En dehors du fait que Quelque chose a changé soit le
titre d'une chanson relativement mièvre interprétée par Eddy
Mitchell (désolé papa), il s'agit aussi et surtout dans le cas qui nous intéresse
d'un téléfilm franco-belge mis en scène en 2017 par le réalisateur
et scénariste hexagonal Jacques Santamaria. Son second après C'est
toi c'est tout en 2010 et son dernier jusqu'à maintenant
puisqu'il a depuis surtout œuvré dans l'écriture à travers deux
séries télévisées et le téléfilm Clemenceau,
la force d'aimer de Lorraine Levy l'année passée.
Effectivement, quelque chose va changer dans la vie de Louis-Régis
Dupont-Moreau. Un retour à la nature à laquelle il semblait
jusqu'ici se refuser, lui, ce grand dirigeant de l'entreprise Tencom
que nombre de ses actionnaires rêvent d'évincer. Afin de leur
échapper ainsi qu'aux vautours de la presse, il demande à son
chauffeur de rouler, sans but précis, jusqu'à ce que ce dernier lui
propose de l'emmener à la campagne, là où se situe une auberge
tenue par Juliette... qui n'est autre que l'ex-femme de Louis-Régis.
Renfrogné, celui-ci accepte malgré tout de s'y installer pour
quelques temps. Quelques jours qui vont lui faire le plus grand bien,
lui permettre de faire la connaissance d'Adrien, le mari de Juliette
depuis six ans, ainsi que celle d’Émilienne, jeune beauté ébène
déçue par les hommes, amie du couple qui travaille à leur compte
comme cuisinière ou celle d'Audrey, une kinésithérapeute qui
s'apprête à se faire passer la bague au doigt par un fiancé dont
Louis-Régis donnera plus tard une définition assez juste et précise
du bonhomme. Quelque chose a changé se déguste comme
une bonne bière après une journée estivale de dur labeur. Un
plaisir simple, à découvrir seul ou à partager entre amis, doté
d'un casting vraiment sympathique puisque les quatre principaux
personnages sont tout d'abord interprétés par Pierre Arditi dont la
plupart d'entre nous retiendront sans doute sa longue carrière au
cinéma ou sur les planches de théâtre mais qui fut et continue
également d'être encore un narrateur hors-pair. Assurant notamment
la narration de la formidable et inoubliable série documentaire
consacrée aux animaux, Les chroniques de la Terre sauvage
de Frédéric Lepage et Laurent Frapat entre 1994 et 2002.
C'est donc lui qui incarne le rôle de Louis-Régis Dupont-Moreau,
homme aigri, dédaigneux, qui reprends donc contact avec Juliette
qu'incarne Évelyne Bouix qui partage depuis près de quarante ans la
vie de Pierre Arditi. Un couple qui dans le téléfilm de Jacques
Santamaria paraît donc tout à fait naturel même si leur relation
n'est plus tout à fait celle qu'il ont partagé puisque après leur
divorce, la propriétaire de l'auberge s'est remariée avec Adrien
qui de son côté est interprété par l'acteur Eric Viellard. Le
réalisateur et scénariste signe un script et une mise en scène
bienveillants. Faux méchant, Louis-Régis devient lui-même très
attachant et le curseur de la caricature des rares ''antagonistes''
du récit est poussé dans de tels retranchements que l'on finit
surtout par les plaindre pour leur grande médiocrité... De leur
côté, Émilienne et Valentine sont respectivement interprétées
par Peggy Leray et Audrey Beaulieu. Si l'attrait soudain pour la
première de la part de celui que ses actionnaires surnomment ''Le
Roi Du Monde'' peut paraître quelque peu subite (sachant que
l'intérêt en question de la part de Louis-Régis pour Émilienne
est de plus proportionnel à celui que porte sur le PDG de Tencom
la jeune cuisinière), il est une évidence que l'auteur se porte ici
volontaire pour nous décrire des situations amoureuses diverses et
variées. Rien que de très commun en réalité. Des épousailles à
venir pour des fiancés mal assortis, un ancien couple divorcé, une
jeune femme malheureuse en amour qui semble (avec tout de même pas
mal de méfiance) le retrouver auprès d'un dirigeant de grande
entreprise. Bref, une histoire qui est tout sauf ardue à suivre,
dont l'écriture offre des dialogues relativement peu originaux si ce
n'est l'une des pièces maîtresses du téléfilm qui mettra tout le
monde d'accord sur le fait que si la totalité des dialogues avaient
été de la même teneur que ceux de la scène du dîner se déroulant
à l'auberge entre Valentine, sa mère, quelques amis et l'horrible
duo fiancé/belle-mère (incarnés par Xavier Robic et Isabelle
Gazonnois), Quelque chose a changé serait sans doute
devenu l'un des grands classiques de la comédie française. Le
réalisateur et scénariste tente d'ailleurs de reproduire la dite
séquence à la fin, lors de la réunion entre le PDG et ses
actionnaires mais son ampleur est légèrement gâtée par sa
redondance. Bref, Jacques Santamaria et ses interprètes nous
proposent une sympathique comédie, légère, jamais prétentieuse.
De quoi passer un très bon début de soirée...
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