la Gendarmerie Nationale, en passant par les journalistes, tous vibrent de cette même joie de jouer pour la première fois (et peut-être pour certains, la dernière) dans une série télévisée.

Les mauvaises langues diront que l'on y exhibe des êtres différents, incultes, pas très doués et physiquement loin des canons de beauté sous lesquels les différents médias nous noient. D'autres auront peut-être la mauvaises pensée d'imaginer que certains de ces acteurs et actrices amateurs ont sans doute été victimes de consanguinité, habituel (et stupide) stéréotype malheureusement lié aux gens du Nord. Et c'est vrai que parfois l'idée traverse l'esprit. Mais Bruno Dumont, en dehors de ce récit qui mêle l'enfance à une intrigue policière quelque peu absurde (des morceaux de corps humains sont découverts logés à l'intérieur de vaches retrouvées mortes), exhibe pour notre bonheur d'êtres civilisés quelque peu coincés dans nos habitudes et nos valeurs, une France plus profonde, et peut-être finalement plus chaleureuse qu'on le croit. Plus brut aussi, mais avec davantage de sincérité.

P'tit Quinquin, c'est des curés, des gendarmes, des enfants, des paysans, des journalistes, des vaches, des pétards, des cadavres... mais également, le super-héro Ch'tiderman!

Et puis, certains ne peuvent que retenir l'attention. En première ligne, le P'tit Quinquin du titre. Le jeune interprète Alane Delhaye, un tout jeune gamin au visage un peu de travers. Une vraie gueule de cinéma en réalité que l'on espère revoir un jour ailleurs que dans la seconde saison du P'tit Quinquin qui est (quel bonheur) d'ors et déjà prévue. Ensuite, il y a Bernard Pruvost, sorte de Groucho Marx qui, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, à contracté ses tics lors du tournage et qui joue le rôle du Commandant Van der Weyden. Une spécificité de son personnage due à la fatigue et à la tension. Un vrai bonheur que de le voir jouer. Le comique de la série, c'est lui. LUI, mais aussi celui qui joue à ses côtés le rôle du lieutenant Rudy Carpentier, le sans-emploi Philippe Jore. Encore une révélation.

Il faut tout de même garder en tête que ces trois là, ainsi que tous les autres (figurants ou non), abordent ici le difficile métier d'acteur pour la première fois de leur vie en improvisant presque totalement leur personnage. P'tit Quinquin ne plaira forcément pas à tout le monde. Les conformistes rejetteront sans doute l'objet sans autre forme de procès. Mais si vous aimez le décalage, l'anticonformisme et l'humour noir, cette mini-série est faite pour vous. Vivement la suite...

2 commentaires :

  1. alors la mon lolo, tu ne pouvais pas me faire plus plaisir en ayant vu cette serie et en l'ayant aimée !!! je dis dire que quinquin chez nous (boulogne calais audreselles..) n'existe pas, c'est plutot lillois et nordiste meme si je connais par mes grands parents la chanson "dors min ptit quinquin min ptit pouchin min gros rogin ♫ ♪" mais bruno dumont etant un nordiste qu nord (le departement) c'etait le clin d'oeil. je dois avouer que qd j'ai commencé a regarder la serie les 5 premieres minutes je me suis dit "mais je ne comprends pas ce que disent ces gens!!!" ce qui est un comble ayant vecu plus de 30 ans a boulogne ahahah mais apres les oreilles s'y sont fait et plus de soucis de comprehension et des sourires en retrouvant les tics de langage et les deformations de francais hu hu hu
    audresselles et meme wimereux sous le soleil et la mer bleue,un bonheur de voir mon coin,si souvent denigré par des gens qui ne connaissent pas,sauf via les medias et des affaires sordides et des clichés tellement faux (mais des fois vrais aussi faut pas deconner) que j'etais une vraie gamine devant la tv retrouvant les endroits ou j'allais que je connais comme ma poche. l'histoire ,alors je pense que ya que dans ma region ou on pouvait tourner ca, qd on connait les gens ils sont toujours un peu comme ca, decalés et a contre courant de tout ce qui est dans la norme ! l'absurdité du scenario c'est l'ideal parce que la vie paysanne la bas c'est ca, le ptit quinquin c'est je dois reconnaitre la majorité des gamins de la cote qui trainent l'ennui a velo et a la plage ou a faire des coups fourrés se sentant toujours hors la loi et fiers de braver une quelconque autorité. j'espere qu'il y aura la suite parce que vraiment c'est l'hommage parfait a tous les gens de ma region, des gens qu'on raillent qu'on moque mais qui ne sont au fond que de braves gens. je suis la premiere a me moquer des travers des gens et si j'ai subi des reflexions aussi qd j'annoncais de ou je venais, je crois qu'en tant que desormais expatriée je suis fiere de mon pas de calais et qd on me dit ici que j'ai un accent je ris =D

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  2. Entre ton article et le commentaire de Fred, j'ai bien envie de découvrir cette série !
    " Ch'tiderman" ! Fallait la trouver, celle-là ! :)

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