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lundi 3 juillet 2023

Black Mirror - Loch Henry de Sam Miller & Beyond the Sea de John Crowley

 


 

Nous l'attendions presque avec ferveur cette sixième saison de la série dystopique Black Mirror créée en 2011 par Charlie Brooker. Le même homme qui avait notamment choisi de ne pas aller au-delà de la cinquième livraison de 2019 puisque selon ses propres propos, la technologie évolue à une telle vitesse que la précéder est devenu quasiment impossible. D'où la surprise de découvrir il y a quelques mois que Black Mirror allait bientôt refaire surface, toujours sur la plateforme Netflix. Une sixième saison constituée de cinq épisodes. Plus longue que la première, la seconde ou la précédente mais mais moins que les troisième et quatrième qui comptèrent quant à elles un épisode de plus. Après avoir récemment critiqué le premier épisode de la dernière saison Joan est horrible (Joan Is Awful) tout en ayant décidé de consacrer un article pour chacun des suivants, au vu de la piètre qualité de ceux-ci, il me semble que de les regrouper deux par deux est largement suffisant. Alors que Joan est horrible offrait un récit en quasi-adéquation avec l'esprit de la série, la suite va très largement démontrer le changement de cap qu'a pris Charlie Brooker. Sans doute parce que comme il l'avait lui-même annoncé, il est devenu compliqué de devancer les différentes évolutions technologiques sans avoir l'air déjà dépassé. D'où le choix plus que curieux de la part du journaliste, scénariste et animateur britannique d'offrir aux amateurs d'anticipation et de dystopie, des récit plus ou moins longs oscillant entre les trois-quart d'heure et le format d'un long-métrage. Après un Joan est horrible sympathique mais pas extraordinaire non plus, réalisé par Ally Pankiw, Charlie Brooker confie la mise en scène de Loch Henry a Sam Miller. Dans ce second épisode, le réalisateur met en scène un jeune couple se déplaçant jusqu'en Écosse, dans un petit village relativement austère et qui n'attire plus guère les touristes. C'est là-bas qu'eurent lieu de terribles événements menant à l'arrestation d'un homme accusé et condamné pour tortures et assassinats. Pia (Myha'la Herrold) et Davis (Samuel Blenkin) se rendent sur les lieux non pas pour y tourner un documentaire sur le fait-divers mais sur un tout autre sujet qui en réalité ne passionne pas vraiment la première. Réussissant à convaincre Davis d'abandonner son projet pour se pencher sur la série de meurtres qui endeuilla la région, le couple va mettre à jour des faits qui n'avaient pas été relevés par les autorités à l'époque où ils eurent lieu. L'action se situe dans un cadre plutôt intéressant. Une Écosse qui renvoie tout comme le titre d'ailleurs à la fameuse légende du Loch Ness et à la supposée présence d'une créature. Inutile ici d'espérer un quelconque rapport avec la technologie si ce n'est l'évocation d'une plate-forme jumelle à Netflix et déjà révélée dans le précédent épisode. C'est d'ailleurs bien là que réside le seul intérêt puisque Loch Henry reproduit cette vague de documentaires dont est inondée la célèbre plate-forme. Un récit qui retient malgré tout l'attention grâce à quelques twists plus ou moins inattendus qui permettent de maintenir un certain suspens et le côté voyeuristes des amateurs de docu-fictions consacrés aux tueurs en série !


Alors que Loch Henry signe en partie la mort d'un concept jusque là carrément passionnant, la série de Charlie Brooker semble pourtant connaître un dernier sursaut à l'image du troisième épisode intitulé Mon cœur pour la vie (Beyond the Sea) de John Crowley, lequel signe l'unique épisode de cette sixième saison à valoir le coup d’œil. C'est dans une année 1969 alternative que le réalisateur et le scénariste (Charlie Brooker, toujours aux commandes) décident de plonger leurs protagonistes. Deux astronautes qui depuis deux ans sont en mission dans l'espace. Sur Terre, deux robots en tous points semblables à Cliff Stanfield (Aaron Paul) et David Ross (Joszh Hartnett) permettent aux deux astronautes d'être directement reliés à leur famille respective. Une fois allongés et endormis dans un siège, leur conscience est directement reliée au robot qui alors agit comme s'il s'agissait d'eux-mêmes. Malheureusement pour lui, David est témoin du massacre de sa famille et de sa propre réplique par les adeptes d'une secte de fanatiques dirigée par un certain Kappa (Rory Culkin). Une séquence particulièrement rude qui rappelle indéniablement le massacre de l'ancienne épouse de Roman Polanski et de plusieurs amis en 1969 par les membres de la ''Famille'' dirigée par le célèbre Charles Manson. La femme et les enfants de David meurent dans d'atroces circonstances et sa réplique ayant été détruite, il n'est plus en capacité de ''retourner sur Terre'' et commence à dépérir. Son compagnon Cliff évoque alors une curieuse idée : ce dernier propose en effet à son épouse Lana (Kate Mara) de le laisser ponctuellement utiliser sa réplique afin que David puisse respirer le grand air et quitter temporairement l'univers restreint de leur vaisseau. Débute alors un épisode qui questionne sur les conséquences d'un tel ''partage'' entre les deux hommes. Des questions auxquelles le spectateur ne pourra se soustraire même si Mon cœur pour la vie tentera de démontrer que les apparences sont parfois trompeuses. Car si tout semble inscrit dans le marbre, nous découvrons bien vite que certaines vertus seront malgré tout respectées. Ce troisième épisode est sans aucun doute le meilleur et même le seul à valoir la peine que l'on s'arrête sur cette sixième saison. Il aborde des technologies qui pour le coup ne sont pas encore au point en 2023 et respecte donc l'esprit de la série...

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