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jeudi 14 novembre 2024

Le Daron de Frank Bellocq et Méliane Marcaggi (2024) - ★★★★★★★☆☆☆

 


Notamment produite par la première chaîne française TF1 et la la radio-télévision belge RTBF, la série Le Daron réunit à l'image l'humoriste, acteur, scénariste et réalisateur Didier Bourdon dans le rôle de Vincent Daron, avocat à l'excellente réputation épaulé par son fils Grégory (l'humoriste Ludovik), sa fille Esther (Audrey Pirault), son assistant Mahadi (Nick Mukoko) et sa secrétaire Nadia (Aline Afanoukoé). ''Contraint et forcé'' de devoir supporter la présence de Pauline Lefranc (Mélanie Bernier) qui détient désormais la moitié des parts du cabinet d'avocats que Vincent partageait avec son frère maintenant décédé et que ce dernier a légué à la jeune femme. L'entente n'est pas cordiale et pourtant, ils vont devoir prendre sur eux pour régler les affaires en cours. Le Daron est constitué de six épisodes dont les deux premiers font figure de double épisode tandis que les suivants se concentreront sur des affaires judiciaires indépendantes les unes des autres. Ce qui unit par contre l'intégralité des épisodes, ce sont les rapports entre les divers personnages. Entre Esther qui doit prochainement épouser le sympathique Dong So (Bertrand Uzeel) tandis que Vincent ne porte pas ce dernier dans son cœur ou bien l'étrange relation qui s'instaure entre l'avocat et Pauline dont la vie est relativement compliquée. Entre un amant marié qui n'a pas encore pris la décision de quitter sa femme et un père qu'elle n'a pas connu et dont les origines seront remises en question. Si la plupart des épisodes proposent une intrigue relativement convenue, les spectateurs parmi les plus persévérants seront en revanche récompensés par un final explosif qui laisse augurer d'une éventuelle seconde saison beaucoup mieux travaillée en terme d'écriture. Celles et ceux qui s'attendaient sûrement à des séquences de procès intenses risquent d'être déçus. En effet, malgré les critères liés au métier exercé par les principaux protagonistes, Le Daron ressemble souvent davantage à une assemblage pauvrement écrit d'enquêtes policière trop rapidement expédiées tandis que cours et tribunaux ne serviront de matière première que vers la fin lors d'une très intense plaidoirie assurée par Vincent Daron.


À ce titre, l'on retrouve le talent de Didier Bourdon dont les années au Conservatoire National démarrées à la toute fin des années soixante-dix où il rencontra notamment Christophe Lambert ne furent pas inutiles. Si de part sa présence il peut paraître parfois faire de l'ombre à ses partenaires, au fil des différents récits, chacun d'entre eux parvient à se fait une place aux côtés de l'ancien Inconnus. Le Daron repose tout d'abord sur un second degré relativement discret même si Vincent et son équipe sont chargés de faire la lumière sur les quelques meurtres dont seront accusés leurs divers clients. Pourtant, tout va s'accélérer lors du dernier acte intitulé Un mariage 5 étoiles qui sonne la fin de cette première saison et fait pressentir un véritable raz de marée chez les Daron ainsi que pour Pauline... Là où le bât blesse se situe malheureusement au sein de l'écriture. Car si le scénario de Manon Dillys et Anthony Maugendre fait la part belle à la relation entre les divers personnages, ils en oublient parfois certains éléments essentiels comme le développement des affaires courant au cabinet, la résolution des énigmes étant parfois produites par on ne sait quel miracle. À croire que Vincent Daron partage parfois les mêmes gênes qu'un certain Adrian Monk ! Une aptitude dont le spectateur semble être parfois doté lui aussi puisqu'il ne sera pas rare de deviner avant le cabinet d'avocats, qui se cache derrière chaque meurtrier ou si l'une des présumées victimes alors disparue se serait pas elle-même principal auteur d'une machination. Bref, Le Daron se regarde moins pour les affaires judiciaires que pour les rapports qu'entretiennent les membres de la famille Daron avec celles et ceux qui orbitent autour d'eux. Réalisée par Frank Bellocq et Méliane Marcaggi, la série permet en outre de retrouver l'actrice Mathilda May dans le rôle de la commandante de police Corinne Lefranc, la mère de Pauline. Un rôle relativement et malheureusement insignifiant qui sera, on l'espère, étoffé lors d'une hypothétique seconde saison...

 

dimanche 10 novembre 2024

Quelque chose a changé de Jacques Santamaria (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

En dehors du fait que Quelque chose a changé soit le titre d'une chanson relativement mièvre interprétée par Eddy Mitchell (désolé papa), il s'agit aussi et surtout dans le cas qui nous intéresse d'un téléfilm franco-belge mis en scène en 2017 par le réalisateur et scénariste hexagonal Jacques Santamaria. Son second après C'est toi c'est tout en 2010 et son dernier jusqu'à maintenant puisqu'il a depuis surtout œuvré dans l'écriture à travers deux séries télévisées et le téléfilm Clemenceau, la force d'aimer de Lorraine Levy l'année passée. Effectivement, quelque chose va changer dans la vie de Louis-Régis Dupont-Moreau. Un retour à la nature à laquelle il semblait jusqu'ici se refuser, lui, ce grand dirigeant de l'entreprise Tencom que nombre de ses actionnaires rêvent d'évincer. Afin de leur échapper ainsi qu'aux vautours de la presse, il demande à son chauffeur de rouler, sans but précis, jusqu'à ce que ce dernier lui propose de l'emmener à la campagne, là où se situe une auberge tenue par Juliette... qui n'est autre que l'ex-femme de Louis-Régis. Renfrogné, celui-ci accepte malgré tout de s'y installer pour quelques temps. Quelques jours qui vont lui faire le plus grand bien, lui permettre de faire la connaissance d'Adrien, le mari de Juliette depuis six ans, ainsi que celle d’Émilienne, jeune beauté ébène déçue par les hommes, amie du couple qui travaille à leur compte comme cuisinière ou celle d'Audrey, une kinésithérapeute qui s'apprête à se faire passer la bague au doigt par un fiancé dont Louis-Régis donnera plus tard une définition assez juste et précise du bonhomme. Quelque chose a changé se déguste comme une bonne bière après une journée estivale de dur labeur. Un plaisir simple, à découvrir seul ou à partager entre amis, doté d'un casting vraiment sympathique puisque les quatre principaux personnages sont tout d'abord interprétés par Pierre Arditi dont la plupart d'entre nous retiendront sans doute sa longue carrière au cinéma ou sur les planches de théâtre mais qui fut et continue également d'être encore un narrateur hors-pair. Assurant notamment la narration de la formidable et inoubliable série documentaire consacrée aux animaux, Les chroniques de la Terre sauvage de Frédéric Lepage et Laurent Frapat entre 1994 et 2002.


C'est donc lui qui incarne le rôle de Louis-Régis Dupont-Moreau, homme aigri, dédaigneux, qui reprends donc contact avec Juliette qu'incarne Évelyne Bouix qui partage depuis près de quarante ans la vie de Pierre Arditi. Un couple qui dans le téléfilm de Jacques Santamaria paraît donc tout à fait naturel même si leur relation n'est plus tout à fait celle qu'il ont partagé puisque après leur divorce, la propriétaire de l'auberge s'est remariée avec Adrien qui de son côté est interprété par l'acteur Eric Viellard. Le réalisateur et scénariste signe un script et une mise en scène bienveillants. Faux méchant, Louis-Régis devient lui-même très attachant et le curseur de la caricature des rares ''antagonistes'' du récit est poussé dans de tels retranchements que l'on finit surtout par les plaindre pour leur grande médiocrité... De leur côté, Émilienne et Valentine sont respectivement interprétées par Peggy Leray et Audrey Beaulieu. Si l'attrait soudain pour la première de la part de celui que ses actionnaires surnomment ''Le Roi Du Monde'' peut paraître quelque peu subite (sachant que l'intérêt en question de la part de Louis-Régis pour Émilienne est de plus proportionnel à celui que porte sur le PDG de Tencom la jeune cuisinière), il est une évidence que l'auteur se porte ici volontaire pour nous décrire des situations amoureuses diverses et variées. Rien que de très commun en réalité. Des épousailles à venir pour des fiancés mal assortis, un ancien couple divorcé, une jeune femme malheureuse en amour qui semble (avec tout de même pas mal de méfiance) le retrouver auprès d'un dirigeant de grande entreprise. Bref, une histoire qui est tout sauf ardue à suivre, dont l'écriture offre des dialogues relativement peu originaux si ce n'est l'une des pièces maîtresses du téléfilm qui mettra tout le monde d'accord sur le fait que si la totalité des dialogues avaient été de la même teneur que ceux de la scène du dîner se déroulant à l'auberge entre Valentine, sa mère, quelques amis et l'horrible duo fiancé/belle-mère (incarnés par Xavier Robic et Isabelle Gazonnois), Quelque chose a changé serait sans doute devenu l'un des grands classiques de la comédie française. Le réalisateur et scénariste tente d'ailleurs de reproduire la dite séquence à la fin, lors de la réunion entre le PDG et ses actionnaires mais son ampleur est légèrement gâtée par sa redondance. Bref, Jacques Santamaria et ses interprètes nous proposent une sympathique comédie, légère, jamais prétentieuse. De quoi passer un très bon début de soirée...

 

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