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mardi 13 septembre 2022

For all Mindkind de Ronald D. Moore, Ben Nedivi et Matt Wolpert (2019/20??) - ★★★★★★★★★☆




La science-fiction est un vaste champ d'action exploité par la littérature et le cinéma, avec son cortège d'extraterrestres, de créatures diverses et variées, de contrées spatiales inexplorées et de valeurs morales qui trouvèrent sans doute à travers les différentes séries Star Trek de quoi nourrir des légions de fans épris de visions optimistes. Derrière son nom barbare, l'uchronie est un concept qui fascine et permet de développer toute une série d'hypothèses sur la manière de modifier notre passé et d'imaginer ainsi comment transformer notre présent ainsi que notre avenir. Dès novembre 2019 débarquait sur la plateforme américaine Apple TV+ l'une des séries de science-fiction les plus prometteuses et les plus ambitieuses de toute l'histoire de la télévision mondiale. Ou comment imaginer ce qui pourrait s'apparenter comme les premiers balbutiements d'une ère qui allait donner vie au monde gigantesque né dans l'esprit d'un certain Gene Roddenberry. Si l'on est encore bien loin des technologies avancées que les téléspectateurs rencontreront dès 1966 à travers Star trek, la série originale, le scénariste et producteur américain Ronald D. Moore nous proposait dès 2019 avec For All Mankind, une alternative proche de ce que les amateurs de science-fiction seraient tentés d'espérer voir se concrétiser un jour. Et ce, sous la forme d'une uchronie justement. De cette manière de remodeler le passé pour que le présent et le futur demeurent moins austères que ceux dans lequel nous vivons et celui dont nous nous approchons dangereusement. Les fans du genre ne s'y sont pas trompés : si les dernières séries Star Trek paraissent objectivement moins profondes que les précédentes et si la génialissime The Orville a pris le relais de la plus intelligente des manières, l'amateur ne pourra faire l'impasse sur For All Mankind, série qui représente à ce jour la quintessence du genre. Une porte d'ouverture sur un monde qui dans la logique du titre et de certains événements qui s'y déroulent, devrait rallier l'humanité toute entière pour une même cause...


Et pourtant, le chemin est encore long. Dans cette série qui imagine que les premiers hommes à avoir posé le pied sur la surface de la Lune ne sont pas américains mais soviétiques, il s'en passe des choses. Des actes de la vie quotidienne, sur Terre comme dans l'espace, où la couleur de peau, le sexe ou les inclinations d'ordre sexuel font partie des préoccupations de la Nasa et de sa principale rivale venue d'Union Soviétique. For All Mankind offre une porte d'entrée intelligente aux sujets qui préoccupent depuis toujours les minorités sans pour autant porter le costume Woke qui parasite désormais nombre de séries télévisées et de longs-métrages cinématographiques. C'est là toute l'intelligence de la série qui avec un luxe de sobriété teinté de réalisme intègre tout un pan de notre histoire dans un univers dont la seule arrivée des soviétiques sur la surface de la Lune en premiers va bouleverser l'avenir. Alors que la quatrième saison est déjà dans la boite, les trois premières situent leur action chacune lors d'une décennie différente. Si le tout premier épisode de la première prend son temps, les événements se précipitent ensuite relativement rapidement. Brillant non seulement grâce à des scénarii qui relancent sans interruption une action se déroulant aussi bien sur notre planète qu'au dessus de nos têtes, For All Mankind est aussi et surtout incarné par un cortège d'acteurs qui interprètent des personnages tous plus fascinants les uns que les autres. Leur évolution professionnelle et personnelles. Leurs ambitions. Voire un certain opportunisme. Mais For All Mankind n'est pas qu'une vision nouvelle de la conquête spatiale qui à ce jours est arrivée jusqu'à la surface de Mars. La série maintient non seulement un intérêt à travers l'objectif plus ou moins commun des américains et des russes à gagner la course aux étoiles mais réussi pleinement dans divers domaines tels que le thriller avec ses personnages tantôt secondaires devenant à leur tour l'axe central de tel ou tel épisode. Science, politique, drames, For All Mankind mêle fiction et réalité en proposant une relecture du passé et du présent tout en incluant des figures de la conquête spatiale à des personnages fictifs. Trente épisodes pour une série addictive, sans le moindre déchet (chaque personnage à droit à une caractérisation aux petits oignons). Tout juste pourrions-nous reprocher à la série cette propension à faire du russe le Mal perpétuellement incarné...

 

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