Il y a des noms qui nous
parlent indéniablement. Qui nous ramènent au temps où les comédies
assénaient gags sur gags, comme des tirs de mitraillettes
ininterrompus. Marie-Anne Chazel et Christian forment un couple à la
vie comme à l'écran qui n'a jamais cessé de rester fidèle à
lui-même. Alors, lorsqu'est évoquée l'existence d'un téléfilm
les mettant tous les deux en scène, on se voit replonger dans les
merveilleuses années soixante-dix, ainsi que durant la décennie
suivante. Durant cette période florissante qui vit naître et
perdurer la fameuse troupe du Splendid.
On se prend à rêver de retrouver ces mêmes gags dont l'efficacité
n'est jamais retombée même trente ans plus tard. Bien sûr, pas de
Thierry Lhermitte, de Josiane Balasko, de Martin Lamotte, ou de tout
autre membre du Splendid
autre que Marie-Anne Chazel et Christian Clavier, mais tout de même
Bruno Putzulu, Didier Bezace, ou encore plus étonnant, Philippe
Chevalier. Pas vraiment la même branche humoristique, mais qui
sait...
L'histoire
ensuite. Celle de l'ambitieux Monsieur Berthaud qui, afin d'obtenir
une promotion, fait croire à tout son entourage qu'il est
végétarien. Sans doute pour mieux coller aux valeurs de M. Ephraïm,
lequel se trouve être directeur de la banque qui emploie justement
Berthaud. Un récit qui débute plutôt bien, surtout lorsque la
fille même du banquier, Roberte, découvre un jour son
père assis à la table d'un restaurant, un bifteck dans l'assiette.
La fierté de la fille pour son père en prend alors un coup...
Déjà
adapté en 1969 par Jacques Pierre puis en 1993 par Lazare Iglesis,
ce fut au tour de Gérard Jourd'hui d'offrir sa version du roman
éponyme signé en 1939 par l'écrivain français Marcel Aymé, Le Bœuf Clandestin. C'est
malheureusement à une mauvaise surprise que devront s'attendre les
spectateurs qui se retrouveront devant une comédie péjorativement
légère. Pas de gags à se rouler parterre, pliés en quatre, mais
une interprétation sans doute à la hauteur de celle que l'on
pouvait attendre à l'époque où fut écrit le roman original. Les
interprètes ont beau faire ce qu'on leur demande, et cela avec un
certain talent, la sauce ne prend pas vraiment. De l'idée originale,
il ne reste pas grand chose puisque Gérard Jourd'hui, avec tout le
respect qui est dû à l’œuvre de Marcel Aymé, étend le scénario
vers des horizons lointains, offrant par exemple à l'actrice
Marie-Ange Casta (sœur cadette de Laeticia Casta) le rôle d'une
ancienne prostituée (du moins l'imagine-t-on) reconvertie en actrice
à l'ambition démesurée, à Didier Besace, celui d'un Général
libidineux, ou à Bruno Putzulu, le rôle du Docteur (et créateur de
remèdes) Delatre.
Gérard
Jourd'hui s'attarde sur le contexte de l'époque en décalant
l'intrigue de quelques années afin de plonger ses interprètes au
moment très précis où le Front Populaire remportait la majorité
lors du deuxième tour des législatives du 3 mai 1936. Se dispersant
un peu trop facilement, Le Bœuf Clandestin éparpille
ses bonnes idées, les noie dans un méli-mélo de sous intrigues qui
finissent par nous épuiser. La reconstitution demeure quant à elle
assez fidèle à l'époque mais le martèlement quasiment incessant
provoqué par le passage en boucle sur un petit poste TSF
du Plus
Beau Tango du Monde interprété
par Tino Rossi finit d'achever le spectateur. Irritant !
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