La science-fiction est un
vaste champ d'action exploité par la littérature et le cinéma,
avec son cortège d'extraterrestres, de créatures diverses et
variées, de contrées spatiales inexplorées et de valeurs morales
qui trouvèrent sans doute à travers les différentes séries Star
Trek
de quoi nourrir des légions de fans épris de visions optimistes.
Derrière son nom barbare, l'uchronie est un concept qui fascine et
permet de développer toute une série d'hypothèses sur la manière
de modifier notre passé et d'imaginer ainsi comment transformer
notre présent ainsi que notre avenir. Dès novembre 2019 débarquait
sur la plateforme américaine Apple
TV+
l'une des séries de science-fiction les plus prometteuses et les
plus ambitieuses de toute l'histoire de la télévision mondiale. Ou
comment imaginer ce qui pourrait s'apparenter comme les premiers
balbutiements d'une ère qui allait donner vie au monde gigantesque
né dans l'esprit d'un certain Gene Roddenberry. Si l'on est encore
bien loin des technologies avancées que les téléspectateurs
rencontreront dès 1966 à travers Star trek, la
série originale,
le scénariste et producteur américain Ronald D. Moore nous
proposait dès 2019 avec For All Mankind,
une alternative proche de ce que les amateurs de science-fiction
seraient tentés d'espérer voir se concrétiser un jour. Et ce, sous
la forme d'une uchronie justement. De cette manière de remodeler le
passé pour que le présent et le futur demeurent moins austères que
ceux dans lequel nous vivons et celui dont nous nous approchons
dangereusement. Les fans du genre ne s'y sont pas trompés : si
les dernières séries Star Trek
paraissent objectivement moins profondes que les précédentes et si
la génialissime The Orville
a pris le relais de la plus intelligente des manières, l'amateur ne
pourra faire l'impasse sur For All Mankind,
série qui représente à ce jour la quintessence du genre. Une porte
d'ouverture sur un monde qui dans la logique du titre et de certains
événements qui s'y déroulent, devrait rallier l'humanité toute
entière pour une même cause...
Et
pourtant, le chemin est encore long. Dans cette série qui imagine
que les premiers hommes à avoir posé le pied sur la surface de la
Lune ne sont pas américains mais soviétiques, il s'en passe des
choses. Des actes de la vie quotidienne, sur Terre comme dans
l'espace, où la couleur de peau, le sexe ou les inclinations d'ordre
sexuel font partie des préoccupations de la Nasa et de sa principale
rivale venue d'Union Soviétique. For All Mankind
offre
une porte d'entrée intelligente aux sujets qui préoccupent depuis
toujours les minorités sans pour autant porter le costume Woke
qui parasite désormais nombre de séries télévisées et de
longs-métrages cinématographiques. C'est là toute l'intelligence
de la série qui avec un luxe de sobriété teinté de réalisme
intègre tout un pan de notre histoire dans un univers dont la seule
arrivée des soviétiques sur la surface de la Lune en premiers va
bouleverser l'avenir. Alors que la quatrième saison est déjà dans
la boite, les trois premières situent leur action chacune lors d'une
décennie différente. Si le tout premier épisode de la première
prend son temps, les événements se précipitent ensuite
relativement rapidement. Brillant non seulement grâce à des
scénarii qui relancent sans interruption une action se déroulant
aussi bien sur notre planète qu'au dessus de nos têtes, For
All Mankind est
aussi et surtout incarné par un cortège d'acteurs qui interprètent
des personnages tous plus fascinants les uns que les autres. Leur
évolution professionnelle et personnelles. Leurs ambitions. Voire un
certain opportunisme. Mais For All Mankind
n'est pas qu'une vision nouvelle de la conquête spatiale qui à ce
jours est arrivée jusqu'à la surface de Mars. La série maintient
non seulement un intérêt à travers l'objectif plus ou moins commun
des américains et des russes à gagner la course aux étoiles mais
réussi pleinement dans divers domaines tels que le thriller avec ses
personnages tantôt secondaires devenant à leur tour l'axe central
de tel ou tel épisode. Science, politique, drames, For
All Mankind mêle
fiction et réalité en proposant une relecture du passé et du
présent tout en incluant des figures de la conquête spatiale à des
personnages fictifs. Trente épisodes pour une série addictive, sans
le moindre déchet (chaque personnage à droit à une caractérisation
aux petits oignons). Tout juste pourrions-nous reprocher à la série
cette propension à faire du russe le Mal perpétuellement incarné...
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire