Nous l'attendions presque
avec ferveur cette sixième saison de la série dystopique Black
Mirror
créée en 2011 par Charlie Brooker. Le même homme qui avait
notamment choisi de ne pas aller au-delà de la cinquième livraison
de 2019 puisque selon ses propres propos, la technologie évolue à
une telle vitesse que la précéder est devenu quasiment impossible.
D'où la surprise de découvrir il y a quelques mois que Black
Mirror
allait bientôt refaire surface, toujours sur la plateforme Netflix.
Une sixième saison constituée de cinq épisodes. Plus longue que la
première, la seconde ou la précédente mais mais moins que les
troisième et quatrième qui comptèrent quant à elles un épisode
de plus. Après avoir récemment critiqué le premier épisode de la
dernière saison Joan est horrible
(Joan Is Awful)
tout en ayant décidé de consacrer un article pour chacun des
suivants, au vu de la piètre qualité de ceux-ci, il me semble que
de les regrouper deux par deux est largement suffisant. Alors que
Joan est horrible offrait
un récit en quasi-adéquation avec l'esprit de la série, la suite
va très largement démontrer le changement de cap qu'a pris Charlie
Brooker. Sans doute parce que comme il l'avait lui-même annoncé, il
est devenu compliqué de devancer les différentes évolutions
technologiques sans avoir l'air déjà dépassé. D'où le choix plus
que curieux de la part du journaliste, scénariste et animateur
britannique d'offrir aux amateurs d'anticipation et de dystopie, des
récit plus ou moins longs oscillant entre les trois-quart d'heure et
le format d'un long-métrage. Après un Joan est
horrible sympathique
mais pas extraordinaire non plus, réalisé par Ally Pankiw, Charlie
Brooker confie la mise en scène de Loch Henry
a Sam Miller. Dans ce second épisode, le réalisateur met en scène
un jeune couple se déplaçant jusqu'en Écosse, dans un petit
village relativement austère et qui n'attire plus guère les
touristes. C'est là-bas qu'eurent lieu de terribles événements
menant à l'arrestation d'un homme accusé et condamné pour tortures
et assassinats. Pia (Myha'la Herrold) et Davis (Samuel Blenkin) se
rendent sur les lieux non pas pour y tourner un documentaire sur le
fait-divers mais sur un tout autre sujet qui en réalité ne
passionne pas vraiment la première. Réussissant à convaincre Davis
d'abandonner son projet pour se pencher sur la série de meurtres qui
endeuilla la région, le couple va mettre à jour des faits qui
n'avaient pas été relevés par les autorités à l'époque où ils
eurent lieu. L'action se situe dans un cadre plutôt intéressant.
Une Écosse qui renvoie tout comme le titre d'ailleurs à la fameuse
légende du Loch Ness et à la supposée présence d'une créature.
Inutile ici d'espérer un quelconque rapport avec la technologie si
ce n'est l'évocation d'une plate-forme jumelle à Netflix
et déjà révélée dans le précédent épisode. C'est d'ailleurs
bien là que réside le seul intérêt puisque Loch
Henry
reproduit cette vague de documentaires dont est inondée la célèbre
plate-forme. Un récit qui retient malgré tout l'attention grâce à
quelques twists plus ou moins inattendus qui permettent de maintenir
un certain suspens et le côté voyeuristes des amateurs de
docu-fictions consacrés aux tueurs en série !
Alors
que Loch Henry
signe en partie la mort d'un concept jusque là carrément
passionnant, la série de Charlie Brooker semble pourtant connaître
un dernier sursaut à l'image du troisième épisode intitulé Mon
cœur pour la vie (Beyond
the Sea)
de John Crowley, lequel signe l'unique épisode de cette sixième
saison à valoir le coup d’œil. C'est dans une année 1969
alternative que le réalisateur et le scénariste (Charlie Brooker,
toujours aux commandes) décident de plonger leurs protagonistes.
Deux astronautes qui depuis deux ans sont en mission dans l'espace.
Sur Terre, deux robots en tous points semblables à Cliff Stanfield
(Aaron Paul) et David Ross (Joszh Hartnett) permettent aux deux
astronautes d'être directement reliés à leur famille respective.
Une fois allongés et endormis dans un siège, leur conscience est
directement reliée au robot qui alors agit comme s'il s'agissait
d'eux-mêmes. Malheureusement pour lui, David est témoin du massacre
de sa famille et de sa propre réplique par les adeptes d'une secte
de fanatiques dirigée par un certain Kappa (Rory Culkin). Une
séquence particulièrement rude qui rappelle indéniablement le
massacre de l'ancienne épouse de Roman Polanski et de plusieurs amis
en 1969 par les membres de la ''Famille''
dirigée par le célèbre Charles Manson. La femme et les enfants de
David meurent dans d'atroces circonstances et sa réplique ayant été
détruite, il n'est plus en capacité de ''retourner sur Terre'' et
commence à dépérir. Son compagnon Cliff évoque alors une curieuse
idée : ce dernier propose en effet à son épouse Lana (Kate
Mara) de le laisser ponctuellement utiliser sa réplique afin que
David puisse respirer le grand air et quitter temporairement
l'univers restreint de leur vaisseau. Débute alors un épisode qui
questionne sur les conséquences d'un tel ''partage'' entre les deux
hommes. Des questions auxquelles le spectateur ne pourra se
soustraire même si Mon cœur pour la vie tentera
de démontrer que les apparences sont parfois trompeuses. Car si tout
semble inscrit dans le marbre, nous découvrons bien vite que
certaines vertus seront malgré tout respectées. Ce troisième
épisode est sans aucun doute le meilleur et même le seul à valoir
la peine que l'on s'arrête sur cette sixième saison. Il aborde des
technologies qui pour le coup ne sont pas encore au point en 2023 et
respecte donc l'esprit de la série...
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